Une campagne qui pue le racisme et l’islamophobie
Actualités du droit - Gilles Devers, 30/04/2012
J’ai vraiment honte pour la classe politique qui co-gère cette campagne électorale pourrie, puant le racisme et l’islamophobie.
Il est impossible à cinq jours d’un second tour de présidentielle de débattre des causes de cette fureur et de dégager des pistes pour en sortir. Nous sommes sous la vague, et il faut encore attendre quelques jours.
Mais, chères amies et chers amis, cela n’empêche pas de faire le constat : avec cette campagne électorale, nous avons vu les principaux partis politiques se vautrer dans les thèses de la xénophobie et de l’intolérance. Dans le spasme de cette campagne sans idées ni projets, les vérités enfouies sont ressorties, et ce n’est pas beau.
C’est Marine Le Pen qui donne le la. Il n’y a pas de FN light : c’est génétique, et c’est la tradition de la France nationaliste, planquée dans les frontières de la trouille. C’est une permanence d’un siècle dans la vie politique française. N’imaginez pas de tourner la page, et arrêtez d’être surpris quand on annonce des scores à 18-20%.
Ce qui a été plus nouveau, c’est de voir le Président-candidat larguer toute réserve pour légitimer le discours xénophobe et islamophobe. Lors de son discours de Villepinte, il a fait huer par ses supporters « l’étranger qui vient en France pour le seul attrait de nos prestations sociales ». Jour après jour, il n’a cessé d’enfoncer le clou, d’excès en excès, allant jusqu’à dire que « Marine Le Pen est compatible avec la République ». Aujourd’hui d’ailleurs, leurs mots sont les mêmes.
Ce qui a été consternant, c’est de voir le PS se planquer sous la table devant les hauts-parleurs xénophobes. François Hollande s’est montré incapable de dénoncer, et il a au contraire accrédité. Par son silence, par ses silences, et plus grave, en légitimant. Pour la première fois, un candidat « de Gauche » a dit qu’il y avait trop d’immigrés légaux, et il s’est engagé en fonction de chiffres – il a déclaré qu’il garderait le niveau de régularisation que Sarkozy – et non pas en fonction des droits des personnes. Et avez-vous entendu Ségolène Royal ces jours-ci, qui se lâche à son tour ? Le PS est aussi engagé sur la pratique des lois antimusulmanes, qui donc violent le droit. Enfin, voir les soc' agiter leur ridicule projet de droit de vote achève le tableau. Clairement, ils sont dépassés.
Tous les trois s’expriment de manière différente, mais tous partagent la même conviction, qui s'exprime de manière simple : il y en a trop. Même quand ceux qui sont de trop sont français... Ils ne s'arrêtent pas à cela. Etranger, c'est pour la vie.
On peut d’ailleurs poursuivre. Cette ambiance pourrie crée quelques soubresauts dans la presse, chez les intellectuels ou les artistes, mais la masse acquiesce en silence. Le monde de la culture ? Aux abonnés absents.
Les racines de la maladie sont profondes, mais la parole s’est libérée il y a une dizaine d’années quand Houellebecq est venu donner un maquillage d’écrivain au discours bien connu de Le Pen. Il a scellé l’alliance entre le racisme et l’islamophobie, pour en faire un thème honorable de discussion. Tous s’en sont nourris.
Il faudra donc combattre les idées de tous ces braves gens pour les amener au respect de l’égalité et leur rappeler que sans solidarité, il n’y a pas de vie sociale. Leur dire aussi que la liberté n'est pas un mal.
Il faudra qu’ils cessent de nous saouler avec leurs discours de fin de banquet, et qu’ils apprennent à regarder le monde tel qu’il est. Ils ont le contrôle des appareils politiques, mais ils n’ont plus la considération de la société civile, qui vaut bien mieux qu’eux.
Pour le moment, autant se planquer et lire un bon bouquin. Je vous propose Panaït Istrati, cet écrivain du début du XX°, vagabond venu des Blakans, génial constructeur d’une pensée au milieu d’une époque fracassante, et qui a adopté la langue française pour nous dire tant de choses. Vous trouverez ses textes dans deux recueils publiés chez Phebus.