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Edouard Philippe à la hauteur malgré le président ?

Justice au Singulier - philippe.bilger, 28/04/2020

Face au fléau qui angoisse les citoyens, il tente de faire le moins mal possible et que je n'aurais pas l'impudence et l'imprudence des il n'y a qu'à, il faut qu'on... J'ai fait à plusieurs reprises une comparaison entre lui et Georges Pompidou face à de Gaulle au mois de mai 1968. Peut-être Edouard Philippe est-il vraiment découvert et apprécié depuis ces mois intenses et dramatiques où son calme, sa modestie et sa stabilité ont donné de lui une image dépassant les hostilités partisanes et appelant presque une estime générale.

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Je sais bien que six Français sur dix ne font pas confiance au gouvernement pour le déconfinement du 11 mai et que ce qui attend le Premier ministre le 28 avril à 15 heures à l'Assemblée nationale n'est pas simple.

Je sais aussi que l'absence de débat et de vote sur des sujets regroupés, puisque contrairement à ce qui était prévu le projet de traçage ne sera pas discuté à part, va ajouter à la controverse sanitaire une rancoeur parlementaire. Je ne vois pas ce qui aurait été dramatique dans le fait d'accorder à l'opposition un délai de 24 ou de 48 heures pour réfléchir sur les modalités proposées par le Premier ministre.

Je suis persuadé également que le moment venu, quand il s'agira de faire les comptes, soit de la part du président, soit pour une société civile acharnée à trouver des coupables, le Premier ministre sera en première ligne et que l'obligatoire multitude de ses interventions en fera un bouc émissaire tout trouvé.

Je n'ignore pas par ailleurs le rite politique qui consiste, pour un Premier ministre, à soutenir contre l'évidence que rigoureusement rien ne le sépare du président. Jusqu'au départ du premier ou à la défaite du second.

Le président de la République s'est réservé les grandes orientations, les généralités nobles et Edouard Philippe a été chargé de mettre en musique ce qui se dégageait des intuitions présidentielles. Tâche pragmatique et concrète pas si facile à accomplir parce qu'Emmanuel Macron n'a pas toujours rassuré son Premier ministre et ses ministres sur la cohérence et le rythme approprié de ses injonctions (Le Point).

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En effet le président a oscillé entre un Conseil scientifique longtemps suivi à la lettre et des conseillers, tel François Sureau par exemple, l'entraînant sur des chemins différents.

Certes l'article 20 de la Constitution impose une structure du pouvoir qui donne le beau rôle au président en confiant au Premier ministre qui n'est pas un simple "collaborateur" la concrétisation et la mise en oeuvre d'un programme quand les engagements de la campagne sont respectés. Mais il me semble qu'à plusieurs reprises Emmanuel Macron a compliqué la mission de son Premier ministre dont les opérations de communication et d'explication ont été dans l'ensemble réussies (CNews).

Par exemple, il a imposé par un décret de pure autorité la date couperet du 11 mai pour le début du déconfinement ce qui a incité le Premier ministre à mener les opérations à bride abattue et probablement à se trouver ainsi en accord avec le président de l'Assemblée nationale au sujet de la séance du 28 avril. Pour tenir à toute force la promesse présidentielle.

Alors que le président - et c'est très éclairant - laissait entendre, éludant sa responsabilité, qu'il n'aurait pas été hostile à un délai supplémentaire de 24 ou de 48 heures. Emmanuel Macron décrète et le Premier ministre paie les pots cassés.

Il est injuste à mon sens de ne pas les distinguer en ne reconnaissant pas au Premier ministre des mérites d'autant plus estimables qu'il aurait pu se perdre dans le labyrinthe présidentiel et qu'apparemment il continue à tenir le choc et à garder son sang-froid.

Je concède cela d'autant plus sincèrement que je n'ai pas été d'emblée un enthousiaste du Premier ministre. Je n'ai pas aimé son étrange trajectoire partisane, son recul sur Notre-Dame-des-Landes, sa manière très amicale mais peu démocratique de sauver la mise à Gilles Boyer battu lors d'une élection législative, de l'accueillir à Matignon puis de l'imposer sur la liste européenne. Ce sont peut-être des détails mais qui pour moi veulent dire beaucoup !

Il n'empêche que face au fléau qui angoisse les citoyens, il tente de faire le moins mal possible et que je n'aurais pas l'impudence et l'imprudence des il n'y a qu'à, il faut qu'on... J'ai fait à plusieurs reprises une comparaison entre lui et Georges Pompidou face à de Gaulle au mois de mai 1968.

Peut-être Edouard Philippe est-il vraiment découvert et apprécié depuis ces mois intenses et dramatiques où son calme, sa modestie et sa stabilité ont donné de lui une image dépassant les hostilités partisanes et appelant presque une estime générale. C'est ce que le sénateur Bruno Retailleau, dont l'avis compte pour une droite intelligente et à rénover, a bien voulu admettre (Le Parisien).

En forçant le trait, je réponds positivement à la question posée par mon titre.


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