Fric : On vise Bruxelles, mais les snipers sont à la City de Londres
Actualités du droit - Gilles Devers, 15/07/2013
Pour faire moderne et branchouille, rien de mieux que de taper sur les technocrates de Bruxelles, et d’assaisonner Bruxelles, ce temple de la finance qui organise l’hyper-libéralisme et le règne de l’argent, détruisant toutes nos braves sociétés. Libérez-nous de Bruxelles, et tout ira bien, bêlent tous les seconds couteaux qui se voient déjà en haut de l’affiche, de Marine à Montebourpif.
Sauf que les faits sont têtus. Ils montrent que le centre financier est à Londres et que Bruxelles cherche avec obstination à en contenir les excès. Ce qui explique aussi la politique constante des autorités britanniques – Thatcher, Blair, Cameron – à savoir : « le moins d’Europe possible ».
C’est l’Autorité bancaire européenne (EBA) qui vient de faire le point.
A Londres, on trouve plus de banquiers gagnant plus de 1 million d’euros par an que dans tout le reste de l’Union européenne : 2.436 contre 3.175 pour le reste de l’Europe. Oki ?
Les revenus de ces petits chéris, tout dévoués au bien être des masses populaires ? Les 2.436 ont empoché 3,5 milliards d’euros en un an (pour situer, les US versent 2 milliards par an à l’armée d’Egypte ; le budget des restos du cœur est de 150 000 euros). 784 millions d’euros en fixe, et 2,7 milliards en variable. Cela représente en moyenne 1,4 million d’euros par gus.
L’assainissement est en œuvre. Leur nombre a chuté par rapport à 2010, où ils étaient 2.525 gagnant 2,3 millions en moyenne. Dans toute l’Europe, les politiques de régulation font sentir leur effet. A plus d’un million, le chiffre est passé en France de 292 en 2010 et 162 fin 2011 ; en Allemagne, de 195 à 170 ; en Espagne on en compte 125, en Italie 96 en Italie et aux Pays-Bas 36.
Le système va devenir plus mordant encore en 2014, grâce à l’excellent travail du Parlement et u Conseil européens, parvenus à un accord le 27 février 2013 : la partie variable de la rémunération des banquiers ne pourra dépasser le niveau de la partie fixe, sauf accord explicite des actionnaires (vote d'au moins 66% des actionnaires). C’est le Parlement qui a pesé pour obtenir cette limitation, et le premier opposant état le gouvernement Cameron, qui s’était montré le fidèle porte-parole de la City.
A nouveau, merci l’Europe.