De la politique sans racine
Actualités du droit - Gilles Devers, 23/05/2017
Juridiquement, les élus sont les représentants de la nation, et ils tirent leur force du suffrage universel, comme portés par un lien organique. Les élections nationales sont le moment où doit se créer l’adhésion autour d’un projet, et la victoire née des urnes est un puissant ferment d’unité du pays, unité dont nous avons tant besoin. Mais avec la séquence que nous vivons, nous ne trouvons rien de cela, et franchement, ça inquiète.
C’est le fait majeur, cette élection ne crée rien.
La présidentielle s’est construite sur un rejet : moi, le meilleur rempart contre Le Pen. Donc mon projet compte peu et ne vous intéresse pas, mais peu importe, vous devez voter pour moi car je suis le barrage au FN. C’est un vote sans adhésion.
On aurait pu se rattraper avec que les législatives, le pouvoir conforté par la victoire à la présidentielle cherchant à unifier le pays autour d’un projet. Non, la consigne est de donner une majorité pour éviter la cohabitation. C’est un vote par nécessité.
Alors que restera-t-il de cette phase électorale ? Une équipe au pouvoir, d’accord, mais faite d’alliages incertains, et sans aucun projet porté par le peuple.
Hollande a fait la même politique que Sarko, et Macron assurera la continuité, no problem. Ce que nous devons craindre, c’est l’instabilité, et une majorité à l'Assemblée ne suffira pas. L’incapacité à avoir su créer l’adhésion autour d’un projet marque une fragilité constitutive. Comment le gouvernement tiendra-t-il a-t-il face aux épreuves qui, inévitablement, l’attendent ? Comment peut tenir un pouvoir sans racine ?