Comment chiffrer ses emails
Planète Juridique - admin, 18/11/2014
J'avais écrit en 2007 un billet sur la confidentialité par emails, que je n'avais jamais complètement terminé, mais dans lequel plusieurs commentateurs étaient intervenus avec brio.
Je vais essayer de reprendre le sujet, avec une publication en plusieurs billets, à mon rythme, en intégrant les remarques qui m'avaient été faites à l'époque.
Le problème posé est simple : deux personnes souhaitent pouvoir s'envoyer des emails chiffrés de manière à protéger leur correspondance.
La solution doit être simple à mettre en œuvre, suffisamment universelle pour pouvoir être utilisable sur tout type d'ordinateur, avec tout type de messagerie électronique. Je pense en particulier aux échanges entre un avocat et son client, ou entre un expert judiciaire et un magistrat, par exemple.
Attention : je ne suis pas un spécialiste de la sécurité informatique, et je ne prétends pas l'être (même si le sujet m'intéresse). Je pars du principe que la sécurité informatique absolue n'est pas possible, mais qu'il est possible d'atteindre un niveau convenable, en particulier pour protéger sa vie privée.
N'oubliez pas qu'un email chiffré doit être déchiffré par son destinataire, et qu'alors, les données qu'il contient sont en clair sur l'ordinateur. L'interception peut être faite à ce moment là (une simple lecture par dessus l'épaule, par une caméra par exemple). La sécurité n'est jamais absolue. Un groupe de personnes qui a les moyens de vous "cibler" arrivera toujours à ses fins, surtout s'il a la puissance d'un état derrière lui. Ce n'est pas une raison pour rendre la chose facile, surtout si votre métier vous amène à manipuler des données confidentielles (avocats, magistrats, experts, etc.)
Un peu de théorie.
Je ne vais pas entreprendre l'écriture ici d'un cours sur le chiffrage, ni en particulier sur toutes les méthodes utilisables pour rendre un texte illisible, je vais vous parler d'une seule méthode : la cryptographie à clef publique.
Cette méthode fait en sorte que chaque personne dispose de deux clefs :
- une clef privée, et
- une clef publique.
Mais qu'est-ce qu'une clef ?
Il s'agit d'une suite de chiffres et de lettres, dont nous verrons plus tard comment elle peut être générée et manipulée.
La clef publique peut être dévoilée à tout le monde, et, par exemple, être publiée sur un site web. Voici ma clef publique :
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=tZkN
telle qu'elle apparaît sur la page contact de ce blog.
De son côté, la clef privée est connue uniquement par son propriétaire, elle est secrète, ne doit jamais être divulguée et doit être protégée à tout prix. Je ne vous donnerai JAMAIS ma clef privée. Elle est protégée bien à l'abri sur mon ordinateur (où sur l'ordinateur ?, c'est un autre sujet, très bien détaillé par Kozlika, dans une série de billets toujours d'actualité malgré l'arrêt mystérieux de TrueCrypt).
Si quelqu'un veut m'écrire, il va chiffrer son message avec MA clef publique.
Et je serai la seule personne AU MONDE à pouvoir déchiffrer son message, grâce à MA clef privée.
C'est très simple.
Reste à savoir utiliser une clef publique pour chiffrer un message, et à utiliser la clef privée correspondante pour le déchiffrer. Cela fera l'objet d'un autre billet.
Pour l'instant, je vous laisse imaginer un monde où TOUT LE MONDE aurait deux clefs (l'une privée, secrète, et l'autre publique, connue de tous) et où pour écrire à quelqu'un, il suffirait d'utiliser la clef publique de cette personne.
Ce monde est à portée de main (à suivre).
PS: La question suivante m'est souvent posée : si un policier, ou un douanier, ou un militaire, ou un expert judiciaire, ou mon partenaire jaloux, me demande avec insistance ma clef privée (c'est valable aussi avec mon mot de passe), suis-je obligé de la lui fournir ?
Chaque personne aura sa propre réponse à cette question, mais l'article 434-15-2 du Code Pénal français précise :
"Est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende le fait, pour quiconque ayant connaissance de la convention secrète de déchiffrement d'un moyen de cryptologie susceptible d'avoir été utilisé pour préparer, faciliter ou commettre un crime ou un délit, de refuser de remettre ladite convention aux autorités judiciaires ou de la mettre en œuvre, sur les réquisitions de ces autorités délivrées en application des titres II et III du livre Ier du code de procédure pénale.
Si le refus est opposé alors que la remise ou la mise en œuvre de la convention aurait permis d'éviter la commission d'un crime ou d'un délit ou d'en limiter les effets, la peine est portée à cinq ans d'emprisonnement et à 75 000 euros d'amende."
Alors, toujours émules d'Avinain ?
J'avais écrit en 2007 un billet sur la confidentialité par emails, que je n'avais jamais complètement terminé, mais dans lequel plusieurs commentateurs étaient intervenus avec brio.
Je vais essayer de reprendre le sujet, avec une publication en plusieurs billets, à mon rythme, en intégrant les remarques qui m'avaient été faites à l'époque.
Le problème posé est simple : deux personnes souhaitent pouvoir s'envoyer des emails chiffrés de manière à protéger leur correspondance.
La solution doit être simple à mettre en œuvre, suffisamment universelle pour pouvoir être utilisable sur tout type d'ordinateur, avec tout type de messagerie électronique. Je pense en particulier aux échanges entre un avocat et son client, ou entre un expert judiciaire et un magistrat, par exemple.
Attention : je ne suis pas un spécialiste de la sécurité informatique, et je ne prétends pas l'être (même si le sujet m'intéresse). Je pars du principe que la sécurité informatique absolue n'est pas possible, mais qu'il est possible d'atteindre un niveau convenable, en particulier pour protéger sa vie privée.
N'oubliez pas qu'un email chiffré doit être déchiffré par son destinataire, et qu'alors, les données qu'il contient sont en clair sur l'ordinateur. L'interception peut être faite à ce moment là (une simple lecture par dessus l'épaule, par une caméra par exemple). La sécurité n'est jamais absolue. Un groupe de personnes qui a les moyens de vous "cibler" arrivera toujours à ses fins, surtout s'il a la puissance d'un état derrière lui. Ce n'est pas une raison pour rendre la chose facile, surtout si votre métier vous amène à manipuler des données confidentielles (avocats, magistrats, experts, etc.)
Un peu de théorie.
Je ne vais pas entreprendre l'écriture ici d'un cours sur le chiffrage, ni en particulier sur toutes les méthodes utilisables pour rendre un texte illisible, je vais vous parler d'une seule méthode : la cryptographie à clef publique.
Cette méthode fait en sorte que chaque personne dispose de deux clefs :
- une clef privée, et
- une clef publique.
Mais qu'est-ce qu'une clef ?
Il s'agit d'une suite de chiffres et de lettres, dont nous verrons plus tard comment elle peut être générée et manipulée.
La clef publique peut être dévoilée à tout le monde, et, par exemple, être publiée sur un site web. Voici ma clef publique :
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De son côté, la clef privée est connue uniquement par son propriétaire, elle est secrète, ne doit jamais être divulguée et doit être protégée à tout prix. Je ne vous donnerai JAMAIS ma clef privée. Elle est protégée bien à l'abri sur mon ordinateur (où sur l'ordinateur ?, c'est un autre sujet, très bien détaillé par Kozlika, dans une série de billets toujours d'actualité malgré l'arrêt mystérieux de TrueCrypt).
Si quelqu'un veut m'écrire, il va chiffrer son message avec MA clef publique.
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C'est très simple.
Reste à savoir utiliser une clef publique pour chiffrer un message, et à utiliser la clef privée correspondante pour le déchiffrer. Cela fera l'objet d'un autre billet.
Pour l'instant, je vous laisse imaginer un monde où TOUT LE MONDE aurait deux clefs (l'une privée, secrète, et l'autre publique, connue de tous) et où pour écrire à quelqu'un, il suffirait d'utiliser la clef publique de cette personne.
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Alors, toujours émules d'Avinain ?