Va y avoir du sport ! (482)
Droits des enfants - Jean-Pierre Rosenczveig, 15/09/2012
Ceux pour qui le sport est essentiel au développement de l’enfant, tant physique que social, qui ne rechignent pas à soutenir que la compétition lui donne des gages de réussir sa vie, vont être choqués d’apprendre que la prestigieuse Fédération française du football (FFF) pratique la discrimination sur l’origine nationale des jeunes…
Certes, nombre d’alertes ont été lancées sur le trafic de jeunes espoirs étrangers, notamment africains, auxquels des agents peu scrupuleux font miroiter un avenir à la Ronaldo ou Eto’o pour ne pas parlé de Pelé d’antan… et qui se retrouvent à l’entraînement dans un club de petite division, dans des conditions de vie dignes de l’esclavage moderne. Je n’évoquerai pas ici le cas de ceux à qui ont a fait croire qu’isl avaient quelque dons quand il était évident que jamais ils ne pourraient devenir footballeurs professionnels. Ceux-là sont victimes d’une arnaque et se retrouveront abandonnés sans papiers à la rue en sortant de Roissy, mais avec la dette contractée par la famille pour payer le passeur à rembourser (voir mes différents articles sur les mineurs étrangers isolés)
Le Qatar emploie de grands moyens pour écumer l’Afrique de ses «bons éléments», de 15 ans et plus, pour leur donner une instruction sévère… dans l’espoir de s’aligner honorablement au Mondial qu’il organisera en 2222. Le réseau de ces agents paraît «peu scrupuleux» à nombre d’observateurs et les conditions de formation et de vie de ces jeunes déracinés ne sont guère enviables et, en tout cas, ne respectent pas ce dont un enfant a besoin… et ce, malgré les énormes moyens que s’est donné Aspire Academy – dirigée par le fils de l’Emir - pour vanter sa publicité sur les chaînes sportives du monde entier.
Au prétexte de lutter contre la traite, la FIFA a imposé à ses fédérations nationales de n’autoriser le transfert international d’un joueur que s’il est âgé d’au moins 18 ans… avec des exceptions, comme lorsque les parents du joueur s’installent dans le pays du nouveau club, pour des raisons étrangères au football, si le transfert a lieu à l’intérieur de l’Union européenne (UE) ou au sein de l’Espace économique européen (EEE) ou si le joueur vit tout au plus à 50 km d’une frontière nationale…
Jusque là, rien à redire : l’intention est louable.
Cela le devient moins lorsque ce règlement s’impose également au premier enregistrement auprès d’un club de tout joueur dont la nationalité est différente de celle du pays dans lequel il demande à être enregistré pour la première fois.
Les formalités imposées par le FIFA – et par conséquent par la FFF – sont très exigeantes. les parents doivent produire leurs documents d’identité, ceux de l’enfant, leur permis de séjour, leur contrat de travail, etc..
Dès lors qu’ils ont «un problème de papiers», c’est l’obstacle infranchissable. C’est ainsi que deux enfants de 6 et 8 ans de Mont-de-Marsan, ont été interdits de stade, faute de licence amateur pour jouer au football avec les autres enfants de leur âge, pour la simple raison qu’ils ne possèdent pas la nationalité française, et que leurs parents sont en séjour irrégulier.
C’est ainsi que nombre d’enfants étrangers résidant en France rencontrent mille obstacles pour s’inscrire dans un club. Le zèle de la FFF serait-il motivé par les résolutions qui avaient «fuité» d’une réunion en novembre 2010 de sa direction technique, selon lesquelles il convenait désormais d’éviter de former ceux qui pouvaient devenir «binationaux» et aller défendre d’autres équipes nationales dans les championnats ?
Cette situation a été récemment dénoncée par la Ligue des droits de l’Homme. Il s’agit d’une véritable discrimination, prohibée par notre Code pénal et l’on s’étonne que les parquets alertés n’aient pas réagi jusqu’à présent.
Il ne faut pas oublier que les fédérations sportives remplissent une mission de service public, qui leur est déléguée par l’État. On s’étonnera dès lors que les ministres des sports n’aient à aucun moment cru bon d’exercer leur tutelle sur les décisions d’octroi de licence, comme la loi leur en donne le pouvoir.
Ce dossier ne peut pas rester en l’état.
post rédigé avec l'aide de Jean-Luc Rongé directeur de la redaction du JDJ (www.droitdesjeunes.com) qui consacre une partie de son numéro de septembre à cette affaire et aux recours dont disposent les parents et les associations qui soutiennent les étrangers et les enfants
PS Aux fidèles et aux nouveaux lecteurs
Voici un article pour démarrer la saison 2012-2013 avec je le reconnais un certain retard.
Usure des thèmes ? J'ai l'impression d'avoir tout abordé ou presque de ce qui fait l'actualité de l'adoption par les couples homosexuels aux CEF en passant par la scolarisation des enfants handicapés, les enfants roms ou les mineurs étrangers isolés.
Plus sûrement souci largement partagé de laisser les nouvelles équipes se saisir des dossiers ! bref, ici comme ailleurs il est temps que le changement déjà amorcé sur des thèmes majeurs se concrétise. D'évidence le gouvernement a fait le choix dans les premières semaines de poser des actes forts et symboliques sur le terrain des droits et libertés comme ce fut le cas en 1981. Pour autant il faudra bien donner d'autres orientations et prendre des mesures concrètes. Non pas pour détruire ce qui a été fait depuis 2002, mais pour construire des réponses plus performantes.
Ainsi on n'a pas encore supprimé le TCM, tribunal correctionnel pour mineurs, juridiction inutile au regard du tribunal pour enfants : les peines prononcées par les rares TCM te us jusqu’ici ne sont pas supérieures à celles prononcées par les TPE Ils sont surtout chronophages : on a du mal à réunir 2 ou 3 affaires pour donner à trois juges professionnels réunis quand avec le TPE en moyenne avec un seul juge profession l et deux assesseurs civils on juge 8 mineurs! J’ajoute que les deux juges non spécialisés mobilisés déliassent leur service habituel pour rien ou presque. A Bobigny, nous avons calculé que sur l'année, 80 à 100 jeunes n'auront pas été jugés à cause de ce TCM quand des peines de prison étaient pendantes. Et je ne reviens pas ce que recouvre idéologiquement cette institution qui veut qu'on juge les enfants comme des adultes!
Bref, le temps du commentaire, de la réaction et de l'interpellation est revenu.
Merci à tous et à chacun des "critiques" le plus souvent constructives et passionnantes qui suivent mes élucubrations.