Faire son beurre sur le dos des chômeurs
Actualités droit du travail, par Artemis/Velourine - Artémis, 1/02/2012
Demandeurs d'emploi vous devez être vigilants car vous pouvez être victimes d'employeurs peu scrupuleux
les exemples sont multiples et les dénoncer ne suffit pas..
Voici ce que j'écrivais il y a quelques mois sur le site AGORAVOX
C’est avec dégoût et colère que j’écris ce témoignage sur les pratiques scandaleuses de certains employeurs qui n’hésitent pas à gagner de l’argent sur le dos des chômeurs lorsqu’ils recrutent quand ils obligent les candidats à postuler via un numéro de téléphone surtaxé,dont une partie du montant de la communication leur est reversé !
Le cas que j’évoque, qui malheureusement n’est pas isolé, atteint les sommets de l’indécence car l’offre d’emploi qui propose une heure de travail par semaine en tant qu’agent d’entretien a été déposée pour toucher le plus grand nombre de personnes dans la quasi totalité des antennes du pôle emploi..
Voici l’offre en question :
Offre n° 188274 E du 09/04/09 : Agent d’entretien
http://www.anpe.fr/espacecandidat/nicola/RechercherParRef...
VOUS SEREZ CHARGE DU NETTOYAGE DE BUREAUX, LAVER LES SOLS ET DESINFECTER LES SANITAIRES,FAIRE LES POUSSIERES, VIDER LES POUBELLES,...NETTOYER LES VITRES A LA RACLETTE SERAIT UN PLUS.PERSONNE DYNAMIQUE AUTONOME PONCTUELLE BONNE PRESENTATION RAPIDE MINUTIEUSE
1h hebdo – CDI – 8,84 € / H
Si cette offre vous intéresse veuillez téléphoner à : – 08 92 10 61 62
(je ne mentionne pas le nom de l’entreprise mais j’ai toutes ses coordonnées ainsi que le nom du dirigeant. Je me suis entretenue avec sa collaboratrice directe auprès de laquelle j’ai fait part de ma désapprobation sur la pratique des numéros surtaxés.)
J’ai cliqué sur le lien donné, malheureusement le site du Pôle emploi était surchargé et je n’ai pas pu accéder à l’offre.
J’ai donc téléphoné au numéro indiqué.
Après quelques minutes d’attente une assistance m’a répondu et m’a demandé pour quelle offre j’étais intéressée.
Je lui ai indiqué sur toute la France.
Elle m’a demandé ma ville de résidence que je lui ai fournie ainsi que mes coordonnées.
J’ai demandé si le numéro que j’appelais était bien surtaxé.
La voix de l’assistante s’est durcie et m’a promptement demandé si j’étais "toujours" intéressée ou pas.
Tout en répondant que j’étais intéressée j’ai réitéré ma demande et devant mon insistance l’assistante m’a mise en attente et au bout de quelques secondes on m’a demandé mon numéro de téléphone pour qu’on puisse m’appeler.
Quelques minutes après j’ai reçu un appel venant de cette entreprise.
J’ai passé en tout 4 minutes au téléphone.
Le numéro étant un numéro audiotel, j’ai payé 0.34 euros par 4 minutes soit 1.36 euros ttc puisque je téléphonais d’un fixe.
Si j’avais téléphoné d’ un portable mon appel aurait été hors forfait et plus cher.....
Sur ces 1.36 euros mon correspondant en perçoit une partie.
J’ai consulté différents opérateurs certains font un reversement de 0.188 euros par minute soit pour mon appel 0.752 euros qui tombent dans les caisses du correspondant.
Faisons un petit calcul :
Une collaboratrice travaillant 8 heures par jour peut traiter en 8 heures 120 appels ce qui va rapporter à l’entreprise 90.24 euros.
Imaginons que la collaboratrice soit payée au SMIC son salaire chargé correspond approximativement à ce que va toucher l’employeur en reversement du coût des communications par son opérateur.
En conclusion l’employeur fait payer le coût de son recrutement (hors entretien d’embauche) par les demandeurs d’emploi.
Si les opératrices sont des stagiaires ou des contrats aidés tout est bénéfice pour l’employeur...
Considérant cette pratique scandaleuse je me suis rapprochée du service pôle emploi qui m’a indiqué que le numéro d’annonce n’existait pas.
Mais que ceci pouvait venir du fait que l’annonce avait été retirée par le pôle emploi si elle ne correspondait pas à sa charte interne.
L’agent du pôle emploi m’a demandé le nom de l’entreprise et m’a confirmé que des annonces de ce type avaient été déposées par cette entreprise sur toute la France.
Cette affaire lui paraissant étrange elle m’a affirmé qu’elle en référait immédiatement à sa direction.
Mon commentaire sur cette affaire
D’un point de vue légal
La loi Châtel du 3 janvier 2008 crée dans le code de la consommation un article L. 121-84-5 relatif à l’interdiction de l’utilisation des numéros surtaxés par les fournisseurs de services de communications électroniques. Cette dernière catégorie de prestataire renvoie pour l’essentiel aux fournisseurs d’accès.
L’interdiction vise plus précisément les services dit de « hotlines » fournis par ces fournisseurs : service d’après-vente, d’assistance technique ou tout autre service chargé du traitement des réclamations se rapportant à l’exécution du contrat conclu entre ce fournisseur, et le consommateur.
L’interdiction prévue pour la vente à distance est moins explicite.
Concernant les numéros surtaxés utilisés par les administrations, elle reste muette. Ceci s’explique sans aucun doute en raison du fait que l’article 55 de la loi du 21 juin 2004 (LCEN) règlemente déjà l’utilisation de ces numéros par les services sociaux. Mais le décret qui était censé permettre son application n’a jamais été adopté. Concernant ces services, la question demeure donc entière.
Pour plus d’information voir ci-après :
loi chatel
loi chatel commentaires sur le site droits et technologie
L’employeur qui indique un numéro audiotel pour que les demandeurs d’emploi puissent déposer leurs candidatures n’est pas en soit illégal.
D’un point de vue éthique
Faire supporter tout ou partie le coût de ses recrutements (voire même gagner de l’argent) par les demandeurs d’emploi me choque profondément.
Qui plus est l’annonce s’adresse à des agents d’entretien . les personnes susceptibles de répondre à ce type d’annonce sont en général des demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés ayant des revenus très modestes.
C’est à mon sens tirer profit de la situation dégradée de l’emploi et des demandeurs d’emploi les plus précarisés.
Ce type de comportement est irresponsable car il ternit l’image de l’entreprise auprès des demandeurs d’emploi, des salariés et du public.
Dans un climat social de "crispation générale" due notamment à la montée du chômage et à la paupérisation d’une partie de la population il va de la responsabilité de chacun de maintenir les liens entre tous et de ne pas ajouter aux tensions existantes.
Heureusement qu’il y a des milliers d’entreprises qui ne font pas ce choix.
NB : si les annonces déposées par l’entreprise en question sont fictives l’entreprise est passible de sanctions