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Mayotte

- Wikipedia, 3/02/2012

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12° 48′ 12″ S 45° 09′ 47″ E / -12.80343, 45.16308

Mayotte
Armoiries
Détail
Mayotte in France.svg
Administration
Pays Drapeau de France France
Code département 976
Préfecture Mamoudzou
Sous-préfecture(s) 0
Arrondissements 0
Cantons 19
Communes 17
Conseil général Conseil général de Mayotte
Président
Mandat
Daniel Zaïdani
2011-2014
Préfet Thomas Degos
Langue officielle Français
Langue(s) régionale(s) Swahili (Mahorais), Comorien, Malgache
Démographie
Population 186 452 hab. (2007)
Densité 496 hab./km2
Gentilé Mahorais
Géographie
Superficie 376 km²
Fuseau horaire UTC +3
Domaine Internet .yt
Indicatif téléphonique +262 (depuis 2007)

Mayotte (appelée aussi Maore en shimaoré[1]) est un département d’outre-mer (DOM) français de l'océan Indien situé dans l'archipel des Comores, lui-même localisé dans le canal du Mozambique, et dont le chef-lieu est Mamoudzou, la plus grande ville du territoire. Mayotte est constituée de deux îles principales, Grande-Terre et Petite-Terre, et de plusieurs autres petites îles, dont Mtsamboro, Mbouzi et Bandrélé. Son code départemental officiel est le « 976 ». Ses habitants sont appelés les Mahorais.

L'île est vendue à la France par le sultan Andriantsoly le 25 avril 1841. En 1886, le reste de l'archipel composé de la Grande Comore, Mohéli et Anjouan forme un protectorat sous la direction du gouverneur de Mayotte. En 1958, l'administration quitte Dzaoudzi pour Moroni ce qui provoque le mécontentement des Mahorais. Georges Nahouda fonde alors le Congrès des Notables qui réclame la départementalisation. Zéna M’Déré rentre à Mayotte en 1966 et prend la tête du mouvement des chatouilleuses. Le 22 décembre 1974, la France organise aux Comores un référendum pour plébisciter l'indépendance de l'archipel mais les Mahorais votent pour le maintien de leur île au sein de la République française. Un second référendum est organisé le 8 février 1976[2],[3], qui confirme ce choix par 99,4 % (82,3 % des inscrits). Néanmoins l'Union des Comores revendique toujours Mayotte[4].

À la suite de la consultation référendaire de la population du 29 mars 2009 (95,2 % de votes favorables), qui concernait la population locale, Mayotte est devenu un département d'outre-mer à assemblée délibérante unique de la République française le 31 mars 2011[5],[Note 1],[6].

En 2007, la population de Mayotte s’élevait à 186 452 habitants[7] répartie sur une superficie de 376 km2. Elle a ainsi la seconde plus forte densité de population de la France d'outre-mer, juste après Saint-Martin, avec 499 hab/km². Son code Insee est 97-6[8].

Sommaire

Histoire

Temps anciens

Les VIIIe et IXe siècles voient les premières installations humaines. Il semble que les premiers habitants appartiennent déjà aux premiers peuples swahilis, caractérisés par une riche culture répandue sur l'ensemble des rivages de l'Afrique orientale de la Somalie au Mozambique[9]. Mayotte et Anjouan ont été occupées apparemment plus tardivement car les deux îles se différencient de l'ensemble des Comores par une évolution linguistique spécifique. La civilisation swahilie qui aborde ces îles inoccupées est donc d'emblée sophistiquée. Le commerce maritime, très actif dès cette époque, atteste de contacts avec le Moyen-Orient islamisé.

Aux XIIIe et XVe siècles, l'île est sous la domination de chefs islamisés, les Fani. Les contacts culturels avec la côte swahilie et Madagascar sont importants.

Vers 1470, le sultanat shirazi s'établit et est reconnu jusqu'au début du XIXe siècle. Le dernier sultan shirazien est renversé par Andriantsoly, un dynaste sakalava qui, débarqué de Nosy Be, s'impose entre 1828 et 1831.

Temps modernes

En 1503, l'île Mahore est mentionnée par une escadre portugaise qui l'aborde, et d'après les archives de l'amirauté portugaise, elle est cartographiée par Diego Ribeiro en 1527[10]. Ce repérage soigneux permet de l'éviter à la façon des convois de boutres qui ont sillonné de manière multiséculaire le détroit du Mozambique. C'est pourquoi tout au long des XVIe et XVIIIe siècles, l'île n'est pas un lieu d'escale ordinaire pour les grandes flottes et n'accueille que quelques grands navires européens égarés et prudents, venus par nécessité s'y ravitailler.

De 1742 à 1791, le sultanat d'Anjouan réalise plusieurs tentatives pour conquérir le sultanat de Mayotte. De 1795 à 1820, les razzias des pirates malgaches (Sakalaves et Betsimisaraka) dépeuplent considérablement l'île.

Les influences venues de l'ensemble de l'océan Indien, mais aussi de la côte africaine, chamboulé par l'irruption des Bantous, et de la côte malgache ne cessent de façonner la société swahilie îlienne. Une immigration bantoue et malgache commence insensiblement[11]. Des Malgaches, essentiellement sakalaves, prennent le contrôle du sud et d'une partie ponctuelle de l'est de l'île.

Après 1832, l'île passe sous la domination de Andriantsoly, ancien roi sakalava du Iboina à Madagascar, appelé par le sultan shirazi de Mahore et les occupants méridionaux malgaches pour arbitrer leurs conflits et empêcher les agressions extérieures. Guerrier converti à l'islam ayant épousé la fille du sultan et aussi diplomate respecté auprès des communautés swahilies et malgaches, Andrian Souly devient ensuite le sultan reconnu de l'île dont il s'efforce de préserver la souveraineté malgré les continuelles hostilités et menaces. Suite à la prise de Nosy Be (Madagascar) en 1840, les Français prennent connaissance de la présence de ce sultan, ancien roi sakalava, à Mayotte, qui demande une protection maritime.

Présence française

Colonisation

Mayotte devient colonie française après son achat au vieux sultan le 25 avril 1841, alors que la rivalité franco-britannique pour le contrôle des autres îles s'initie lentement avant de tourner à l'avantage de la France[12]. En 1886, la Grande Comore, Mohéli et Anjouan deviennent protectorat sous la direction du gouverneur de Mayotte tandis que Mayotte, quant à elle, garde un statut de colonie. À partir de 1908, l'ensemble des Comores est intégré sous l'autorité du gouvernement général de Madagascar et dépendances.

T.O.M. et indépendance comorienne

En 1946, les Comores sont séparés de Madagascar et deviennent un territoire d'outre-mer. Après avoir refusé d'accéder à l'indépendance lors du referendum de 1958 organisé par le Général De Gaulle, les Comores obtiennent le 22 décembre 1961 (loi no 1412) un statut d'autonomie interne (qui sera élargie en 1968 par la loi no 6804). Ce statut d'autonomie interne donne jour à un Gouvernement comorien élu par l'Assemblée Territoriale. De 1961 à 1970, l'ancien député Said Mohamed Cheikh est élu Président du Conseil de gouvernement jusqu'à sa mort le 16 mars 1970. C'est durant cette période, en 1966, que la capitale Dzaoudzi (Mayotte) est transférée à Moroni, huit ans après la décision du transfert[13].

Au cours de cette période naissent les premiers mouvements politiques qui contestent le pouvoir de Saïd Mohamed Cheikh et pour certains, réclament l'indépendance. D'autres, comme le Mouvement populaire mahorais (ancien UDIM : Union pour la défense des intérêts de Mayotte) réclament au départ plus d'autonomie vis-à-vis des autres îles. Par la suite, le mouvement se radicalise et demande la séparation de Mayotte et les autres îles et notamment la départementalisation de Mayotte.

Né en 1958, l'UDIM est un mouvement créé par un créole natif de Sainte-Marie : Georges Nahouda. Mort en 1958, c'est son neveu, Marcel Henry, qui poursuit le combat avec la création du MPM. Associé à une partie de l'élite mahoraise (dont Younoussa Bamana), Marcel Henry poursuivra le combat pour Mayotte française jusqu'au bout. Soutenu par l'Action Française, un groupuscule royaliste, à la tête duquel se trouve Pierre Pujo, le MPM obtient le soutien d'une partie importante de la classe politique française.

Cependant, dans les années 1960 d'autres mouvements politiques voient le jour dont le parti « Serrez-la-main ». Ce parti revendiquait l'indépendance de Mayotte vis-à-vis de la France. Nombres d'échauffourées[réf. nécessaire]} eurent lieu entre ce dernier et le MPM.

Le 25 août 1972, le Comité spécial de la décolonisation de l'Organisation des Nations unies inscrit l'archipel des Comores à sa liste des territoires devant accéder à l'autodétermination. Le 15 juin 1973, la France et les Comores signent des accords relatifs à l'accession à l'indépendance. Le 22 décembre 1974, la France organise aux Comores un référendum pour plébisciter l'indépendance du territoire. Il s'agissait d'un référendum qui devait statuer sur une réponse de l'ensemble du territoire. Si le suffrage obtient dans son ensemble plus de 90 % pour l'indépendance du territoire, Mayotte se singularise en votant en majorité pour le maintien des Comores au sein de la République française.

Face aux divisions internes, le gouvernement français ne valide pas le référendum et en propose un nouveau dont les résultats ne seraient considérés cette fois que « île par île ». À cela, le président du Conseil de Gouvernement, Ahmed Abdallah, déclare l'indépendance des Comores unilatéralement, sans l'accord de la France. Mayotte reste cependant sous administration française au détriment de la déclaration du gouvernement comorien. L'Union des Comores revendique Mayotte et refuse cette séparation qui remet en cause l'intégrité territoriale de l'archipel. L'Union africaine considère ce territoire comme occupé par une puissance étrangère[14]. La Chine soutient aussi les Comores car elle considère que le problème est comparable à celui de Taïwan[15].

En pleine guerre froide, la France a le projet d’y implanter une base militaire navale dotée d’un port en eau profonde. Ce projet ne verra pas le jour, mais sera compensé par l’implantation d’une station d’écoute du réseau satellitaire français d’espionnage des communications (réseau Frenchelon), mise en service en 2000 sur l'île de Petite Terre[16].

Le 6 février 1976, la France s'oppose, par son droit de veto, à l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies d'une résolution demandant la renonciation à la tenue d'un second référendum et ayant obtenu 12 votes favorables sur 15[17].

Ce second référendum a lieu le 8 février 1976[2],[3], qui confirme par 99,4% (82,3% des inscrits) le choix de la population de Mayotte de rester au sein de la République française. L'Assemblée générale des Nations unies considère ce référendum comme nul et non avenu, et condamne la présence française à Mayotte[18] cependant cet acte est dépourvu de toute force juridique et ne constitue qu'un avis. L'assemblée générale de l'ONU s'appuie sur la déclaration du 14 décembre 1960, « sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples colonisés », point numéro 6 sur la préservation de l'intégrité territoriale, malgré le point numéro 2 sur le droit à l'autodétermination. Dans sa résolution du 6 décembre 1994[19], l'Assemblée générale de l'ONU a rappelé et confirmé l'appartenance de Mayotte à l'État comorien. Depuis 1995, la question de Mayotte n'a plus été inscrite à l'ordre du jour de l’Assemblée générale de l'ONU.

D.O.M.

L'organisation par la France d'un référendum sur la départementalisation de Mayotte est contesté en 2008 par le président de l'Union des Comores[20], mais suite à ce référendum du 29 mars 2009 où 95% des votants (soit 57% des électeurs) confirment leur volonté de rester rattachés à la France, Mayotte obtient en 2011 un statut de département, devenant le 101e département français et le 5e DOM. Mais dès l'automne 2011, d'importants mouvements de contestation contre l'augmentation du coût de la vie paralysent l'activité de l'île[21] ; le gouvernement nomme alors un médiateur afin de dénouer la crise[22]. Mayotte n'étant plus approvisionnée suite au mouvement de grève d'octobre 2011, les Mahorés doivent s'approvisionner aux Comores au risque d'y produire une pénurie alimentaire[23].

Une collectivité française

Évolution du statut de la collectivité

La loi du 11 juillet 2001 relative à Mayotte prévoit l'application progressive du droit commun français à Mayotte, dans la perspective de l'évolution vers le statut de département d'outre-mer (DOM). Cette loi a fait de Mayotte une collectivité départementale, dotée d'un conseil général, et d'une administration décentralisée, en place depuis le 1er avril 2004, ce statut subsistant jusqu'au 30 mars 2011. Depuis 2001, les règles applicables à Mayotte figurent au code général des collectivités territoriales. La loi organique du 21 février 2007 a réécrit ce statut, en prolongeant la logique de la loi de 2001. Ensuite, après le 1er janvier 2008, hormis quelques matières (fiscalité, urbanisme, droit social...), l'identité législative régit le régime législatif de Mayotte : cela signifie que le droit commun sera applicable, comme dans les DOM.

La décentralisation rencontre des écueils similaires à ceux connus en 1982 en métropole, aggravés par la faiblesse de la pratique démocratique qui est à la fois récente et plaquée sur la culture ancestrale et cosmopolite des habitants de l'île. Le clientélisme est très développé[réf. nécessaire].

L'État français est représenté jusqu'au 30 mars 2011 par un commissaire du gouvernement faisant fonction de préfet. En matière d'éducation nationale, Mayotte constitue un vice-rectorat.

Un nouveau département français

Mayotte est devenu le 31 mars 2011 un département d’outre-mer et une région d’outre-mer.

À l'issue du renouvellement du conseil général en mars 2008, les conseillers généraux de Mayotte ont adopté le vendredi 18 avril 2008 une résolution (à l'unanimité) invitant le gouvernement français à transformer la collectivité en DOM. Il appartenait donc au gouvernement de consulter dans les douze mois la population de Mayotte sur le processus de départementalisation. Toutefois l'ONU et les Comores avaient prévenu qu'elles considéraient comme étant nulle et non avenue toute consultation qui serait organisée dans le cadre de la départementalisation de l’île comorienne de Mayotte[24]. La consultation a eu lieu le 29 mars 2009[25],[26], selon l'engagement du président de la République, Nicolas Sarkozy. L'ensemble des organisations politiques locales se sont prononcées en faveur du « oui ». La participation a été marquée par une forte abstention (38,63 %). Le « oui » l'a emporté avec plus de 95,2 % des suffrages exprimés[27].

Une loi organique et une loi ordinaire précisant les conditions de cette transformation effective au lendemain des élections cantonales de 2011, la collectivité étant alors régie par l'Article 73 au lieu de l'Article 74, sont examinées à l'automne 2010. La loi prévoit des aménagements transitoires comme la création seulement en 2014 d'une fiscalité locale[28].

Mayotte est donc devenu[29] le 101e département français et le cinquième en Outre-mer avec la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et La Réunion, le 31 mars 2011. Elle exerce les compétences dévolues aux départements d’outre-mer et aux régions d’outre-mer, la même assemblée exerçant les compétences du conseil général et celles du conseil régional. La loi organique prise à cet effet a été validée par le Conseil constitutionnel[30]. Les deux lois (organique et ordinaire) ont été promulguées le 7 décembre 2010 et publiées au Journal officiel du 8 décembre.

Ce nouveau statut ne fait pas entrer automatiquement le 101e département dans la catégorie des régions ultrapériphériques, c'est-à-dire comme partie intégrante de l'Union européenne (UE), pour laquelle Mayotte doit faire une demande d'intégration. Elle demeure dans la catégorie des Pays et territoires d'outre-mer, qui sont des territoires dépendants d'un État-membre de l'UE, sans faire partie de cette dernière [31].

Divisions administratives

Communes de Mayotte
Articles détaillés : Communes de Mayotte et Cantons de Mayotte.

Mayotte compte 17 communes. À chaque commune correspond un canton excepté pour Mamoudzou qui en regroupe trois, ce qui fait 19 cantons. Chacune des 17 communes regroupe le plus souvent plusieurs villages. Contrairement à la plupart des départements, Mayotte n'est pas divisée en arrondissements.

Les communes les plus peuplées sont celles de Mamoudzou, Koungou et Dzaoudzi.

La propriété du port de Mayotte a été transférée au Conseil général[32].

Élus de Mayotte

Les habitants de Mayotte sont représentés à l'Assemblée nationale par un député, depuis juin 2007 Abdoulatifou Aly (Force de l'Alternance du MDM, affilié au MoDem) ainsi qu'au Sénat par deux sénateurs : Thani Mohamed Soilihi (DVG) et Abdourahamane Soilihi (UMP). Dès 2012, l'île bénéficiera de deux sièges de députés.

Histoire politique

En 1958, cinq territoires d'outre-mer, faiblement peuplés, choisissent de conserver leur statut et de ne pas devenir des États au sein de la nouvelle Communauté française : il s'agissait de Saint-Pierre-et-Miquelon, de la Côte française des Somalis, de l'archipel des Comores, de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française. Ces TOM continuèrent d'envoyer des représentants à l'Assemblée nationale, mais en raison du délai de l'exercice de l'option, ils ne purent participer aux élections législatives des 23 et 30 novembre 1958, les premières de la Ve République. Le siège de député de Mayotte remonte donc à celui des Comores, depuis que, par son vote du 8 février 1976 (« Oui » à 99,4 %, soit 82,3% des inscrits[2]) a maintenu ses liens avec la France.

En 1978, c'est l'UDF Younoussa Bamana qui a été le premier député élu, puis réélu, dans cette collectivité territoriale de 19 000 électeurs. Avec l'élection de François Mitterrand, c'est Jean-François Hory, proche du PRG qui est alors élu (alors que Valéry Giscard d'Estaing avait obtenu 89,9 % des voix peu de temps auparavant). En 1986, c'est un centriste, Henry Jean-Baptiste, qui est élu, puis réélu en 1988 et en 1993, alors que l'île dépasse désormais 30 000 électeurs. Malgré la montée progressive de son rival RPR dissident, Mansour Kamardine, c'est toujours Jean-Baptiste qui est élu en 1997 (51,7 %). Ce n'est qu'en 2002, avec le retrait de ce dernier que Mansour Kamardine est élu au 2e tour député avec l'appui du président du Conseil général, Younoussa Bamana, face au candidat UDF-MDM, Vita Siadi.

En 2007, Abdoulatifou Aly, candidat de la Force de l'Alternance du Mouvement départementaliste mahorais (une dissidence du Mouvement départementaliste mahorais) est élu au second tour des législatives contre Mansour Kamardine. Abdoulatifou Aly appartient au Mouvement démocrate de François Bayrou.

Début 2008, le projet de départementalisation de Mayotte a resurgi. Le secrétaire d'État Roger Karoutchi a annoncé le 24 janvier qu'à l'issue des élections de mars, le conseil général, s'il le souhaitait, adopterait une résolution pour que Mayotte devienne un département-région. Or, suite aux élections cantonales de mars 2008, Ahmed Attoumani Douchina conseiller général du canton de Kani-Kéli (UMP), a été élu président du conseil général par 13 voix contre 5 et 1 bulletin nul succédant à Saïd Omar Oili, sans étiquette, président du Nouvel élan pour Mayotte (Néma). Le nouveau président a été élu par une coalition UMP-PS-MDM (le MDM est issu du Mouvement populaire mahorais), favorable à une telle évolution qui était alors attendue pour 2008 ou 2009[33]. L'ONU et les Comores avaient alors prévenu qu'elles considéraient comme étant nulle et non avenue toute consultation qui serait organisée dans le cadre de la départementalisation de l’île comorienne de Mayotte[24]. Le référendum pour la départementalisation a eu lieu le 29 mars 2009.

Lors de sa visite, le ministre de l'Outre-mer Christian Estrosi à Mayotte a évoqué la possibilité de revenir sur le droit du sol pour décourager l'immigration illégale, mais cette idée n'a pas été reprise par son successeur Yves Jégo.

Le statut de DOM est peut-être incompatible avec le maintien du statut personnel (voir plus bas), la question n'est d'ailleurs pas claire à ce sujet, dès lors que par exemple : certains Guyanais disposent d'un tel statut, et que la Constitution « protège » le statut personnel.

La départementalisation suppose des évolutions notables, dont certaines sont mises en œuvre depuis 2005  : l'âge légal minimum des femmes pour se marier est relevé de 15 à 18 ans, les mariages polygames sont interdits, même si les situations acquises ne sont pas remises en cause, la justice cadiale cède la place à une justice civile. Les minimaux sociaux seront aussi progressivement augmentés, en commençant par les deux seuls en vigueur, ceux pour les adultes handicapés et les personnes âgées. De même, la transformation de Mayotte en DOM devrait permettre l'attribution du revenu de solidarité active, ce qui explique le lobbying d'une grande partie de la classe politique en ce sens. Le RSA [34] sera versé à partir de 2012, à environ le quart de ce qu'il représente en métropole et sera ensuite progressivement revalorisé sur une période de 20 à 25 ans, en fonction du rythme du développement économique de l'île, mais avec la mise en place d'un cadastre, la taxe d'habitation et la taxe foncière devraient également faire leur apparition.

Manifestations et violences d'octobre 2011

CRS expulsant des manifestants, sur le quai de la barge, en Grande Terre

Pendant plusieurs semaines, des manifestations sont organisées contre la vie chère. L'île est progressivement paralysée et les actes de violence se multiplient. Des magasins sont pillés, des barrages sont montés. Les CRS chargent et par erreur passent à tabac le président du conseil général[35] ; un manifestant décède dans ces affrontements et un autre est grièvement blessé[36]. Les médias de la métropole observent un silence général sur les événements[37].

Démographie

Article détaillé : Démographie de Mayotte.

Mayotte a une population très jeune. En 2007, date du dernier recensement, la population était de 186 452 habitants, contre 160 262 habitants en 2002. 62,3 % des habitants sont âgés de moins de 25 ans en 2002.

L'amélioration des conditions d'hygiène, de santé publique (médecine rurale, préventive, gratuite pour tous jusqu'en 2005) et du niveau de vie a eu pour conséquence une diminution du taux de mortalité passé de 25 ‰ habitants lors du recensement de 1958, à 7,36 ‰ en 2008. Même si l’on assiste à une baisse de la natalité, celle-ci reste encore forte, avec un indice synthétique de fécondité de 4,5 enfants par femme en 2004 contre 8,1 en 1978[38].

Quant au taux d'accroissement annuel de la population, il est l'un des plus forts de l'outre-mer français avec 5,8 ‰.

Santé

Mamoudzou est l'unique ville où se trouve un hôpital, dont une annexe est ouverte à Dzaoudzi, sur Petite-Terre. Des maternités dites intercommunales sont ouvertes : Mramadoudou au sud de l'île (2005) et Kahani commune de Ouangani au centre (2006). La maternité de Dzoumogné au nord est construite en début 2010 et terminée en milieu 2010 par la société SMTPC filiale du groupe VINCI.

Cela dit, la grande majorité des naissances a lieu à Mamoudzou : 54 % des naissances annuelles dans l'île en 2003, 57,3 % en 2004[38].

Depuis le 1er avril 2005, les soins ne sont plus gratuits sur le territoire. Les patients doivent présenter une carte de Sécurité sociale ou acquitter un droit forfaitaire auprès des structures de soins publics ou des honoraires auprès d'un médecin privé.

Il existe aussi des dispensaires dans les villages, qui se partagent les rares médecins de garde.

Depuis 2005, des infirmiers s'installent en libéraux, assurant les soins à domicile.

Géodescription

Carte topographique de Mayotte

Mayotte est la plus ancienne des quatre grandes îles de l'archipel des Comores, chapelets de terres qui émergent au-dessus d'un relief sous-marin en forme de croissant de lune, à l'entrée du canal du Mozambique. Située à 250 km Ouest de Madagascar et à 30 km Sud-Sud-Ouest d'Anjouan, visible le soir en ombre chinoise, elle est composée de plusieurs îles et îlots couverts d'une végétation exubérante, les deux plus grandes sont Grande-Terre et Petite-Terre encore appelée Pamandzi adossée à une barrière de corail.

Ce récif de corail de 160 km de long entoure un lagon de 1 100 km2, un des plus grands du monde. Il protège des courants marins la quasi-totalité de Mayotte, à l'exception d'une douzaine de passes, dont une à l'est appelée Passe en S. Le lagon d'une largeur moyenne de 5 à 10 km et subsiste jusqu'à une centaine de mètres de profondeur. Il est parsemé d'une centaine d'îlots coralliens comme M'tsamboro sont de toute beauté. Ce récif procure un abri aux bateaux et à la faune océanique. L'activité volcanique à l'origine de la création des îles rend le sol particulièrement fertile[réf. nécessaire].

Une formation volcanique ancienne

Les îles qui forment Mayotte sont géologiquement les plus anciennes de l'archipel des Comores. Leur âge à partir de de neuf millions d'années va en décroissant du sud-est (Mayotte) au nord-ouest (Grande Comore), bien que l'on observe tant sur la Grande Terre que sur l'îlot de Pamandzi, des appareils très récents (maars) liés à des explosions phréatiques.

L'ensemble insulaire est un vaste bouclier volcanique de laves alcalines avec extrusions phonolitiques comme à Choungui, relief en forme de boule conique dont un cinquième est encore émergé. Le centre de l'appareil se situe en mer, à l'ouest. Une subsidence importante a eu lieu, permettant notamment l'implantation d'une couronne récifale autour des reliefs résiduels.

La croissance corallienne, créatrice de calcaires blancs, a pris le relais des terres émergées, caractérisées par des roches basaltiques noires, et soumises à l'érosion. Pendant les grandes glaciations continentales, il y a 20 000 ans, l'abaissement du niveau marin de plus de cent mètres a vidé les lagons et fait émerger les récifs. Les rivières, un temps retenues, ont percé les passes dans les barrières. Puis, avec les remontées marines causées par les réchauffements climatiques post-glaciaires, les coraux ont repris leur ardeur bâtisseuse.

Le contraste entre géochimies corallienne et volcanique est en particulier pleinement visible sur les plages du nord de la Grande Terre, près de l'île de Mtsamboro. Les récifs de pierres noires, annonciateur de la terre, apparaissent sur la plage blanche de sables détritiques coralliens.

L'île de Grande Terre possède de fortes pentes, et surtout au voisinage des crêtes, une érosion tropicale emporte la fragile végétation colonisant les padza[39]. Les forestiers essaient de fixer le sol dégradé par des plantations d'acacias.

Géographie insulaire

Article détaillé : Géographie de Mayotte.
« La Barge », le moyen de transport entre Mamoudzou (Grande Terre) et Dzaoudzi (Pamandzi)

Autrefois isolée, mis à part les rivages et les petites îles facilement accessibles par les pirogues à balanciers ou les bateaux, mais aujourd'hui presque partout pour les critères d'une économie moderne d'échanges, le monde mahorain, et au centre la Grande Terre, reste enclavé. Les pistes et les sentes des années 1970 ont laissé la place au cours des deux dernières décennies du millénaires à plus de 230 kilomètres de routes asphaltées et à 150 kilomètres de sentiers de randonnées balisés.

Climat

La saison des pluies (janvier 2006)

Le climat est tropical de type maritime, les températures moyennes oscillent entre 23 et 30 °C et le taux d'hygrométrie dépasse souvent 85 %. La saison chaude et humide, saison des pluies, va de novembre à avril/mai et les températures moyennes diurnes varient entre 27 à 30 °C. Dzaoudzi reçoit ainsi plus d'un mètre d'eau durant une année, les précipitations sont maximales en janvier, apportées par des vents de Nord-Est. La saison sèche de mai à octobre est plus fraiche, de 22 à 25 °C.

Les vents dominants selon les saisons sèches et humides sont l'alizé du Sud-Ouest et la mousson du Nord-Ouest. La température de la mer oscille autour de 25,6 °C. Les tempêtes cycloniques, accrues tout au long de leurs parcours par la chaleur échangée avec les eaux maritimes de surface chaudes, peuvent dévaster végétation et habitations ; ainsi les cyclones de 1898, de 1950, d'avril 1984 ou de janvier 1987.

Nature

Articles détaillés : Faune des Comores et Flore des Comores.
Mangrove à Moya
Papayer à Petite-Terre

Si les eaux chaudes du lagon peuvent abriter les baleines accoucheuses vivant sur leurs réserves de graisses australes, puis leurs petits en lactation, les tortues marines viennent pondre sur les plages au voisinage de leurs herbiers. Le lagon est nourricier pour les poissons, les mangroves jouent un rôle de nettoyage écologique, entravant l'écoulement des sédiments, augmentant la densité animale et végétale, notamment des espèces piscicoles au stade juvénile.

À proximité des herbiers à tortues et de leurs plages immémoriales, poussent de baobabs Adansonia digitata qui abritent parfois des colonies de roussettes, cette chauve-souris géante et frugivore. Ces paysages ne sont pas imaginaires, il en existe encore dans le sud de la Grande-Terre, à la pointe de Saziley, à Ngouja ou au nord de Petite-Terre.

Il existe une centaine d'espèces d'oiseaux, la plupart typiques des terres africaines et malgaches voisines.

Mayotte était initialement très riche en biodiversité, mais la forêt primaire y a récemment disparu, entraînant des risques d'instabilité pour les terrains et le littoral ainsi qu'une pollution et dégradation du lagon, alors que la pression foncière et la démographie ne cessent de croître.

Érosion des sols (Petite-Terre)

Les menaces qui pèsent sur l'écosystème sont notamment les espèces introduites et éventuellement invasives, avec risques croissants d'invasion biologique ; la fragmentation par les routes, qui dégradent l'intégrité écologique de l'île ; les impacts du tourisme ; la dégradation des récifs coralliens par la pollution et par accumulations de sédiments terrigènes (déjà plusieurs kilomètres carrés sont touchés dans les lagons de Rodrigues et de Mayotte d'où ont disparu les scléractiniaires, suite à la destruction des forêts qui protégeaient les sols de l'érosion. Engrais et pesticides, comme le DTT, peuvent aussi être emportés par les eaux pluviales et favoriser voire rendre permanent le blanchiment des coraux (coral bleaching)[40]. La collecte de coquillage, la pêche excessive et certaines activités extractives (sable corallien), l'agriculture et la divagation d'animaux peuvent aussi avoir des impacts négatifs. La tortue marine verte est protégée dans le parc marin de Saziley, et le maki de Mayotte, lémurien agile qui se nourrit de fruits et de feuilles, vit en joyeuses bandes dans la forêt tropicale sèche de l'îlot Mbouzy.

Un maki de Mayotte (Eulemur fulvus mayottensis)

Culture mahoraise

Article détaillé : Culture des Comores.

Plusieurs cultures se côtoient à Mayotte, mais la culture mahoraise qui concernait il y a quarante ans 60 % de la population s'est imposée progressivement sous une forme syncrétique à l'ensemble de la population locale. Il reste toutefois dans le sud de l'île des isolats d'une seconde culture malgache, toutefois fortement marquée par la culture mahoraise au point de n'être difficilement discernable qu'au regard avisé. Enfin la culture française comme d'une manière générale, la civilisation occidentale moderne imprègne de plus en plus la culture locale.

Langues

Le français est la langue officielle. Mais il n'est pas la koinè des personnes âgées originaires du monde traditionnel de l'île. Celles-ci, ainsi qu'une minorité de plus jeunes, peuvent néanmoins maîtriser plusieurs langues africaines comme le shimaore, le Kiantalaotsi ou bien encore tenter de préserver un dialecte malgache, le shibushi, autrefois parler vernaculaire dans le sud de Grande Terre. La première, le shimaore, varie sensiblement d'un village à l'autre, même si les variantes dialectales sont proches. Le shimaore est de facto la lingua franca indigène pour un usage au quotidien.

La langue mahoraise a largement été modifiée au cours du temps, notamment du fait des anciens exilés, des nouveaux migrants et des métropolitains. On estime que l'illettrisme en français concernait en 2000 environ 35 % des hommes et 40 % des femmes. Toutefois cet illettrisme français est aussi causé par une piètre familiarité avec l'alphabet latin. L'illettrisme en arabe est moindre car la langue et l'alphabet arabes sont enseignés avec assiduité dans les écoles coraniques ou madrassas.

Cultures traditionnelles

La société mahoraise traditionnelle est matriarcale. La femme a un rôle déterminant, des tâches économiques de base à la politique en passant par la vie associative. Une femme à tout âge ne peut que s'épanouir ou aller vers le succès de ses diverses entreprises alors que l'homme a atteint sa plénitude à son mariage. À cette occasion autrefois fort coûteuse pour la gent masculine, la femme reçoit cadeaux et bijoux, autrefois en or, qu'elle portait ensuite pour afficher son statut social. L'autorité de la mère, possédant biens et maisons, forte d'avoir élevé ses enfants et assemblé sa parentèle ou sa descendance, pouvait chasser ou sauver son conjoint lorsque les critères sociaux, communément constatés par la communauté villageoise, avaient confirmé la déchéance maritale. D'une manière générale, c'est l'autorité de l'épouse active qui protège sur ce plan mari et foyer. Il va de soi que l'importance de la sœur d'un mari jouait un rôle crucial en cas de dispute familiale, au cas où celle-ci avait un rang au moins similaire à sa belle-sœur.

Le deba est une rencontre sous forme de chant et de danse religieux. Les femmes vêtues de chatoyants lambas au motifs similaires, et assemblées d'après des critères d'appartenance à une même petite communauté forment un chœur lancinant, laissant aux hommes l'apport musical rythmé. Ainsi s'organise une forme de rivalité chorégraphique entre villages.

Soins et habits féminins traditionnels

« Femmes malgaches, élégantes de Mayotte » (phot. Léon Humblot, fin du XIXe siècle)

Il est commun d'observer des masques de beauté, principalement à base de bois de santal râpé mélangé à de l'eau, sur les visages féminins. Les cheveux, après un lavage avec une décoction de kapokier, étaient parfumés et tressés de façon savante. La chevelure était agrémentée avec des fleurs choisies pour les fêtes.

Le vêtement traditionnel féminin s'appelle le nambawani. Il se compose de deux parties : le saluva qui est un paréo, c'est-à-dire une jupe et le kishali, pièce de tissu qui se porte en châle, sur les épaules ou parfois replié sur la tête. Il servait autrefois de signes de reconnaissance communautaire.

Traditions masculines et jeux virils d'autrefois

Une banga à Mtsamoudou

Les jeunes hommes après l'adolescence quittent la case familiale ou maternelle et construisent des bangas, petites maisons dont le toit était autrefois en bois, en bambou ou en raphia et feuille de cocotier et qui leur permettent de s'initier à la vie adulte en y invitant les filles auxquelles ils peuvent se fiancer.

Un homme marié trouve à ne pas perdre son prestige en initiant ses neveux. Ainsi le meilleur pédagogue des techniques traditionnelles conservait un statut particulier au sein de sa famille et de sa communauté.

Le moringue ou mouringué, analogue à la capoeira brésilienne, était pratiqué, jusqu'à la fin des années 1980, entre villages rivaux. Il a, actuellement, presque disparu. On peut encore avoir l'occasion d'assister au moringue mahorais durant le mois de ramadan : au coucher du soleil, après avoir bien mangé, les gens se regroupent sur la place publique, tapent sur les tam-tam et pratiquent le moringue.
La seule différence avec la capoeira est que cette dernière se rapproche d'arts martiaux alors que le moringue n'a strictement aucun enseignement ni règle réellement définie. Des règles, il y en a, comme obligation de combattre à mains nues, et auparavant chacun des deux protagonistes pose son pied sur celui de l'autre et vice versa, empêchant ainsi la fuite. La rancune reste interdite une fois le combat fini et en dehors de celui-ci. S'il doit y avoir vengeance, celle-ci se fera à un prochain mouringué, ou lors du même moringué. Mais le « moringue » est considéré, par les Mahorais comme un jeu, il est et reste aussi un moyen de règlement d'éventuels différends. C'est aussi un moment de convivialité. Les lutteurs deviennent très souvent amis après la lutte. Auparavant, le moringué se faisait entre villages voisins, et peu importe la distance, on se déplaçait à pied. Des mouringués se font aussi tout autour de l'île et des invitations orales convient tout le monde à rejoindre le lieu dit. Un lutteur peut défier jusqu'à quatre adversaires ou plus en même temps, le nombre de combats n'est pas limité. Il peut être culturel ou sauvage et barbare, selon le fait qu'il soit organisé en ville ou en brousse, constat d'un reporter local.

Spectacles, musique et carnaval modernes

De nombreux écrivains locaux racontent l'île à travers leurs ouvrages. Des spectacles divers illuminent les veillées des week-ends, du théâtre à la tradition locale en passant par la musique. Mayotte connait différentes sortes de musique dont le « m'godro », musique locale s'inspirant du salégy ou saleg, une musique malgache.

Un carnaval scolaire se perpétue vers les mois de juin-juillet. Au cours de l'année scolaire, les élèves organisent et préparent cet événement. Aidés des enseignants, ils illustrent le thème de l'année et le parfont. Celui-ci a souvent pour but d'informer et de sensibiliser la population et les jeunes, le sujet change chaque année. Dans les années 1990 se sont succédé des idées telles que les pirates, la tortue, et d'autres thématiques axées sur l'environnement et la vie de tous les jours.

Religion

De tradition sunnite, introduite par des populations arabo-persanes, profondément imprégnée à la culture swahilie des Comores, religion structurant une société teintée de croyances africaines et malgaches, l'islam est pratiqué par 95 % de la population mahoraise. Dès l'âge de 6 ans, les enfants fréquentent en parallèle l'école coranique et l'école primaire de la République.

Incidence juridique : statut personnel

Les Mahorais peuvent choisir entre :

  • le statut de droit commun, identique à la métropole (notaires, administrations, tribunaux…),
  • un statut personnel dérogatoire au code civil et à la laïcité, réservé aux musulmans originaires de Mayotte (ou éventuellement d'autres îles des Comores ou du nord-ouest de Madagascar). Ils peuvent renoncer à ce statut et choisir le statut de droit commun.

Le statut personnel peut toucher l'état des personnes mais aussi le droit des successions (discriminations selon la religion des héritiers) ou le droit foncier[41].

La loi d'orientation pour l'outre-mer no 2003-660 du 21 juillet 2003 a aboli la polygamie pour les nouvelles générations en déclarant : « Nul ne peut contracter un nouveau mariage avant la dissolution du ou des précédents. Le présent article n'est applicable qu’aux personnes accédant à l'âge requis pour se marier au 1er janvier 2005 ». Traditionnellement, la maison appartient à la femme à Mayotte et la répudiation ou le divorce représente donc essentiellement la perte d'un compagnon plutôt que la perte d'un statut social ou économique (les foundis et les aînés veillaient à la bonne tenue de la situation économique de la femme même après le départ du mari). Toutefois, la répudiation unilatérale a été abolie pour les personnes qui accèdent à l'âge du mariage à partir de 2005[42]. En outre, un décret du 1er juin 1939, interdit la lapidation des humains.

La justice touchant le statut personnel était rendue par des juges musulmans, les cadis[43]. Ces juridictions ont été supprimées par l'ordonnance no 2010-590 du 3 juin 2010, mais les juges ont toujours la faculté de consulter les cadis sur l'application du droit local ; mais ce sont les juges qui tranchent le litige.

Mosquées

Construites autrefois dans la tradition arabo-shirazienne, les mosquées étaient de petite taille avant de subir l'évolution architecturale commune aux rivages africains. La plus ancienne connue en pierre est la mosquée de Chingoni ou Tsingoni. Mais la tradition mahoraise rapporte l'arrivée des premiers musulmans prêchant la parole de paix et de soumission à l'île de Petite Terre ou Dzaoudzi. La Ziyara de Pôlé est considérée dans cette tradition orale comme le lieu saint fondateur, à l'origine de la diffusion de l'Islam sur l'ensemble de l'île. La légitimité du pouvoir sacré des premiers sultans shiraziens émanait de ce lieu saint.

Économie

Le tertiaire administratif occupe, en 2001, 45 % des salariés de l'île. Outre l'administration, les travaux publics, le commerce et ses services associés sont les principaux employeurs. Malgré une croissance de 9 % par an, le taux de chômage atteint 22 %. Le SMIC Mayotte est de 63 % inférieur au SMIC national. Le revenu annuel des ménages était de 9 337 euros en 2005 contre 29 696 euros en métropole[44].

Agriculture, élevage et pêche

Pêcheurs à Moya (Petite-Terre)

Mayotte est une île où la population pratique une agriculture vivrière. Le produit national brut par habitant n'était que de 1 000 dollars par habitant en 1993. Le taux de chômage s'élevait à 38 % en 1995, mais ne s'élevait plus qu'à 29 % au recensement de 2002[45]. Le revenu minimum d'insertion ne s'applique pas à Mayotte[46].

Les productions agricoles sont principalement les cultures vivrières et notamment le riz et le manioc et les fruits tropicaux, banane, noix de coco, ananas et mangues. Mais l'on trouve également des cultures spécialisées d'exportation, l'ylang-ylang et la citronnelle utilisés dans la parfumerie, la vanille, la cannelle et le girofle.

Un élevage bovin, caprin et avicole (production d'œufs) se maintient. La mer fournit, outre les poissons de la pêche côtière, espadons, langoustes, mérous et crevettes.

Routes et services portuaires

Outre l'encadrement scolaire et hospitalier, l'investissement français depuis une trentaine d'année est tangible sur plus de 230 km de routes asphaltées où circulent voitures et deux-roues de divers types. Le contraste est grand avec les années 1980, où une circulation peu dense ne laissait apercevoir que de rares berlines à part la 4L des taxis, des méharis de légionnaires ou des camionnettes bâchés dénommées taxis-brousse.

Le port en eau profonde est un port d'escale mineur dans le canal de Mozambique.

Divisée en deux îlots, Mayotte est difficile d'accès. Le débarcadère de Mamoudzou, en Grande-Terre, ne peut accueillir que des embarcations légères.

Poste et philatélie

En matière postale, Mayotte a été le centre administratif des Comores dans la seconde moitié du XIXe siècle, ce que prouve le cachet d'oblitération énonçant la provenance des lettres : « Mayotte et dépendances ». Intégrée administrativement ensuite et utilisant les timbres coloniaux de Madagascar de 1912 à 1950, de l'archipel des Comores de 1950 à 1975 et de France de 1975 à 1997, l'île obtient une autonomie philatélique et postale le 2 janvier 1997 en utilisant des timbres spécifiques choisis par la filiale locale de La Poste.

Tourisme

Cette île qui possède des reliefs côtiers forts variés offre moins de plages de sable blond que ses voisines : Grande Comore, Mohéli, les Seychelles, l'île Maurice, et Madagascar. Son lagon offre à certaines saisons l'opportunité d'observer des baleines et leurs baleineaux, des troupes de dauphins, et des tortues vertes qui viennent pondre sur les plages désertes.

Le lac Dziani Dzaha

Certaines activités touristiques ont été structurées :

Le tourisme reste une activité peu développée dans l'île. Les capacités hôtelières de l'île sont réduites : 150 dont 80 de confort convenable selon le CES en 1997. Selon une étude de l'Insee[47], 9 300 touristes auraient fréquenté Mayotte au premier semestre 1999[48], dont 44 % de la Réunion et 42 % de la métropole. 42 % du total correspond à des visites familiales. Le séjour durait en moyenne 9,6 jours pour une dépense moyenne de 50 € par ménage de 1,5 personne.

Pendant longtemps, il n'y a pas eu de vol direct entre Mayotte et la métropole. En effet, la compagnie réunionnaise Air Austral possédait un quasi-monopole sur la destination, partagé avec la compagnie Comores Aviation, et ne proposait que des vols avec escales à l'île de La Réunion, alors que les Boeing 777 d'Air Austral atterrissent depuis 2005 à Mayotte[49]. Corsairfly liste aujourd'hui cette destination comme une liaison directe entre Paris-Orly et Mayotte[50].

Code

Mayotte a pour codes :

Personnalités

Notes et références

  1. Bien que le quorum n'ait pas été atteint lors de la première réunion du conseil général de l'île qui devait désigner un nouveau président et lancer officiellement le nouveau statut de Mayotte (cette réunion est reportée au 3 avril), le gouvernement français considère que le 101e département français a bien été créé le jeudi 31 mars puisque l'article 37 de la loi n° 2010-1487 du 7 décembre 2010 relative au département de Mayotte prévoit simplement que « Hormis celles de ses articles 30 à 35 , les dispositions de la présente loi entrent en vigueur à compter de la première réunion suivant le renouvellement du conseil général de Mayotte en 2011. »
  1. Nom issu de son surnom historique arabe « Jazirat al Mawet » soit « île de la Mort » (« Mawet » signifiant tout simplement « mort » en arabe
  2. a, b et c Consultation de la population de Mayotte quant à son rattachement aux îles des Comores.
  3. a et b Mayotte-Comores, op. cit. page 48 et suivantes
  4. Allocution de Son Excellence Dr IKILILOU DHOININE, Président de l’Union des Comores, à l’occasion de la Cérémonie de Signature des Accords sur la Délimitation des Frontières Maritimes entre la République du Mozambique, la République Unie de la Tanzanie et l’Union des Comores sur le site de la Présidence de l'Union des Comores 5 décembre 2011
  5. Mayotte devient le 101e département français, Le Monde, le 31 mars 2011.
  6. Le Monde.fr "Mayotte accède à son statut de département dans la confusion", consulté le 31/03/2011]
  7. Chiffres de l'Insee en 2007
  8. Code officiel géographique
  9. Par conséquent, ce ne serait pas un amalgame disparate de populations, d'un point de vue culturel. Cette civilisation typique des pourtours de l'océan Indien est apparentée à l'origine avec celle d'Indonésie (Austronésiens/Protomalgaches) comme avec celle de Madagascar.
  10. Maore est le nom swahili de l'île.
  11. Les Bantous sont plus présents sur la Grande Comore et sur Mayotte, que sur Anjouan. Les peuples malgaches appelés Sakalaves et Antalaotsi profitent de la proximité avec le sous-continent malgache.
  12. L'accord prévoit 5 000 piastres et la prise en charge de l'éducation des enfants du sultan par la France.
  13. Philippe Lemarchand (dir.), L'Afrique et l'Europe, éditions Complexe, 1994.[réf. incomplète]
  14. Résolution 3385 du 12 novembre 1975 des Nations unies
  15. Comores : la Chine apporte un financement de 40 millions de yuans Le ministre Fahmi a aussi rappelé que la Chine accompagne et soutient les Comores depuis un peu plus de trente-cinq ans, sur les questions de développement et sur le retour de l'île comorienne de Mayotte
  16. Pierre Caminade, Comores-Mayotte, Une histoire néocoloniale, 2010
  17. [PDF] Projet de résolution S/11967 ; [PDF] (en) compte rendu des débats.
  18. Voir la résolution 31/4 du 21/10/1976 de l'Assemblée Générale de l'ONU (fr) Assemblée Générale, « Question de l'île comorienne de Mayotte », ONU, 1976. Consulté le 2010-12-28
  19. http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=A/RES/49/18&Lang=F
  20. http://www.beit-salam.km/article.php3?id_article=474&var_recherche=mayotte
  21. Mayotte paralysée par des manifestations contre la vie chère Le Monde - 07/10/2011
  22. Caroline Bruneau, « Le gouvernement nomme un médiateur à Mayotte », le Figaro, 22 octobre 2011. Consulté le 23 octobre 2011
  23. http://www.malango-actualite.fr/article/mayotte_quand_les_mahorais_font_leurs_courses_anjouan-7935.htm
  24. a et b site officiel de la présidence des Comores
  25. Les électeurs ont été convoqués [PDF] décret le 29 mars 2009 afin de se prononcer sur l'instauration d'une collectivité unique exerçant les compétences dévolues aux départements et aux régions d'outre-mer. Le [PDF] conseil des ministres du 14 janvier 2009 envisage un changement de statut lors du renouvellement du conseil général en 2011.
  26. Le Figaro
  27. Mayotte : le « oui » l'emporte massivement, NouvelObs.com, 29 mars 2009. Consulté le 29 mars 2009
  28. La départementalisation de Mayotte se précise, L'Express, 3 août 2010. Consulté le 4 août 2010
  29. La transformation a lieu à l'occasion du renouvellement du conseil général en mars 2011 ([PDF] Les conséquences de la départementalisation, préfecture de Mayotte).
  30. Décision du Conseil constitutionnel du 2 décembre 2010
  31. Julien Arnoult, « Mayotte : 101e département français », Carto n°5, mai-juin 2011. Consulté le 16 octobre 2011
  32. Arrêté du 3 mars 2008 (complétant l'arrêté du 27 octobre 2006 modifié fixant la liste des ports maritimes relevant des collectivités territoriales et de leurs groupements où l'autorité investie du pouvoir de police portuaire est le représentant de l'État)
  33. L'UMP prend la présidence du conseil général de Mayotte, Le monde.fr sur une dépêche AFP, 20 mars 2008, 15h45. Consulté le 20 mars 2008
  34. [1]page20
  35. Rue89
  36. http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/Un-manifestant-decede-a-Mayotte-lors-d-affrontements-avec-la-police-_NG_-2011-10-19-725078 La Croix].
  37. NouvelObs.
  38. a et b Fécondité et mortalité à Mayotte en 2004, MAYOTTE INFOS n°24, Insee, 2006
  39. Les padza désignent les zones de terres et/ou de roches au sens géologique, non couvertes par la végétation.
  40. (en) William L. Steffen, A. Sanderson, P. D. Tyson, J. Jäger, F. Oldfield, K. Richardson, H. J. Schellnhuber, B. L. Turner II, R. J. Wasson, Global Change and the Earth System: A Planet Under Pressure, Birkhäuser, 2005, 336 p. (ISBN 3540265945) [lire en ligne], p. 190 
  41. Mayotte-Comores: une histoire néocoloniale, Pierre Caminade, Marseille, Éditions Agone, 2003, p. 31 et suivantes.
  42. Loi du 21 juillet 2003 de programme pour l'outre-mer, article 68.
  43. Ces juridictions étaient régies par le décret du 10 juin 1939 et un arrêté du 13 juillet 1944. Rapport parlementaire du député Jacques Floch, 29 mars 2000, section 2B3/
  44. À Mayotte, futur département français, tout reste à construire, Le Monde, 27 mars 2009
  45. Insee Première no 940 - Mayotte : recensement de la population du 30 juillet 2002
  46. 70 % selon le rapport Bonnelle, 18,5 % des actifs occupés selon le rapport du Conseil Économique et Social présenté par Miguel Laventure des 22-23 avril 1997 qui élude l'économie informelle. Voir Mayotte-Comores, op. cit. page 33
  47. citée par La lettre de l'océan Indien, 22 juillet 2000
  48. En 2006, l'île a reçu plus de 30 000 touristes (cité par le magazine Pleine Vie de mars 2007)
  49. source: magazine Air Austral
  50. source : www.corsairfly.com

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Pierrick Graviou et Jean-Philippe Rançon, Curiosités géologiques de Mayotte, Éditions du Baobab, Mamoudzou ; BRGM, Orléans, 2006, 95 p. (ISBN 978-2-7159-0985-4).
  • L. Abad et J.-F. Hory, Mayotte des maisons et des hommes, éditions Vilo, Collection Mahoraises, 1999, 94 p. (ISBN 978-2951049918).
  • Pierre Caminade, Mayotte-Comores: une histoire néocoloniale, Marseille, éditions Agone, 2004 (ISBN 978-2748900217).
  • Les Cahiers des Archives orales de Mayotte, collection dirigée par Tiziana Marone, éditions du Baobab.
  • Marie Céline et Yves Moatty, Mayotte en 200 questions-réponses, Orphie, Chevagny-sur-Guye, 2009, 191 p. (ISBN 978-2-87763-479-3).
  • Gilles Nouraud (photographies et dir.), François Perrin (texte), Mayotte, l'île au lagon, éditions Orphie 2002, 96 pages. (ISBN 2-87763-137-0).
  • Luc Reynaud (photographies et dir.), Bernard Grollier et Sylvie Chaussée-Hostein (textes), Scènes de la vie de Mayotte, éditions Orphie, 2001, 160 pages. (ISBN 2-87763-104-4-1).
  • Bruno de Villeneuve, Mayotte et son lagon : le saphir de l'océan Indien (Mayotte vue du ciel), Éd. Ylang images, Mamoudzou, 2009, 96 p. (ISBN 978-2-84984-019-1).
  • Guy Fontaine, Mayotte, Édition Karthala, 1996 (ISBN 978-2865376070).

Agriculture

Filmographie

  • La problématique de l'eau à Mayotte, réalisé par l'Association réunionnaise de réalisations audio visuelles (ARRAV), Saint-Gilles les Bains (La Réunion), 1995, 26' (VHS)
  • Justice des cadis à Mayotte, réalisé par Jim Damour, Réseau France Outre-mer, 1999, 26' (VHS)
  • Mayotte : m'wendro wa shissiwa (une île en marche), réalisé par Jérémy Blazquez et Philippe De Cet, éd. du Baoboab, Mayotte, 2000, 26' (VHS)
  • L'Océan indien : Mombasa, Zanzibar, Mayotte, Madagascar, Maurice, réalisé par Alain Dayan, Seven 7, 2008, 58' (DVD)

Liens externes

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