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Le smartphone plus fort que le permis de conduire

ITEANU Blog - Olivier Iteanu, 8/07/2020

Il y a quelque jours, je m’apprêtais à faire un virement via l’application sur mon smartphone mise à disposition par ma banque, quand je m’apercevais que le montant du virement dépassait le plafond autorisé par l’application.

Je me résignais alors à me rendre au guichet de ma banque.

Là, j’étais reçu par une guichetière, une jeune femme agréable, courtoise mais ferme.

Alors que je lui remettais le formulaire papier mis à disposition au guichet, mon ordre de virement préalablement rempli pour qu’elle l’exécute sur le champs, elle m’arrêtait dans mon mouvement et me demandait un titre attestant de mon identité.

Je lui présentais mon permis de conduire, seule pièce en ma possession sur le moment, sans me douter de ce qui allait suivre.

« Ah non ! » me fit-elle d’un grand cri et elle ajoutait : « ce document n’est pas un titre d’identité, mais un diplôme ! ».

Frappé d’étonnement, j’avais beau lui faire valoir que ce document était un titre officiel d’identité délivré par l’Etat, que ma photo attestait de mon identité, que ce document faisait parti de ceux reconnus par l’Etat pour exercer mon droit de vote à toutes élections, rien n’y faisait.

Ma guichetière tenait bon sur sa position : le permis de conduire ne suffisait pas à m’authentifier.

Comme je grognais pour avoir perdu mon temps à me déplacer jusqu’à elle, elle me donnait alors la solution : écrivez de votre application sur votre smartphone à votre conseillère au sein de notre banque, me dit-elle, et je ferai votre virement.

Je me reculais d’un mètre et clapotait sans délai sur le clavier de mon smartphone, un message à l’attention de la conseillère que je n’ai jamais vu de ma vie, lui demandant de réaliser un virement de tel montant, sur le compte bancaire dont je donnais l’IBAN de telle personne, puis je cliquais sur « envoyer ».

En quelques secondes à peine, la guichetière, qui ne m’avait pas quitté des yeux, consultait son ordinateur, constatait l’arrivée du message adressé à sa collègue, et réalisait immédiatement le virement souhaité.

Pour terminer, elle me remettait un document sur papier attestant de l’opération et me souhaitait une bonne journée.

Ainsi donc, le smartphone aura été plus fort que le permis de conduire.

A cela, cette histoire vécue m’inspire divers commentaires.

On pourra faire toutes les Lois que l’on veut, seuls les usages que se donnent les populations feront avancer la dématérialisation. Avec un niveau de compétence grandissant dans l’usage des outils numériques, la population installe la dématérialisation des relations là où elle y voit ou croit y voir une confiance de nature culturelle.

Car la signature électronique légale et renforcée, existe dans la législation français depuis 20ans mais elle n’a jamais rencontré le succès escompté.

Dans mon cas, ça n’est même pas elle qui a trouvé application.

En second lieu, je pense que l’Etat en particulier français, pourrait tirer de cette histoire une leçon majeure.

Certes, le numérique est envahi d’acteurs américains et chinois, aussi bien pour le matériel utilisé, que les OS ou les applications, mais rien ne se fera contre le numérique.

L’Etat doit investir l’espace numérique car s’il ne le fait pas tout se fera sans lui.


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