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Affaire Patrick Henry

- Wikipedia, 19/01/2012

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L'affaire Patrick Henry est une affaire judiciaire française, concernant Patrick Henry, jugé pour le meurtre de Philippe Bertrand, alors âgé de huit ans[note 1]. Le procès de ce crime fut également par ricochet, celui de la peine de mort en France. Robert Badinter, (fervent partisan de son abolition), par sa plaidoirie convaincra les jurés de ne pas condamner Patrick Henry à la peine capitale.

Sommaire

L'affaire

Enlèvement de Philippe Bertrand

Le 30 janvier 1976, vers 12h30, à Troyes, Patrick Henry enlève Philippe Bertrand, âgé de huit ans, à la sortie de son école. Une heure plus tard, il appelle les parents de l'enfant à partir d’une cabine téléphonique située à Bréviandes, dans la banlieue sud de Troyes, et leur demande une rançon d'un million de francs.

L'enquête qui suivit ne permit pas d'établir avec précision quand Patrick Henry a tué Philippe Bertrand[Pourquoi ?]. Il a affirmé durant le procès l'avoir étranglé en constatant que son plan ne se déroulait pas comme il l'avait prévu ; affirmation qui s'oppose à certaines conclusions de l'enquête qui semble montrer qu'il l'a étranglé avec un foulard dès son enlèvement.

Patrick Henry fait croire pendant plusieurs jours à la famille de l'enfant qu'il est toujours en vie. Pendant ce temps-là, il est parti au ski avec des amis, alors que le corps de Philippe Bertrand est caché dans son appartement. Il cherche à plusieurs reprises à se faire verser la rançon.

La police s'intéresse très tôt à lui[Quand ?]. Il est mis en garde à vue durant quarante-sept heures, mais n'avoue rien. La police le conduit même dans une forêt pour une tentative de reconstitution des faits... Un commissaire ira jusqu'à tirer dans sa direction... Patrick Henry ne lâche rien. Faute de preuves et/ou d'aveux, la police le remet en liberté.

Patrick Henry participe ensuite à une émission de télévision, où il déclare qu'il est innocent et que le vrai criminel mérite la peine de mort pour s'en être pris à un enfant.

Le 17 février 1976, la police l'arrête à l’hôtel-restaurant « Les charmilles » où il réside à Montieramey. Il désigne lui-même son lit et dit que le corps de Philippe Bertrand est dessous.

Le lendemain, sur TF1, au journal de 20 heures, lors de l'ouverture du journal télévisé, le présentateur Roger Gicquel déclare « la France a peur ». Restée célèbre dans la mémoire collective, cette annonce fut souvent sortie de son contexte et fut l'objet de diverses interprétations. Elle n'avait (au dire de son auteur) pas d'autre but que d'introduire une argumentation contre toute tentative de vengeance et de justice expéditive[1].

Effondré par la nouvelle de la mort de son enfant, le père, dans un entretien télévisé, réclame la peine de mort pour l'assassin de son fils.

Procès

Le procès de Patrick Henry est certainement l'un des plus célèbres de l'histoire judiciaire récente en France[réf. nécessaire]. Un soulèvement de haine à son encontre se crée, amplifié par son comportement devant les caméras de télévision après sa première garde à vue. La plupart des éditorialistes et des hommes politiques réclament la peine de mort pour son crime[réf. nécessaire].

Comme peu d'avocats veulent le défendre (après le refus d'un ancien bâtonnier, Me Emile Pollak se déclara prêt à assurer la défense[2], et Me Jean-Denis Bredin argua qu'il est du devoir d'un avocat de défendre[3])[2], Robert Bocquillon, bâtonnier de l'ordre des avocats de Troyes se commet lui-même d'office à la défense d'Henry[4]. Il demande l'aide de Robert Badinter, fervent partisan et militant pour l'abolition de la peine de mort en France.

Le procès s'ouvre en janvier 1977. Robert Bocquillon se charge de défendre Patrick Henry, tandis que Robert Badinter dans sa plaidoirie fait le procès de la peine de mort.

Il fallait huit voix sur douze pour que l'accusé soit condamné à la peine capitale[5].

Sept membres votent pour la condamnation à mort de Patrick Henry[5].

Coupable, Patrick Henry est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité[5].

Après le procès, au moins trois membres ont affirmé avoir voté contre la mort par conviction catholique, comme l'avait suggéré auparavant l'évêque de Troyes[6]. Lors du procès, les parents de Philippe Bertrand ont également fait savoir qu'ils « ne réclamaient pas le prix du sang »[7].

Si le procès a eu un impact sur l'abolition de la peine de mort en France, effective en 1981, il ne coïncide pas avec la fin des exécutions en France. Deux personnes seront condamnées à mort et exécutés : Jérôme Carrein et Hamida Djandoubi, ce dernier étant le dernier exécuté en France. D'autres condamnations à mort seront prononcées, mais commuées par un pourvoi en cassation ou un recours en grâce.

Biographie de Patrick Henry

Avant l’affaire

Né le 31 mars 1953 à Troyes en France, Patrick Henry fait un CAP de cuisinier, commence par enchaîner plusieurs emplois et commet des petits délits[réf. souhaitée]. En 1975, son magasin se trouve en cessation de paiement, il a alors 22 ans. [réf. nécessaire]

La décennie 1970 voit la montée en puissance d'un crime particulier : l'enlèvement contre rançon d'enfants de riches industriels (affaire Mérieux, affaire Cathalan) ou des industriels eux-mêmes (affaire Empain). Le gang des Lyonnais s'essaye à cette pratique, créneau très risqué, mais très lucratif, avec l'enlèvement de Christophe Mérieux. Ce dernier sera libéré contre une rançon de 20 millions de francs[réf. souhaitée]. Ce sera le tour ensuite de Maxime Cathalan âgée de 20 mois. Elle est la fille de Jean-Claude Cathalan, dirigeant d'une filiale des laboratoires Roussel et de Hiroko Matsumoto, la célèbre top-modèle japonaise de Pierre Cardin. Maxime Cathalan est rendue à ses parents contre une rançon de 1,5 millions de francs le 23 juin 1975[8].

Liberté conditionnelle

Après son procès, durant sa détention, dont une grande partie se déroulera en Quartier de haute sécurité[réf. souhaitée], il poursuivra des études qu'il avait arrêtées en cinquième et passe ainsi en prison son BEPC, son baccalauréat, une licence de mathématique et un DUT en informatique. À ce titre, il fait figure de modèle de réinsertion[réf. souhaitée] et demande à sept reprises sa mise en liberté conditionnelle mais, chaque fois, le ministère de la Justice refuse ses demandes. Il faudra attendre la loi sur la présomption d'innocence permettant à une juridiction régionale de statuer sur les mises en libertés conditionnelles pour le voir libéré le 15 mai 2001, suite à la décision du 26 avril 2001 du tribunal régional de Basse-Normandie. Il est embauché dans une imprimerie du Calvados. Il est sorti de prison avec un pécule important, de 110 000 francs[note 2][réf. souhaitée].

Aussitôt libre, il contacte l’éditeur Guy Birenbaum travaillant alors pour les Éditions Denoël, afin que celui-ci l’aide à publier le livre qu’il avait rédigé lors de sa détention. Par « déontologie[9] », Birenbaum essayera de faire comprendre à son interlocuteur que son intérêt n’était pas de revenir sur le devant de la scène médiatique, mais plutôt celui de se faire oublier. Il refusera donc l’offre d’Henry[9]. Cet ouvrage intitulé Avez-vous à le regretter, édité chez Calmann-Lévy, verra sa parution suspendue par l’éditeur[9].

En juin 2002, il est arrêté pour un vol à l'étalage dans une grande surface de bricolage à Mondeville et est condamné à une amende de 2 000 euros[10].

Retour en prison

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Dans la nuit du 5 au 6 octobre 2002, il est arrêté en Espagne en possession d'un peu moins de 10 kilogrammes de résine de cannabis qu'il avait acheté au Maroc en septembre 2002. Après son extradition le 16 avril 2003, sa liberté conditionnelle est annulée et il est remis en prison, retrouvant sa condition de condamné à perpétuité. Le 22 juillet suivant, il est condamné par le tribunal correctionnel de Caen à quatre ans de prison, 20 000 euros d'amende et la confiscation de son 4x4 qu'il a utilisé pour aller au Maroc, ainsi qu’aux 8 228 euros qu'il avait sur lui lors de son interpellation, enfreignant ainsi sa liberté conditionnelle.

Le 14 novembre 2011, en détention à la Maison centrale de Saint-Maur, il entame une grève de la faim pour protester contre le rejet de ses demandes de libération conditionnelle[11].

Bibliographie

Discographie

  • En 1979, le groupe de Punk rock les Olivensteins font parler d'eux en composant un morceau sur l'affaire, Patrick Henry est innocent. Ce morceau fut publié en album en 2011.

Références

  1. (fr) Plateau Roger Gicquel : La France a peur, Institut national de l'audiovisuel. Consulté le 8 mars 2010
  2. a et b Robert Badinter, L'Abolition', p.55'
  3. Jean-Denis Bredin, « Être avocat, messieurs... », Le Nouvel Observateur, 11 mars 1976
  4. Robert Badinter, L'Abolition', p.54'
  5. a, b et c émission Faites entrer l'accusé du 18 juillet 2002, rediffusée le 25 août 2009
  6. Propos rapporté dans l'émission Faites entrer l'accusé du 18 juillet 2002, rediffusée le 25 août 2009
  7. (fr) Sur le site de l'Institut National de l'Audiovisuel journal du 20 janvier 1977
  8. La Nouvelle République du 23 juin 1975: Maxime Cathalan libérée par ses ravisseurs
  9. a, b et c Article de Libération du 10/10/2002
  10. Dominique Simonnot, « Patrick Henry, une amende et des menaces », dans Libération, 2002 [texte intégral (page consultée le 13 décembre 2011)] 
  11. Patrick Henry entame une grève de la faim par Géraldine Catalano pour l'express.fr, 14 novembre 2011

Notes

  1. certaines sources[précision nécessaire] donnent sept ans
  2. Soit environ 16 000 euros

Lien interne

Lien externe


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