Les Etats-Unis financent l’impunité des anciens dignitaires nazis
Actualités du droit - Gilles Devers, 15/11/2014
C’est une enquête de l’agence Associated Press qui l’a révélé la semaine dernière : Les États-Unis ont conclu des accords pour que d’anciens nazis, recrutés après-guerre par la CIA, quittent le pays, tout en touchant leur retraite. Donc : « Merci pour les tuyaux et pour le savoir-faire, maintenant tu te casses, et je paie pour que tu la fermes ». Bravo les valeurs.
Il était de notoriété qu’aux lendemains de la seconde guerre mondiale, pendant qu’ils jouaient les belles partitions devant le tribunal de Nuremberg, les si sympathiques États-Unis avaient recruté nombre d’anciens nazis pour imposer leurs réseaux de domination. Plus d’un millier. Parmi eux, de gros poissons, comme Otto Albrecht von Bolschwing, capitaine SS, le collaborateur d’Eichmann. A Lyon, on se rappelle bien de Klaus Barbie qui avait été recruté par les US pour exercer ses talents en Amérique du Sud. Pour qu’ils soient tranquilles et qu’ils puissent se concentrer sur leur (excellent) travail, les nazis s’étaient vu offrir la nationalité US.
Ça s’est compliqué à la fin des années 1970, quand le mouvement international de recherche des nazis, aux fins de les juger, s’est amplifié. La justice US a bien entendu pris place dans ce programme (la morale avant tout), mais quelques-uns au sein de l’organisme idoine, le Bureau d’enquêtes spéciales, ont lancé l’idée que le plus simple serait de commencer par arrêter ces gens bien connus, et dont les crimes étaient bien connus. Ce qui aurait été bien fâcheux car ces nazis recyclés auraient eu de bonnes infos à nous donner sur leur nouvelle carrière…
D’où le deal : les US retirent la nationalité, et leur versent une pension de retraite, encontre partie d’un départ discret des US et de l’impunité. Les nazis recyclés partaient avec leur passeport étatsunien pour voyager légalement vers leur pays d’origine, puis ils renonceraient à la nationalité étatsunienne, et les US versaient leur pension. Parfaitement pourri, nous sommes d’accord.
Les journalistes d’Associated Press ont fait du bon travail, et ils ont identifié plusieurs de ces personnes : Martin Hartmann, un ancien SS gardien au camp de Sachsenhausen, qui a quitté l’Arizona en 2007 pour s’installer à Berlin ; Jakob Denzinger, ancien garde d’Auschwitz, qui a quitté les US en 1989 pour s’installer en Croatie. Der Spiegel estime que sur les trois dernières décennies, plusieurs millions de dollars leur ont ainsi été versés.
Les faits n’ont pas été démentis. La « démocrate » Carolyn Maloney déposé une proposition de loi déposée en urgence devant le Congrès pour couper les finances. Explications : « Le contribuable américain ne devrait pas subventionner la retraite de ceux qui sont responsables des pires crimes de l’histoire de l’humanité ». C’est donc çà… un trop gros effort pour le contribuable… Mais sur le fait que l’administration ait recruté 1000 nazis, les ai protégé, ai utilisé leurs talents, pour ait organisé leur impunité, ça ne marque pas outre mesure la « démocrate » Carolyn Maloney.