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Krach de l'Union Générale

- Wikipedia, 27/10/2011

Union générale
Création 1875
Dates clés 1882
Disparition 1882
Personnages clés Eugène Bontoux
Forme juridique Société anonyme
Siège social Drapeau de France Lyon (France)
Activité Banque

L’Union Générale était une banque catholique française fondée en 1878 par Paul Eugène Bontoux. Elle fit faillite de manière retentissante en 1882.

Sommaire

Histoire

En 1878, Paul Eugène Bontoux (20/12/1820 Gap - 1904 Cannes), polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, ancien chef de service de la banque Rothschild, conseiller général des Hautes Alpes qui vient d'être invalidé aux élections législatives de 1877 à Gap pour fraude aux votes, ancien directeur de petites compagnies ferroviaires (La Staatsbahn et de la Sudbahn) et qui en 1874 a lancé avec succès sur les marchés publics un emprunt pour des exploitations de lignite en Autriche, prend la direction de l'Union Générale fondée en 1875 à Lyon par un groupe de banquiers catholiques et monarchistes et qui se trouve en difficultés. Il devient président du conseil d'administration avec M. Jules Feder comme directeur[1]. La banque rencontre un grand succès dans les milieux catholiques et légitimistes et obtient l'appui du comte de Chambord, prétendant au trône de France[2]. Le secrétaire du pape, le cardinal Jacobini, s'engage ainsi au capital de la banque.

Elle croît extrêmement rapidement, en multipliant les rachats et les investissements risqués, notamment dans les régions d'Europe centrale et danubienne[2]. Elle a notamment financé et construit le premier chemin de fer de Serbie. Elle acquiert des compagnies d'assurances, crée la Société lyonnaise des eaux et de l'éclairage ou finance des opérations en Afrique du Nord et en Égypte avec d'autres banques tout en spéculant à la bourse.

La croissance se poursuit jusqu'en janvier 1882 où la société, contrainte de suspendre ses paiements, s'effondre[3]. C'est le krach de l'Union Générale. Il s'agit du premier « grand puff » de l'histoire financière. En 1882, résultant à la fois d'une surcapitalisation des valeurs (la Bourse comptait plus de valeurs qu'elle ne pouvait en recevoir), d'une mauvaise gestion financière (rachat par la société de ses propres actions...) et d'une lutte acharnée entre « baissiers » (notamment, Rothschild) et « haussiers », mêlant politique, religion et finances, l'Union générale s'effondre. Elle entraîne avec elle la faillite de nombreux agents de change près de la Bourse de Lyon puis se répercute sur la Bourse de Paris. En janvier 1882, Bontoux est arrêté et passe plusieurs mois en prison[1]. Feder et Bontoux seront condamnés à cinq ans de prison qu'ils ne feront pas ayant pris la fuite à l'étranger, en Espagne pour Bontoux. La crise de plusieurs années qui s'ensuit affecte surtout les mines, la métallurgie et le bâtiment entraînant son cortège de misère, de chômage et de conflits sociaux violents comme à Anzin, qui connut en 1884 sa grande grève des mineurs, et à Decazeville.

Le krach de l'Union Générale a entraîné des critiques vis-à-vis de l'agiotage (manœuvres visant à manipuler les cours de Bourse). Il a été regardé par ses contemporains comme le résultat d'une lutte politique entre la droite conservatrice et légitimiste (Bontoux avait fait de cette banque la banque des conservateurs : elle comptait notamment de nombreux ecclésiastiques parmi ses actionnaires) et la gauche libérale. Zola s'est inspiré de cet événement, dont il avait fait une étude fouillée à partir des archives, pour son roman L'Argent : s'il situe l'action sous le Second Empire, ce roman retrace toute l'aventure de Bontoux (Saccard) et de l'Union générale (L'Universelle).

L'« assassinat » financier de l'Union générale par la banque juive nourrit pendant de longues années l'antisémitisme de l'extrême droite française selon Jean Bouvier, historien économique et auteur d'un livre sur l'Union générale[4].

Notes et références

  1. a et b Dictionnaire des députés (1789-1889), pages 394-395, notice d'Eugène Bontoux
  2. a et b Jean-Marie Mayeur, Les débuts de la Troisième République, 1871-1898, Seuil, 1973, p. 61
  3. Comment le Crédit Lyonnais devint sage, Jacques Marseille in L'Expansion, 9 janvier 1992
  4. [PDF]Entretien avec Jean Bouvier

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie


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