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Cimade

- Wikipedia, 7/02/2012

La Cimade
La Cimade, l'humanité passe par l'autre
Contexte général
Champs d’action La Cimade est une association de solidarité active avec les migrants, les réfugiés et les demandeurs d'asile
Fiche d’identité
Fondation septembre 1939
Siège central 64, rue Clisson
75013 Paris
Président(e) Patrick Peugeot
Secrétaire
général(e)
Jérôme Martinez
Vice-président(e)(s) Jean-Charles Tenreiro
Trésorier/ière Lionel Sautter
Méthode Avec ses partenaires, à l'international, et dans le cadre de ses actions, en France et en Europe, elle agit pour le respect des droits et de la dignité des personnes
Volontaires 2 000
Slogan L'humanité passe par l'autre
Site web www.lacimade.org

La Cimade — service œcuménique d’entraide (comité inter mouvements auprès des évacués, la mention service œcuménique d’entraide a été ajoutée par la suite)[* 1] est une association à but non lucratif (loi 1901)[1], [2] et intervenant dans les domaines suivants :

  • intervention au bénéfice des étrangers retenus en centre de rétention administrative, gestion d'établissements sanitaires et sociaux, formation et adaptation linguistique, activités très majoritairement financées sur des fonds publics ;
  • accueil des étrangers dans les permanences régionales, actions de solidarité internationale, interventions en prison et en locaux de rétention, activités majoritairement financées sur fonds privés.

Depuis 1984, par une convention passée avec le ministère des Affaires sociales, la Cimade est présente dans les centres de rétention administrative répartis sur le territoire français. Les étrangers en instance d'expulsion « retenus » dans ces centres font l'objet soit d'une mesure d'éloignement du territoire, soit d'une « remise à un État de l'Union européenne ». Il s'agissait jusqu'au 2 juin 2009[3], de la seule ONG autorisée par la loi à entrer dans les centres de rétention administrative (liste des centres de rétention administrative en France) afin de surveiller les conditions de rétention, et d'apporter l'aide juridique nécessaire aux personnes en voie d'expulsion.

Selon ses statuts, la « Cimade a pour but de manifester une solidarité active avec ceux qui souffrent, qui sont opprimés et exploités et d’assurer leur défense, quelles que soient leur nationalité, leur origine, ou leur position politique ou religieuse. En particulier, elle a pour objet de combattre le racisme, veiller scrupuleusement au respect des droits et de la dignité des personnes, quelle que soit leur situation. La Cimade rassemble des personnes d’horizons nationaux, confessionnels, philosophiques et politiques divers, engagées dans ce service. [4]»

Sommaire

Histoire

Origine de l'association : une vocation religieuse

La Cimade a été créée, en septembre 1939, pour faciliter l’installation des populations alsacienne et lorraine qui avaient été évacuées vers le Sud de la France à cause de l’entrée en guerre contre l’Allemagne et de la proximité de la ligne Maginot sur la frontière. La plaine d'Alsace et Lorraine, zone frontalière avec l'Allemagne, devenait un périmètre dangereux aux yeux du gouvernement français. Rapidement, il apparaît nécessaire d'évacuer une grande partie des populations civiles d'Alsace et de Lorraine vers le sud-ouest de la France (Haute-Vienne, Dordogne, Landes, Lot-et-Garonne, Gers). Commence alors pour plus de 200 000 personnes une longue période d'exil vers des régions où les attendent des conditions d'accueil difficiles.

Sensible à la détresse des évacués, une théologienne d'origine alsacienne, Suzanne de Dietrich, bien connue du milieu protestant, entreprend un voyage dans ces régions du sud-ouest. Cette volonté de s'engager trouve son sens dans la prise de conscience qu'au déracinement des Alsaciens et des Lorrains s'ajoute la confrontation de deux religions, le catholicisme et le protestantisme. Alors que l'Alsace et la Lorraine sont de grands berceaux du protestantisme, les départements d'accueil sont majoritairement catholiques. Les Alsaciens et les Lorrains sont alors perçus comme des étrangers et essuient bien souvent des réactions de rejet de la part des populations d'accueil.

La Cimade apporte ensuite son aide aux Tziganes, aux communistes, aux intellectuels allemands ayant fui le nazisme, aux Européens de l’Est employés par la Wehrmacht ainsi qu'aux Juifs fuyant les persécutions, par exemple au Chambon-sur-Lignon à partir de 1940[5]. À partir de juin 1943, l'association poursuivra son aide en fabriquant des faux papiers et en accompagnant jusqu’en Suisse les Juifs menacés de déportation.

Dans les débuts de l'association, la vocation religieuse et prosélyte joue un rôle essentiel. Le comité inter-mouvements(CIM), qui est le premier nom de la Cimade, s’organise à partir de trois associations protestantes : la fédération universelle des associations chrétiennes d’étudiants (FUACE), les unions chrétiennes de jeunes gens et jeunes filles (UCJ) et la fédération des éclaireurs et éclaireuses unionistes (EU). Ainsi, le premier but de l'association, publié au Journal officiel du 3 avril 1940, est « de témoigner de l’Évangile auprès de la jeunesse française éprouvée par la guerre ». Cette mission religieuse est encore soulignée dans un procès-verbal du 10 mars 1950, où l’on peut lire que la Cimade « ne peut aider sans évangéliser ». Cette orientation protestante marquera jusqu’à présent l'association, même si celle-ci se présentera en tant qu'association œcuménique et se laïcisera progressivement. Ainsi Marc Boegner, président de la Cimade entre 1944 et 1955, dirige la Fédération protestante de France ou encore en 2002 le pasteur Jacques Stewart, président de la Fédération protestante de France de 1987 à 1997, remplace Bernard Picinbobo à la présidence de l'association.

Après la seconde guerre mondiale

Depuis sa création, les services de la Cimade n’ont cessé d’évoluer selon le contexte géopolitique. En fonction des périodes, ses services sont le reflet des flux de populations étrangères arrivant en France (réfugiés et migrants). Dans une brochure de la Cimade publiée en juin 1960, les services de la Cimade sont répartis en plusieurs domaines, classés par ordre d'importance du nombre d'équipiers mobilisés :

  • le service des réfugiés se répartissait en sept principaux services :
– les services d’aide à l’immigration et à l’émigration,
– le vestiaire,
– les centres d’hébergement,
– l’artisanat,
– les cours de langue,
– le ciné-club,
– les distributions de vivres. La Cimade disposait d’un centre d’accueil à Sucy-en-Brie depuis 1948 et de maisons de retraite pour réfugiés russes à Cannes, Saint-Raphaël et au Perreux-sur-Marne ;
  • dans le secteur nord-africain, les activités au bénéfice des Algériens pendant la guerre d'Algérie, se répartissaient, entre la France (service nord-africain et camps d’assignation à résidence, postes de Marseille, Paris 14e-15e, puis Lyon au lendemain de l’indépendance) et l’Algérie (Alger, Médéa, Sidi Nahmane, Belkitane et centres de regroupement). Roby Bois, secrétaire général de La Cimade de 1973 à 1984 et qui vécut en Algérie pendant la guerre d’Algérie, fut particulièrement impliqué pendant cette période ;
  • Coudekerque Branche (Nord) : action sociale et éducative dans la continuation du travail entrepris après la guerre ;
  • Dakar : en 1956, la Cimade a mis en place une équipe permanente dans la Médina de Dakar, où elle a ouvert un dispensaire ;
  • la maison internationale des étudiants de Sèvres accueillait une soixantaine d'étudiants d'origine et de niveaux divers ;
  • le service des prisons et libérés est né pendant la dernière guerre et a été associé aux réformes pénitentiaires ;
  • le service des sinistrés d'urgence répondait à la mission d'œuvre de secours d'urgence que la Cimade s'est fixée dès ses débuts.

Aujourd'hui

Elle est aujourd'hui impliquée principalement dans l'aide juridique bénévole aux étrangers en situation irrégulière (« sans-papiers »), aux côtés d'autres organismes tels que le GISTI, avec qui elle fait partie du réseau Migreurop.

La mission du service de défense des étrangers retenus (DER), de la Cimade vise à rendre effectifs les droits fondamentaux garantis par l'ordonnance du 2 novembre 1945[6]. Les « équipiers » de la Cimade visitent les étrangers retenus, leur fournissent les informations juridiques et l'assistance sociale indispensables, et assurent les liens entre ces étrangers et l'extérieur du centre, particulièrement avec les familles. La Cimade rend également compte au ministère des Affaires sociales de l'accomplissement de cette mission, et formule si besoin des propositions tendant à l'amélioration des conditions de rétention.

Pour promouvoir son action auprès du public et lui permettre de faire appel au don en confiance, l’association adhère au comité de la Charte.

En 2006, la Cimade lance une campagne intitulée « Assez d'humiliation, les migrants sont notre monde ! » qui dénonce les injustices et les humiliations subies par les migrants autour de huit thèmes. Cette campagne aboutit en 2007 à l'élaboration de 75 propositions pour une politique d'immigration juste et réfléchie « si l'on veut éviter que l'Europe ne se transforme en une République grecque avec ses citoyens, ses esclaves et au loin ses barbares ». Laurent Giovannoni, secrétaire général, présente le projet de la Cimade aux candidats à l'élection présidentielle comme une alternative au règlement actuel de l'immigration.

Financement

Entre 2001 et 2009, le financement de la Cimade a été assuré en majeure partie par l'État français pour un minimum de 45 % de son budget en 2009 (14,4 millions d'euros) jusqu'à 74 % de son budget en 2007 (7,8 millions d'euros). Selon l’inspection générale des affaires sociales, l'association « est marquée par une forte dépendance à l'égard des fonds publics (60 % des ressources d’exploitation viennent du ministère chargé des affaires sociales) ». Pour l'observatoire de l'action humanitaire, la proportion de financements privés serait diversifiée. En 2008 et 2009, l’augmentation de la proportion de financements privés proviendrait du produit de la vente du siège social[7].

Contrairement à plusieurs ONG de développement, l’association ne diffuse pas de rapports d’activités institutionnels détaillant ses opérations à l’étranger. Ce manque de transparence est critiqué par l'observatoire de l'action humanitaire.

Notes et références

Notes

  1. L'acronyme Cimade est féminin, parce qu'outre le fait que les mots français se terminant par le suffixe « ade » le sont, les premières « équipières » à l’œuvre sur le terrain, en octobre 1939, étaient toutes des femmes. Dans la terminologie de la Cimade un « équipier » ou une « équipière » est le nom donné au bénévole sur le terrain.[réf. nécessaire]

Références

  1. dont le budget total s'élève à 6,5 millions d’euros et qui emploie 103 salariés au 31/12/2005.
  2. Centres de rétention : la Cimade pleure misère Pierre Tanger, Observatoire des subventions, 22 avril 2009
  3. http://fr.news.yahoo.com/64/20090411/twl-un-collectif-inconnu-en-matire-d-aid-acb1c83.html
  4. Extrait de l’article 1er des statuts de la Cimade, cf. : Missions de la Cimade.
  5. [1] Collectif, Jeanne Merle d'Aubigné, Violette Mouchon, Cimade, Émile C. Fabre, Les Clandestins de Dieu Cimade 1939-1945, p. 112.
  6. Ordonnance no 45-2658 du 2 novembre 1945 relative aux conditions d'entrée et de séjour des étrangers en France Legifrance.gouv.fr, Le service public de la diffusion du droit.
  7. [2] Observatoire de l'action humanitaire, 21 janvier 2011.

Voir aussi

Bibliographie

  • Madeleine Barot, « La Cimade : une présence, une communauté, une action », in Les Clandestins de Dieu : Cimade 1939-1945, Genève, éd. Émile Fabre, Labor et fides, p. 29-38, 1989
  • Jean-Paul Deler, ONG et développement : société, économie, politique, Paris, Karthala, 684 p. , 1998
  • Jérôme Drahy, Le Droit contre l’État : droit et défense associative des étrangers, l'exemple de la Cimade, Paris, L’Harmattan, 370 p. , 2004
  • Nicolas Fischer, « Les Territoires du droit : sur quelques aspects du secours juridique associatif dans les centres de rétention », Vacarmes no 34, p. 106-11, 2006
  • André Jacques, Madeleine Barot : une indomptable énergie, Paris, éd. du Cerf, 223 p. , 1989
  • Pierre-Patrick Kaltenbach, Associations lucratives sans but, Paris, Denoël, 238 p. , 1995
  • Pierre Péan, Noires fureurs, blancs menteurs : Rwanda, 1990-1994, Paris, Mille et une nuits, 544 p. , 2005
  • Thierry Suire, Les Protestants dans le Gard face au régime de Vichy, Nîmes, C. Lacour, 221 p. , 1999

Liens externes


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