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La République des Pères et Mères la morale … pour les autres (490)

Droits des enfants - jprosen, 10/10/2012

Ce blog étant semble-t-il appelé à évoluer malgré moi, j'ai pris l'initiative depuis quelques jours d'entrelarder de nouveaux papiers avec des anciens que je recycle pour leur actualité. Je constate souvent qu'il n'y a pas une virgule - à part une faute … Continuer la lecture

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Ce blog étant semble-t-il appelé à évoluer malgré moi, j'ai pris l'initiative depuis quelques jours d'entrelarder de nouveaux papiers avec des anciens que je recycle pour leur actualité. Je constate souvent qu'il n'y a pas une virgule - à part une faute de frappe - à y changer.

Ainsi quand quasiment la moitié de la BAC matin de la zone nord de Marseille est mise en cause dans une affaire de corruption et de racket qui dure depuis des lustres, quand un ancien ministre et ex-député et toujours maire qui vitupérait  régulièrement contre les jeunes  "racailles" des banlieues se trouve en garde à vue pour violence conjugale, quand telle immense fortune de France vise la nationalité belge au nom d'un amour soudain pour les frites en attendant les spécialités monégasques,  ce papier daté du 24 septembre 2011 (blog 435) me parait valoir le recyclage.  Et ce d'autant plus qu'on vise à rétablir la morale à l'école. 

Trop c’est trop !

On fustige les jeunes voyous ; on veut nettoyer la vermine des banlieues au karcher ; on montre du doigt les enfants roms tenus pour être des voleurs quand ils sont d’abord les petites mains victimes d’une délinquance industrielle. Plus grave encore, on a déconstruit la justice des mineurs pour faire en sorte que les enfants soient jugés et punis comme des majeurs : puisque les enfants d’aujourd’hui ne sont plus les enfants d’hier on les jugera vite avec la comparution immédiate – sans laisser le temps au travail éducatif tenu pour inutile de faire son effet - pour les juger forts ; on veillera à qu’ils aient peur de la punition pour éviter le passage à l’acte. Il faut aussi combattre les juges complaisants qui retiendraient des circonstances atténuantes tirées de leur histoire et de leur personnalité : on leur appliquera les peines-planchers ; on leur supprimera automatiquement l’excuse de minorité.

Et dans le même temps que voit-on de la part des adultes ? Des scandales tous plus importants les uns que les autres qui auraient fait sauter n’importe quel ministre ou gouvernement dans une autre démocratie occidentale. Impunité, cynisme, mensonges, impudence, amoralité, on trouve de tout tous les jours. L’actualité déborde d’illustrations désastreuses pour la démocratie et une certaine idée de la citoyenneté.

En vrac et sans faire de gros efforts de recherche :

Un ancien maire de Paris ne peut plus comparaitre en justice à force d’avoir retardé ou fait retarder son jugement avant d’obtenir une dispense de comparaitre au prétexte qu’il aurait désormais des trous de mémoire qui l’empêcheraient de restituer ce qu’il a vécu. Pourtant il est toujours capable et lucide au point d’écrire une lettre très claire à ses juges pour dénier qu’il ait mis en place un système pour financer sur le dos du contribuable parisien sa vie politique et celle de son parti. Pourtant encore il dispose du discernement pour porter plainte contre celui qui l’accuse d’avoir reçu des mallettes de billets !

Le même accepte d’indemniser la mairie de Paris pour avoir détourné à son profit des emplois – une poignée a été retenue après une belle opération de nettoyage judiciaire - et déclare, là encore avec l’appui du parquet, ne pas avoir commis le moindre délit ! Et ne revenons pas sur le sentiment largement répandu que durant toute sa vie politique, affaire après affaire, il aura évité toute condamnation pénale.

Un ancien membre du Conseil Constitutionnel reconnaît publiquement avoir « rectifié » à la baisse les chiffres de campagne de deux candidats pour éviter l’invalidation de l’élection présidentielle. Et on sait que l’ancien président de ce Conseil, lui-même en délicatesse avec la justice, avait fait pencher la balance dans le bon sens, comme il le dit lui-même, dans l’intérêt général.

Un ancien ministre de l’intérieur, suffisamment informé semble-t-il du cours d’une instruction dans une affaire particulièrement grave, se croit autorisé à appeler un proche sérieusement mis en cause afin de lui dire que sa femme « balance  beaucoup », que le dossier est chargé et qu’il serait opportun de se rencontrer pour qu’il lui en dise plus sur l’état du dossier ! On se souvient que le même ministre, déjà condamné dans une affaire antérieure, a finalement été relaxé sur un argument de procédure dans une poursuite pour injure raciale proférée alors qu’il était en exercice.

Un ancien premier ministre est définitivement relaxé, mais avec des attendus très sévères sur son comportement, pour avoir voulu nuire à son rival politique lequel, de son côté, l’aurait bien vu « terminer pendu à un croc de boucher ».

Un ancien ministre met en cause un autre ancien ministre pour pédophilie en reprenant à son compte une rumeur sans apporter la moindre preuve sur ses allégations. Là encore rappelons que lui-même a pu toucher des mois durant son salaire sans honorer son travail d’enseignant.

Un autre ancien ministre de l’Education Nationale affirme avoir fait l’objet de propositions financières illégales qu’il aurait rejetées sans pour autant avoir porté plainte à l’époque, au mépris de l’article 40 du CPP, contre ce qui avait toutes les apparences d’une tentative de corruption.

Un président de conseil général est mis en examen notamment pour association de malfaiteurs - excusez du peu - pour avoir favorisé son frère en lui permettant d’accéder à un terrain qu’il convoitait pour développer son entreprise.

Un professeur d’économie de rang international passe en 9 minutes chrono du statut de présidentiable français au rang de criminel potentiel pour n’avoir pas su refréner ses pulsions sexuelles en faisant prévaloir ses passions sur la raison.

En contrepartie des appuis de la classe politique française à des dirigeants corrompus des valises contenant des millions d’euros auraient été ramenées d’Afrique des années durant quand les peuples des Etats concernés meurent de faim.

On renoncera à énoncer des exemples de favoritisme partisan ou de népotisme ! Des mots doux qui volent bas et des réponses à la carte : ainsi le président de la République traite un individu de connard devant toutes les télévisions sans autre conséquence que la réprobation d’une partie de l’opinion tandis qu’un citoyen qui le traite du même qualificatif (scandaleux) est poursuivi en justice. Un avocat des victimes de l’attentat de Karachi n’hésite pas en direct à la télévision à tenir des propos grossiers à l’égard de sa contradictrice en lui disant « Vous savez où vous pouvez vous la mettre votre République irréprochable ? »

On pourrait continuer à égrener les affaires ou attitudes qui sont loin de répondre à la République exemplaire qu’on nous annonçait il y a peu, après que François Mitterrand en son temps ait dénoncé « la République des copains et des coquins » dont il est de notoriété publique et judiciaire – par exemple, l’affaire du Carrefour du développement - que certains de ses proches étaient des acteurs. La pré-campagne électorale n’explique pas tout : il s’agit de faits avérés, campagne ou pas campagne.

Et dans le même temps, les mêmes ou leurs amis se réjouissent de la réintroduction à l’école de l’éducation civique qui, entre nous, était déjà au programme; ils veulent faire prêter un serment allégeance à l’Armée lors de la majorité civile quand ils ne forment pas le projet d'envoyer nos jeunes en conflit avec la loi à l’armée ou chez d’anciens militaires pour les mâter, pardon, pour leur donner des repères.

Quelle hypocrisie ! Il faut le dire haut et fort : ce grand écart des Pères et Mères la Morale est insupportable. Tout cela est consternant et ravageur pour notre démocratie, désastreux pour la jeunesse.

Morale à géométrie variable, justice à deux vitesses : selon qu’on est puissant ou simple quidam, certaines seront jugés, vite et sévèrement, d’autres échapperont à toute sanction et continueront à mentir et à nous enfumer. Plus grave encore : tout cela discrédite le discours politique et la politique elle-même. Tout cela ne date pas d’aujourd’hui et, bien évidemment, ne disparaitra pas du jour au lendemain mais disons le tout net : un coup de balai s’impose et une nouvelle donne doit s’ouvrir quitte à rappeler quelques règles du jeu fondamentales.

Alors s’il faut faire prêter un serment imposons en un en premier lieu à tous ceux qui briguent à quelque niveau que ce soit des responsabilités politiques.

Il pourrait être de ce type :

 « Je m’engage

  •  1 - A ne détourner aucun argent public et à ne tirer aucun avantage matériel de l’exercice de mon mandat  public
  • 2 - A n’accepter d’aucune manière, ni personnellement, ni à travers ma femme et mes enfants d’argent liquide livré en valise ou pas
  • 3 - A démissionner de toutes fonctions électives si je suis mis en examen pour délit ou crime
  •  4 - A ne pas me représenter si je suis condamné pour un détournement de fonds qui me profite ou bénéficie à mes proches ou à mon parti, ou pour une infraction aux moeurs
  •  5 - A exiger d’être jugé rapidement et à déférer aux convocations délivrées par la justice
  •  6 - A respecter scrupuleusement le secret de l’instruction
  •  7 - A ne pas insulter mon prochain ni quiconque et plus généralement, à veiller au respect de la dignité qu’impose ma fonction
  •  8 - A me garder d’user directement ou indirectement de mon influence pour faciliter la nomination de l’un quelconque de mes proches à des  fonctions publiques ou privées
  •  9 - A m’interdire de me présenter à des élections pour succéder à un membre de ma famille
  • et 10 - A prévenir le procureur de la République de tout délit ou crime dont je pourrais avoir connaissance dans le cadre de mon engagement politique. »

Puisqu’il faut rappeler quelques règles sociales contenues ou non dans le code pénal ou relevant simplement de la morale républicaine ou démocratique n’hésitons pas à faire souscrire ces 10 Commandements qui pourraient être complétés si nécessaire.

La loi devrait elle aussi être modifiée en posant que tout élu définitivement condamné doit etre automatiquement et irrémédiablement privé de tout mandat électif public.

 Plus sérieusement je voudrais bien qu’on m’explique comment faire pour exiger des policiers, éducateurs et enseignants, magistrat ou parents de ce pays qu’ils continuent à instaurer des cadres et des repères sociaux, sinon les restaurer aux yeux des plus jeunes si les mêmes qui jouent les Pères et les Mères la morale alimentent tous les jours le sentiment du « Tous pourris ».


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