Actions sur le document

Procès Kerviel, l’offensive éclair de la présidente

Chroniques judiciaires - prdchroniques, 4/06/2012

Mireille Filippini, qui préside la cour d'appel de Paris devant laquelle comparaît Jérôme Kerviel, n'a pas l'intention de se laisser envelopper dans le brouillard des salles de marché. Elle leur préfère les mots simples et compréhensibles de la charte de … Continuer la lecture

Lire l'article...

Mireille Filippini, qui préside la cour d'appel de Paris devant laquelle comparaît Jérôme Kerviel, n'a pas l'intention de se laisser envelopper dans le brouillard des salles de marché. Elle leur préfère les mots simples et compréhensibles de la charte de déontologie du trading, que le jeune trader de la Société générale avait signée.

- Pour être franc, à l'époque, je ne l'avais pas lue, a indiqué Jérôme Kerviel.

La présidente, d'une voix sèche.

- C'est pourtant utile de la lire.

Elle lit. Au trader, il est demandé d'être "loyal", de "ne pas faire bouger significativement le marché", de "faire attention aux risques", de "couvrir ses positions". "Chacun  doit avoir conscience des limites de risque qui lui sont octroyées", lit-elle encore.

- Mais bon, entre le cahier de procédures et la réalité de la salle des marchés, il y a un gap énorme! s'agace Jérôme Kerviel.

- Je répète que vous l'avez signée, dit la présidente.

- Et que je ne l'ai pas lue, réplique le prévenu.

Dès ces premières heures, l'ancien trader est apparu pris de court par l'autorité sans partage et le rythme très offensif avec lesquels la présidente de la cour d'appel entend mener ces débats. Elle trace le contexte à grandes lignes, taille à la serpe dans le dossier d'instruction pour écarter ce qui lui paraît accessoire et s'en tenir à l'essentiel, en tout cas, à l'intelligible. Comme si elle avait retenu que dans cette affaire, tant du côté de Jérôme Kerviel que de celui de la Société générale, le principal adversaire du juge est la complexité dans laquelle on pourrait être tenté de vouloir la noyer. Sans doute a-t-elle lu, sur ce sujet, les recommandations que la banque adressait à ses salariés lorsqu'ils étaient en difficulté.

Du premier interrogatoire du prévenu, Mireille Filippini a déjà tiré un enseignement sur l'importance de la couverture du risque. "Il vaut mieux prendre une grosse position couverte qu'une petite position non couverte", a-t-elle résumé sans être contredite, en rappelant que chaque trader recevait un mail l'avertissant quotidiennement des limites à ne pas dépasser.

- Mais tout le monde, dans la hiérarchie, s'asseyait sur ces limites! assure Jérôme Kerviel.

La présidente marque un temps et lui demande:

- Mais vous ne pouviez pas vous en mettre vous -même des limites?


Retrouvez l'article original ici...

Vous pouvez aussi voir...