Cigarettes Schulzé
Le petit Musée des Marques - Frédéric Glaize, 2/03/2020
Aujourd’hui justement conspuées en raison de leur nocivité, les cigarettes furent, il y a longtemps, vantées comme des remèdes contre diverses affectations.
Il s’agissait plus particulièrement de lutter contre les … gênes respiratoires !
Ce renversant précepte est le sujet d’un article de Cécile Raynal intitulé “De la fumée contre l’asthme, histoire d’un paradoxe pharmaceutique” (Revue d’Histoire de la Pharmacie, Année 2007 353 pp. 7-24).
C’est également ce que l’on peut voir directement ci-dessous, dans une marque publiée en 1939 :
Sous le nom “Cigarettes Schulzé” et la mention “Bengalais”, figurent ces indications étonnantes :
Calment la toux ; facilitent l’expectoration
Souveraines contre
Asthme – Emphysème – Catarrhes – Bronchites
Oppressions et toutes gênes respiratoires
Des traces de l’exploitation commerciale antérieure de ces cigarettes assez particulières figurent dans l’édition de 1921 du célèbre Vidal (illustration ci-contre). Elles sont présentées comme reprenant le principe de poudres fumigatoires destinées aux asthmatiques.
C’est ce type de poudre dont Marcel Proust faisait un usage immodéré pour conjurer le mal qui le rongeait. L’auteur de la Recherche fut, en revanche, fidèle à une autre marque : Legras.
Cette poudre fut retirée du marché en 1922 “pour la raison qu’inhalée ou ingérée à forte dose, leur substance produit un hallucinogène si puissant qu’il peut entraîner la mort, ainsi que des troubles oculaires assez graves” (Fumer avec Proust, Patrick Mimouni, La Règle du Jeu, 26 avril 2010).