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Violette Nozière

- Wikipedia, 7/02/2012

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Violette Nozière

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Violette Nozière dans les couloirs de l'instruction en 1933

Nom de naissance Violette Germaine Nozière
Naissance 11 janvier 1915
Drapeau de la France Neuvy-sur-Loire (Nièvre)
Décès 26 novembre 1966 (à 51 ans)
Le Petit-Quevilly (Seine-Maritime)
Nationalité Française

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Violette Nozière est une femme française, née le 11 janvier 1915 à Neuvy-sur-Loire (Nièvre) et morte le 26 novembre 1966 au Petit-Quevilly (Seine-Maritime), qui défraya la chronique judiciaire et criminelle dans les années 1930.

Sommaire

Biographie

Historique des familles Nozière-Hézard

La famille Nozière est originaire du département de la Haute-Loire, en Auvergne. L'aïeul paternel de Violette Nozière est Félix Nozière, né à Saint-Julien-des-Chazes le 8 mars 1858[1], de père inconnu et de Marie Nozière, vingt ans. La naissance de cet enfant naturel a lieu au domicile de son grand-père maternel, Antoine Nozière, cultivateur. Marie Nozière, ménagère, va contracter un mariage quelque temps après, avec un dénommé Baptiste Vigouroux, son aîné de dix ans. Elle décède à Prades, à l'âge de 40 ans, le 6 janvier 1878[2]. Son fils, Félix Nozière, domestique, épouse Marie Constance Bernard, 17 ans, à Prades le 12 janvier 1884[3]. De cette union sont nés trois enfants : Baptiste Nozière le 17 février 1885[4], Ernest Félix Nozière le 5 janvier 1887 et Marie Juliette Nozière, le 20 février 1900. Baptiste quitte très tôt le milieu familial en 1901, apprend la mécanique et entre aux Chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée (PLM) à Paris, comme ajusteur. Ernest est boulanger à Prades, comme son père. Ce dernier tient également une auberge dans le village. Ernest Nozière épouse Marie, Véronique Michel à Prades, le 11 janvier 1913[5]. Son frère, Baptiste, mécanicien, est présent à la cérémonie. Un contrat de mariage est établi, les 24 et 25 décembre 1912 par Maître Plantin, notaire à Saint-Julien-des-Chazes. Le 17 février 1914, naît René Baptiste Nozière à Prades, le premier enfant d'Ernest et Marie Nozière[6].

La vie paisible de la famille Nozière est de courte durée et connaît une succession de drames. La Guerre éclate et désormais plus rien ne sera comme avant. L'horreur de la guerre frappe d'innombrables foyers, meurtris par ce conflit[7]. Si Baptiste Nozière accomplit son engagement militaire au PLM, il en est autrement pour son frère envoyé sur le front, dans les tranchées. Ernest Nozière est incorporé le 2 août 1914[8], en tant que soldat de 2ème classe au 299e régiment d'infanterie[9]. Le 3 août 1914, il rejoint son régiment stationné à Sainte-Colombe-lès-Vienne dans le département du Rhône. Le 11 mars 1915, Ernest Nozière intègre la 74ème Division et la 147ème Brigade du Détachement de l'Armée de Lorraine (DAL). Le 24 juillet 1915, les troupes reçoivent la visite du Président de la République, Raymond Poincaré. Lors des combats de Reillon en Meurthe-et-Moselle en octobre 1915[10], Ernest Nozière est pris sous le feu Allemand. Le 14 octobre 1915 à 19 h 00, Ernest succombe des suites de ses blessures[11]. Il avait 28 ans[12]. Marie Nozière, veuve de guerre sans ressources avec un enfant[13], est prise en charge par son beau-père, Félix Nozière.

L'enfant d’Ernest et Marie Michel, René Nozière, décède en 1917 à l'âge de trois ans, d'une diphtérie. Marie, Juliette Nozière disparaît à Prades le 25 août 1918[14], dans sa dix-neuvième année. L'épouse de Félix Nozière, Marie Bernard meurt à Prades l'année suivante le 4 janvier 1919[15], moins de cinq mois après leur fille Juliette. Félix Nozière affronte deuils et solitude. Son seul enfant à présent, Baptiste, est éloigné et toujours en déplacement, de par son métier. Le dernier lien familial, est sa belle-fille Marie, qui décide de vivre avec le patriarche. Leur liaison et la grande différence d'âge de trente années du couple, vont alimenter les conversations des habitants de Prades. Cette situation est un sujet de discorde permanent entre Baptiste Nozière et son père. Quoi qu'il en soit, Baptiste se rend à Prades chaque année avec sa nouvelle épouse Germaine Hézard. Par ailleurs, Germaine témoigne de l'affection pour son beau-père et ce sentiment est réciproque.

La famille Hézard a ses racines dans le département de la Nièvre en Bourgogne. Germaine, Joséphine Hézard est la fille de de Alsime, François Hézard, 42 ans, vigneron, et de Clémence, Philomène Boutron, 38 ans, sans profession. Elle est née à Neuvy-sur-Loire, le 4 août 1888[16]. Dix-huit années séparent Germaine de sa sœur aînée Philomène, mariée avec Auguste Desbouis, policier. Germaine Hézard, couturière, s'est mariée en premières noces à Neuvy-sur-Loire le 5 février 1907[17], à l'âge de 18 ans, avec Louis, Pierre Arnal (né à Neuvy-sur-Loire, le 18 septembre 1881), doreur sur papier et domicilié au 83 rue d’Angoulême à Paris, dans le 11e arrondissement. Un des témoins est le beau-frère de Germaine Hézard : Auguste Desbouis, 43 ans, agent de police à Paris et demeurant au 3 rue Érard dans le 12e arrondissement. Mais Louis Arnal brutalise sa femme Germaine, la trompe et joue aux courses. La séparation est inévitable. Un jugement par défaut intervient, le 8 octobre 1913. Le divorce a été prononcé le 22 janvier 1914, au Palais de justice de Paris, par le tribunal civil de première instance du département de la Seine, au profit de Germaine Hézard.

L'immeuble, rue Montgallet, où habitèrent en 1914 les parents de Violette Nozière.

Germaine Hézard a rencontré au mois de juin 1913, Baptiste Nozière. Le couple demeure à Paris, dans le 12e arrondissement, au 10 bis rue Montgallet. Elle est déjà enceinte de quatre mois, lorsqu'elle épouse en secondes noces, Baptiste, à Paris, dans le même arrondissement, le 17 août 1914[18]. Les époux n'ont pas fait de contrat de mariage. Germaine Hézard est mécanicienne[18], car un certain nombre de femmes remplacent les hommes mobilisés[19]. C'est le début de la Première Guerre mondiale. Baptiste Nozière est chauffeur aux chemins de fer et le reste tout au long des hostilités : il effectue la campagne contre l'Allemagne au PLM, du 2 août 1914 au 10 novembre 1918, au transport des troupes et du matériel militaire[20]. Pendant toute la période de la Guerre, Neuvy-sur-Loire est le lieu de résidence de Baptiste et Germaine Nozière.

Leur fille unique, Violette Nozière naît le 11 janvier 1915 à Neuvy-sur-Loire, à quatre heures du soir[21].

Enfance et adolescence

À la fin de la « Grande Guerre », Baptiste Nozière revient à Paris, du fait de sa profession. La famille se loge au 9, rue de Madagascar, dans le 12e arrondissement, proche de la gare de Lyon. Violette va passer toute sa jeunesse dans un simple deux-pièces cuisine, au sixième étage sur cour. La promiscuité des lieux ne laisse que peu de place à l'intimité. Le climat familial devient pour Violette trop étouffant. Bonne élève, Violette obtient le certificat d’études. Elle poursuit ses études dans l'école primaire supérieure de jeunes filles, Sophie Germain du 4e arrondissement, puis au lycée Voltaire, dans le 11e arrondissement. Les parents de Violette inscrivent ensuite leur fille au lycée Fénelon, dans le Quartier latin.

L'immeuble du n°9 rue de Madagascar.

Ces changements d'établissements, sont la conséquence de la dégradation des résultats scolaires, mais surtout du comportement de Violette. Un conseil des professeurs rend un avis sans appel : « Paresseuse, sournoise, hypocrite et dévergondée. D'un exemple déplorable pour ses camarades »[22]. La jeune fille paraît plus que son âge ; elle découvre les premiers sentiments amoureux, et compte parmi ses premiers amants, Pierre Camus, un étudiant en médecine à Paris, et Jean Guillard, un ami d'enfance qu'elle retrouve pendant les vacances à Neuvy-sur-Loire. Elle recourt à ses premiers mensonges, du fait de retards et d'absences répétés. Violette va acquérir la réputation d'être une « petite coureuse », tout comme sa meilleure amie, Madeleine Debize, dite Maddy[23], qui demeure également dans le 12e arrondissement. Maddy a une véritable influence sur Violette. Cette génération née dans la guerre, vivant dans une période de crise économique profonde, pense surtout à se divertir et veut se libérer de la tutelle moralisatrice et envahissante de la précédente génération. Elles n'ont pas le droit de vote et doivent attendre l'âge de la majorité, soit vingt et un ans, pour être autonomes. L'avenir que la société leur réserve est tout tracé : être une bonne mère et une bonne épouse[24]. Un lendemain encore bien lointain pour Violette. Le besoin d'indépendance, de liberté, de plaisirs, de changer de vie, est de plus en plus réel. Pour ses sorties, et faire face à ses dépenses comme les toilettes, les restaurants, les bars, les hôtels, les taxis, Violette a besoin d'argent. Commencent alors les vols, au domicile de ses parents ou chez des commerçants. Elle va également recourir à la prostitution occasionnelle[25], pour subvenir rapidement à ses dépenses, ce que Violette nommera pudiquement « Les passages utilitaires »[26]. Elle n'hésite pas non plus, à poser nue pour une revue[27]. Une lente dérive s'amorce et une double vie s'installe. Au mois d'avril 1932, Violette apprend, après plusieurs consultations auprès du docteur Henri Déron, à l'hôpital Xavier-Bichat, situé dans le 18e arrondissement de Paris, qu'elle est syphilitique[22]. Elle va imaginer une sœur du docteur Déron, une relation flatteuse et au dessus de tout soupçon, pour justifier ses absences auprès de sa famille. Désœuvrée, Violette passe la majeure partie de son temps dans les cinémas et les brasseries des grands boulevards du 5e arrondissement. Ses préférences sont le bar de la Sorbonne ou le Palais du Café au 31 boulevard Saint-Michel et cet établissement devient son « quartier général ». La fréquentation du monde étudiant, cette classe sociale aisée, amène aussi Violette à mentir sur ses origines, son milieu : son père est devenu ingénieur en chef au PLM et sa mère est « première » chez Paquin. Violette a honte de ses parents, qui sont pourtant bien indulgents avec leur fille. Elle s'en éloigne de plus en plus. Elle confie à ses camarades, ses tourments : que son père « oubliait qu'il était son père », ou « sa conduite trop particulière envers elle »[28] et qu'il était jaloux de ses amis. Le 14 décembre 1932, Violette dérobe un dictionnaire dans une librairie. À la suite de ce méfait, une dispute éclate entre le père et la fille. Le lendemain de l'incident, les parents découvrent un mot de Violette, qui leur fait part de son intention de se jeter dans la Seine. Aussitôt, les commissariats proches sont alertés. Leur fille est retrouvée quai Saint-Michel dans le 5e arrondissement, saine et sauve[29].

La maladie de Violette s'aggrave au début du mois de mars 1933 et elle n'a plus d'autre choix que d'informer ses parents de son état de santé, suivant les recommandations de son médecin. Elle amène le docteur Henri Déron à rédiger un faux certificat de virginité. De cette façon, c'est rendre ses parents responsables de cette maladie contagieuse, l'hérédosyphilis. Le médecin convoque à l'hôpital, Baptiste Nozière le 19 mars 1933. À son retour, il prévient son épouse de cette maladie « héréditaire », dont souffre Violette. En résulte une nouvelle dispute entre les parents et leur fille, mais pour Violette, ce sera une dispute de trop.

L'affaire Violette Nozière

Les faits

Le 23 mars 1933, Violette achète un tube de soménal, un somnifère[30], en pharmacie. Elle persuade ses parents de prendre ce médicament, que le docteur Déron aurait prescrit, afin de les protéger d'une éventuelle contagion. Il s'agit de la première tentative d'empoisonnement. Au cours de la nuit, un début d'incendie se déclare dans l'appartement. Violette alerte ses voisins de palier, monsieur et madame Mayeul. Baptiste Nozière parvient à revenir à lui, mais son épouse est hospitalisée à l'hôpital Saint-Antoine (12e arrondissement). L'enquête ne va pas plus loin et établit que les malaises des parents sont dus à l'intoxication de la fumée.

Malgré ces événements, le quotidien reprend son cours normal et Violette continue de mener sa double vie. Un séjour à Prades en Haute-Loire, berceau de la famille Nozière, est décidé pour les fêtes de la Pentecôte au mois de mai[31] chez le père de Baptiste, Félix Nozière, ancien boulanger et aubergiste. Le différend familial oppose toujours le fils à son père. La relation entre Félix Nozière et sa belle-fille, Marie Michel[32], veuve de son frère Ernest Nozière, envenime la situation. Mais cela n'empêche pas les parents de Violette de rester quinze jours et leur fille, six semaines. Plus d'une fois, elle échappe à la vigilance de son grand-père, pour rejoindre les jeunes gens du pays. Les vacances s'achèvent, Violette revient à Paris le 26 juin 1933.

Violette Nozière rencontre le 30 juin 1933, un étudiant en droit, Jean Dabin (né à Coutras en Gironde, le 21 novembre 1912). C'est un nouvel amant, mais un amant de cœur. Violette, comme à son habitude, enchaîne les mensonges concernant la situation professionnelle de ses parents. Quant à Jean Dabin, il est en dette permanente et vit sans l'ombre d'un moindre remords, aux crochets de Violette qui lui remet chaque jour 50 ou 100 francs[33].

Au début de l'été 1933, la situation professionnelle de Baptiste Nozière s'améliore. Estimé par sa hiérarchie, son salaire est augmenté. Le 2 juillet 1933, Baptiste est désigné pour conduire le train du président de la République, Albert Lebrun. Le 8 juillet, notre cheminot reçoit la médaille des Chemins de Fer. Mais le 14 suivant, en gare de Lyon, Baptiste Nozière perd l'équilibre et tombe de sa locomotive. Hospitalisé à La Pitié-Salpêtrière, il est de retour parmi les siens, le 17 août 1933. Deux semaines de convalescence sont prescrites à Baptiste, très affaibli.

Ce même 17 août, Jean Dabin doit partir en Bretagne à Hennebont dans le Morbihan et Violette souhaite passer les vacances avec lui, mais en automobile ; il lui faut trouver la somme.

Le 21 août 1933, Violette renouvelle sa tentative du 23 mars, mais avec une dose beaucoup plus forte de soménal. Elle en achète trois tubes et écrit une fausse ordonnance émanant du docteur Déron. Les comprimés sont réduits en poudre et celle-ci est répartie dans deux sachets identiques. Un troisième sachet marqué d'une croix, contient un dépuratif inoffensif. Pendant ce temps, les parents ne sont pas au bout de leurs surprises. Ils découvrent que de l'argent a disparu et en cherchant dans les affaires de leur fille, trouvent une lettre de Jean Dabin. Au retour de Violette, c'est une violente dispute. Le climat finit par s'apaiser. Le soir après le dîner, Violette absorbe le contenu du sachet identifié par une croix. Son père sans méfiance, avale la totalité du poison, par contre sa mère en jette la moitié, ce qui lui sauve la vie. Baptiste s'effondre sur le lit de Violette. Germaine tombe à son tour et se blesse à la tête en heurtant un montant du lit. Violette vole l'argent qui se trouve sur sa mère et prend la paie de son père. Elle quitte l'appartement pour y revenir le 23 août à une heure du matin. Violette ouvre le gaz, afin de faire croire que ses parents ont tenté de se suicider par ce moyen et alerte ses voisins, comme au mois de mars, monsieur et madame Mayeul. Baptiste Nozière est mort[34]. Son épouse inconsciente respire encore, et elle est emmenée en urgence, à l'hôpital Saint-Antoine.

L'enquête de la police révèle deux faits importants : l'absence des dépenses inscrites au quotidien, dans un registre tenu par madame Nozière pour la journée du 22 août et le compteur à gaz entre deux relevés, démontre que la quantité échappée est insuffisante pour asphyxier le couple.

Le 23 août 1933 à 15 h 00, le commissaire Gueudet emmène Violette à l'hôpital Saint-Antoine, dans l'intention de la confronter avec sa mère qui commence à sortir du coma. Le policier va s'enquérir de son état de santé et vouloir poser quelques questions à Germaine Nozière. Il demande à la jeune fille de l'attendre dans le petit bureau de la surveillante[35], attenant à la salle où se trouve sa mère. Cette dernière n'est pas en état de répondre aux questions du policier, qui s'en retourne aussitôt. Mais le commissaire constate que Violette Nozière a disparu. Cette fuite est alors considérée comme un aveu de culpabilité. Le 24 août, la mère de Violette peut enfin s'exprimer et donne sa version des faits. Ce même jour, Violette est inculpée pour homicide volontaire et fait l'objet d'un mandat d'amener[36]. Sa cavale dure une semaine dans Paris. Un témoin dira même que la jeune femme s'est jetée dans la Seine[37]. La presse se déchaîne : « Le monstre en jupons traqué par la police »[38]. Le 28 août 1933, Violette Nozière, est arrêtée dans le 7e arrondissement, par la brigade criminelle, que dirige le commissaire Marcel Guillaume, suite à la dénonciation d’un jeune homme de « bonne famille », André de Pinguet.

La presse, la politique et l'affaire

Aussitôt, la presse s'empare de l'affaire, qui fait la « une » des quotidiens. Elle se demande qui est cette parricide de 18 ans. Dans une revue mensuelle de septembre 1933, l'article consacré à Violette, se termine ainsi : « … Comme on le voit, Violette Nozière est passée au premier plan de l'intérêt public et le crime dont elle s'est rendue coupable subsistera longtemps dans la mémoire de ceux que passionnent et répugnent à la fois ces émouvantes tragédies humaines. Déjà, de l'autre côté de l'Atlantique, des écrivains, particulièrement doués d'un sentiment sinistre, préparent des scénarios inspirés de l'abominable crime de la rue de Madagascar »[33].

Sur fond de passion, la presse donne le ton : le mythe Violette Nozière est né. Les rédactions envoient leurs équipes de journalistes, qui mènent leurs propres investigations, sur le lieu du drame, au 36 quai des Orfèvres, au Palais de Justice, au laboratoire de toxicologie de la préfecture de police, où est analysé le poison, à l'Institut médico-légal du quai de la Rapée dans le 12e arrondissement où le corps de Baptiste Nozière a été transporté pour l'autopsie, à l'hôpital Saint-Antoine dans le même arrondissement où se trouve la mère de Violette, dans le département de la Nièvre ou de la Haute-Loire.

Le lecteur doit tout savoir sur Violette. Une surenchère d'informations les plus diverses sont publiées, où se mêlent les comptes-rendus rigoureux et la recherche du sensationnel. Cette affaire impliquant une femme, grave son empreinte dans la mémoire collective. La presse a bien compris l'impact que ce drame pouvait avoir sur le public. Certains journaux vont même innover, afin d'obtenir un succès commercial rapide[39]. Les reportages appuyés par de multiples photographies, tel le déroulement d'un film, avec ses titres chocs, interpellent, immergent le lecteur dans l'action, qui participe ainsi indirectement à l'enquête. Le lecteur devient acteur[40]. Les tirages des quotidiens augmentent : Violette Nozière fait vendre. L'actualité nationale et internationale est mise à un niveau de moindre importance. La foule se déplace en masse sur le passage de Violette lors des convocations du juge d'instruction Edmond Lanoire, des confrontations qui s'en suivent, devant la prison de la Petite Roquette où Violette est détenue. Les chansonniers prennent le relais. L'opinion publique se divise en deux camps et s'enflamme pour l'affaire Violette Nozière.

La reconstitution du crime au 9 rue de Madagascar attire une foule nombreuse.

L'affaire précisément prend une nouvelle dimension, car l'enquête est confiée à un commissaire de renom : Marcel Guillaume[41]. Le commissaire divisionnaire du 36 quai des Orfèvres, est connu pour s'être occupé des crimes de la bande à Bonnot, Landru et l'assassinat du président de la république Paul Doumer. Si le juge d'instruction Edmond Lanoire charge ce haut personnage de mener les investigations sur Violette Nozière, c'est que l'affaire est jugée sérieuse, digne des plus grands criminels. Le magistrat lui-même est redoutable, aguerri par ses années d'expérience. Enfin, Violette aura pour avocats Maître Henri Géraud, un ténor du barreau, qui a défendu Raoul Villain, l'assassin de Jean Jaurès et Paul Gorgulov, le meurtrier du président de la République Paul Doumer. Le second avocat de Violette, est Maître René de Vésinne-Larue. Ce jeune licencié en droit, est aussi licencié ès sciences, diplômé d'astronomie et de l'Institut des sciences politiques. Ces personnalités autour de cette jeune parricide, inconnue des services de police, aura un impact considérable sur l'opinion publique et bien évidemment sur la presse. Voici Violette Nozière projetée sur le devant de la scène. Cette soudaine notoriété, va dépasser le cadre judiciaire.

Dans le contexte d'affrontement entre droite et gauche, l'affaire est très vite au centre des choix politiques. La droite fustige en Violette, une jeunesse d'après-guerre dévoyée, fait appel à l'ordre moral et au retour des valeurs. Le monde à ce moment semble perdre tous ses points de repères. L'année 1933 est marquée par l'arrivée d'Adolf Hitler en Allemagne, et les plus lucides s'interrogent sur l'avenir. Cette même année, le 2 février 1933, un autre fait divers avait secoué la France : le double meurtre des sœurs Papin. Christine et Léa Papin, domestiques, avaient massacré leur patronne et sa fille suite à un différend. D'aucuns considèrent cet acte de démence, comme une atteinte à l'ordre social. À présent, le crime de Violette Nozière, commis dans le milieu des classes moyennes, jette le trouble, l'effroi et l'horreur. Tous les fondements de la société, familiaux et sociaux, vacillent. Qui plus est, ces fondements sont mis à mal par une jeune femme. Ainsi, par delà les volets clos d'un « foyer respectable », l'inimaginable a été commis par une étudiante, votre propre enfant. Les Français sont sous le choc. Violette Nozière est mise au ban de la société. Comment « le monstre en jupons » s'est-il affranchi de toute morale, allant jusqu'à accuser son père de relations incestueuses ? Les bien-pensants refusent de croire la jeune fille, dont la double vie scandalise : mythomane, voleuse, libertine, provocante, le portrait que l'on trace d'elle n'engage pas à l'indulgence. La vengeresse n'a jamais eu l'attitude d'une victime.

Le commissaire Marcel Guillaume, suite à ses recherches, juge crédible la version de Violette Nozière. Il exprime ainsi son sentiment personnel après le premier interrogatoire de Violette : « Il y a des cris de sincérité auxquels on ne peut pas se tromper : c'est un de ces cris que j'ai entendu au cours de la soirée du 28 août, et qui me fait écrire aujourd'hui que, si coupable que fût Violette Nozière, elle méritait du moins d'obtenir les circonstances atténuantes »[42]. Le commissaire Guillaume sera rejoint par d'autres défenseurs de Violette.

La gauche fait de Violette, un symbole de la lutte contre la société et ses dérives. L'amant de Violette, Jean Dabin, celui qui a corrompu Violette en vivant de ses générosités, n'est-il pas un camelot du roi ? Les surréalistes prennent la défense de Violette qui devient leur muse. Louis Aragon signe en 1933 une chronique dans L'Humanité où il la présente comme une victime du patriarcat. Le 24 octobre 1934, Marcel Aymé interpelle par son plaidoyer, en faveur de Violette : « Dans l'hypothèse d'un inceste, quelle pitié ne méritait pas la malheureuse, et quel pardon ! »[43]. L'inceste, sujet tabou dans une société masculine, permet à Paul Éluard d'écrire un poème qui reste dans les mémoires :

« Violette rêvait de bains de lait
De belles robes
De pains frais
De belles robes
De sang pur
Un jour, il n'y aura plus de pères
Dans les jardins de la jeunesse
Il y aura des inconnus
Tous les inconnus
Les hommes pour lesquels
On est toujours toute neuve
Et la première
Les hommes pour lesquels
On échappe à soi-même
Les hommes pour lesquels
On n'est la fille de personne
Violette a rêvé de défaire
A défait
L'affreux nœud de serpents des liens du sang ».

Écrivains, poètes, mais également peintres, prennent fait et cause pour Violette Nozière. Cette médiatisation de l'affaire influencera les chefs d'État qui eurent, par la suite, à décider du sort de Violette.

Les enquêtes parallèles menées par les journalistes, ont également une influence sur celles des autorités. Des lettres de dénonciation parviennent dans les rédactions de la presse, à la police judiciaire ou chez le juge d'instruction[44]. Le monde étudiant et le Quartier Latin en particulier, font l'objet des attaques de la presse : « Nous partageons entièrement l'opinion de M. Clément Vautel, mais nous nous permettrons d'ajouter qu'à l'intervention scolaire dans l'épuration du quartier Latin, nous souhaiterions voir se joindre, l'activité de l'autorité compétente »[33]. Les accusations de Violette Nozière remettent en cause l'institution familiale, sur laquelle repose l'autorité du père. La presse évite les termes « inceste » ou « viol », qui relèvent de l'Interdit culturel et pèsent sur le langage. Mais cette affaire permet aussi de libérer la parole des victimes d'inceste. Cette pression médiatique aura des conséquences sur le déroulement futur du procès[44].

Une presse réactionnaire n'hésite pas à désigner les amis de Violette, comme étant d'origine étrangère ou sur fond de racisme : « Le noir, Louis, François Pierre » dans Le Matin du 3 septembre 1933, « Un témoin coloré », dans la revue mensuelle Drames de septembre 1933 ou « le musicien nègre » dans le journal Excelsior du 3 septembre 1933. Dans ce dernier quotidien sera cité « Jacques Fellous, démarcheur de cercles de jeux, 4 rue de Sèze, est un tunisien », qui devient algérien dans Le Petit Journal du 4 septembre 1933. Pour Le Matin du 9 septembre 1933, voici un autre témoin : « l'algérien Atlan ». L'Excelsior du 12 septembre 1933 précise le second prénom, non sans une arrière pensée antisémite : « Violette revint donc avec deux amis, Robert Isaac Atlan et l'italien Adari ». Ces propos dans la presse à caractère xénophobe, se situent dans un contexte particulier, celle de la montée du fascisme. Les ligues d'extrême droite souhaitent prendre le pouvoir comme en Allemagne et en Italie. Quelques mois plus tard, les évènements vont se précipiter en France avec les émeutes de ces extrémistes, le 6 février 1934. Les écrits tenus dans une certaine presse préfigurent déjà ceux qui paraîtront en France occupée, sous Philippe Pétain.

L'enquête

Le jeudi 24 août 1933, le docteur Paul, médecin légiste expert auprès du tribunal de la Seine, procède à l'autopsie de Baptiste Nozière[45], à l'Institut médico-légal du quai de la Rapée dans le 12e arrondissement. Le lendemain, le professeur Kohn-Abrest, directeur du laboratoire de toxicologie à la préfecture de police, analyse les sachets ayant contenu le poison, retrouvés au domicile de la famille Nozière. L'empoisonnement par le soménal est confirmé. D'autre part, la victime présentait des lésions antérieures au crime et son état de santé fragilisé par l'accident du 14 juillet, ont facilité l'action toxique du poison.

Le lundi 28 août, le commissaire Marcel Guillaume et ses hommes, le brigadier-chef Gripois et l'inspecteur Lelièvre, emmènent Violette Nozière au 36 quai des Orfèvres. Le juge d'instruction chargé de l'affaire, Edmond Lanoire est prévenu de l'arrestation de la fugitive. Malgré l'interdiction qui lui est faite d'interroger directement Violette Nozière, Marcel Guillaume aura une brève conversation avec la jeune femme et décrira cet entretien dans ses Mémoires[42] :

Le siège de la police judiciaire de Paris, au 36, quai des Orfèvres.

« Elle était tassée dans un fauteuil devant mon bureau, et elle avait relevé le col de fourrure de son manteau pour enfouir sa tête. Je venais de lui faire lire le mandat d'amener décerné contre elle et elle demeurait impassible, alors je lui demandai :
- Pourquoi avez-vous fait ça ?
Elle sursauta comme si elle sortait d'un rêve, puis, sans me répondre, elle s'enveloppa davantage frileusement dans son manteau sombre. J'insistai ; alors elle haussa les épaules avec lassitude et se dressant insolemment :
- À quoi bon vous expliquer ?, dit-elle. Je suis coupable, je le reconnais, laissez-moi tranquille.
Et comme elle se refermait dans son mutisme, je repris, très calme :
- Vous n'avez tout de même pas commis ce crime épouvantable sans raisons ? Peut-être vos parents avaient-ils contrarié vos projets ? À moins que ce soit dans un moment de colère à la suite d'une discussion ?
Elle avait relevé la tête et elle me regardait, le visage fermé, l'œil dur.
- Enfin, pourquoi avez-vous empoisonné votre père et votre mère ?
A ce dernier mot, elle répliqua violemment, toute sa volonté tendue :
- Ce n'est pas vrai, je n'ai pas voulu empoisonner ma mère.
- Pourtant elle a bien failli mourir.
- Je vous répète, dit-elle avec irritation, que je n'ai pas eu l'intention d'empoisonner ma mère.
- Alors, c'est à votre père que vous en vouliez ?
Elle hésitait à me répondre.
- Ayez confiance, lui dis-je, avouez la vérité.
- Vous ne me comprendriez pas ! Je vous en supplie, laissez-moi ! s'écria-t-elle désespérée, et brusquement cette enfant farouche et rétive se mit à pleurer. De grosses larmes coulaient sur ses joues blêmes. Je lui fis rendre son mouchoir qui se trouvait dans le sac à main que mes hommes lui avaient enlevé ; je m'approchai d'elle et, lui posant la main sur l'épaule, je lui dis :
- Il faut me parler franchement, comme à un vieux camarade. Faites un effort pour nous dire la vérité, je vous aiderai : vous verrez mon petit, c'est si bon de pouvoir se confier à quelqu'un.

Vaincue par cette volonté tenace qui glissait sur elle, et peut-être plus encore par ces paroles simples, elle fut secouée par de nouveaux sanglots. Autour d'elle, nous attendions avec angoisse, flairant quelque nouveau drame obscur dans ce désespoir.
- Vous ne me croirez pas, dit-elle, avec la tragique résignation des êtres qui sombrent.
- Je vous affirme que je crois qu'en ce moment vous n'êtes pas capable de mentir.
- Oh ! non, répondit-elle, je vous jure que je vais vous dire la vérité.
- Et, en courtes phrases haletantes, brèves, elle nous raconta comment un jour son père avait odieusement abusé d'elle, pendant un voyage de sa mère. Quand celle-ci fut de retour, elle n'avait rien osé lui avouer, par peur. Et, docilement, pendant des mois et des années, elle s'était prêtée à l'odieux caprice de l'homme pour qui elle ne pouvait plus éprouver que de la haine et du mépris, mais un jour, elle avait fait la connaissance d'un amant qu'elle avait tout de suite aimé avec cette inconscience des courtisanes, mais aussi avec cette passion qui est peut-être leur seule pureté. Alors, elle avait essayé de se refuser à son père, hélas ! ...
- Sa mort seule pouvait me délivrer de lui, conclut-elle d'une voix lassée, et c'est ainsi qu'est née peu à peu en moi, l'idée de l'empoisonner …
À ce moment, le juge d'instruction entra dans mon bureau.
- Monsieur Guillaume, vous ne devez pas interroger cette personne, dit-il assez sèchement, c'est un cas de nullité.
Je lui cédai la place et il commença son interrogatoire. Au cours de l'instruction, Violette Nozière réitéra ses accusations en les précisant. Les perquisitions qui furent faites, confirmèrent les affirmations de Violette[42] ».

Le jeudi 31 août 1933, Baptiste Nozière est inhumé à Neuvy-sur-Loire[46]. Une foule impressionnante assiste aux obsèques : la municipalité, les habitants de Neuvy-sur-Loire, les collègues cheminots de Baptiste Nozière, la famille dont la grand-mère de Violette, Madame Clémence Hézard, 83 ans[47] (née à Neuvy-sur-Loire, le 23 novembre 1849). Elle pose son front sur le cercueil et l'embrasse en demandant, pour Violette sa petite-fille, pardon au père qu'elle avait tué [48].

Le 1er septembre 1933, a lieu la confrontation entre Violette et sa mère, toujours hospitalisée à Saint-Antoine. Confrontation des plus douloureuses, où malgré sa demande de pardon, Violette Nozière, prise de crises nerveuses, est rejetée par sa mère qui prononce ces mots : « Violette ! Violette ! Tue-toi ! Tu as tué ton père. Un époux si bon. Tue-toi ! »[49]. Malgré une nouvelle demande de pardon, Germaine Nozière crie à sa fille : « Jamais, jamais ! », tendant le poing vers elle et faisant des efforts pour se soustraire à l'étreinte de ceux qui la maintenaient sur son fauteuil, « Jamais ... Je ne te pardonnerai qu'après le jugement, quand tu seras morte ! »[50]. Le 6 septembre, dans le cabinet du juge d'instruction, Violette Nozière affirme que son géniteur était seul visé et l'accuse de pratiques incestueuses : Baptiste Nozière, aurait abusé d'elle depuis ses douze ans. Le 13 septembre, Violette maintient sa version devant le juge Lanoire et précise que sa motivation n'est pas la captation de l'héritage. En effet, un ami lui assurait une aide financière régulière[51]. Son bienfaiteur est âgé d'une soixantaine d'années, industriel, marié et père de famille. De son identité, Violette ne connaît que le prénom sous la dénomination de « Monsieur Émile ». Le renseignement dont elle dispose pour permettre de retrouver ce témoin, est la description de son automobile, de marque Talbot et de couleur bleue. Les recherches des enquêteurs sont restées vaines. Coup de théâtre, le 15 septembre : Germaine Nozière se constitue partie civile contre sa propre fille[52], une première dans les annales judiciaires. Une seconde confrontation aura lieu le 27 septembre entre la mère et la fille. L'instruction se poursuit avec les auditions des témoins, les interrogatoires de Violette, les rapports des médecins psychiatres et les perquisitions. La mise en présence le 18 octobre, entre Violette, sa mère et Jean Dabin, provoque une nouvelle surprise. Quel étonnement pour Germaine Nozière de voir que Jean Dabin porte au doigt, une bague appartenant à son défunt époux ! Violette avait « offert » cette bague à son amant, qui ignorait son origine. Ce bijou est restitué à Germaine Nozière. Le 19 novembre, a lieu la reconstitution du drame au 9 rue de Madagascar, dans le 12e arrondissement, en présence de Violette Nozière, sa mère et M. Mayeul, leur voisin. À la fin du mois de décembre 1933, le juge Edmond Lanoire a terminé son enquête. Le 27 février 1934, la Chambre d'accusation de la Cour d'Appel de Paris, renvoie Violette Nozière devant la Cour d’Assises de la Seine.

Le procès

Violette Nozière en cour d'assises en 1934

Le 10 octobre 1934, le procès de Violette Nozière s'ouvre à Paris, devant la Cour d'Assises de la Seine. La veille de ce procès a lieu un attentat à Marseille : le roi de Yougoslavie, Alexandre Ier est assassiné par des croates et le ministre français des Affaires étrangères Louis Barthou, perd la vie également. Malgré cette tragique actualité, la foule envahit le tribunal. La première journée de l'audience est axée sur la personnalité de Violette, ses amis, le milieu familial, et les circonstances du drame. Violette perd connaissance, lors de l'interrogatoire du président Peyre. La question de l'inceste n'est pas clairement abordée. Mais Violette maintient ses accusations contre son père. Les déclarations qui suivent sont celles du docteur Déron, qui va s'abriter derrière le secret professionnel, les époux Mayeul, les premiers intervenants après le drame : pompiers et policiers. Mais à aucun moment le commissaire Marcel Guillaume n'est appelé à la barre, ce qui est pour le moins inattendu.

Le lendemain a lieu la déposition de Germaine Nozière. La mère de Violette, bien que s'étant constituée partie civile, finit par pardonner à sa fille et implore en larmes, le jury : « Pitié, pitié pour mon enfant ! »[53]. Viennent ensuite les témoignages des amants, des experts psychiatres et surtout de Jean Dabin. L'avocat général Gaudel devant l'attitude hautaine de ce témoin capital, n'a pas de mots assez durs à son encontre : « Vous avez trouvé tout naturel que cette femme, que dis-je, cet enfant, vous donnât de l'argent. Vous ne sentez donc pas dans cette salle ce qu'on pense de vous, ce que j'en pense moi-même ? Vous avez déshonoré votre famille. Vous avez vécu aux crochets de cette malheureuse. Elle est coupable et je requerrai contre elle. Vous n'êtes pas accusé. Vous ne relevez pas de la Justice, vous relevez du mépris public et je vous le dis en face »[54]. Enfin, ce sont les auditions de l'amie de Violette, Madeleine Debize et les collègues de travail de Baptiste Nozière.

La dernière journée du procès est celle du terrible réquisitoire de l'avocat général qui demande la peine capitale contre l'accusée. L'avocat de la défense, Maître de Vésinne-Larue, fait venir à la barre un nouveau témoin, à la surprise générale. Les relations incestueuses de Baptiste Nozière sont de nouveau évoquées. Mais curieusement, le viol n'est pas la partie essentielle de la plaidoirie de l'avocat. Même si ce dernier évoque cet enchaînement dramatique, il démontre que Violette n'avait aucune raison de souhaiter la mort de sa mère. Mais pour les jurés, Violette Nozière n'aurait agi ainsi que pour avoir les 165 000 francs économisés par ses parents, parents qu'elle avait déjà commencé à voler auparavant, dans le but de continuer à entretenir son amant. Ce sera cette thèse d'accusation qui sera retenue.

La condamnation

Le 12 octobre 1934 à 19 h 00, après seulement une heure de délibération, Violette Nozière est condamnée à la peine de mort, pour parricide et empoisonnement[55], sans aucune circonstance atténuante.

« … la mort était prononcée contre l'accusée. Quand le greffier Willemetz lut la réponse du jury à Violette Nozière, celle-ci demeure impassible :
- Je remercie ma mère de m'avoir pardonné.
Impassible, elle l'est encore, à peine pâlie, les yeux baissés, quand le président Peyre, après avoir énuméré les articles des codes pénal et d'instruction criminelle, lit la sentence terrible qui frappe les parricides :
- En conséquence, la Cour condamne Violette Nozière à la peine de mort. L'exécution aura lieu sur une place publique. La condamnée amenée nus pieds, en chemise, un voile noir lui recouvrant la tête. Elle sera exposée sur l'échafaud, durant qu'un huissier lui lira la sentence. Après quoi, elle sera exécutée à mort.
Un silence accablant régnait alors dans la salle surchauffée. Pas un muscle de la misérable enfant, l'avait tressailli. Mais avant que les gardes n'emmènent la condamnée, Maître de Vésinne-Larue veut exiger de sa cliente, qu'elle signe son pourvoi en cassation. Cette simple demande provoque la crise que Violette était parvenue à contenir :
- Non ! Non ! … Laissez-moi ! … Je ne veux pas … Je ne veux pas !
Et se tournant vers la Cour qui s'éloigne, le visage bouleversé, la condamnée crie désespérément :
- J’ai dit la vérité ! C'est honteux ! Vous n'avez pas été pitoyables ![56]
Des gardes se saisissent d'elle et l'entraînent, pendant qu'elle se débat contre eux …
Et maintenant, la foule s'écoule, silencieuse … »[57].

La peine capitale est qualifiée de symbolique par l'avocat général puisque à l'époque, on ne guillotinait plus les femmes. Le pourvoi est rejeté le 6 décembre 1934, par la Chambre criminelle de la Cour de cassation. Maître de Vésinne-Larue demande alors, un recours en grâce auprès du président de la République.

Le 19 décembre 1934, Marcel Aymé en appelle au droit : « Mais prions bien humblement M. le président, qu'il fasse grâce à Violette Nozières. On ne dira pas que c'est faiblesse, mais simple justice »[58].

Le président Albert Lebrun, accorde la grâce qui commue la peine de mort prononcée contre Violette, en celle des travaux forcés à perpétuité, le 24 décembre 1934[55].

Le commissaire Guillaume, qui dirige la brigade criminelle, a exprimé son malaise à l'énoncé du verdict : « Durant les longues journées du procès, je restais dans les couloirs du palais de justice, prêt à déposer, à faire partager par ces hommes qui avaient la mission sacrée de juger un être humain, ma conviction que Violette m'avait paru sincère, et j'aurais voulu pouvoir leur dire aussi que nous devions nous montrer d'autant plus indulgents que nous n'avions pas toujours fait notre devoir vis-à-vis de ces enfants perdus, que nous n'avions pas su proposer un idéal à leur jeunesse, que nous n'avions pas cessé devant eux, selon le mot d'un éducateur : De rabaisser nos devoirs au lieu de les leur offrir comme un privilège et, les laissant à leur solitude, à leurs tentations, à leur inconscience, nous n'avions pas su, parents égoïstes ou imprudents, leur tendre fraternellement la main, les serrer affectueusement contre notre cœur. Mais je n'eus pas à dire tout cela : la défense elle-même ne me fit pas appeler et il y eut un numéro de plus parmi les recluses de la Maison centrale de Haguenau »[59].

La détention et la libération

Le 14 janvier 1935, Violette part pour la Centrale d'Haguenau en Alsace[60], dans un convoi de quatorze femmes, enchaînées les unes aux autres[22]. L'univers carcéral à Haguenau est très dur. L'isolement est la règle, avec interdiction de se parler entre détenues, de s'entraider ou de partager des colis. Violette Nozière face aux conditions de détention éprouvantes et son mauvais état de santé, puise sa force morale dans la religion. Les sœurs de Béthanie présentes à la prison, soutiennent la captive. La transformation de Violette Nozière et son attitude irréprochable sont citées en exemple. Elle devient une prisonnière modèle et commence sa reconstruction. Violette Nozière n'a désormais, plus rien de commun avec celle du quartier Latin.

Au mois d'octobre 1937, deux évènements se produisent. Violette Nozière rétracte les accusations portées contre son père. Cette rétractation tardive dans une lettre de Violette adressée à sa mère est reproduite dans toute la presse. Ce qui permet à la mère de Violette d'être soulagée financièrement des frais du procès, jusqu'à maintenant à sa charge[22]. La réconciliation entre la mère et la fille est enfin scellée.

La nouvelle du décès de Jean Dabin parvient à Violette en ce même mois. Engagé dans l'armée coloniale en 1934, il va contracter en Tunisie une maladie tropicale. Le 27 octobre 1937, décède à vingt heures trente, Jean Dabin[61], à un mois de son vingt-cinquième anniversaire, à l'Hôpital militaire du Val-de-Grâce au 277 bis rue Saint-Jacques, dans le 5e arrondissement de Paris. Le 16 février 1940, le grand-père de Violette, Félix Nozière, meurt à Prades à l'âge de 82 ans[62], sans jamais avoir pardonné à sa petite-fille.

Le 14 mai 1940, face à l'avancée allemande, Violette est transférée à la maison d’arrêt de Rennes en Bretagne. Ses compagnes d'infortune sont emmenées en plusieurs groupes. Deux gendarmes accompagnent Violette Nozière, qui de par sa « célébrité », a l'avantage d'un déplacement individuel par le train. L'administration a même réservé un compartiment pour ce voyage. Le 22 août 1942, elle entre au service du greffier-comptable de la prison, Eugène Garnier (1887-1952). Fils unique, il exerçait le métier de scieur de long, comme son père et les générations précédentes. Au cours de la Première Guerre mondiale, il incorpore le 80e régiment d'infanterie de ligne. Le 27 août 1916, Eugène est blessé par balles sur la ligne de front, à Fleury dans le département de la Meuse[63], pendant la bataille de Verdun. Eugène est hospitalisé plusieurs mois et à sa démobilisation, il n'a plus la capacité physique pour reprendre sa profession. Il intègre l'administration pénitentiaire et obtient sa première affectation le 17 mars 1919 à la maison centrale de Fontevraud dans le Maine-et-Loire, en qualité de gardien stagiaire. Titulaire à ce poste le 23 juillet 1919, il devient surveillant le 7 février 1920. Eugène souhaite s'orienter vers la comptabilité. Par un arrêté du 20 septembre 1922, il est promu commis-deniers à la maison centrale de Clairvaux, à titre militaire[64], emploi qu'il occupe le 4 octobre suivant. Il devient commis-matières à la colonie agricole du Val d'Yèvre[65], près de Bourges dans le Cher, puis celle de Saint-Hilaire[66] à Roiffé dans la Vienne. Les mutations se succèdent dans différentes prisons comme à Lyon et Saint-Martin-de-Ré, pour arriver à la Centrale de Rennes, le 1er juillet 1934 et accéder à sa nouvelle fonction en 1941.

Eugène Garnier est un homme généreux et profondément humain. Il assure à Violette Nozière une formation d'aide-comptable. Ce nouveau statut lui permet de se déplacer à l'intérieur de la prison, sans surveillance. Elle fait la connaissance de l'un des fils d’Eugène et Marguerite Garnier (1895-1944) : Pierre, cuisinier dans un hôtel-restaurant de Rennes. La famille Garnier est inquiète pour un de leurs enfants mineurs, arrêté le 6 août 1941 avec sept autres compagnons, tous employés aux chemins de fer, pour faits de Résistance. Un seul parvient à s'évader : Louis Coquillet, mais arrêté à Paris, il est fusillé le 17 avril 1942 au Fort du Mont-Valérien[67]. Ces jeunes gens, âgés de 19 à 21 ans, sont déportés de Compiègne vers des camps de concentration, principalement celui de Mauthausen, en Autriche.

La conduite exemplaire de Violette Nozière, plaide en sa faveur. Grâce à une intervention de l'Église catholique, le maréchal Philippe Pétain réduit sa peine à 12 ans de travaux forcés à compter de la date de son incarcération en 1933, par un décret du 6 août 1942[55]. Cette période sombre de notre Histoire, n'est pourtant guère favorable à la clémence, où des femmes de droit commun, sont de nouveau exécutées[68]. De nombreuses résistantes sont également incarcérées à la prison des femmes de Rennes.

Une demande de libération conditionnelle est refusée à Violette Nozière, le 24 février 1944. Elle finit donc sa peine à la Centrale de Rennes et elle retrouve la liberté, le 29 août 1945. Le 15 novembre de cette même année, le général Charles de Gaulle lève son interdiction de séjour de vingt ans sur le territoire français, par un nouveau décret présidentiel. Violette Nozière a bénéficié des grâces successives de trois chefs d'État, ce qui fait toute la singularité et l'originalité de son dossier judiciaire.

Réhabilitation et fin de vie

Le destin

L'interdiction de séjour supprimée, Violette Nozière retrouve une liberté pleine et entière et vient habiter Paris. Elle emménage au 115 boulevard Jourdan dans le 14ème arrondissement et choisit l'anonymat sous un nom d'emprunt, celui de sa mère, Germaine Hézard. Violette obtient un emploi en tant que secrétaire-comptable à la Fédération chrétienne des étudiants au 24 rue Notre-Dame-de-Lorette, dans le 9ème arrondissement de Paris. Pierre Garnier, le fils du greffier de la maison d'arrêt, abandonne son métier de cuisinier à Rennes, pour rejoindre Violette. Il se loge à Bagnolet et exploite une petite fonderie. Pierre est en instance de divorce avec sa première épouse, Jeanne. Divorce prononcé le 5 février 1946, en vertu d'un jugement de la 19ème chambre du tribunal civil de Paris. Dans l'attente de son mariage, Violette se rapproche du domicile de Pierre et déménage pour un nouveau logement, rue Saint-Antoine dans le 4ème arrondissement. Le mariage entre Pierre Garnier (né le 19 février 1919) et Violette Nozière a lieu à Neuvy-sur-Loire, le 16 décembre 1946 à dix-sept heures trente[69]. Violette découvre un Neuvy-sur-Loire complètement différent de celui qu'elle a connu dans son enfance. Une commune martyrisée, ravagée par trois bombardements américains en ces journées funestes du lundi 17 juillet, mercredi 2 et lundi 7 août 1944. Les « forteresses volantes » déversent leurs bombes à plus de 5000 mètres d'altitude, sur des objectifs ferroviaires, mais sans les atteindre. Les Alliés ont semé mort et destruction. Les pertes humaines s'élèvent à près de 130 morts et plus de 180 blessés[70]. Soixante-dix immeubles de Neuvy-sur-Loire sont détruits et 97 % des maisons sont plus ou moins sinistrées. Les monuments historiques, exceptés les édifices religieux, sont anéantis. La mairie a disparu et c'est dans une ancienne école que la cérémonie du mariage est accomplie. Violette reprend goût à la vie et a cinq enfants, une fille et quatre garçons nés de 1947 à 1959, auxquels elle ne parla jamais de son passé. En avril 1950, le mari de Violette est heurté par un autobus, alors qu'il se déplaçait à moto. Il est immobilisé durant de longs mois dans un centre hospitalier à Garches. Une fois rétabli, Pierre, cuisinier de formation, renoue avec son activité première et gère un café-hôtel à Clamart. Violette et sa mère, Germaine, se chargent de l'approvisionnement aux Halles de Paris. Le beau-père de Violette Nozière, Eugène Garnier, 65 ans, meurt tragiquement le 5 juillet 1952. Victime lui aussi d'un accident de la circulation, mais fatal, sur une route départementale du Maine-et-Loire[71]. Après un bref passage à Pavillons-sous-Bois, Pierre et Violette achètent en juin 1953 un hôtel à L'Aigle dans l'Orne en Normandie. Germaine Nozière quant à elle, s'occupe de ses petits-enfants. Quatre ans plus tard, le couple vend leur fonds de commerce. Au mois d'avril 1957, ils arrivent en Seine-Maritime et acquièrent l'Hôtel de la Forêt, au lieu dit « La Maison-brûlée »[72], sur la commune de La Bouille, à vingt kilomètres de Rouen. Le sort s'acharne sur la famille et un nouveau drame survient au cours du mois de juillet 1960. Pierre au volant de sa voiture, manque un virage, quitte la route et se retourne dans un fossé, dans la côte de Moulineaux, aux environs de Rouen. Après de nombreux séjours en clinique et une ultime opération réussie à Paris, Pierre, âgé de 42 ans, sombre brutalement dans le coma et décède d'une hémorragie interne, le 30 juin 1961 à trois heures du matin. Violette doit à présent, élever seule ses enfants et continue toujours de veiller sur sa mère, Germaine Nozière qui demeure avec eux.

La réhabilitation

En 1953, André Breton, infatigable défenseur de Violette Nozière, écrit : « Réhabilitez-la. De mémoire d'homme, jamais affaire criminelle n'aura fait surgir à la cantonade plus belle collection de crapules que le procès Violette Nozière il y a vingt ans … À qui la palme ? Du père souilleur de sa fille, de l'amant de cœur Jean Dabin, camelot du roi, maquereau ? …  ». Dix années s'écoulent après la prise de position d'André Breton, pour que les efforts de l'avocat de Violette, Maître de Vésinne-Larue, aboutissent vers la réhabilitation.

« Ce jourd'hui mercredi treize mars mil neuf cent soixante trois … attendu que Nozière Violette sollicite sa réhabilitation … et réunit les conditions prévues par les Articles 782 et suivants du code de Procédure Pénale … Par ces motifs : La Cour, après en avoir délibéré conformément à la loi, prononce la Réhabilitation de Nozière Violette. Ordonne que le présent arrêt sera exécuté à la diligence de Monsieur le Procureur Général »[73].

Le 13 mars 1963, Violette est réhabilitée par la cour d'appel de Rouen et retrouve donc le plein exercice de ses droits civiques et un casier judiciaire de nouveau vierge. Cette mesure est exceptionnelle dans l'histoire judiciaire française. Grâce à l'opiniâtreté de Maître de Vésinne-Larue, de la fidélité de l'avocat à sa cliente, c'est l'aboutissement de trente années de combat et qui récompense la réinsertion réussie de Violette Nozière.

L'écrivain Jean-Marie Fitère écrit avec juste raison : « … c'est la première fois en effet, dans les annales de la justice française, que l'auteur d'un crime de droit commun est réhabilité après avoir été condamné à la peine capitale. Pour Maître de Vésinne-Larue, cet arrêt de la cour de Rouen, qui le comble, va très loin. Il démontre d'une façon éclatante l'inanité de la peine de mort. La réhabilitation de Violette Nozière est, pour lui, la preuve qu'il existe pour tout être humain, aussi bas qu'il soit tombé, des possibilités de rachat. Combien parmi ceux qui périssent sous le couperet de la guillotine ne seraient pas capables de suivre une voie comparable à l'admirable chemin de la parricide ? On frémit en songeant que si, en 1934, la peine de mort n'avait pas été abolie pour les femmes, Violette Nozière eût été exécutée, emportant avec elle ses prodigieuses capacités de repentir et de rachat »[74].

Violette déclare : « Cette réhabilitation, j'y tenais pour mes enfants. Pour moi, ça m'était bien égal. Ma vie est finie. Je suis heureuse que ma mère, à qui j'ai tout dit, ait enfin compris la vérité. Elle sait que j'étais innocente - malgré ce que j'avais fait - et m'a pardonnée »[75].

Son dernier combat

Mais Violette Nozière, ne pourra guère profiter de cette réhabilitation. En janvier 1963, Violette est opérée à la clinique Saint-Hilaire de Rouen, d'une tumeur cancéreuse au sein gauche. Elle décide de vendre l'Hôtel de la Forêt à « La Maison-brûlée » en juillet 1963, pour acquérir un café-restaurant « Le Relais » au 62 quai Gaston Boulet à Rouen. Ce commerce se révèle trop épuisant et la santé de Violette se dégrade. Elle est atteinte de décalcification des vertèbres lombaires. La voici infirme, ne pouvant plus travailler. En janvier 1965, le café-restaurant est vendu. Toute la famille s'installe dans un appartement, au 14 avenue des Canadiens à Petit-Quevilly, dans la banlieue de Rouen rive-gauche. Violette apprend une terrible nouvelle. Le mal dont elle souffre, est un cancer des os. Elle se sait condamnée. « Jusqu'à la fin, elle a fait preuve d'un courage bouleversant, nous dit la religieuse qui la soignait depuis longtemps, et qui l'a assistée jusqu'à sa mort. Depuis des mois, elle se savait perdue, mais le cachait aux siens, se montrant gaie, aimable, faisant des projets d'avenir. Bien qu'elle souffrit atrocement, elle refusait les calmants que nous lui proposions, afin de garder toute sa lucidité et de pouvoir diriger sa maison et s'occuper de ses enfants. Elle s'était rachetée. Elle nous a quittées sauvée »[75].

Violette meurt, le 26 novembre 1966[76] à deux heures trente du matin, en son domicile au 14 avenue des Canadiens à Petit-Quevilly, en paix avec elle-même et les siens.

L'année 1968 voit disparaître les deux dernières femmes de la famille, portant le nom de Nozière. Sa tante, Marie Véronique Michel, veuve d'Ernest Nozière, domiciliée à Prades, décède le 7 mars 1968[77] au monastère des dominicaines sainte-Catherine de Sienne à Langeac en Haute-Loire.

La mère de Violette, Germaine Nozière, entourée de ses petits-enfants, décède le 5 septembre 1968[78] à l'âge de 80 ans, chez sa petite-fille Michèle au Grand-Quevilly.

Violette Nozière repose désormais dans le caveau familial à Neuvy-sur-Loire, à côté de son mari, de sa mère, et de son père[79].

Épilogue

Fait divers ou fait de société ?

L'affaire Violette Nozière dépasse le simple qualificatif « fait divers ». Par sa médiatisation et son impact jusqu'à nos jours, les controverses suscitées, la naissance d'un mythe, ce fait divers devient fait de société. Anne-Emmanuelle Demartini de l'université de Paris-Diderot, précise « que c'est aussi par la petite histoire que s'engouffre la grande »[80]. Nous pourrions intituler « l'affaire Violette Nozière, sans Violette Nozière ». Les surréalistes voient dans cette affaire, l'occasion de fustiger la société et soutiennent Violette Nozière. Le réalisateur Claude Chabrol avec son film « Violette Nozière », perpétue cette image de muse, se dressant contre une société bourgeoise.

Cette « bonne société » d'avant-guerre a canalisé toutes ses craintes dans cette affaire : « Les détails douteux et sales de sa vie navrante, la grise atmosphère de débauche où alternaient les cocktails, la drogue et le café crème, l’argent et la misère … Un atroce monde sans Dieu »[81], s'indigne Robert Brasillach, écrivain d'extrême droite et collaborationniste à venir. Une France coloniale, plongée dans la récession, les crises politiques et les scandales. À croire que face à sa propre faillite et à la corruption de quelques personnalités[82], la « bonne société » a trouvé un dérivatif, en rejetant ses propres fautes morales dans l'affaire Violette Nozière. Cette dernière est accusée de tous les maux et d'après les échos de la presse, menace les fondements mêmes de ladite société ! La liste est longue dans cet amalgame : crime, sexe, mensonges, cupidité, immoralité, émancipation féminine, éducation. La dérive médiatique exploite à outrance cette affaire et mise sur l'émotion qu'elle provoque. Le secret de l'instruction est bafoué et la collusion entre la presse et la justice est évidente[83]. L'accusation d'inceste ignorée, Violette Nozière est condamnée à mort par un jury composé d'hommes, parce qu'une jeune parricide effraie la société et remet en cause toutes ses valeurs.

Malgré tout, Violette Nozière bénéficie des grâces successives de trois chefs d'État. Grâces méritées par sa conduite irréprochable en prison. Elle passe du statut de condamnée à mort pour empoisonnement et parricide, à celui après sa libération, d'une réinsertion remarquable. Sa réhabilitation en 1963, permet à Violette Nozière de retrouver tous ses droits et prérogatives. Bernard Oudin note à ce propos : « conclusion exemplaire s'il en fut, qui satisfait à la fois les moralistes et ceux qui s'opposent à la peine de mort, au nom du rachat toujours possible des condamnés »[84].

Soutien des surréalistes

L'Ange noir

Les surréalistes prirent sa défense dans un ouvrage collectif, Violette Nozières[85], publié en décembre 1933 à Bruxelles aux Éditions Nicolas Flamel dirigées par E. L. T. Mesens. Avec notamment des poèmes d'André Breton, René Char, Paul Éluard, Maurice Henry, César Moro, Guy Rosey, E. L. T. Mesens et Benjamin Péret. Les dessins sont de Salvador Dali, Yves Tanguy, Max Ernst, Victor Brauner, Marcel Jean, René Magritte, Hans Arp et Alberto Giacometti. La couverture du livre est signée Hans Bellmer et l'auteur de la photographie est Man Ray[86].

Violette Nozière, « Ange noir » des surréalistes, est devenue leur égérie. L'œuvre du mouvement artistique exprime par la crudité des termes, la violence des mots et la dureté des illustrations, un véritable réquisitoire à l'encontre de la famille, de la bourgeoisie, de l'hypocrisie des défenseurs de l'ordre établi, et dans un sens plus large, de la société elle-même. Les poètes prennent ouvertement position en faveur de Violette Nozière par la provocation[87] : « Violette a rêvé de défaire / A défait / L'affreux nœud de serpents des liens du sang » de Paul Éluard, « Au rendez-vous de la morale bourgeoise / [ils] Te nommeront garce / salope / Ô embrasseuse d'aubes » de E. L. T. Mesens, « une Violette Nozières meurtrière, comme on est peintre » de Guy Rosey ou « Devant ton sexe ailé comme une fleur des Catacombes / Étudiants, vieillards, journalistes pourris, faux révolutionnaires, prêtres, juges / Avocats branlants / Ils savent bien que toute hiérarchie finit là » d'André Breton. Les écrivains et artistes engagés dénoncent une injustice et en cela, rejoignent leur illustre prédécesseur, Émile Zola et son célèbre « J'accuse…! » lors de l'affaire Dreyfus. Le Collectif des surréalistes a été par ailleurs édité en Belgique, par crainte des poursuites judiciaires.

Poèmes

« À tous tu demanderas de te faire oublier
Le papa, le petit papa qui violait
Mais la martyre
La mère laissée pour compte
Manie la vengeance
Comme on tient la chandelle
Et tous ceux qui font uriner leur plume sur le papier de journal
Les noirs flaireurs de cadavres
Les assassins professionnels à matraque blanche
Tous les pères vêtus de rouge pour condamner
Ou de noir pour faire croire qu’ils défendent
Tous s’acharnent sur celle qui est
Comme le premier marronnier en fleurs
Le premier signal du printemps
Qui balaiera leur boueux hiver
Parce qu’ils sont les pères
Ceux qui violent
À côté des mères
Celles qui défendent leur mémoire ».
Benjamin Péret

« Papa
Mon petit papa tu me fais mal
Disait-elle
Mais le papa qui sentait le feu de sa locomotive
Un peu en dessous de son nombril
Violait dans la tonnelle du jardin
Au milieu des manches de pelle qui l’inspiraient ».
Benjamin Péret

« Te voilà muette ou presque à présent
À la faible lueur des quinquets
Du labyrinthe judiciaire
Nous ne sommes hélas ! pas nombreux
Violette
Mais nous ferons cortège à nos ombres
Pour effrayer tes justiciers
Au tribunal du corps humain
Je condamnerai les hommes aux chapeaux melon
À porter des chapeaux de plomb ».
E. L. T. Mesens

« Tous les rideaux du monde tirés sur tes yeux
Ils auront beau
Devant leur glace à perdre haleine
Tendre l'arc maudit de l'ascendance et de la descendance
Tu ne ressembles plus à personne de vivant, ni de mort
Mythologique jusqu'au bout des ongles
Ta prison est la bouée à laquelle ils s'efforcent d'atteindre dans leur sommeil
Tous y reviennent, elle les y brûle ».
André Breton

Dessins

Anne-Emmanuelle Demartini dans son étude sur l'affaire Nozière, décrit, avec réalisme, la brutalité des images[80] : « L'inceste est figuré par le corps féminin nu, déformé, fondu dans le corps du père (la tête devient pénis et les seins, testicules chez Victor Brauner, le corps oblique, déliquescent, se détache à peine d'une forme soutenue par des jambes recouvertes d'un pantalon d'homme dégrafé chez Marcel Jean). L'arrière-plan de l'image est occupé par un décor investi par la référence sexuelle (tableau des attributs du père – organes sexuels, moustaches, couvre-chefs, outils de jardinage – chez Victor Brauner, chiffon et armoire avec rouleau de dessins au dessus, chez Marcel Jean). Quant au dessin de René Magritte, il dit crûment l'inceste commis impunément par le père sous l'œil complice de la justice : au second plan, une jeune fille (Violette) vêtue de blanc s'abandonne sur les genoux d'un homme vêtu de noir (Nozière), assis sur une chaise, qui glisse sa main sous la jupe, tandis qu'au premier plan, un autre homme (le juge), en manteau et chapeau haut-de-forme noirs, sacoche sous le bras, leur fait face imperturbable ».

Œuvres inspirées par l'affaire

Cinéma

Son histoire sert de trame au film « Violette Nozière », réalisé par Claude Chabrol, sorti sur les écrans en 1978. Son rôle est incarné par Isabelle Huppert. Le scénario s'inspire du roman de Jean-Marie Fitère.

Le film « Violette Nozière », par la qualité de l'interprétation avec les artistes, Isabelle Huppert, Stéphane Audran, Jean Carmet et une notable mise en scène du cinéaste, est une œuvre majeure du cinéma français. Le long métrage a été récompensé par le Prix d'interprétation féminine à Isabelle Huppert et le César de la meilleure actrice dans un second rôle à Stéphane Audran. Claude Chabrol fait preuve d'ingéniosité en modifiant le rôle des personnages. Il entretient la confusion et l'incertitude, le tout sur fond d'étude sociale. Les parents, victimes de leur enfant, passent au statut inverse de par leur mentalité étriqué et la médiocrité de leur existence. Le couple entretient une atmosphère pesante, accentuée dans un logement exigu où l'intimité est inexistante. Dans ce milieu en vase clos, la moindre attitude déplacée prend des proportions aggravantes. Claude Chabrol emploie le terme de « viol intellectuel », à propos du comportement de Baptiste Nozière envers sa fille. Violette quant à elle, est perçue comme froide et irréelle, inaccessible comme la vérité. Le réalisateur essaie de comprendre ses motivations, sa métamorphose et ce qui l'amène à commettre l'irréversible. Isabelle Huppert donne son sentiment au sujet de Violette Nozière : « L'horreur de son acte, n'a d'égal que sa souffrance ». Les enfants de Violette Nozière ne souhaitaient pas un film sur l'histoire de leur mère [88]. Leur autorisation est nécessaire pour que ce film voit le jour. Claude Chabrol dissipe toute inquiétude et réussit à convaincre les enfants, sur le bien fondé de son entreprise. Le succès du film a été immédiat, avec plus d'un million d'entrées dans les salles de cinéma. Claude Chabrol cultive la légende et en cela, succède aux surréalistes. L'écrivain Bernard Hautecloque [89]explique que « dans bien des esprits, Violette Nozière a désormais les traits de la comédienne Isabelle Huppert, avec laquelle pourtant, elle n'avait physiquement, rien en commun ». Avec ce film, la renommée de Violette Nozière connaît de nouveau, un formidable retentissement. Depuis près de huit décennies, Violette Nozière, « L'Ange Noir », continue d'inspirer et de fasciner.

Télévision

  • 2011 - Émission de Planète+ Justice : « Des crimes presque parfaits ».
    Documentaire « Violette Nozière » : Présenté par Danielle Thiéry, ancienne commissaire divisionnaire. Avec la participation de : Anne-Emmanuelle Demartini, Jean-Marie Fitère, Bernard Hautecloque, Sylvain Larue.
    Durée : 55 minutes.

Des crimes presque parfaits : « Violette Nozière » (1ère partie)

Des crimes presque parfaits : « Violette Nozière » (2ème partie)

Ce documentaire, dont les sources principales sont issues du livre de Jean-Marie Fitère, n'est pas exempt d'erreurs chronologiques :

  • Danielle Thiéry évoque le jour de l'empoisonnement à la date du 22 août 1933. En réalité, le crime a lieu le lundi soir 21 août 1933.
  • Pierre et Violette ne sont pas restés dix ans dans le département de l'Orne. Le couple tient un hôtel-restaurant dans la ville de L'Aigle pendant quatre ans, de 1953 à 1957. Ils partent par la suite pour la Seine-Maritime.
  • La date de réhabilitation de Violette Nozière n'a jamais été le 18 mars 1963. La Cour d'appel de Rouen rend son arrêt, le mercredi 13 mars 1963.
  • Le décès de Violette Nozière n'est pas survenu le 28 novembre 1966. Violette meurt à Petit-Quevilly (Seine-Maritime), le 26 novembre 1966.
  • Germaine Hézard, la mère de Violette, décède moins de deux ans après sa fille, mais en aucun cas le 4 août 1968. Le 4 août est le jour de sa naissance. Germaine Hézard meurt à Grand-Quevilly (Seine-Maritime), le 5 septembre 1968.

Musique

Quatre universitaires de Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime), prennent le nom de « Violette Nozière », pour créer un groupe de rock en décembre 1981 [90]. Leur carrière est éphémère et se termine en 1984.

Un groupe italien de rock progressif « Aera » en 1978, a dédié l'une de ses chansons en « Hommage à Violette Nozières » [91], dans son album : « 1978 gli dei se ne vanno, gli arrabbiati restano ! » [92]. Le compositeur est le chanteur du groupe : Demetrio Stratos [93]. Le texte est inspiré par les poèmes des surréalistes. Cette chanson est reprise par un autre groupe italien en 1999 : « Elio e le storie tese » [94], dans l'album « Tutti gli uomini del deficiente » [95].

Études

Sarah Maza, professeur d'Histoire à l'Université Northwestern, explique dans son ouvrage : « Violette Nozière, A story of murder in 1930s Paris »[96], les motivations de ce crime et les raisons de son retentissement. Elle approfondit plusieurs dossiers : une étude de la société française de l'entre-deux-guerres, de la classe ouvrière, des crises politiques et de la montée des extrémismes. Comment les différents courants, de la gauche à la droite, ont utilisé cette affaire. Mais aussi le pouvoir et la presse : une médiatisation qui détourne l'attention de l'opinion face aux événements importants comme la progression d'Adolf Hitler en Allemagne, la crise économique ou les scandales financiers. L'historienne s'attache aussi à comprendre le monde dans lequel Violette Nozière vivait : le Paris des années 1930. Sarah Maza nous propose un nouveau regard sur l'affaire Violette Nozière. L'auteur analyse avec habilité la transformation de Violette, de l'étudiante à l'icône culturelle : un destin hors du commun[97]. Ce livre comporte des photographies inédites, un index complet, des sources, des références et des notes nombreuses.

Anne-Emmanuelle Demartini, Maître de conférence en Histoire contemporaine à l'université de Paris VII, a réalisé un travail de recherches sur Violette Nozière et publié quatre études dont deux en collaboration avec Agnès Fontvieille, Maître de conférence en Langue française et stylistique à l'université de Lyon II. Ces analyses éclairent l'aspect médiatique et judiciaire de l'affaire, ainsi que la question de l'inceste.

L'affaire Violette Nozière a fait l'objet d'une étude pédagogique, dans un collège de l'Académie de Créteil : « Violette Nozière, un procès remarquable »[98] par Catherine Favier, le 30 novembre 2011. Les thèmes abordés sont principalement : L'État de droit, la justice et l'abolition de la peine de mort[99].

Littérature

Les plus grands noms du surréalisme en 1933, participent à une œuvre commune : « Violette Nozières » (se reporter au chapitre Soutien des surréalistes). Anne-Emmanuelle Demartini souligne à ce propos : « plus spectaculaire et de plus vaste portée critique, quoique restée confidentielle, est la protestation du groupe surréaliste qui publie le 1er décembre 1933, un recueil de poèmes et de dessins. Plaidoyer en faveur de la jeune fille, « Violette Nozières » prend le contre-pied du discours médiatique en tenant l'inceste pour vrai et en érigeant la jeune parricide en figure lumineuse de la révolte contre une société patriarcale dont les institutions – presse, justice et police – sont jugées solidaires des pères violeurs » [83].

Ces institutions qui éludent la relation incestueuse, sont dénoncées avec force par l'écrivain Marcel Aymé, dans le journal Marianne, du 24 octobre 1934 [43]:
« Des juges cambrés de fausse pudeur et peureux de toucher au fond des débats, un jury congestionné par l'envie de faire plaisir à une foule carnassière, ont condamné à mort une fillette de dix-neuf ans (…) Il ne fallait pas jeter une note discordante dans cette jolie réunion du Tout-Paris excité. D'ailleurs, la critique l'avait déjà fait comprendre et la presse s'était montrée unanime à refuser l'hypothèse d'une pareille monstruosité. Les journaux commis à la défense et à l'illustration de la saine morale à pleines mains n'en parlaient qu'entre les lignes, écœurés à la pensée qu'une fable aussi ordurière pût trouver un soupçon de crédit; pour eux, en effet, l'inceste est une invention gracieuse de la mythologie, un thème de tragédie grecque, une friandise en tout bien tout honneur pour les lettrés et les honnêtes gens; pratiquement, la chose n'existe pas. Quant aux journaux avancés [100], turbulents, c'était une autre affaire : la victime, mécanicien aux chemins de fer, était un travailleur, je veux dire un honnête travailleur, car les deux mots sont inséparables. Or, un honnête travailleur ne couche pas avec sa fille, c'est bien connu. Ou alors, où irions-nous ? (…) En réalité, le procès de Violette Nozières n'a été qu'une simple formalité, une mise en scène passablement réglée. Nous avons assisté, pour notre édification, à une condamnation de principe, qui fait suite à ces acquittements scandaleux dont les tribunaux, en ces dernières années, ont fait bénéficier tant de parents coupables d'avoir assassiné leurs enfants en leur infligeant d'ignobles tortures (…) En condamnant Violette Nozières sans vouloir entendre parler d'inceste, de même qu'en acquittant des parents meurtriers, le tribunal s'est montré fidèle à l'une de ses plus chères traditions. Il a voulu affirmer le droit du père à disposer absolument de ses enfants, tout compris : droit de vie et de mort, et droit de cuissage aussi ».

La romancière Colette (1873-1953) écrit l'éditorial de « L'Intransigeant », grand quotidien du soir d'opinion de droite. Hostile à Violette Nozière, Colette lui prête des propos imaginaires :
« À l'époque où je régnais sur les cœurs, lorsque d'un geste suprêmement élégant, je vidais coupe sur coupe et j'allumais, à la flamme d'un briquet de grande valeur, les cigarettes d'Orient avant de m'élancer dans ma Bugatti, je m'avisais que, sans manquer d'argent, mes parents manquaient totalement de chic. Disons le mot : ils n'étaient pas montrables … » [101].

Au sujet de cet article, une controverse s'engage entre l'écrivain Louis Laloy et Colette. Preuve s'il en est, des débats passionnés que le procès de Violette Nozière provoque [102] :
« Au début des années trente, elle [Colette] poursuit ses chroniques judiciaires. En ces années troubles, une histoire particulièrement dramatique agite l'opinion publique. « C'est le dernier interrogatoire de Violette Nozière avant les assises », note Colette dans La République du 20 décembre 1933. La jeune fille, âgée de 18 ans, était soupçonnée d'avoir empoisonné son père, car, disait-elle, il avait eu des velléités d'inceste. Jugeant sa mère consentante, elle avait tenté de lui faire subir le même sort. Son procès s'ouvre en octobre 1934. Colette en donne le compte rendu dans « L'Intransigeant » du 13 octobre [101], sous le titre : « Le drame et le procès. » Mais la première phrase de son article va donner lieu à une polémique : « C'est du petit monde », « c'est du petit monde malheureusement », reprend-elle au début du quatrième paragraphe. Louis Laloy n'apprécie guère la formule qu'il associe à « petites gens », titre de l'article qu'il fait paraître dans « L'Ère nouvelle » du 16 octobre : « Mme Colette est au nombre des rares auteurs de notre pays qui ont gardé le contact avec le peuple et voilà qu'elle semble se détacher de lui ». La réponse de Colette ne se fait pas attendre, Louis Laloy la glisse aussitôt dans le numéro du 25 octobre : « Chez nous on appelle « petit monde » ou « chetit monde », les méchants. « Petit monde » : je pensais à la mauvaise enfant criminelle, à l'atmosphère de mensonge bas qu'elle avait organisée, à l'étroite suspicion, à cette camaraderie pourrie entre la fille et des garçons sans scrupule ». Plus tard, lorsque cet article sera inséré dans « À portée de la main », Colette supprimera cette expression. À la franche sympathie que Colette affichait pour un Landru, succède ici une certaine forme de mépris : « elle sort de parents sans génie, qui ne lui ont pas transmis grand chose de plus qu'un orgueil morose ». Plus loin, elle lui prête le langage d'une « courtisane démodée ». Et elle conclut par cette remarque incisive : « Personne, sinon la grâce – j'entends l'humilité – ne peut faire comprendre à Violette Nozière qu'il y a seulement deux espèces d'êtres humains : ceux qui n'ont pas tué et ceux qui ont tué ». Le 12 octobre, Violette Nozière est condamnée à mort. Les conditions de cette condamnation furent on ne peut plus troubles. De ce fait, elle obtiendra rapidement la grâce présidentielle et verra sa peine commuée en détention perpétuelle. Celle que Colette appelait « la meurtrière vexée » sortira de prison le 29 août 1945 et sera réhabilitée le 13 mars 1963 [103]. Elle se mariera, aura cinq enfants et prendra soin de sa vieille mère. En 1934, ni la justice, ni Colette ne croyaient en ce possible rachat ».

Plusieurs ouvrages sont consacrés à Violette Nozière (se reporter à la Bibliographie). Nous pouvons citer :

Jean-Marie Fitère : « Violette Nozière », la biographie la plus complète sur la jeune parricide. Comme le remarque l'éditeur : « Jean-Marie Fitère a su faire de ce fait divers qui défraya la chronique dans les années 1930, le roman d'une vie. Un roman à la fois cruel, poignant et tendre ».

Véronique Lesueur-Chalmet : « Violette Nozière, la fille aux poisons », un livre romancé qui dresse un portrait psychologique en recréant des situations, plus ou moins fictionnelles.

Bernard Hautecloque : « Violette Nozière, la célèbre empoisonneuse des années trente ». L'écrivain présente une Violette Nozière différente et il précise dans son avant-propos : « Je ne prétends pas pour autant avoir fait une recherche de type universitaire, mais une œuvre littéraire ».

Patrick Modiano évoque Violette Nozière et le quartier Latin, dans son roman « Fleurs de ruine » [104] : « Elle donnait ses rendez-vous dans un hôtel de la rue Victor-Cousin, près de la Sorbonne, et au Palais du Café, boulevard Saint-Michel. Violette était une brune au teint pâle que les journaux de l'époque comparait à une fleur vénéneuse et qu'ils appelaient « la fille aux poisons ». Elle liait connaissance au Palais du Café avec de faux étudiants aux vestons trop cintrés et aux lunettes d’écaille. Elle leur faisait croire qu'elle attendait un héritage et leur promettait monts et merveilles : des voyages, des Bugatti … Sans doute avait-elle croisé, sur le boulevard, le couple « T. » qui venait de s'installer dans le petit appartement de la rue des Fossés-Saint-Jacques ».
La trame de l'histoire se déroule à Paris en 1933. Un couple se suicide dans leur appartement pour de mystérieuses raisons. La cause de ce drame, ne sera jamais élucidée complètement. L'auteur mêle personnages de fiction et personnages réels, ce qui donne encore plus d'authenticité au récit.

Bandes dessinées

Violette Nozière inspire les auteurs et dessinateurs de bande dessinée. L'année 2012 voit deux projets en cours de réalisation, dont l'un sera publié le 7 septembre prochain avec sa sortie en album : « L'affaire Violette Nozière » de Julien Moca. Le début du récit se situe au mois de novembre 1966 et un avocat, Maître René de Vésinne-Larue, nous raconte l'histoire de la plus célèbre de ses clientes, Violette Nozière …

  • Julien Moca, Frank Leclercq, Benoît Lacou, Caroline Allart : « L'affaire Violette Nozière ». Collection : Les grandes affaires criminelles et mystérieuses. Éditions De Borée, 48 pages. Date de parution : 7 septembre 2012. ISBN 978-2-81290-656-5

Le second projet bien avancé, est celui de Camille Benyamina[105], illustratrice : « Violette Nozière », en attente d'une maison d'édition. Violette Nozière, héroïne de bande dessinée, stimule l'esprit créatif des artistes du « neuvième art ».

Sources

  • Jean-Marie Fitère : Violette Nozière. Éditions Presses de la Cité, 3ème trimestre 1975.
  • Commissaire Marcel Guillaume : Mémoires - Mes grandes enquêtes criminelles. Violette Nozière : pages 337 à 356. Éditions des Équateurs, octobre 2010.
  • Département de la Nièvre :
    Archives municipales - Mairie de Neuvy sur Loire. Place de la Mairie 58450 Neuvy-sur-Loire.
  • Département de la Haute-Loire :
    Archives municipales - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades.
    Archives municipales - Mairie de Saint-Julien-des-Chazes. Le Bourg 43300 Saint-Julien-des-Chazes
    Archives municipales - Mairie de Saint-Berain. Le Bourg 43300 Saint-Berain
    Archives municipales - Mairie de Brioude. 2 place Lafayette 43100 Brioude
    Archives municipales - Mairie de Langeac. Place Favière 43300 Langeac
    Archives militaires - Archives départementales de la Haute-Loire. Avenue de Tonbridge 43012 Le Puy-en-Velay.
  • Département de Paris :
    Archives municipales - Mairie du 12e arrondissement. 130 avenue Daumesnil 75012 Paris.
    Archives municipales - Mairie du 5 e arrondissement. 21 place du Panthéon 75005 Paris.
  • Département de la Seine-Maritime :
    Archives judiciaires - Archives départementales de la Seine-Maritime. Hôtel du Département. Quai Jean Moulin 76101 Rouen.
    Archives municipales - Mairie de Rouen. Place du Général de Gaulle 76000 Rouen.
    Archives municipales - Mairie de Petit-Quevilly. Place Henri Barbusse 76140 Petit-Quevilly.
    Archives municipales - Mairie de Grand Quevilly. Esplanade Tony Larue 76120 Grand Quevilly.

Bibliographie

  • Sarah Maza[96], professeur d'Histoire à l'Université Northwestern : « Violette Nozière, A story of murder in 1930s Paris ». Langue anglaise. Édition University of California Press, 1er mai 2011. ISBN 978-0-520-26070-2
  • Bernard Hautecloque : « Violette Nozière, la célèbre empoisonneuse des années trente ». Éditions Normant, novembre 2010. ISBN 978-2-915685-48-0
  • Commissaire Marcel Guillaume : « Mémoires - Mes grandes enquêtes criminelles - De la bande à Bonnot à l'affaire Stavisky ». Chapitre 24 : « Violette Nozière », pages 337 à 356. Première édition : novembre 2005. Édition revue et augmentée par Laurent Joly, chargé de recherche au CNRS. Éditions des Équateurs, octobre 2010. ISBN 978-2-84990-168-7
  • Anne-Emmanuelle Demartini, Maître de conférence en Histoire contemporaine, Université de Paris VII : « L'affaire Nozière entre instruction judiciaire et médiatisation ». Revue d'histoire : Le Temps des médias n° 15, pages 126 à 141. Nouveau Monde Éditions, septembre 2010. ISBN 978-2-84736-558-0
  • Anne-Emmanuelle Demartini : « L'Affaire Nozière. La parole sur l'inceste et sa réception sociale dans la France des années 1930 ». Revue d'histoire moderne et contemporaine n° 56-4, pages 190 à 214. Éditions Belin, avril 2009. ISBN 978-2-70115-108-3
  • Sylvain Larue : « Les grandes affaires criminelles de France - Violette Nozière », pages 276 à 287. Éditions De Borée, octobre 2008. ISBN 978-2-84494-826-7
  • Anne-Emmanuelle Demartini et Agnès Fontvieille [106]: « Violette Nozière ou le fait divers médiatique au miroir surréaliste » dans « Tout contre le réel. Miroir du fait divers », dirigé par Emmanuelle André, Martine Boyer-Weinmann, Hélène Kuntz. Collection L'esprit des Lettres. Éditions Le Manuscrit, pages 105 à 130, Paris 25 juin 2008. ISBN 978-2-304-00582-0
  • Jean-Marie Fitère : « Violette Nozière - Empoisonnement, parricide, inceste ... ». Collection : Jugés coupables. Éditions Acropole, mai 2007. ISBN 978-2-73570-288-6
  • Véronique Lesueur-Chalmet : « Violette Nozière, la fille aux poisons ». Éditions Flammarion, 10 novembre 2004. ISBN 2-08068-488-4
  • Véronique Lesueur-Chalmet : « Femmes et Criminelles - Des Sœurs Papin à Simone Weber, une histoire sanglante des faits divers ». Éditions Le Pré aux Clercs, 5 septembre 2002. ISBN 2-84228-125-X ou ISBN 978-2-84228-125-0
  • Anne-Emmanuelle Demartini et Agnès Fontvieille [106]: « Le crime du sexe. La justice, l'opinion publique et les surréalistes : regards croisés sur Violette Nozière », dans « Femmes et justice pénale, XIXe-XXe siècle », dirigé par Christine Bard, Frédéric Chauvaud, Michelle Perrot, Jacques-Guy Petit. Collection Histoire. Éditions Presses universitaires de Rennes, pages 243 à 252, Rennes 20 novembre 2002. Réédition, janvier 2011. ISBN 2-86847-751-8 ou ISBN 978-2-868-47751-4
  • Marcel Aymé : « Œuvres romanesques complètes », volume II. Article « Incestes », pages 1212 à 1214, publié dans « Marianne » n°105, le 24 octobre 1934 et « Peine de mort », pages 1216 à 1217, publié dans « Marianne » n° 113, le 19 décembre 1934. Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, le 4 septembre 1998. ISBN 2-07-011331-0 ou ISBN 978-2-07011-331-6
  • Alphonse Boudard : « Faits-divers et châtiments ». « Violette Nozière », pages 119 à 145. Éditions Le Pré aux Clercs, Paris 1er janvier 1992. ISBN 978-2-7144-2856-1
  • Collectif Violette Nozières - André Breton, Paul Eluard, Benjamin Peret ... : « Violette Nozières, Poèmes, Dessins, Correspondances, Documents ». Réédition de l'ouvrage des surréalistes (décembre 1933). Préface de l'écrivain José Pierre (1927-1999). Collection Le Désordre. Éditions Terrain Vague, Paris 1991. ISBN 978-2-85208-149-9
  • Marcel Aymé : « Du côté de chez Marianne », édition présentée et annotée par Michel Lecureur. Chroniques 1933-1937. Article « Incestes », pages 229 à 231, publié dans « Marianne » n°105, le 24 octobre 1934 et « Peine de mort », pages 253 à 255, publié dans « Marianne » n° 113, le 19 décembre 1934. Collection Blanche. Éditions Gallimard, le 6 octobre 1989. ISBN 2-07-071735-6 ou ISBN 978-2-07071-735-4
  • Bernard Oudin : « L'affaire Violette Nozière », revue mensuelle Historia n° 379. Éditions Librairie Jules Tallandier, pages 93 à 99, juin 1978.
  • Philippe Aziz : « Les grandes énigmes judiciaires », volume 1, « Le destin fascinant de Violette Nozière ». Éditions Idégraf. Genève, 1er janvier 1977.
  • Jean-Marie Fitère : « Violette Nozière ». Éditions Presses de la Cité, 3ème trimestre 1975. ISBN 2-258-00423-3
  • Les surréalistes, André Breton, René Char, Paul Eluard, Maurice Henry, E. L. T. Mesens, César Moro, Benjamin Peret, Guy Rosey, Salvador Dali, Yves Tanguy, Max Ernst, Victor Brauner, René Magritte, Marcel Jean, Hans Arp, Alberto Giacometti : « Violette Nozières », recueil. Éditions Nicolas Flamel. Bruxelles, 1er décembre 1933.
  • Jean Pidault et Maurice-Yvan Sicard (Saint-Paulien) : « L'affaire Nozières. Crime ou châtiment ? ». Éditions Ramlot et Cie. Paris, septembre 1933.
  • Jacques Niger : « Le secret de l'empoisonneuse. Le crime de Violette Nozière, son arrestation, ses complices ?... ». Éditions de Pascal. Paris, 1933.

Liens externes

Notes et références

  1. Archives municipales : État civil - acte de naissance n° 4 - Mairie de Saint-Julien-des-Chazes. Le Bourg 43300 Saint-Julien-des-Chazes.
    Un seul prénom concernant Félix Nozière. La naissance est déclarée quatre jours plus tard, le 12 mars 1858.
  2. Archives municipales : État civil - acte de décès n° 4 - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades.
    Le nom de famille Nozière dans l'acte de décès est orthographié Naugère et rectifié en mention marginale. Marie Nozière était ménagère, native de Saint-Julien-des-Chazes. Fille d’Antoine Nozière, cultivateur à Saint-Julien-des-Chazes et de défunte Barthélemy Bobé. Le prénom de Barthélemy est mixte, mais majoritairement masculin. Le nom de l'épouse Bobé dans l'acte d'État-civil est difficilement lisible et s'apparente plus à une transcription phonétique.
  3. Archives municipales : État civil - acte de mariage n° 2 - Mairie de Prades. Le bourg 43300 Prades.
    Marie, Constance Bernard, née à Prades le 25 janvier 1866. Fille de François Bernard, cultivateur et de Marie Vigouroux.
  4. Archives municipales : État civil - acte de naissance n° 2 - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades.
    Un seul prénom dans l'acte de naissance de Baptiste Nozière. Son père, Félix Nozière, 27 ans, est cultivateur et sa mère Marie, Constance Bernard, 19 ans, ménagère. Les professions de Félix Nozière sont successivement : domestique, cultivateur, boulanger, aubergiste.
  5. Archives municipales : État civil - acte de mariage n° 2 - Mairie de Prades. Le bourg 43300 Prades.
    Marie Véronique Michel est née à Saint-Bérain, le 30 juin 1888. Fille naturelle de Joséphine Michel, 28 ans, dentellière. La naissance a lieu au domicile de son grand-père maternel, Henri Michel, 57 ans, cultivateur. Marie Michel est reconnue, le 22 août 1888 à Saint-Bérain par Jean-Baptiste Michel, 27 ans, cultivateur, lors de son mariage avec la mère de l'enfant, Joséphine Michel (née à Saint-Bérain, le 12 janvier 1860). Les époux portent le même nom de famille. La mère, Joséphine Michel décède à Saint-Bérain, le 2 novembre 1891 à l'âge de 31 ans. Le père, Jean-Baptiste Michel en 1913, est propriétaire cultivateur et s'est remarié.
  6. Archives municipales : État civil - acte de naissance n° 2 - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades.
    René Nozière est le seul et unique enfant d'Ernest Nozière et Marie Michel.
  7. Chemins de Mémoire : La Première Guerre mondiale (1914-1918).
  8. Archives militaires : état signalétique et des services et registre matricule de recrutement n° 1322. Archives départementales de Haute-Loire. Avenue de Tonbridge 43012 Le Puy-en-Velay.
  9. Les informations sur l'État-civil d'Ernest Nozière transmises à l'Armée au moment de sa mobilisation, sont pour le moins surprenantes. Il est déclaré domicilié à Saint-Julien-des-Chazes, célibataire et son père, Félix Nozière, décédé. Les erreurs sont toujours possibles au vu du contexte de l'époque, en période de conflit. Mais avec trois renseignements erronés, les interrogations demeurent. Les autres données comme l'État-civil de sa mère Marie Constance Bernard, sont correctes. Ernest Nozière meurt sur le front, le 14 octobre 1915. Une mention rectificative du chef du Bureau des Archives administratives du Ministère de la Guerre est donc intervenue, avant la transcription de l'acte de décès à Prades. Félix Nozière et sa belle-fille Marie, Véronique Michel ont une liaison. À quel moment commence cette relation ? Dans quelles circonstances ? Ces fausses déclarations sont-elles une conséquence directe : une façon d'occulter une situation inacceptable ? L'écrivain Jean-Marie Fitère dans sa biographie sur Violette Nozière, donne sa version des faits : « Le vieux Nozière fait partie de ces patriarches chefs de clan qui s'arrogent tous les droits, y compris le droit de cuissage sur leur belle-fille ». Devenue veuve en 1915 et après le décès de sa belle-mère en 1919, Marie Michel choisit de rester avec Félix Nozière.
  10. Lire le document PDF sur l'historique du 299ème Régiment d'Infanterie, chapitre II - page 3 et 4 : « Reillon et le bois Zeppelin ».
    Extrait : « Le 8 octobre [1915], le 299ème fut alerté brusquement et enlevé en auto-camions pour débarquer à Bénamenil. Il s'agissait de parer une attaque qui avait réussi à s'emparer du bois Zeppelin en avant de Reillon. Dès son arrivée, le régiment fut jeté en pleine bataille et se lança à la contre-attaque. Pendant dix jours les combats se poursuivirent avec acharnement sur un terrain très difficile, bouleversé par les bombardements et les intempéries. Les difficultés de ravitaillement, l'état du sol détrempé par l’eau, la précarité des communications, sans cesse coupées, imposèrent aux troupes de grandes fatigues. Pendant cette période d'attaques et de contre-attaques, le régiment perdit 305 hommes tués ou blessés, mais il eut la satisfaction d'infliger aux Allemands de sanglants échecs ».
  11. Archives municipales : État civil - Transcription de l’acte de décès n° 1, en date du 17 février 1916 - Mairie de Prades. Le bourg 43300 Prades.
  12. Ernest, Félix Nozière (1887-1915) : Mort pour la France le 14 octobre 1915, aux avant-postes du sous-secteur de Reillon en Meurthe-et-Moselle. Inhumé à la Nécropole nationale de Reillon. Tombe n°834. Consulter l'article de la liste des nécropoles militaires en Lorraine.
    Voir également le site : Mémorial GenWeb - Nécropole nationale de Reillon
    Se reporter à la fiche individuelle d'Ernest Nozière sur le même site : Mémorial GenWeb - Ernest, Félix Nozière (1887-1915)
  13. Chemins de Mémoire : Veuves et orphelins de la Première Guerre mondiale.
  14. Archives municipales : État civil - acte de décès n° 9 - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades.
    Dans le journal « Le Petit Parisien » du lundi 4 septembre 1933, l'article d'Henri Bibert, « Quand Violette Nozières était en vacances », mentionne Juliette Nozière, la sœur cadette de Baptiste Nozière : « Veuf [Félix Nozière], la guerre lui prit son fils Ernest, puis l'enfant de celui-ci, âgé de trois ans, fut emporté par la diphtérie. Il avait encore la consolation d'avoir auprès de lui sa belle-fille, sa fille Juliette et son fils Baptiste, qui vient d'être empoisonné dans les circonstances tragiques que l'on connaît ». Sarah Maza, professeur d'Histoire à l'Université Northwestern aux États-Unis, s'interroge dans son ouvrage (« Violette Nozière, A Story of Murder in 1930s Paris », Chapitre « A Neighborhood in Paris », page 12) sur le devenir de Marie, Juliette Nozière : « Était-elle morte aussi, ou mariée et vivant ailleurs ? ». Le journaliste de l'époque commet une erreur. Juliette Nozière était déjà décédée en 1933, depuis quinze ans.
    Voici la copie intégrale de l'acte de décès de Juliette Nozière (1900-1918) : « Le vingt-cinq août mil neuf cent dix-huit, quatre heures du soir, Marie Juliette Nozière, née à Prades (Haute-Loire) le vingt février mil neuf cent, sans profession, fille de Félix Nozière, cultivateur et de Marie Constance Bernard, son épouse, ménagère, domiciliés à Prades, célibataire, est décédée en son domicile, lieu dit Prades. Dressé, le vingt-six août mil neuf cent dix-huit, huit heures du matin, sur la déclaration de Félix Nozière, soixante ans, cultivateur, père de la défunte, sus-désigné, et de Félix Bernard, soixante-un ans, cultivateur, domicilié en cette commune, oncle de la défunte, qui lecture faite, ont signé avec nous, Jules Brun, maire de Prades. Signatures : Nozière, Bernard, Brun ».
  15. Archives municipales : État civil - acte de décès n° 1 - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades.
  16. Archives municipales : État civil - acte de naissance n° 17 - Mairie de Neuvy-sur-Loire. Place de la Mairie 58450 Neuvy-sur-Loire.
  17. Archives municipales : État civil - acte de mariage n° 1 - Mairie de Neuvy-sur-Loire. Place de la Mairie 58450 Neuvy-sur-Loire.
    Germaine Hézard ne s'est jamais mariée à l'âge de seize ans, contrairement à ce que mentionnent des biographies.
  18. a et b Archives municipales : État civil - acte de mariage n° 1173 - Mairie du 12e arrondissement. 130 avenue Daumesnil 75012 Paris.
    Les témoins habitent le même arrondissement : Charles Bois, 58 ans, fabricant de meubles, au 3 rue Érard. Antoine Vidal, 45 ans, ébéniste, au 8 rue Chaligny. Talma Portal, 55 ans, employé, au 1 rue Bignon. Fernand Duchesne, 46 ans, employé de commerce, au 7 rue Crozatier.
  19. Chemins de Mémoire : La Grande Guerre a-t-elle fait progresser l'émancipation des femmes ?.
  20. Archives militaires : état signalétique et des services et registre matricule de recrutement n° 1823. Archives départementales de Haute-Loire. Avenue de Tonbridge 43012 Le Puy-en-Velay.
  21. Archives municipales : État civil - acte de naissance n° 1 - Mairie de Neuvy-sur-Loire. Place de la Mairie 58450 Neuvy-sur-Loire.
    Germaine est bien le second prénom de Violette Nozière, et elle est bien née à quatre heures du soir et non à quatre heures du matin.
  22. a, b, c et d Jean-Marie Fitère - Violette Nozière. Éditions Presses de la Cité, 3ème trimestre 1975.
  23. Maddy, diminutif repris par la presse et l'écrivain Jean-Marie Fitère, ainsi que dans le film « Violette Nozière ». Mado sera le prénom, noté par le commissaire Marcel Guillaume dans ses mémoires et l'historien Bernard Hautecloque.
  24. Bonne mère et bonne épouse, ce que sera effectivement Violette Nozière après sa libération.
  25. Paris-Soir : « Une grisette comme on en rencontre tant au Quartier Latin ». Article du 27 août 1933, repris dans le livre de Bernard Hautecloque « Violette Nozière, la célèbre empoisonneuse des années trente », page 49, éditions Normant, novembre 2010. Comme le souligne l'auteur, une centaine d'étudiantes se livraient ainsi à la prostitution d'après les estimations de la police.
  26. Journal La France : « L’affaire Nozières - Le nouvel interrogatoire de l'inculpée ». Article du 15 septembre 1933.
    Voir également la revue Historia n° 379 : « Violette Nozière ». Article de Bernard Oudin, juin 1978.
  27. Le Crapouillot : revue n°48 « Photos défendues, Violette Nozière photographiée au cours d'une soirée intime » Collection Romi, automne 1978.
    Paris Match : Article « Les femmes de notre siècle » - « Violette était fière de cette photo coquine, réalisée par un photographe (anonyme) spécialisé ». Collection Romi, page 146 et 147, édition du 29 août 1991.
  28. Le Petit Journal : « Violette Nozière a-t-elle menti ? ». Article de Maurice Aubenas, du 12 septembre 1933.
  29. La source citée est extraite du livre de Jean-Marie Fitère, « Violette Nozière », éditions Presses de la Cité, 3e trimestre 1975. Une autre version est celle du journal « La France » : « L'affaire Nozières - Première menace de suicide », article du 15 septembre 1933. La déposition de Violette Nozière devant le juge, le 13 septembre 1933, est en effet différente : « Enfin, point important, l'interrogatoire arriva à la tentative de suicide de l'accusée, du 16 décembre 1932 : Ce jour là, dit-elle, j'éprouvai un dégoût insurmontable de l'inconduite de mon père à mon égard. Ma mère m'avait fait de vives remontrances de mes absences au lycée. Je profitai de ce que mes parents étaient absents pour me rendre à Auteuil, sur les quais de la Seine, où je voulais me noyer. Auparavant, bien en vue, j'avais laissé dans notre appartement une lettre annonçant mon acte de désespoir.
    Mr et Mme Nozières trouvèrent la lettre le soir et coururent, affolés, dans les commissariats. On leur dit, à celui de l'Odéon, que Violette Nozières, bien connue, venait de quitter le Quartier Latin et des amis s'offrirent à aller à sa recherche. Ces derniers devaient trouver, vers 22 heures, la désespérée errant le long des quais. Elle n'avait pas eu le courage de mettre son projet à exécution ».
  30. Le soménal est un somnifère vendu sans ordonnance en pharmacie. Chaque tube acheté par Violette, contient douze comprimés. Ce médicament possède des propriétés identiques au véronal, barbiturique qui se présente sous la forme de petits cristaux solubles.
  31. Le Petit Journal : « Violette Nozière au pays de son père », article du lundi 4 septembre 1933, de U. Rouchon.
  32. La Guerre a pris le second fils de Félix Nozière, Ernest, en 1915. Devenu veuf de Marie Bernard en 1919, Félix Nozière vit maritalement avec sa belle-fille, Marie Michel (1888-1968). Cette seconde union n'eut pas de postérité.
  33. a, b et c Revue mensuelle Drames : « Le plus abominable crime de l’époque ». Article de G.A. de Zelli, septembre 1933.
  34. Archives municipales : État-civil - acte de décès n° 3255 - Mairie du 12e arrondissement. 130 avenue Daumesnil 75012 Paris.
    Le décès de Baptiste Nozière est constaté officiellement le 23 août 1933 à deux heures quarante au 184 rue du Faubourg-Saint-Antoine (hôpital Saint-Antoine). Décès déclaré le même jour à seize heures dix.
  35. Commissaire Marcel Guillaume : «  Mémoires - Mes grandes enquêtes criminelles. Violette Nozière », citation page 349, éditions des Équateurs, octobre 2010.
  36. Journal Excelsior : « Violette Nozière a empoisonné ses parents - un mandat d'amener est lancé contre la fugitive ». Article du samedi 26 août 1933.
  37. Paris-Soir : « On ignore toujours ce qu'est devenue Violette Nozière - Ce matin, des recherches ont été opérées dans la Seine où la criminelle, d'après un témoin, se serait peut-être jetée ». Article du 28 août 1933.
    Extrait cité également dans Études photographiques, « Le succès par l'image ? » de Myriam Chermette, page 99, revue n° 20, juin 2007.
  38. Le journal Paris-Soir du 1er septembre 1933 emploie les termes « monstre en jupons » et « fleur vénéneuse », à propos de Violette Nozière. Cité par Anne-Emmanuelle Demartini et Agnès Fontvieille : « Le crime du sexe. La justice, l'opinion publique et les surréalistes : regards croisés sur Violette Nozière », dans « Femmes et justice pénale, XIXe-XXe siècle », page 244. Collection Histoire. Éditions Presses universitaires de Rennes. Rennes, 20 novembre 2002. Réédition, janvier 2011.
  39. Consulter l'exposition virtuelle sur Violette Nozière et la presse : Collection privée Philippe Zoummeroff.
  40. Lire à ce propos sur l'affaire Violette Nozière et son impact dans la presse, le document de Myriam Chermette : « le succès par l'image ? » dans Études photographiques n°20, juin 2007.
  41. Commissaire Marcel Guillaume : « Mémoires - Mes grandes enquêtes criminelles : De la bande à Bonnot à l'affaire Stavisky ». Éditions des Équateurs, 24 novembre 2005. Édition revue et augmentée, le 28 octobre 2010.
    Marcel Guillaume (1872-1963), commissaire de police en 1913, puis commissaire divisionnaire depuis 1928, est le chef de la brigade criminelle de 1930 à 1937. Il s'occupe également des enquêtes sur l'affaire Stavisky et l'Affaire du conseiller Prince en 1934. Il était opposé à la peine de mort. Mis à la retraite en 1937, cette grande figure de la police française et le plus célèbre de l'entre-deux-guerres, va inspirer l'écrivain Georges Simenon (1903-1989) pour son personnage du commissaire Maigret.
  42. a, b et c Commissaire Marcel Guillaume : « Mémoires - Mes grandes enquêtes criminelles. Violette Nozière », citation page 353 à 355, Éditions des Équateurs, octobre 2010.
  43. a et b Journal Marianne n°105 : Article « Incestes » de Marcel Aymé, le 24 octobre 1934.
    Marcel Aymé : « Œuvres romanesques complètes », volume II. Article « Incestes », pages 1212 à 1214. Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, le 4 septembre 1998.
  44. a et b Se reporter aux études suivantes :
    Anne-Emmanuelle Demartini : « L'Affaire Nozière. La parole sur l'inceste et sa réception sociale dans la France des années 1930 ». Revue d'histoire moderne et contemporaine n° 56-4, page 190 à 214. Éditions Belin, avril 2009.
    Anne-Emmanuelle Demartini : « L'affaire Nozière entre instruction judiciaire et médiatisation ». Revue d'histoire : Le Temps des médias n° 15, page 126 à 141. Nouveau Monde Éditions, septembre 2010.
  45. Le Petit Parisien : « Le drame de la rue de Madagascar - Le mécanicien et sa femme ont été victimes d'un empoisonnement criminel ». Article du vendredi 25 août 1933.
  46. La Tribune Républicaine : « Les obsèques de M. Nozières à Neuvy-sur-Loire ». Article du samedi 2 septembre 1933.
  47. Clémence Philomène Boutron, fille de Joseph Boutron et de Louise Barré, veuve de Alsime François Hézard. La grand-mère de Violette décède à Neuvy-sur-Loire, le 13 février 1934.
    Archives municipales : État civil - acte de décès n° 5 - Mairie de Neuvy-sur-Loire. Place de la Mairie 58450 Neuvy-sur-Loire.
  48. Le Petit Parisien : « Les obsèques émouvantes de M. Nozières ». Article de Yves Dautun, du vendredi 1er septembre 1933.
  49. La Dépêche : « Une tragique confrontation » . Article du samedi 2 septembre 1933.
  50. Le Progrès : « Le drame de la rue de Madagascar. Au cours d'une pathétique confrontation, Violette Nozières s'écrie : Pardon, pardon Maman. Maudite par sa mère qui l'adjure de se tuer, la parricide s'évanouit ». Article du samedi 2 septembre 1933.
  51. Journal La France, édition de Bordeaux : « L'affaire Nozières ». Article du vendredi 15 septembre 1933
  52. Le Quotidien : « Mme Nozière s'est constituée partie civile contre sa fille. Elle s'est présentée hier après-midi devant le juge d'instruction ». Article du samedi 16 septembre 1933.
  53. L'ami du Peuple : « Mme Nozière implore la pitié des jurés pour sa fille », par Marcel Espiau. N° 2350 du vendredi 12 octobre 1934.
    Pendant l'Occupation allemande, le journaliste Marcel Espiau écrit dans Les Nouveaux Temps, quotidien du soir de la presse collaborationniste française. Marcel Espiau est du nombre des cent trente écrivains interdits à la Libération, en septembre 1944.
  54. Grand Écho du Nord de la France : « Les témoignages de Mme Nozières et de Jean Dabin provoquent des incidents dramatiques », par Saint-Martin. N°285, du 12 octobre 1934
  55. a, b et c Archives judiciaires : Arrêt de la Cour d'Appel de Rouen en date du 13 mars 1963 - Réhabilitation de Violette Nozière. Document ADSM - Cote 3397 W 229.
    Archives départementales de la Seine-Maritime - Hôtel du Département. Quai Jean Moulin 76100 Rouen
  56. L'Ami du Peuple : « Violette Nozière est condamnée à mort », par Marcel Espiau, du 13 octobre 1934. La presse de l'époque rapporte bien, à quelques variantes près, les propos exacts de Violette Nozière à l'annonce de la condamnation : « Laissez-moi ! Laissez moi ! C'est honteux ! J'ai dit la vérité ! ... Vous n'êtes pas pitoyables ! », dans le journal Le Matin du 13 octobre 1934. La version de l'écrivain Jean-Marie Fitère : « Vous me dégoutez tous ! Vous êtes des saligauds sans pitié. Voilà ce que vous êtes !…  », ou celle du réalisateur Claude Chabrol dans son film « Violette Nozière » : « Vous me dégoutez, vous êtes tous des salauds, vous êtes pitoyables, je vous maudis tous autant que vous êtes… », accentue le côté dramatique.
  57. L'Ami du Peuple : « Violette Nozière est condamnée à mort », par Marcel Espiau. N° 2351, du samedi 13 octobre 1934.
  58. Journal Marianne n°113 : Article « Peine de mort » de Marcel Aymé, le 19 décembre 1934.
    Marcel Aymé : « Œuvres romanesques complètes », volume II. Article « Peine de mort », pages 1216 à 1217. Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, le 4 septembre 1998.
  59. Commissaire Marcel Guillaume - Mémoires - Mes grandes enquêtes criminelles. Violette Nozière : citation page 356, Éditions des Équateurs, octobre 2010.
  60. Aujourd'hui, la Centrale d'Haguenau est devenue la Médiathèque au 24 rue André Traband 67500 Haguenau. Vous retrouvez l'historique et les photographies de la prison sur les sites suivants :
    Net Comète : « Le lourd passé de la Médiathèque ».
    Net Comète : « Autour de la Maison centrale ».
    Net Comète : « Album photographique ».
  61. Archives municipales : Etat-civil - acte de décès n° 1305 - Mairie du 5e arrondissement. 21 place du Panthéon 75005 Paris.
    Le décès de Jean Dabin est déclaré le 28 octobre 1937 à quinze heures. Jean Dabin était maréchal des Logis au 123 e Régiment du Train. Célibataire, il était domicilié chez ses parents, au 97 Quai de la Gare dans le 13e arrondissement de Paris.
  62. Archives municipales : État civil - acte de décès n°3 - Mairie de Prades. Le Bourg 43300 Prades.
    La date de naissance inscrite dans l'acte de décès est incorrecte. Félix Nozière est né à Saint-Julien-des-Chazes, le 8 mars 1858 et non le 12 avril 1858, comme indiquée par erreur lors de la transcription à Prades.
  63. Sur la bataille de Fleury au mois d'août 1916, consulter le site : « Les français à Verdun - 1916 ».
  64. « À titre militaire » : cette mention est soulignée dans le dossier de l'administration pénitentiaire.
  65. La colonie agricole pénitentiaire du Val d'Yèvre a pour objectif premier, le redressement des mineurs par le travail : lire le chapitre « Lieux et monuments », consacré à cette colonie dans l'article de Saint-Germain-du-Puy.
  66. La colonie pénitentiaire de Saint-Hilaire est un lieu de punition, d'observation et de redressement pour mineurs. Consulter les sites :
    Portail sur l'histoire de la Justice, des crimes et des peines : Criminocorpus.cnrs.fr.
    Présentation de l'exposition sur la colonie de Saint-Hilaire : page d'accueil.
    Colonie de Saint-Hilaire : L'exposition, visite en ligne.
  67. Louis Coquillet, né le 6 mars 1921, à Saint-Méen-le-Grand (Ille et Vilaine). Serrurier aux ateliers de la SNCF à Rennes. Arrêté le 3 janvier 1942 à Paris. Condamné à mort, avec 25 autres résistants à la Maison de la Chimie à Paris, le 14 avril 1942. Fusillé le 17 avril 1942 au Fort du Mont-Valérien, à l'âge de 21 ans.
  68. Elizabeth Lamouly veuve Ducourneau, 35 ans, condamnée à mort également pour parricide à Bordeaux le 26 avril 1940, ne bénéficie pas de la grâce du chef de l'État français. Elle est guillotinée le 8 janvier 1941.
    C'est la première femme exécutée en France depuis Georgette Lebon épouse Thomas, 25 ans, journalière, condamnée à mort avec son mari Sylvain Thomas, 30 ans, journalier, pour parricide, le 24 novembre 1886 à Blois. Les époux sont guillotinés sur la place publique à Romorantin, le 24 janvier 1887. Lire à ce propos sur cette affaire, le journal L'Express : « Les grandes affaires du Loir-et-Cher, mort d'une sorcière solognote ». Édition du 8 décembre 2008.
    Philippe Pétain a également refusé la remise de la peine capitale, pour quatre autres femmes : Georgette List épouse Monneron, 30 ans, guillotinée à Paris le 6 février 1942. Germaine Besse épouse Legrand, 29 ans, guillotinée à Saintes le 8 juin 1943. Czeslawa Sinska veuve Bilicki, 33 ans, guillotinée à Chalon-sur-Saône le 29 juin 1943. Marie-Louise Lempérière épouse Giraud, 39 ans, blanchisseuse à Cherbourg. Condamnée à mort, pour avortements clandestins le 8 juin 1943 à Paris par un tribunal d’Etat. C’est un procès et une condamnation politique. Marie-Louise Giraud est guillotinée dans la cour de la prison de la Roquette à Paris, le 30 juillet 1943. Son histoire est reprise par Claude Chabrol pour son film : « Une affaire de femmes » dont l'actrice principale est Isabelle Huppert.
    Sous la présidence de Vincent Auriol, avocat de formation, socialiste et républicain, les exécutions de femmes se sont poursuivies : Lucienne Fournier veuve Thioux, 45 ans, guillotinée à Melun le 11 décembre 1947. Madeleine Mouton, guillotinée à Sidi-Bel-Abbès en Algérie française, le 10 avril 1948. Geneviève Danelle épouse Calame, fusillée avec son mari Roger Calame, au Fort de Montrouge le 8 juin 1948. Ils étaient des agents doubles de la Résistance française et travaillaient pour la Gestapo : 144 résistants arrêtés, 46 déportations, 22 exécutions. La dernière femme exécutée en France est Germaine Godefroy, veuve Leloy : 31 ans, commerçante à Baugé. Condamnée à mort pour le meurtre de son mari, Albert Leloy, le 26 novembre 1948 à Angers. Elle est guillotinée dans cette même ville, le 21 avril 1949.
  69. Archives municipales : Etat-civil - acte de mariage n° 10 - Mairie de Neuvy-sur-Loire. Place de la Mairie 58450 Neuvy-sur-Loire.
    Témoins au mariage : Auguste Desbouis, retraité et Lucien Lanoux, boulanger, domiciliés à Neuvy-sur-Loire. Le lieu de résidence des époux est déclaré également à Neuvy-sur-Loire. En réalité, Pierre, 27 ans, cuisinier, et Violette, 31 ans, sans profession, demeurent à Paris. L'épouse signe au bas de l'acte : « V. Nozière ».
  70. Récit de l’Abbé Châtillon, curé de Neuvy-sur-Loire : « 1944, année terrible, année des bombardements - Neuvy martyrisé ».
  71. Eugène Garnier (1887-1952), termine sa carrière professionnelle à la maison centrale de Fontevraud dans le département du Maine-et-Loire, là même où il avait commencé en 1919. Malheureusement, Eugène Garnier n'aura pas le temps de profiter de sa retraite, dans la région du Val de Loire.
  72. Site internet de la commune : La Bouille (Seine-Maritime). Voir sur ce site, le chapitre 2 sur « La Maison-brûlée ».
  73. Archives judiciaires : Archives départementales de la Seine-Maritime - Hôtel du Département - Quai Jean Moulin 76100 Rouen.
    Réhabilitation de Violette Nozière : extraits de l'arrêt de la Cour d’appel de Rouen en date du 13 mars 1963. Document ADSM - Cote 3397 W 229. Les majuscules du texte original sont respectées. Les dates du 18 mars et du 18 mai 1963, avancées par des ouvrages sont erronées. La réhabilitation de Violette Nozière a eu lieu à Rouen (Seine-Maritime), et non à Rennes (Ille et Vilaine) comme annoncée par erreur, au cours d'une émission de radio, le 16 août 2011 : Violette Nozière par Jacques Expert, sur France Info. En 1963, Violette Nozière habitait à l'Hôtel de la Forêt, lieu dit « La Maison-brûlée », sur la commune de La Bouille dans la Seine-Maritime. La notification de l'arrêt de la Cour d'Appel de Rouen, sera envoyée au domicile de Violette, par lettre recommandée le 15 mars 1963.
  74. Jean-Marie Fitère : Violette Nozière. Éditions Presses de la Cité, 3ème trimestre 1975.
  75. a et b Paris-Match : « Violette Nozière 18 ans, condamnée à la guillotine », article de Georges Reyer, du 10 décembre 1966.
  76. Archives municipales : Etat-civil - acte de décès n° 392 - Mairie de Petit-Quevilly. Place Henri Barbusse 76140 Petit-Quevilly.
    Le décès de Violette Nozière est déclaré ce même jour, 26 novembre 1966, à dix heures quinze minutes, par sa fille aînée.
  77. Archives municipales : État civil - acte de décès n° 13 - Mairie de Langeac. Place Favière 43300 Langeac.
    Le décès est déclaré par sa demi-sœur Florentine Michel qui demeure dans le département du Rhône.
  78. Archives municipales : Etat-civil - acte de décès n° 130 - Mairie de Grand Quevilly. Esplanade Tony Larue 76120 Grand Quevilly.
    Des ouvrages mentionnent la date du 4 août 1968. L'origine de cette erreur provient de la retranscription erronée du décès, inscrite en marge de l’acte de naissance de Germaine Nozière à Neuvy-sur-Loire. Le 4 août est le jour de naissance de Germaine Nozière et non celui de son décès. La mairie de Neuvy-sur-Loire procède à la rectification.
  79. Le nom de Violette Nozière et celui de sa mère, Germaine Hézard, ne sont pas gravés sur le tombeau. En fait, bien des caveaux ne comportent que les noms des familles, ce qui est le cas ici : « Nozière-Hézard ». Le nom de « Nozière Baptiste 1885-1933 » est quant à lui, gravé dans le marbre (le prénom est en abrégé). Concession perpétuelle acquise le 30 août 1933, attribuée à Madame Nozière-Hézard.
  80. a et b Anne-Emmanuelle Demartini : « L'Affaire Nozière. La parole sur l'inceste et sa réception sociale dans la France des années 1930 ». Revue d'histoire moderne et contemporaine n° 56-4, pages 190 à 214. Éditions Belin, avril 2009.
  81. Robert Brasillach : « Notre avant-guerre », Éditions Plon, 1er janvier 1941. Réédition de l'ouvrage : Éditions Godefroy de Bouillon, 14 mars 1998. ISBN 978-2-84191-066-3.
  82. Le procès de Violette Nozière en 1934 est précédé par des scandales qui aboutissent à des crises du régime parlementaire, sans précédent. Lire les articles sur l'Affaire Stavisky et l'Affaire du conseiller Prince.
  83. a et b Anne-Emmanuelle Demartini : « L’affaire Nozière entre instruction judiciaire et médiatisation ». Revue d’histoire : Le Temps des médias n° 15, pages 126 à 141. Nouveau Monde Éditions, septembre 2010.
  84. Bernard Oudin : « L'affaire Violette Nozière », revue mensuelle Historia n° 379. Éditions Librairie Jules Tallandier, pages 93 à 99, juin 1978.
  85. Par une erreur constante, les surréalistes ajoutent systématiquement un « s » à la fin du nom de Violette Nozière. Henri Béhar : André Breton le grand indésirable. Éditions Fayard, Paris septembre 2005, page 299, qui date d'avril 1934 la publication de la plaquette.
  86. Documents, presse, dessins, concernant Violette Nozière sur le site André Breton.
  87. Le monde du surréalisme par Gérard de Cortanze. Éditions Complexes, 2 septembre 2005. ISBN 978-2-80480-056-7
    Pour l'écrivain Gérard de Cortanze, le cinéaste Claude Chabrol, est le digne héritier des surréalistes, en dénonçant les vrais coupables, dans son film « Violette Nozière ».
  88. Consulter à ce propos, le site d'Isabelle Huppert : http://huppert.free.fr/presse3.html
  89. Bernard Hautecloque : « Violette Nozière, la célèbre empoisonneuse des années trente ». Éditions Normant, novembre 2010.
  90. Informations complémentaires sur le groupe « Violette Nozière » : http://www.myspace.com/violettenoziere .
  91. Article de Wikipédia (Italie) : http://it.wikipedia.org/wiki/Hommage_a_Violette_Nozieres .
  92. Article de Wikipédia (Italie) : « 1978 gli dei se ne vanno, gli arrabbiati restano ! » .
  93. Demetrio Stratos, de son vrai nom : Demetriou Efstratios est né à Alexandrie en Égypte, le 22 avril 1945 et décédé à New York, le 13 Juin 1979. D'origine grecque, il était parolier, musicien et chanteur d'un groupe de rock italien. Article de Wikipédia (Italie) : http://it.wikipedia.org/wiki/Demetrio_Stratos .
  94. Article de Wikipédia (Italie) : http://it.wikipedia.org/wiki/Elio_e_le_Storie_Tese
  95. Article de Wikipédia (Italie) : « Tutti gli uomini del deficiente ».
  96. a et b Sarah Maza : « Violette Nozière : une histoire de meurtre dans le Paris des années 1930 ». Une seconde édition brochée de l'ouvrage doit sortir au mois de juin 2012. ISBN 978-0-520-27272-9
    Pour plus d'informations sur l'auteur, se reporter au document PDF, de l'université.
  97. Lire à ce propos, la publication du New York Times (en anglais) : « The Murder That Transfixed 1930s Paris », article de Judith Warner, le 3 juin 2011 - Violette Nozière par Sarah Maza.
  98. Consulter la fiche du ministère de l'Éducation nationale et le programme pédagogique.
  99. Voir le document Powerpoint : « Violette Nozière, un procès exceptionnel ».
  100. Marcel Aymé fait allusion au journal L'Humanité.
  101. a et b L'Intransigeant : « Le drame et le procès vus par Colette ». Édition du samedi 13 octobre 1934 - http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k794533d.langFR .
  102. Citation extraite du Centre d'Études Colette - Direction des Affaires culturelles du Conseil Général de l'Yonne : Exposition « Colette, de l'autre côté du miroir ». Musée Colette : « Colette chroniqueuse judiciaire », document PDF, page 2, juin-décembre 2004. http://www.centre-colette.fr/fic_bdd/media_fichier_pdf/autrecotemiroir/colette%20chroniqueuse.pdf.
    Le Musée Colette, Le Château 89520 Saint-Sauveur-en-Puisaye. Site internet : http://www.yonne-89.net/MuseeColette.htm .
  103. Les dates incorrectes de sa libération et réhabilitation dans le document, sont modifiées.
  104. Patrick Modiano : « Fleurs de ruine ». Collection « Cadre Rouge ». Éditions du Seuil, 4 avril 1991. ISBN 978-2-02012-450-8.
  105. Site internet : Camille Benyamina.
  106. a et b Anne-Emmanuelle Demartini est Maître de conférence en Histoire contemporaine à l'Université de Paris 7-Denis Diderot, Agnès Fontvieille est Maître de conférence en Langue française et stylistique à l'Université de Lyon 2.

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