Greffier dans une grande juridiction de province…
Journal des greffiers en colère - Eolas, 23/04/2014
Par un greffier (presque) à la retraite
Je suis greffier d’un tribunal de grande instance, à peu près 280 fonctionnaires.
Comment çà fonctionne ? Cela fonctionne avec de la bonne volonté actuellement, je n’en dirai pas plus.
Pourquoi en parler ? Je le fais parce qu’en pré-retraite : en réalité, je serai en retraite pour l’été et je récupère actuellement toutes les nuits passées au tribunal correctionnel, ce qui représente 90 jours de congés. Et encore, je m’en suis fait payer quelques 50 jours sans compter les heures dites de dérogation qui se montaient à 800 et que j’avais récupérées il y a 2 ans sur mon temps de travail ; j’ai alors subi les foudres des greffiers en chef qui se sont plaints de retard dans le travail me collant un rapport au passage. J’ai finalement dû arrêter la correctionnelle pour finir au greffe pénal.
Alors, vous me direz dépressif ! Pas du tout, je n’y mettrai plus les pieds, c’est tout. Autant le travail est passionnant, je parle des audiences, pas de l’administratif, autant les conditions de travail sont désastreuses et cassent le moral.
Mais oui, c’est cela la vie de greffier, un métier avec des hauts et des bas et toujours l’impression d’écoper un bateau qui prend l’eau de toute part. Maintenant, je suis un vieux greffier perforé de douleurs pour n’avoir pas su me préserver.
Une seule consolation : avoir eu des collègues et des greffiers en chef ouverts, des magistrats aussi avec lesquels j’étais en communion, des avocats en général sympathiques ou carrément antipathiques. Et un pot de départ pas trop triste, plutôt heureux de m’en sortir.
Signé : Un greffier bac +2, 36 ans de carrière dans le même TGI avec quasiment tous les services à son actif mais une retraite au rabais pour n’avoir pas les annuités pour une retraite à taux plein.
PS : je suis actuellement à 2382,32 euros : en retraite, faudra compter 800 euros en moins…