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Homophobie : Ces maires qui ont une mentalité de skin

Actualités du droit - Gilles Devers, 10/06/2013

La République, c’est le respect de la loi. Loin les élucubrations...

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mariage gay,république,code civilLa République, c’est le respect de la loi. Loin les élucubrations larmoyantes sur les « valeurs » ou le « vivre ensemble », notre société repose sur cette règle, simple et forte. Des cornichons de skins pensent que la violence est une manière de continuer l’argumentation ; des cornichons de maires pensent la loi s’arrête devant leur argumentation. Je les mets dans le même sac, qui est un sac poubelle, option sans recyclage.

L’ahuri de service s’appelle Jean-Michel Colo, maire « divers Droite » d'Arcangues, dans les Pyrénées-Atlantiques. Monsieur le Maire fait du boudin et ses adjoints aussi. Il a décidé de ne pas appliquer la loi sur le mariage gay. Comme ça, juste parce que le mec s’est pris le melon : «J'irai jusqu'à la potence ! Je ne donne pas de leçons, je n'incite pas d'autres maires à suivre mon exemple, mais je n'appliquerai pas une loi illégitime.»

Jean-Michel Martin et Guy Martineau-Espel, deux quinquagénaires, habitants de la commune, ont demandé à se marier, mais le chef à plumes Jean-Michel Colo refuse d’appliquer la loi. Affirmant ne pas être homophobe, il ajoute tranquillement : « J’ai en effet été saisi d’une demande, mais nous avons informé le préfet que nous ne célébrerions aucun mariage homosexuel à Arcangues. Chacun fait ce qu’il veut quand il ferme la porte de sa chambre, mais si on me demande en tant que maire de cautionner cela, alors là je suis très mal à l’aise. Mes sept adjoints et moi, on est tous d'accord pour dire qu'on ne participera pas à cette mascarade.»

A 60 ans, le mec bave de bonheur de venir enfin célèbre : «Vont-ils aller jusqu'à faire de moi une victime?»

Alors, gentille banane, on va t’expliquer comment ça marche, la loi.campagne-contre-les-discriminations02.jpg

1/ Si tu es maire, c’est grâce à la loi. S’il n’y a pas la loi, demain le Comité des fêtes d'Arcangues dira qu’il est maire, et tu retourneras aux champignons. Quand tu ouvres la porte de la Mairie, que tu signes un papier, que tu prends une décision, que tu convoques le conseil municipal, c’est en application de la loi. Sans la loi, tu n’es rien. Oki ? 

2/ Tu crois pouvoir refuser d’appliquer la loi parce qu’elle serait « illégitime ». Mon pauvre ami, c’est bled de chez bled dans ta tête… Loi illégitime, c’est post-adolescent... Si tu ne t’en es pas aperçu, nous sommes dans un Etat de droit, et le Conseil constitutionnel juge depuis des décennies que la loi n’est légitime que dans le respect des principes. Sauf que pour cette loi, le Conseil constitutionnel s’est prononcé, et il l'a déclarée conforme aux principes. Si tu n’es pas d’accord, tu peux saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme, et si tu es libre de  toutes les critiques contre la loi,... mais tu n’as aucun droit pour t’en extraire, ou en faire une application discriminatoire.

3/ Si appliquer la loi sur le mariage te travaille tant la psychée, alors c’est tout simple, mon chouchou : tu démissionnes, et tu laisses la place à des républicains. Pour tout ce qui concerne l’état civil, tu exerces les missions de l’Etat. Ta décision est d’autant plus irresponsable que tu n’engages pas la responsabilité de la commune, mais celle de l’Etat. Donc, je permets ce conseil (très municipal) : « Ecrase ».

4/ Pour te faire condamner, nous n’aurons pas besoin de te faire reconnaitre « homophobe ». Ça, c’est le secret de la pensée, et la loi, sur laquelle tu vomis ton inculture, respecte la liberté de pensée. « J’suis par raciste, mais… » On connait la musique... En revanche, on te jugera sur des actes, comme le refus mariage gay,république,code civildiscriminatoire du mariage (Code pénal, Article 225-1). Tu rêves d’un peu de prison ferme, qui t’assurerait le plateau de Canal et le première page de Sud-Ouest, mais ne rêve pas trop,  Jean-Michel. Les juges, eux, ont un cerveau dans le crâne et ils s’en servent…

5/ J’espère que le « Gouvernement » saura répondre à cette goujaterie. Il peut suspendre le maire ou prononcer la dissolution du conseil municipal. J’ai un peu de doute, car il a été jusque-là, été bien faible pour faire admettre, par la force de la conviction, cette évolution importante du mariage au regard de ce qu’est la société française, préférant se réfugier derrière le slogan publicitaire de « l’égalité » et la force blindée de sa majorité parlementaire. Et je n’oublie pas le leader minimo lâchant au congrès des Maires de 2012 que la loi permettait une clause de conscience… pour dire l’inverse quelques jours plus tard. Mais quelques qu’aient été ces faiblesses, qui laissent en jachère les questions de la PMA et de la GPA, il reste ce point incontournable : la loi doit être respectée.

Alors, après le chapitre distrayant des amours contrariés de Frigide et Christine, voici celui du lunaire collectif « Maires pour l'enfance ». Le premier n’était pas très sexy, mais là, on plonge carrément dans le lugubre.

Il reste à savoir ce qu'en pense la cousine du maire...


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