Camp des Milles
- Wikipedia, 2/02/2012
43° 30′ 12″ N 5° 23′ 08″ E / 43.5033, 5.3856
Le camp des Milles (Bouches-du-Rhône) était un camp d'internement français, ouvert en septembre 1939, dans une usine en faillite, une tuilerie, au hameau des Milles (commune d'Aix-en-Provence).
Il servit d'abord de camp d'internement pour des ressortissants allemands, en 1939, mêlant d'authentiques nazis et des réfugiés allemands, souvent juifs. Le gouvernement de Vichy y interna ensuite des juifs, qu'il livra aux autorités nazies. Des enfants furent ainsi déportés en août 1942 à partir de ce camp.
Sommaire |
Histoire du camp
Ouverture du camp
Le 6 septembre 1939, le 4e bataillon du 156e régiment régional d'Ardèche, commandé par le capitaine Charles Goruchon, arrive à Aix et investit la tuilerie des Milles. Les soldats tendent des clôtures à la va-vite et déblaient les locaux. Rapidement, les premiers internés y sont enfermés[1]. Il s'agit de ressortissants allemands et autrichiens résidant dans le Sud de la France[2]. Des artistes y sont internés jusqu'en 1940, comme Hans Bellmer, Max Ernst, Lion Feuchtwanger, Robert Liebknecht, Ferdinand Springer, François Willi Wendt et Wols[3] dont bon nombre s'étaient réfugiés autour de Feuchtwanger à Sanary-sur-Mer dans l'Entre-deux-Guerres.
Le camp est fermé une première fois le 18 avril 1940[4], les pensionnaires étant transférés à Lambesc ou au palais du Pharo à Marseille pour ceux qui possèdent des papiers d'émigration[5].
Lorsque l'invasion allemande de la Belgique commence le 10 mai 1940, les étrangers des camps du sud-ouest de la France sont transférés aux Milles[2]. En juin 1940, le camp compte 3 500 internés.
Le « Train des Milles »
À la nouvelle de la signature de l'armistice du 22 juin 1940, le commandant du camp Charles Goruchon met à disposition de 2010 hommes qui souhaitent fuir la capture allemande un train devant rejoindre Bayonne[4]. Walter Hasenclever (en) s'était suicidé aux barbituriques le matin-même. Le train gagne Arles, Sète, Toulouse et Bayonne mais rebrousse ensuite chemin jusqu'à Nîmes, les hommes toujours à bord du train, dont Max Ernst, rejoignant un camp de toiles à Saint-Nicolas[5]. Le cinéaste Sébastien Grall tirera en 1995 un film de cet épisode.
Entre 1940 et 1941, des internés vont réaliser dans le réfectoire des gardiens des fresques murales qu'il est encore possible de voir[2].
Déportations
Suite à la conférence de Wannsee du 20 janvier 1942 qui instaure la solution finale, le camp des Milles procède, pendant tout le mois d'août à la déportation de familles juives organisée par les autorités de Vichy[2]. Les trains envoient les internés à Drancy, d'où ils rejoignent Auschwitz[2]. Au total, 1 928 juifs sont déportés depuis le camp des Milles[6]. En septembre 1942, le camp est quasiment vide.
Fermeture
Le 11 novembre 1942, les nazis envahissent la zone libre. La Wehrmacht réquisitionne le camp le 4 décembre. Enfin, vers le 15 mars 1943, elle pénètre dans la tuilerie, fait évacuer sans ménagement les trente derniers détenus et fait du camp un dépôt de munitions[1].
Mémorial du camp
Le 22 juillet 2007, l'association « Mémoire du camp des Milles » lance un appel pour obtenir un financement pour un Mémorial au camp des Milles. Trois jours plus tard, le Conseil représentatif des institutions juives (Crif) à Marseille annonce que l'État prendra à sa charge un tiers du budget de financement[7]. Les travaux débutent dans l'été 2008[8]. Enfin le groupe Lafarge, ancien propriétaire des lieux, s'est engagé à verser 1,8 million d'euros dans le cadre du mécénat d'entreprise[9]. Les objectifs de la fondation sont d'accueillir 100 000 visiteurs par an, dont 40 000 scolaires à partir de 2010[10].
Galerie
Annexes
Voir aussi
Liens externes
- (fr) Dossier sur Les chemins de la mémoire, un site du Ministère de la Défense
- (mul) Mémoire du Camp des Milles, un projet d'éducation citoyenne et de culture sur le site Association Mémoire du Camp des Milles.
- (fr) Camp des Milles
- (fr) Listes des internés du camp des Milles 1941
- (fr) Tuilerie des Milles, ancien camp d'internement et ses peintures sur la commune d’Aix-en-Provence] sur le site officiel du ministère français de la Culture (base architecture et patrimoine), photographies de Odile de Pierrefeu, Sylvie Denante, F. Thurel, archives de la médiathèque de l'architecture et du patrimoine, et service de l'inventaire général de la direction de la Culture et du Patrimoine de la Région PACA
- (fr) Tuilerie des Milles, camp d'internement et de déportation : Inscription partielle sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 23 février 2004, et classement de l'atelier de menuiserie, avec les peintures qu'il renferme par arrêté du 2 novembre 1993
Documents
- Les Milles, le train de la liberté, Sébastien Grall, film et DVD.
- Des peintres au camp des Milles, éditions Actes Sud, 1997
- « Les Milles, mémoire du camp des artistes », article de Libération du lundi 26 février 2007.
Bibliographie
- André Fontaine, Un camp de concentration à Aix en Provence ? Le Camp d'étrangers des Milles, 1939-1943, éd. Édisud, Cahors, 1989.
- (de) Edwin M. Landau et Samuel Schmitt, Lager in Frankreich. Überlebende und ihre Freunde. Zeugnisse der Emigration, Internierung und Deportation, Verlagsbüro v. Brandt, Mannheim, 1991, (ISBN 3-926260-15-7).
Notes
- ↑ a et b André Fontaine, Le Camp d'étrangers des Milles, 1939-1943, éd. Édisud, Cahors, 1989. Voir la bibliographie.
- ↑ a, b, c, d et e « Histoire du camp - Histoire générale », campdesmilles.org.
- ↑ « Alain Chouraqui : "C'était une manière de rester debout" », La Provence, 15 octobre 2009.
- ↑ a et b Le Mémorial national des Milles, Chemins de Mémoire. Consulté le 13 juin 2011
- ↑ a et b Lettres du Camp des Milles. Consulté le 13 juin 2011
- ↑ *Yves Cazaux, René Bousquet face à l'acharnement, Paris, Éditions Jean Picollec, 1995, 352 p. (ISBN 2-86477-126-8).
Yves Cazaux, ancien Préfet (notamment de la Niévre}, fut Président de la Société des Gens de lettres de France et Président de la Société de l'Histoire de France. * Pages 188 – 189 : La remise de juifs ressortissants allemands de la zone sud. Le pourquoi de la décision : « Cette décision s’explique par les termes formels de la convention d’armistice. De même que l’article 3 rendait, en zone occupée, la police et l’administration dépendantes des Allemands (on employait pour la première fois le mot collaboration), l’article 19 faisait obligation à la France de livrer, à la requête de l’Allemagne, tous les ressortissants du Reich, aussi bien ceux se trouvant en métropole que ceux résidant dans un quelconque autre lieu de souveraineté française. » et Pages 339-340 : Lettre du 15 juin 1942 signée par le directeur de la Police du Territoire et des Etrangers : Organisation d’un service d’émigration dans les groupes homogènes d’israélites. « J’ai l’honneur de vous faire connaître qu’afin de faciliter le départ des israélites incorporés dans les formations de travailleurs, j’ai désigné M. MAULAVERT chef du camp des Milles pour organiser leur émigration »
- ↑ "500 000 €uros pour le mémorial du camp", La Provence, 25 juillet 2007.
- ↑ « Mémorial des Milles : les travaux débuteront cet été », La Provence, 28 janvier 2008.
- ↑ Lafarge mécène du mémorial du camp des Milles
- ↑ « Camp des Milles: une fondation pour achever le devoir de mémoire », La Provence, 27 mai 2009.