Paul Beguin-Billecocq
- Wikipedia, 29/01/2012
Paul Beguin-Billecocq, né à Semur-en-Auxois le 2 mai 1791 et mort à Nemours le 24 mai 1869, est un éminent avocat français de la Restauration, de la Monarchie de Juillet et du début du Second Empire. En 1844, Paul Beguin-Billecocq est élu par ses pairs Président des avocats au Conseil du Roi et à la Cour de Cassation. Chevalier des Ordres royaux de la Légion d’honneur et du Lys, il est l' auteur de plusieurs ouvrages de droit et de nombreux articles juridiques et politiques qui furent publiés dans la presse de l'époque.
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Sa famille
Paul Beguin-Billecocq est le fils cadet de Louis Beguin, sieur de Saint-Val et du Quartier (1747-1831), Avocat au Parlement de Paris avant la Révolution, Juge royal à Semur-en-Auxois, Maire de Baigneux, député de la Côte d'Or à l'assemblée Législative, membre de la Commission des Affaires étrangères à l'Assemblée puis de la Commission des Assignats et Monnaies, et de Jacqueline Guényot, dame de la Gelinière, propre tante du général Jean-Andoche Junot, duc d’Abrantès et de Monseigneur Pierre-François Bienaymé, évêque de Metz (1737-1806). Il est donc cousin du général Junot, compagnon de Bonaparte, et de sa femme Laure Junot, duchesse d'Abrantès, femme de lettre, célèbre pour ses "Mémoires" et son fort caractère. D'autre part, il est parent par sa mère, originaire de Montbard, du comte de Buffon (1706-1788), le célèbre naturaliste, ainsi que de Louis Daubenton (1716-1800), collaborateur de Buffon. Enfin, il est cousin d'Edme Verniquet (1727-1804), seigneur de Rungis (dont la mère est née Marie Beguin), grand architecte bourguignon qui, comme Grand Voyer de Louis XVI, est célèbre pour avoir réalisé les plans et la construction des bâtiments du Jardin du Roi (Jardin des Plantes) à la demande de Buffon, et exécuta le Grand Plan de Paris, un travail qui dura plusieurs dizaines d'années. Un ouvrage a été publié par la Ville de Paris sur la carrière de ce grand architecte du Siècle des Lumières[1].
Biographie
Paul Beguin fit ses études au Collège de Paris, plus tard lycée Napoléon (collège Henri IV). En 1807, il entreprend des études de droit et est licencié en 1812 après avoir soutenu ses thèses en droit romain (en latin) et en droit français. Il fut ensuite reçu avocat à la Cour Royale de Paris, puis devient juge royal, à Pithiviers, en 1819. Il acquiert ensuite l'une des 60 charges d’avocat au Conseil du Roi et à la Cour de Cassation[2] et en est pourvu le 30 août 1820 par ordonnance du roi Louis XVIII.
Monarchiste constitutionnel, membre de la Garde nationale, il reçoit en 1815 des mains de S.A.R. le comte d'Artois, Frère du Roi, la croix de l'Ordre du Lys.
Entre 1820 et 1830, il publie successivement des ouvrages sur des sujets importants, pour l'époque, dont :
- Le Procès de Louvel, assassin de Monseigneur le Duc de Berry, devant la Cour des Pairs (1844),
- Les Annales Administratives et Judiciaires de l’Émigration.
- La Loi d’indemnité.
Paul Beguin-Billecocq est élu le 31 août 1844, Président de l’Ordre des avocats au Conseil du Roi et à la Cour de Cassation (1844-1847). Le 28 avril 1846, le roi Louis-Philippe Ier le nomme chevalier de la Légion d'honneur.
Membre du Conseil particulier de la Préfecture de police de Paris, il est avocat-conseil du ministère des Affaires étrangères et du ministère de la Justice, puis de la Maison du Prince Louis-Napoléon Bonaparte, le Prince-Président.
Le 2 décembre 1852, une année après le décès de son épouse, Paul Beguin-Billecocq cède sa charge d'avocat aux Conseils du Roi et à la Cour de Cassation, mais continue à participer activement à la vie politique et judiciaire du pays en publiant notamment des articles et des chroniques dans la presse de l'époque, notamment dans Le Constitutionnel, Le Journal des Débats, L'Audience... Personnage aux idées politiques modérées, il est l'ami de nombreux hommes politiques, de ministres, de diplomates, d' écrivains, et de personnalités de l'époque, notamment du comte Mathieu Molé (1781-1855), Président du Conseil et Ministre des Affaires étrangères du roi Louis-Philippe ; de Nicolas Martin du Nord (1790-1847), député du Nord, ministre de la Justice sous la Monarchie de Juillet ; d'Odilon Barrot (1791-1873), homme politique et chef de la gauche dynastique ; de Claude Chauveau-Lagarde (1756-1841) qui défendit devant le tribunal révolutionnaire Jacques-Pierre Brissot, député à la Législative et à la Convention, et chef des Girondins ; Charlotte Corday qui assassinat l'affreux Marat ; Madame Élisabeth (soeur de Louis XVI) et la reine Marie-Antoinette ; de Victor Dalloz (1795-1869, qui créa le "Dalloz" ; d'Athanase-Parfait Oeillet des Murs (1804-1874), célèbre ornithologue ; d'Eugène Scribe (1791-1861), dramaturge, membre de l'Académie française ; d'Adolphe Crémieux (1796-1880), membre du gouvernement de la Défense nationale en 1870, et qui fit adopter le décret Crémieux, qui donnait rang de citoyens français aux juifs d'Algérie ; de Charles Dupont-White (1807-1878) qui fut le beau-père du président Sadi Carnot ; d'Alexandre Ledru-Rollin (1807-1874), qui fut notamment ministre de l'Intérieur en 1848 ; de Victor Duruy (1811-1894), historien et ministre de l'Instruction publique de Napoléon III, membre de l'Académie française...
Paul Beguin Billecocq fut un juriste et un jurisconsulte fort apprécié à Paris, tant pour son intégrité dans ses fonctions que pour sa grande courtoisie et sa modération.
Il aida financièrement le jeune Claude Monet, artiste peintre inconnu à l'époque, ami de son fils, le comte Théophile Beguin Billecocq, en lui achetant ses toiles et ses dessins.
Passionné de bibliophilie, il possédait une riche bibliothèque de livres anciens et de cartes géographiques. Cette collection venait en partie de son père, mais également des achats qu'il effectuait auprès des marchands spécialisés à Paris. Sa collection d'incunables et de livres enluminés du Moyen Âge comprenait des pièces de grande valeur. Il s'intéressait également aux gravures des grands peintres flamands, hollandais, allemands et français. Il fit l'acquisition d'œuvres de Rembrandt, Pieter Brueghel, Lucas Cranach, Albrecht Dürer, Jérome Bosch, Lucas de Leyde,, Hans Baldung Grien, Jacques Callot, Urs Graf,etc.
Par ordonnance royale de Charles X, en date du 3 février 1830[3], le nom de Billecocq est ajouté à celui de Beguin, pour donner Beguin-Billecocq.[4] Cette adjonction (avec effet rétroactif) acceptée par le Roi, a été réalisée en vue de la transmission à Paul Beguin, de la charge de Maître des Requêtes aux Conseils du Roi, dont son beau-père, Jean-Baptiste Billecocq, était pourvue. Cette clause figurait déjà dans le contrat de mariage de Paul Beguin et d’Anne Billecocq. Mais cette charge fut supprimée après la révolution de 1830.
Il meurt le 24 mai 1869 dans sa propriété de Nemours et fut inhumé au cimetière de Montmartre à Paris aux côtés de son épouse.
L'ensemble de ses archives ont été déposées dans le Fonds BEGUIN BILLECOCQ à la bibliothèque municipale de Dijon (ancien collège des Godrans), rue de l'École de Droit[5].
Descendance
Paul Beguin se marie à Paris le 10 janvier 1824, le 12 en l’église Saint-Roch avec Anne-Marie Billecocq, née à Paris, le 25 mars 1805, décédée à Paris, le 23 mai 1851[6].
Anne-Marie Billecocq est la fille de Jean-Baptiste Louis Joseph Billecocq (Paris 1765-Paris 1829)[7] Bâtonnier de l'Ordre des Avocats de Paris, Maîtres des Requêtes de S.A.R. Monsieur, Frère du Roi (futur Charles X), jurisconsulte et écrivain célèbre sous la Restauration, et d'Angélique-Dorothée Hersemulle de La Roche (1770-1846), Dame d'atour de S.A.R. Madame Adélaïde de France, fille de Louis XV de France; elle-même fille de Charles Hersemulle de La Roche (1735-1802), écuyer, Secrétaire Général des Finances du Roi sous Calonne, Directeur de la Loterie Royale de France, Contrôleur Général des Finances de la Maison des Mesdames de France, filles du Roi ; et de Louise-Gabrielle de La Guêpière (1734-1811), Dame d'atour de S.A.R. Madame Adélaïde de France, fille de Louis XV.
Paul Beguin-Billecocq et sa famille ont habité successivement au 53 rue des Petits-Champs (1824), au 32 rue Neuve Saint-Roch (1830), au 15 rue de la Michodière (1852), rue Casimir-Perier, à l'angle de la rue de Grenelle (1853), puis enfin au 106 rue du Bac (1859) près de l'hôtel particulier où est décédé Châteaubriand.
De ce mariage sont nés deux enfants:
- Le comte Théophile Beguin-Billecocq (Paris, 1825 - Paris, 1906), ministre plénipotentiaire. D'où postérité : comtes et princes Beguin Billecocq, ducs de Durazzo.
- Marie-Angèle-Louise Beguin-Billecocq (Paris, 1826 - Nemours, 1910), femme de lettres. Elle joua un rôle important à Nemours lors de l'occupation prussienne en 1870. Elle écrivit : A Nemours pendant l'invasion prussienne[8]. Elle épouse à Paris le 5 avril 1853 le comte François Edmond Haren de Beauregard, Avocat à la Cour impériale de Paris, chevalier de la Légion d'honneur, né à Issoudun le 12 mars 1816, décédé à Paris le 18 février 1859, fils de Henri-François, Comte Haren de Beauregard, magistrat, chevalier de la Légion d'honneur, né à Amboise le 1er mai 1778, décédé au château de Beauregard par Bléré le 11 décembre 1840, et de Marie-Victoire Gaignault, née à Issoudun le 9 octobre 1783, y décède le 12 octobre 1860. Sans postérité. La famille Haren, seigneur de Beauregard, de la Folye, de la Huchonnière, etc. est une ancienne famille de la noblesse de Touraine[9].
Notes et références
- ↑ PRONTEAU (Jeanne), Edme Verniquet (1727-1804) : architecte et auteur du "Grand Plan de Paris" ; préface de Michel Fleury ;Ville de Paris, Commission des Travaux Historiques ; Paris 1986 (652 pages) : Cote BNF : GE EE-3163.
- ↑ Tableaux de l'Ordre des Avocats au Conseil d'État et à la Cour de Cassation, précédés d'une Introduction historique, publiés par le Conseil de l'Ordre, 10 septembre 1867, 122 pages : voir notices sur Paul Beguin Billecocq.
- ↑ Dictionnaire des Anoblis de 1270 à 1868, suivi du Dictionnaire des familles qui ont fait modifier leurs noms de 1803 à 1870, Paris, Bachelin-Deflorenne, 1875 : voir page. 30, notice Beguin ; page 41, notice Billecocq ; puis page 20 pour Beguin-Billecocq.
- ↑ Dictionnaire des Changements de Noms, 1803-1956, par l'archiviste Jérôme, La Librairie Française : voir Beguin-Billecocq à la page 25.
- ↑ Bibliothèque Municipale de Dijon (ancien collège des Godrans) : L'ensemble des documents originaux et anciens de la famille Beguin Billecocq se trouvent réunis dans un fonds particulier de la bibliothèque.
- ↑ Le contrat de mariage passé devant maîtres Bertrand et Baudenom de Lamaze, notaires à Paris, le 3 janvier 1824, a été signé au Palais des Tuileries, le 10 janvier, par S.A.R. Monsieur, Frère du Roi, depuis Charles X de France, et le 11 janvier, au Petit Lever, par le duc et la duchesse d’Angoulême, fille du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette.
- ↑ Avocat au Parlement de Paris, Député-adjoint de Paris à l’Assemblée Législative, Secrétaire Général du Club des Jacobins jusqu’en 1791, puis du Club des Feuillants, Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Paris, diplomate, Maître des Requêtes aux Conseils de S.A.R. Monsieur, Frère du Roi, jurisconsulte et écrivain, Chevalier des ordres royaux de la Légion d’honneur et de Saint-Michel
- ↑ Manuscrit publié à Paris en 2003. Voir catalogue de la Bibliothèque Nationale de France, cote : 2004-8567.
- ↑ CARRÉ DE BUSSEROLLES (J.X.), Armorial Général de la Touraine, Tours, 1866-1867, 2 vol : Se référer à la généalogie de la famille Haren, p. 462.
Articles connexes
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