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Raz de marée de mars 709

- Wikipedia, 17/09/2011

Le raz de marée de mars 709 serait - selon l'abbé Manet - un cataclysme naturel qui se serait produit en baie du Mont Saint Michel et en baie de Saint-Malo au mois de mars 709.

Sommaire

Origine et mythe

D'après François Manet, la baie du mont Saint-Michel et la baie de Saint-Malo qui en effet n'ont pas toujours été recouvertes par les eaux l'auraient été à la suite d'un cataclysme [1].

Plusieurs facteurs tels qu'une tempête avec des vents de Nord additionnée à une marée d'équinoxe et à un tremblement de terre auraient provoqué en une nuit un raz de marée recouvrant la forêt de Scissy. L'abbé Manet ne s'appuie que sur les affirmations d'un moine au Moyen Age et ne démontre rien scientifiquement. Au contraire, s'il est avéré aujourd'hui qu'il y a bien eu transgression marine, l'inexistence d'un cataclysme capable d'avoir causé en une nuit la disparition de forêts et de villages a été démontrée.

Un mythe contredit par la science

Dès 1882, l'Abbé Manet est scientifiquement contredit par Alexandre Chèvremont dans Les Mouvements du Sol sur les côtes occidentales de la France dans le golfe Normand-Breton travail, récompensé par l'Académie des Sciences où l'auteur au chapitre 22, démonte les sources de l'abbé Manet et démontre que s'il y a eu transgression marine en effet, elle ne s'est faite que lentement et que l'étude des sols montre qu'il n'y a jamais eu de raz de marée[2] .

Interprétations

D'après François Manet dans son ouvrage De l'état ancien et de l'état actuel de la baie du Mont-Saint-Michel et de Cancale, des marais de Dol et de Châteauneuf, les deux causes de ce cataclysme sont une grande marée et une tempête. Il écrit : « ces premières dévastations, toutes funestes qu'elles furent, n'étaient rien en comparaison de celle qu'opéra la fatale marée de mars de l'an 709, l'une des plus considérables qu'on eût jamais vues, et qui, par malheur, fut soutenue d'un vent de nord des plus terribles. » Une autre cause, mise en avant par l'Abbé Maurice Jacques Graindor dans son ouvrage Chronique de la sismicité de la Normandie, serait un un séisme qui aurait secoué la baie du mont Saint-Michel.

Les explications possibles à ces hypothèses sont :

  • Une marée d'équinoxe

Selon le Service hydrographique et océanographique de la marine, les marées les plus importantes au mois de mars 709 se sont déroulées le Samedi 2 mars 709. Le coefficient était de 114 pour des pleines mers à 8 h 20 et 20 h 44. C'est un coefficient très important. On trouve aussi par ordre décroissant des marées en pleine mer : vendredi 1er mars 709 à 20 h 03, coefficient 113 vendredi 1er mars 709 à 07 h 37, coefficient 111 dimanche 3 mars 709 à 09 h 00, coefficient 111 Les autres coefficients en ce mois de Mars 709 ne dépassaient pas 110. Ces valeurs étaient calculées dans le port de Saint-Malo par le Service hydrographique et océanographique de la marine de Brest.

  • Un tremblement de terre

D'après Maurice Cossmann, le séisme de mars 709 est le plus ancien dont nous ayons la certitude en Normandie. D'intensité inconnue, son épicentre serait situé près de Jersey. Il aurait secoué toute la baie du mont Saint-Michel, la presqu'île du Cotentin ainsi que les îles Anglo-Normandes. Il y a eu d'autres séismes importants mentionnés aussi par François Manet notamment en 1427 en Bretagne qui détruisit une partie de Nantes et engloutit 13 villages des environs de Dol de Bretagne.

Cependant, ces travaux datent du XIXe siècle. Depuis le Bureau des Recherches Géologiques et Minières (BRGM) ne retient pas la date de 709 sur sa liste des tsunami et tremblements de terre ayant eu lieu sur les côtes françaises[3]

  • Une tempête

Rien ne permet d'affirmer qu'une tempête se déroulait en baie du mont Saint-Michel à cette date.

Le raz de marée dans la littérature

Dans les Mémoires d'outre-tombe, François-René de Chateaubriand (1849), l'auteur évoque le raz de marée  :

« Au douzième siècle, les cantons de Fougères, Rennes, Bécherel, Dinan, Saint-Malo et Dol, étaient occupés par la forêt de Brécheliant ; elle avait servi de champ de bataille aux Francs et aux peuples de la Dommonée. Wace raconte qu'on y voyait l'homme sauvage, la fontaine de Berenton et un bassin d'or. Un document historique du quinzième siècle, les Usemens et coutumes de la forêt de Brécilien) confirme le roman de Rou : elle est, disent les Usemen,) de grande et spacieuse étendue; il y a quatre châteaux, fort grand nombre de beaux étangs, belles chasses où n'habitent aucunes bêtes vénéneuses, ni nulles mouches, deux cents futaies, autant de fontaines, nommément la fontaine de Belenton, auprès de laquelle le chevalier Pontus fit ses armes.Entre la mer et la terre s'étendent des campagnes pélagiennes, frontières indécises des deux éléments : l'alouette de champ y vole avec l'alouette marine ; la charrue et la barque à un jet de pierre l'une de l'autre, sillonnent la terre et l'eau. Le navigateur et le berger s'empruntent mutuellement leur langue : le matelot dit les vagues moutonnent, le pâtre dit des flottes de moutons. Des sables de diverses couleurs, des bancs variés de coquillages, des varechs, des franges d'une écume argentée, dessinent la lisière blonde ou verte des blés. »

Paul Féval écrit de son côté :

« [ ...] Si vous descendez de nuit la dernière côte de la route de Saint-Malo à Dol, entre Saint-Benoît-des-Ondes et Cancale, pour peu qu'il y ait un léger voile de brume sur le sol plat du Marais, vous ne savez de quel côté de la digue est la grève, de quel côté la terre ferme. À droite et à gauche, c'est la même immensité morne et muette. Nul mouvement de terrain n'indique la campagne habitée ; vous diriez que la route court entre deux grandes mers. Où passe à présent le chemin, la mer roula ses flots rapides. Ce marais de Dol c'était une baie. Et, chose merveilleuse, car ce pays est tout plein de miracles, avant d'être une baie, c'était une forêt sauvage ! »

Références

Bibliographie

  • François Manet, De l'état actuel et ancien des environs de Saint Malo, 1829  
  • Robert Bertrand, Une forêt en baie du mont Saint-Michel, Enquête sur une légende  
  • François Manet, Histoire de la petite Bretagne ou Bretagne Armorique, éditions E Caruel, 1834 [lire en ligne], p. volume 2 
  • Histoire de Saint-Malo, Charles Cunat, (1851)
  • Invasions de la mer, M.L Queneault, (1863)
  • Étude de la baie du mont, Laisne, (1866)
  • Mouvements de la mer, Jules de Geslin de Bourgogne, (1872)
  • chronique de la sismicité de la Normandie, Abbé Maurice Jacques GRAINDOR , (1973)

Liens externes


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