Actions sur le document

Un fragment du discours macronien...

Justice au Singulier - philippe.bilger, 18/02/2018

Ce qui fascine le citoyen est d'avoir à la tête du pays, qu'il soit ou non en baisse dans les sondages, une personnalité qui, au fur et à mesure qu'elle se révèle, garde pourtant des secrets. Intelligence, stratégie, autorité, solitude et manoeuvres : il y a encore des surprises à venir.

Lire l'article...

C'est tout simple, très court mais cet extrait dit beaucoup du président de la République, de son intelligence, de sa capacité d'analyse, de sa sincérité mais aussi de ce qu'il y a de roué et de subtil derrière ses affirmations apparemment les plus naturelles.

Devant l'Association de la presse présidentielle, il a déclaré : "Le pouvoir est la fin de l'innocence mais je ne crois pas que ce soit une épreuve" (Blog Morandini).

La langue est belle.

212a7af5a6c3b5db2b97be9f8013f

La première partie de son propos rafraîchit, confirme une pensée ordinaire dans le registre politique mais appelle une contradiction qui surgit avec évidence. On sait bien que pour Emmanuel Macron, sur ce plan, l'innocence avait commencé pour le moins à se lézarder bien avant. Sinon il n'aurait pas su exploiter comme il l'a fait les défaites de ses adversaires.

La seconde partie, avec la formulation d'un doute tactique de modestie - en réalité il affirme - démolit avec élégance une idée reçue, un poncif sur la charge insupportable que représenterait l'exercice d'un pouvoir pourtant désiré et conquis sans l'ombre d'un fléchissement.

J'avais toujours jugé lassant et presque vulgaire le répétitif gémissement présidentiel sur la souffrance d'être aux responsabilités et sur l'obligation d'avoir à les assumer parce que bien sûr il n'y avait que soi pour pouvoir être en même temps le maître et l'esclave.

Rien n'est innocent dans ce qu'exprime Emmanuel Macron, tout est calculé.

Avec son équipe il agit mais il a aussi une claire conscience de la force du verbe. Là où chez François Hollande le mot et le commentaire comblaient un vide, Emmanuel Macron s'en sert comme d'une arme.

Ce qui fascine le citoyen est d'avoir à la tête du pays, qu'elle soit ou non en baisse dans les sondages, une personnalité qui, au fur et à mesure qu'elle se révèle, garde pourtant des secrets. Intelligence, stratégie, autorité, solitude et manoeuvres : il y aura encore des surprises à venir.

Roland Barthes me pardonnera d'avoir détourné sa merveille de titre sur l'amour.


Retrouvez l'article original ici...

Vous pouvez aussi voir...