Université en France
- Wikipedia, 31/01/2012
Une université est un établissement dont l’objectif est la production du savoir (recherche), sa conservation, sa valorisation et sa transmission (études supérieures) dans plusieurs domaines du savoir.
En France, la première université fut créée à Paris en 1200. Supprimées lors de la Révolution et restaurées par la suite, les universités françaises sont au nombre de 80 en 2011.
Ce sont des établissements publics, administrés de façon démocratique, et bénéficiant d’une certaine autonomie. Les enseignements sont accessibles pour toute personne titulaire du baccalauréat. Les études universitaires classiques débouchent sur la licence (trois ans après le baccalauréat), le master (deux ans après la licence), le doctorat (trois ans après le master). D’autres filières permettent les formations aux métiers de la santé, de l’enseignement, du droit, des ingénieurs … Il y a environs 1,5 million d’étudiants en université, soit la moitié des étudiants du pays.
Les enseignants-chercheurs dispensent les enseignements et assurent des activités de recherche. Les laboratoires de l’université sont très souvent partagés avec les organismes français de recherche.
Historique
Les premières universités françaises sont créées au Moyen Âge, la date traditionnellement donnée de création de l’université de Paris étant 1200, suivi de peu par celle de Toulouse sur le même modèle.
En 1789, la France compte 22 universités, qui sont supprimées par la Convention nationale en septembre 1793.
Napoléon Ier créa en 1808 l’Université impériale. Elle englobait l’ensemble de l’enseignement sur tout le territoire français. En son sein, l’enseignement supérieur se faisait dans les facultés : théologie, droit, médecine, sciences et lettres[1]. Celles-ci étaient très indépendantes les unes des autres et ne faisaient que délivrer des grades[2]. Durant la Restauration, un certain nombre de facultés furent fermés et l’Université devint « royale »[2].
La loi Wallon de 1875 (modifiée en 1880) permet l’existence d'établissements privés d’enseignement supérieur mais interdit à ces établissements d’utiliser les dénominations « université », « baccalauréat », « licence »…
Les universités sont recrées en 1896, mais leur domaine d’intervention est limité, contrairement aux facultés[3].
Après les mouvements étudiants de mai 1968, le statut et l’organisation des universités sont fortement modifiés par la loi Faure : les facultés sont supprimées, et les universités sont désormais gouvernées de manière démocratique par tous les acteurs y participant. On observe toutefois la création de plusieurs universités dans les grandes villes[4].
Par la suite, la Loi Savary a permis d’augmenter le nombre d’instances de décisions[5]. Des filières technologiques ont été mises en places (comme les DUT) et la contractualisation est apparue en 1989[6]
De nombreuses réformes sont intervenues ces dernières années : entre 2003 et 2006, les universités ont réformé leur cursus (réforme LMD). Depuis 2006, elles sont engagées dans la constitution de pôles de recherche et d'enseignement supérieur. La loi relative aux libertés et responsabilités des universités (« loi LRU ») de 2007 a modifié le statut des universités. Depuis 2008, celles-ci accèdent aux « compétences élargies » (90 % des universités ont basculé en 2011, les neuf restantes le feront d’ici à août 2012)[7],[8].
Notion d'université
Dans la loi française, une université est un type particulier d’établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel (EPSCP). Les instituts nationaux polytechniques étant assimilés à des universités[9]. Ce sont les établissements dont il est question dans cet article.
Le nom « université » est également porté par
- certains pôles de recherche et d’enseignement supérieur;
- les universités de technologie qui sont des EPSCP ayant le statut d’ « Instituts et écoles extérieurs aux universités » et qui délivrent le diplôme d’ingénieurs;
- l’université Paris-Dauphine qui est un EPSCP ayant le statut de « Grand établissement ».
En 2011, il existe 80 universités. La particularité française est que les universités ne sont pas les seuls lieux d’enseignement supérieur et de recherche. Il existe en effet parallèlement des « écoles » de l’enseignement supérieur et des organismes de recherche (des EPST comme le Centre national de la recherche scientifique). La création de PRES est supposé remédier à ce manque de lisibilité[10] (les PRES portent d’ailleurs souvent le nom d’« université »).
Missions
Les universités participent au service public de l’enseignement supérieur, dont les six missions sont ainsi définies par la loi[11] :
- la formation initiale et continue,
- la recherche scientifique et technique ainsi que la diffusion et la valorisation de ses résultats,
- l’orientation et l’insertion professionnelle,
- la diffusion de la culture et l’information scientifique et technique,
- la participation à la construction de l'Espace européen de l'enseignement supérieur et de la recherche,
- la coopération internationale.
Débats autour du rôle de l'université
Selon certains économistes, le rôle de l’université serait de favoriser la croissance économique. Ainsi, dans un rapport de 2004[12], Philippe Aghion et Élie Cohen proposent de mettre fin à la coupure supposée entre recherche et enseignement supérieur, et de donner aux universités les moyens d’accompagner l’innovation. Cette position fut plus ou moins reprise par les gouvernements de ces vingt dernières années.
À l’opposé, des syndicats d’étudiants ou d’enseignants défendent une vision de l’université comme étant un lieu de savoir ouvert à tous[13]. Ces différences de point de vue font régulièrement l’objet de manifestations[14], pouvant aboutir à des mobilisations universitaires.
De la part des organisations syndicales c'est plus l'intégration de l'ensemble de l'enseignement supérieur au sein de l'université, un fonctionnement démocratique et des postes et financement a la hauteur des besoins qui apparaît comme essentiel.
Comparaisons internationales
Les classements internationaux sont généralement assez sévères avec le système universitaire français. Dans le classement académique des universités mondiales par l'université Jiao Tong de Shanghai de 2010, les premières universités françaises sont l’université Paris VI - Pierre-et-Marie-Curie (39e), et l’université Paris-XI - Paris-Sud (45e). L’École normale supérieure de Paris est à la 71e place. D’autres établissements apparaissent dans les classements par disciplines[15]. On notera cependant que, comme pour les autres universités européennes, si les universités françaises sont absentes des hautes marches du podium, elles se retrouvent en nombre dans le classement général et en moyenne la France se trouve au sixième rang mondial en 2009[16].
Une étude de la Banque Mondiale de 2009 prenant référence implicite aux universités du monde anglo-saxon, impute le relativement faible niveau des universités françaises à l’absence de sélection : « [les universités françaises sont mal classées car] il n'y a presque pas de sélection des étudiants qui entrent dans l'enseignement supérieur.» En outre, l'organisme international estime que la fragmentation en de nombreuses petites universités est néfaste et parle de « dispersion des ressources humaines et financières »[17]. Il faudrait aussi ajouter à cela le faible niveau de financement des universités en France qui s’il n’est pas noté par l’étude est aussi largement reconnu[réf. nécessaire]. Enfin, les critères des classements du Times Higher Education et de Shanghaï sont principalement centrés sur la recherche (avec des rajouts en terme universitaire comme la part des étudiants étrangers) : le nombre de brevets, mais surtout le nombre de chercheurs récompensés (Nobel, Field), les articles publiés (comptabilisés uniquement les articles dans des revues anglophones). Or, la recherche française est basée sur de gros organismes (CNRS, INSERM, CEA, IRD, CIRAD, INRA, CEMAGREF, INRIA, etc.) et pas sur les universités. Ainsi, les deux tiers des articles anglophones publiés par des français ne sont pas comptabilisés dans ces classements. Un article publié par un chercheur membre d'une UMR CNRS-Université est compté comme un demi-article[réf. nécessaire].
Formation
La formation des universités couvre tous les domaines du savoir. Elle est principalement assurée par des enseignants-chercheurs. Les universités jouissent d’une autonomie pédagogique : elles réalisent et proposent les maquettes de leurs diplômes (depuis la réforme LMD, cette proposition inclut l’intitulé du diplôme et sa structure générale) au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Ces demandes se font tous les quatre ans, couvrant la même période que les contrats avec l’État. Si le ministère accepte la proposition, les diplômes sont habilités à être délivrés par l’université, avec la qualité de diplôme national.
Depuis 2003, la formation généraliste est organisée autour des diplômes suivants :
- la Licence est un diplôme généraliste s’obtenant après trois années d’études,(apportant 180 ECTS ou crédits européens)
- le Master conclut deux années d’études après la licence,
- le Doctorat est délivré après un travail de recherche (une « thèse ») durant généralement trois ans.
À côté de cette formation générale, des composantes de l’université proposent les formations suivante :
- le diplôme universitaire de technologie (DUT) : formation professionnalisante de deux ans délivrée dans un IUT ;
- la licence professionnelle (créé par l'arrêté du 17 novembre 1999 - 1 an de formation /2 semestres - 60 crédits européens), inscrite dans l'Espace Européen de l'Enseignement supérieur ;
- le Magistère : formation professionnalisante de haut niveau d’une durée de cinq ans ;
- les diplômes d’ingénieurs (5 années post-bac) dans des « écoles internes » ;
- les formations de santé (études de médecine, de pharmacie, de chirurgie-dentaire... ) ;
- la préparation à certains concours (enseignement, fonction publique, écoles d’ingénieurs …) ;
- la formation initiale et continue des enseignants du primaire et du secondaire ;
- le diplôme d'accès aux études universitaires et la Capacité en droit ;
- la formation continue ;
- l’habilitation à diriger des recherches (diplôme qui est une reconnaissance et non l’achèvement d’un cursus).
Les diplômes universitaire (DU) ou inter-universitaire (DIU) sont des diplômes spécifiques à un établissement qui ne sont pas soumis à une habilitation du ministère et n’ont donc pas la qualité de diplômes nationaux. Il en existe à tous les niveaux d'études mais ces diplômes intéressent principalement la formation continue et la formation complémentaire de certaines professions comme les professions de santé.
En France, de nombreux domaines d’études post-bac (art, administration, agronomie, architecture, armée, commerce, construction, industrie, commerce, notariat, vétérinaire, etc.) ou post-universitaires (administration, documentation, magistrature, notariat,...) sont enseignés en dehors des universités dans des « écoles » ou des sections de technicien supérieur, etc.
Recherche
Recherche publique en France
La recherche publique en France se fait par deux types d’établissement :
- Les organismes de recherches : ce sont les établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST) comme le centre national de la recherche scientifique (CNRS) ou l’institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et quelques établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) comme le commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA²) ou l’office national d'études et de recherches aérospatiales (ONERA).
- Les établissements de recherche et d’enseignement supérieur : établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel dont les universités et établissements publics à caractère administratif sous tutelle du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Organisation de la recherche dans les universités
En 1993, François Fillon, ministre de l’Enseignement et de la Recherche lance une réflexion sur la coopération entre les organismes et les universités. C’est ainsi que va naître le principe des unités mixtes avec une contractualisation entre l’État, les universités et les organismes tous les quatre ans. Ce contrat engage un budget mais aussi un programme scientifique[18].
Ainsi les « unités de recherche » de l’université peuvent avoir l’un des statuts suivants :
- équipe d’accueil ou jeune équipe (entièrement gérée par l’université);
- unité mixte de recherche (cogérée par l’université et un organisme);
- unité mixte de service (mise à disposition de moyens, accompagnement de la recherche);
- unité propre de recherche (gérée par un organisme mais pouvant avoir des conventions avec l’université);
- équipe de recherche technologique (collaboration avec des industriels).
Ces unités peuvent être regroupées en fédérations (par exemple les maisons des sciences de l'homme).
Documentation
On compte en France 480 implantations de bibliothèques (soit 7 sites en moyenne par université)[19].
Organisation et fonctionnement
Gouvernance
Les universités disposent selon le code de l’éducation d’une autonomie de fonctionnement et sont régies par une démocratie interne voulue et organisée par les lois de 1968 (« loi Edgar Faure »), de 1984 (« loi Savary ») et de 2007 (« loi LRU »). La première traduction de cette démocratie interne est la liberté statutaire d’organiser leur fonctionnement sous réserve de l’observation des lois et décrets qui les régissent. Plus exactement la gouvernance des universités est régie par les articles L712-1 et suivants du code de l'éducation[20].
Président de l'université
Le président de l’université est élu à la majorité absolue par les membres élus du conseil d’administration, pour un mandat de quatre ans (renouvelable immédiatement une fois). Il n’y a pas de condition de nationalité. Le président représente l’université, préside les conseils et pilote l’établissement ; il dispose pour l’essentiel du pouvoir exécutif. Il s’entoure d’un « bureau » qui est chargé, selon les termes de la loi, de « l’assister ». Sa composition est à configuration variable selon les statuts adoptés par les universités qui en organisent très librement la composition et le fonctionnement. Il peut être composé de vice-présidents des conseils, de chargés de mission, etc. Ces personnes, majoritairement enseignants-chercheurs, sont selon les cas élus par les conseils sur proposition du président ou par candidature spontanée, sur liste ou de façon individuelle... Leur mandat peut coïncider avec celui du président ou avec celui des conseils. Le bureau comprend obligatoirement un vice-président étudiant issu du conseil des études et de la vie universitaire. Le secrétaire général et d’autres responsables administratifs (agent comptable par exemple) sont souvent intégrés dans le bureau ou peuvent être appelés à y siéger à titre consultatif. Au niveau national, les présidents d’université sont regroupés en Conférence des présidents d'université.
Conseil d’administration
Le conseil d’administration (CA) détermine la politique de l’établissement.
Il comprend de vingt à trente membres ainsi répartis :
- de huit à quatorze représentants des enseignants-chercheurs et des personnels assimilés, des enseignants et des chercheurs, en exercice dans l’établissement, dont la moitié de professeurs des universités et personnels assimilés ;
- sept ou huit personnalités extérieures à l’établissement ;
- de trois à cinq représentants des étudiants et des personnes bénéficiant de la formation continue inscrits dans l’établissement ;
- deux ou trois représentants du personnel ingénieurs, administratifs, techniques et des bibliothèques, en exercice dans l’établissement.
Au sein du CA est créée une section disciplinaire.
Conseil scientifique
Le conseil scientifique (CS) est consulté sur les orientations des politiques de recherche, de documentation scientifique et technique, ainsi que sur la répartition des crédits de recherche. Il comprend vingt à quarante membres ainsi répartis :
- de 60 à 80 % de représentants des personnels. Le nombre de sièges est attribué pour la moitié au moins aux professeurs et aux autres personnes qui sont habilitées à diriger des recherches, pour un sixième au moins aux docteurs n'appartenant pas à la catégorie précédente, pour un douzième au moins aux autres personnels parmi lesquels la moitié au moins d'ingénieurs et de techniciens ;
- de 10 à 15 % de représentants des doctorants inscrits en formation initiale ou continue ;
- de 10 à 30 % de personnalités extérieures qui peuvent être des enseignants-chercheurs ou des chercheurs appartenant à d’autres établissements.
Conseil des études et de la vie universitaire
Le conseil des études et de la vie universitaire (CEVU) est consulté sur les orientations des enseignements de formation initiale et continue, sur les demandes d’habilitation et les projets de nouvelles filières et sur l’évaluation des enseignements.
Il comprend de vingt à quarante membres ainsi répartis :
- de 75 à 80 % de représentants des enseignants-chercheurs et enseignants, d’une part, et des étudiants, d’autre part, les représentations de ces deux catégories étant égales et la représentation des personnes bénéficiant de la formation continue étant assurée au sein de la deuxième catégorie ;
- de 10 à 15 % de représentants des personnels administratifs, techniques, ouvriers et de service ;
- de 10 à 15 % de personnalités extérieures.
Ces trois conseils sont appelés « conseils centraux ». Les étudiants qui y siègent sont éligibles au conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER). Il existe d’autres conseils, comme le CHSCT (Comité d'hygiène et de sécurité et des conditions de travail), le Comité technique[21], la Commission paritaire d'établissement[22], les conseils des services et des composantes (voir sections suivantes).
Secrétaire général et agent comptable
Le secrétaire général (ou directeur général de services[23]) est nommé par le ministre chargé de l’enseignement supérieur, sur proposition du président de l’université. Il assure, sous son autorité, la gestion administrative et financière de l’établissement. Le président peut demander qu’il soit mis fin à ses fonctions.
L’agent comptable est nommé, sur proposition du président, par un arrêté conjoint du ministre chargé de l'enseignement supérieur et du ministre chargé du budget. Il peut exercer, sur décision du président ou du directeur, les fonctions de chef des services financiers de l’établissement.
Le secrétaire général et l’agent comptable participent avec voix consultative au conseil d'administration et aux autres instances administratives de l’établissement[24].
Recteur d'académie
Le recteur d'académie est également chancelier des universités de son académie : il exerce un contrôle de légalité sur leurs actes à la manière du Préfet sur ceux des collectivités locales. Il reçoit les procès-verbaux des séances des conseils d’administration des universités de son académie ainsi que les actes budgétaires qui lui sont transmis et pour lesquels il dispose de prérogatives particulières. En cas de défaillance, de faute grave ou de troubles sévères du fonctionnement d'une université, le Recteur-chancelier peut désigner un administrateur provisoire[25].
Budget
Les universités françaises sont financées par le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche (pour une part importante), les collectivités territoriales, les frais d’inscription (pour une part faible).
Depuis 2009, les financements du ministère tiennent compte, pour 20 % du montant à répartir, des performances des établissements. Les universités bénéficiant des « compétences élargies » ont plus de pouvoir sur leur budget (libre répartition entre les composantes, gestion de la masse salariale…)
Campus
Les campus et bâtiments universitaires appartiennent à l’État. Ils sont souvent vétustes et en mauvais état; 25 % des locaux ne répondent pas aux normes de sécurité incendie[26]. Ils font régulièrement l’objet de plans de modernisation.
Depuis la loi LRU, l’État peut « transférer aux EPSCP qui en font la demande la pleine propriété des biens mobiliers et immobiliers appartenant à l’État qui leur sont affectés ou sont mis à leur disposition »[27]. Quatre universités seront engagées dans ce processus dès 2011 : Clermont-I, Poitiers, Toulouse-I et Corte[28].
Services
Les services communs ont des missions « transverses » aux composantes de l’université. De façon formelle il s’agit des services des activités sportives, des étudiants étrangers, de documentation, de formation continue, d’orientation, de formation des formateurs, des activités industrielles et commerciales et de médecine préventive.
Les conseils d’administration peuvent créer des services supplémentaires (formellement ce sont alors des « services généraux »)[29].
Ces services peuvent faire l’objet d’une coopération entre plusieurs universités.
Composantes
Généralités
Les universités regroupent diverses composantes qui sont :
- des unités de formation et de recherche (UFR), créés par délibération du conseil d’administration de l’université après avis du conseil scientifique ;
- des écoles ou des instituts, créés par arrêté du ministre sur proposition ou après avis du conseil d’administration de l’université et du conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Ces composantes sont libres de fixer leur statut (qui doivent être approuvés par le conseil d’administration) et leur budget[30].
Unités de formation et de recherche
Les unités de formation et de recherche (UFR) ont succédé aux facultés après la loi Faure. Le découpage de l’université en UFR correspond en général aux différentes disciplines de l’établissement. Les UFR associent des départements de formation et des laboratoires ou centres de recherche.
Les UFR sont créées par le conseil d’administration[N 1], elles sont administrées par un conseil élu et dirigées par un directeur élu par ce conseil[31]. Le directeur est parfois appelé « doyen » par tradition universitaire.
Elles sont principalement chargée de la formation « classique de l’université » (licence, master, doctorat).
Les UFR de santé peuvent passer des conventions avec les centres hospitaliers régionaux pour constituer un centre hospitalier universitaire. Contrairement aux autres UFR, elles décident elles-mêmes du contenu de leur formation pour les deuxièmes et troisièmes cycles[32].
Instituts ou écoles
Les instituts et les écoles faisant partie des universités sont administrés par un conseil élu et dirigés par un directeur choisi dans l’une des catégories de personnels qui ont vocation à enseigner dans l’institut ou l’école, sans condition de nationalité. Les directeurs d’école sont nommés par le ministre chargé de l’enseignement supérieur sur proposition du conseil et les directeurs d’instituts sont élus par le conseil. Leur mandat est de cinq ans renouvelable une fois. Ces composantes peuvent définir leur programme de recherche[33].
Voici les types de composantes les plus répandues, auxquels il faut ajouter les composantes spécifiques à une université.
Les instituts universitaires de technologie (IUT) recrutent, de manière sélective, au niveau du baccalauréat, ils forment des techniciens supérieurs et mènent au Diplôme universitaire de technologie. Les diplômés peuvent rentrer dans la vie active ou poursuivirent des études en IUP, école d’ingénieur, école de commerce, licence...
Les écoles d’ingénieurs internes aux universités (par exemple celles du Réseau Polytech) recrutent, de manière sélective, au niveau du baccalauréat ou bien, plus rarement sur concours après deux ou trois années de classes préparatoires. Il en existe 42 auxquelles il faut ajouter les écoles des instituts nationaux polytechniques qui sont régies de la même façon[34] (sur environ 200 écoles).
Les instituts de préparation à l’administration générale (IPAG) préparent les étudiants aux concours d'accès aux trois fonctions publiques et à de nombreux organismes publics ou para-publics. Ils préparent également à des diplômes nationaux en administration publique (licence et master) et à des certificats. Le niveau de recrutement varie suivant la formation ou la préparation considérées. Il en existe 23[34].
Les instituts d’administration des entreprises (IAE) proposent des formations en gestion et administration des entreprises au niveau L3 de la licence (licence professionnelle) et au niveau master (recherche ou professionnel). Il en existe 23[34].
Les 27[34] instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) sont, depuis la loi Fillon, intégrés aux universités. Ils préparent les étudiants aux concours de l’enseignement et forment les professeurs stagiaires.
Les 17 observatoires des sciences de l’univers[34].
Fondations
Depuis la loi LRU, les universités (de façon plus générale les EPSCP et les EPCS) peuvent mettre en place des fondations disposant de l’autonomie financière et dont les fonds proviennent du mécénat et de la collaboration avec les partenaires. Il existe deux régimes juridiques :
- la fondation universitaire, sans personnalité morale, administrée par un conseil de gestion et représentée par un président[35],[36];
- la fondation partenariale[37], avec une personnalité morale de droit privé; administrée par un conseil d’administration[38].
En septembre 2009, il existe 13 fondations universitaires (8 pour des universités, 2 pour des PRES, 1 pour un INP, 1 pour un INSA, 1 pour une université de technologie) et 6 fondations partenariales (4 pour des universités, 1 pour un grand établissement et 1 pour une université de technologie)[39].
Le ministère estimait que 60 millions d’euros avaient été récoltés par ce moyen en 2009. En février 2010, une étude menée par KPMG et le Crédit coopératif révèle que la plupart des fondations ont pu être dotées de sommes allant de un à cinq millions d’euros provenant principalement d’entreprises ou de collectivités. Ce mode de financement, qui reste symbolique, est surtout intéressant pour les universités scientifiques[40],[38].
Établissements rattachés
Certains établissements indépendants peuvent être « rattachés » à un EPSCP[41]. Cette disposition concerne :
- des établissements publics à caractère administratif :
- des écoles d’ingénieurs (ex - ENSI, ENI),
- cinq des sept instituts d’études politiques,
- l’Institut d'administration des entreprises de Paris,
- l’Observatoire de la Côte d'Azur;
- des établissements privés (par exemple : Supélec et Supoptique rattachés à Paris-XI[42]).
Personnel des universités
En 2008-09, 91 300 personnes enseignent dans les établissements publics d’enseignement supérieur pour la France métropolitaine et les DOM, dont 87 000 dans les universités, réparties de la manière suivante[43] :
Droit | Lettres | Sciences | Santé | Total | |
Professeur des universités | 2 614 | 4 426 | 7 322 | 4 934 | 19 296 |
Maître de conférences | 5 781 | 10 645 | 15 744 | 3 283 | 35 453 |
Assistants titulaires | 15 | 16 | 25 | 23 | 79 |
Chefs de cliniques, AHU, PHU | 0 | 0 | 0 | 4 249 | 4 249 |
Attachés et Moniteur | 2 859 | 3 920 | 8 015 | 132 | 14 926 |
Autres[N 3] | 1 621 | 7 833 | 4 039 | 0 | 13 493 |
Total | 12 890 | 26 840 | 35 145 | 12 621 | 87 496 |
Enseignants-chercheurs
Enseignants du second degré
Les PRAG (enseignants agrégés du secondaire) ou PRCE (enseignants certifiés) sont recrutés pour des fonctions d'enseignement, mais peuvent également se voir confier des missions de recherche. En effet, ils peuvent obtenir une décharge allant jusqu'à la moitié de leur service annuel, leur permettant de travailler sur une thèse de doctorat, ou, pour ceux qui sont déjà docteurs, de faire de la recherche[44].
Personnels ingénieurs, administratifs, techniques, ouvriers et de service
Gestion des ressources humaines dans les universités aux compétences élargies
Les universités disposant des « compétences élargies » ont des possibilités supplémentaires dans la gestion de leur ressources humaines :
- les actions de titularisation, détachement, mise à disposition, délégation et avancement sont prises au niveau de l’université,
- les universités peuvent attribuer des primes,
- les universités peuvent recruter des contractuels en CDI ou CDD[45],[46].
Selon les syndicats, ces dispositions donnent trop de pouvoir au président de l’université[47],[48].
Usagers des universités
Ce terme recouvre les étudiants et les personnes recevant une formation continue.
Au 15 janvier 2010, 1 444 583 étudiants sont inscrits dans les universités de France métropolitaine et des départements d’outre-mer sur un ensemble de 2 316 100 étudiants. Ils sont répartis de la manière suivante[49],[N 4] :
Cursus de Licence | Cursus de Master | Cursus de Doctorat | Ensemble | |
Droit, sciences politiques | 115 701 | 69 548 | 8 238 | 193 487 |
Sciences économiques, gestion | 80 450 | 60 914 | 4 079 | 145 443 |
Administration économique et sociale | 33 773 | 6 780 | 18 | 40 571 |
Lettres, sciences du langage | 63 697 | 23 219 | 6 060 | 92 976 |
Langues | 80 989 | 19 464 | 2 725 | 103 178 |
Sciences humaines et sociales | 123 486 | 66 442 | 14 323 | 204 251 |
Pluri-lettres, langues, sciences humaines | 2 031 | 4 678 | 26 | 6 735 |
Sciences fondamentales et application | 76 393 | 59 645 | 16 888 | 152 926 |
Sciences de la nature et de la vie | 41 209 | 20 063 | 10 437 | 71 709 |
Sciences et techniques des activités physiques et sportives | 25 436 | 6 266 | 492 | 32 194 |
Pluri-sciences | 21 323 | 1 899 | 123 | 23 345 |
Médecine - odontologie | 59 456 | 109 589 | 1 183 | 170 228 |
Pharmacie | 9 563 | 20 889 | 398 | 30 850 |
IUT | 118 139 | 0 | 0 | 118 115 |
IUFM | 0 | 58 518 | 0 | 62 544 |
Total | 851 646 | 469 429 | 64 990 | 1 444 583 |
En 2008, les universités, les universités de technologie et les instituts nationaux polyvalents ont accueilli 368 000 stagiaires de la formation continue.
Vie étudiante
Sport
En 2006, 20 % des étudiants pratiquaient un sport à l’université, qui pouvait être pris en compte de manière optionnelle dans l’obtention du diplôme. Ils peuvent participer à des compétitions organisées par la Fédération française du sport universitaire. Les SUAPS disposent de 660 enseignants titulaires (agrégés ou certifiés) pour encadrer les activités. Ils font également appel à des enseignants vacataires[50].
Associations
Les associations étudiantes sont de nature très variée, les types les plus fréquents sont :
- les syndicats étudiants
- les associations de filières
- les associations thématiques (humanitaire, environnement, prévention santé, sport, culture, etc.)
- les organisations politiques de jeunesse
Mouvements étudiants
Notes et références
Notes
- ↑ Avant la loi LRU, seul le ministère pouvait créer une UFR.
- ↑ Sont inclus les trois universités de technologies, les deux instituts nationaux polytechniques et les composantes de l’université (IUT, écoles internes …)
- ↑ Enseignants de type « second degré » et ENSAM, fonctions spécifiques des grands établissements et des écoles françaises à l’étranger, lecteurs et maîtres de langue étrangère (1 013 personnes)
- ↑ Dans ces chiffres, les étudiants des écoles d’ingénieurs internes ne sont pas comptabilisés comme étant étudiants d’une université.
Références
- ↑ Liard 1890, p. 6
- ↑ a et b Liard 1890, p. 7
- ↑ Aghion et Cohen 2004, p. 69
- ↑ Aghion et Cohen 2004, p. 70
- ↑ Aghion et Cohen 2004, p. 71
- ↑ Aghion et Cohen 2004, p. 76
- ↑ Philippe Jacqué, « Universités : l’union fait-elle la force ? » sur www.lemonde.fr, 13 janvier 2010
- ↑ Marie-Estelle Pech, « 90 % des universités en gestion autonome » sur www.lefigaro.fr, 30 décembre 2010
- ↑ L711-2 sur www.legifrance.gouv.fr, anciennement article 24 de la loi Savary)
- ↑ voir par exemple [PDF]Rapport des Etats généraux de la recherche, 2004 (p.38-40; II.2.4.c Créer des Pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES)) qui a inspiré la création des PRES.
- ↑ L123-3 sur www.legifrance.gouv.fr
- ↑ Aghion et Cohen 2004
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Annexes
Bibliographie
: Ouvrage utilisé comme source pour la rédaction de cet article
- Philippe Aghion et Élie Cohen, Éducation et croissance, Paris, La Documentation française, 2004, 144 p. (ISBN 2-11-05533-2) [lire en ligne (page consultée le 27 mars 2010)] (rapport du Conseil d'analyse économique)
- Louis Liard, Universités et facultés, Paris, Armand Colin et Cie, 1890, 259 p. [lire en ligne (page consultée le 27 mars 2010)]
- Daniel Vitry (dir.), Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche : édition 2009, septembre 2009, 426 p. (ISBN 1635 9089) [lire en ligne]
Articles connexes
- Articles plus généraux