Pour ne pas perdre son temps avec le procès Bonnemaison
Actualités du droit - Gilles Devers, 10/06/2014
Un toubib déconnecté est renvoyé aux assises pour avoir empoisonné 7 patients, et il risque une lourde peine de prison, ce n’est assurément pas banal. Ce procès, oui, pose de nombreuses questions sur les dérives d’un homme et d’un hôpital public. De vraies questions.
Comment dans un hôpital public, régi par loi de A à Z, un médecin peut-il ignorer les bases de la déontologie et l’une des plus importantes des lois, celle sur la fin de vie ? Que vaut la formation continue des médecins ?
A l’heure où les hôpitaux n’ont d’activité qu’en fonction d’accréditations, et que se multiplient les recommandations de la Haute Autorité de Santé, qui définissent les bonnes pratiques médicales, comment des praticiens publics peuvent-ils exercer dans une telle déshérence professionnelle, en rupture avec la connaissance scientifique ? Sommes-nous soignés par des sorciers ?
Alors qu’existent des données médicales certaines qui permettent d’apprécier l’état d’un patient, comment y-a-t-il pu y avoir sept morts brutales, que rien ne laissait deviner la veille, sans qu’aucun contrôle institutionnel ne fonctionne ?
Alors qu’il n’existe de travail hospitalier qu’en équipe, et que les infirmières bénéficient d’une formation leur donnant une haute connaissance clinique, comment est-il possible qu’il n’y ait eu de réaction qu’à la septième mort ?
Alors que la mort est ce qu’il y a de plus grave, comment les certificats de décès ont-ils pu être délivrés alors que ces morts ne s’expliquaient que par un acte les ayant précipitées ?
Ce sont-là de sérieuses questions, qui traitent de l’essentiel, à savoir la sécurité des patients. Un jour, vieux et fatigué, je vais me retrouver aux urgences de Centre Hospitalier de Bayonne, et je veux être sûr que je serai soigné, et non pas zigouillé par un toubib dépressif qui m’aura trouvé l’œil pas assez frais… Il faut donc (1) répondre à mes questions et (2) me dire ce qui a été fait pour revenir aux bonnes pratiques.
Quant au sort de Nicolas Bonnemaison… Je ne peux que lui souhaiter bonne chance. Il risque gros et devrait veiller à ne pas prendre la cour d’assises pour une assemblée de demeurés. Parce que franchement, ce qui ressort des préparatifs du procès et du battage médiatique, ce n’est pas folichon. Complètement à côté de la plaque ! Ça va être le spectacle du procès de la fin de vie, avec comme vedette sur la piste, le poussiéreux Koukouch… Préparez vos mouchoirs. La smala des pleurnichards va faire le show.
Alors, c’est la loi qui ne va pas ? Vous voulez une loi pour que le brave Bonnemaison ne soit pas condamné ? Assumez, les amis apprentis sorciers… Je l’ai écrite, votre loi mignonne, et le jugement qui va avec.
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Loi permettant de zigouiller les malades
Art. 1. – Quand un médecin estime un malade pas frais, alors que les signes cliniques et le bilan sont contraires, il peut décider de le zigouiller.
Art. 2. – Le médecin décide seul, et il zigouille le malade avec un produit utilisé pour la peine de mort, sans dire lequel, en planquant les ampoules, et sans rien noter dans le dossier médical.
Art. 3. – Le médecin ne doit donner aucune information à l’équipe médicale et infirmière avec laquelle il travaille.
Art. 4. – Le médecin doit outrageusement mentir à la famille en expliquant que c’est une mort naturelle, et que la médecine a été impuissante.
Art. 5. – Le médecin doit établir un faux certificat de mort naturelle.
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Jugement innocentant un médecin zigouilleur
Le tribunal d’un autre monde,
Attendu qu’estimant un malade pas frais, alors que les signes cliniques et le bilan étaient contraires, le Docteur Schmoll a décidé de le zigouiller ;
Attendu que Docteur Schmoll a décidé seul, utilisant un produit destiné à causer la mort, sans dire lequel, en planquant les ampoules, et sans rien noter dans le dossier médical ;
Attendu que le Docteur Schmoll n’a donné aucune information à l’équipe médicale et infirmière avec laquelle il travaillait ;
Attendu que le Docteur Schmoll a outrageusement menti à la famille en expliquant que c’était une mort naturelle, et que la médecine avait été impuissante ;
Attendu que le Docteur Schmoll a établi un faux certificat de mort naturelle ;
Attendu que toutes les dispositions de la loi permettant de zigouiller les malades ont été respectées ;
Par ces motifs
Déclare le Docteur Schmoll innocent ;
Le félicite pour son respect scrupuleux de la loi, sans lequel il n’y a pas de vie en société.