Camarade Jean-Marc, on compte sur toi
Actualités du droit - Gilles Devers, 15/05/2012
Sacré Jean-Marc ! Toi qui t’es battu pour la retraite à soixante ans,...
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Camarade Jean-Marc, on compte sur toiActualités du droit - Gilles Devers, 15/05/2012
Sacré Jean-Marc ! Toi qui t’es battu pour la retraite à soixante ans,...
Sacré Jean-Marc ! Toi qui t’es battu pour la retraite à soixante ans, voilà qui tu prends ton job à 62 ans, tout jeunot. Vas-y tranquille : Matignon, c’est pas comme les Pompiers de Paris, il n’y a pas de bizutage.Je suis très content de ta nomination car, légaliste forcené, je sais que maintenant on va retrouver un Premier ministre. Ca fait si longtemps… Cinq ans, c’est long. Selon l’article 20 de la Constitution, « le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation ». Et pour ce faire « il dispose de l'administration et de la force armée ». Et toi, tu es le Premier ministre, qui aux termes de l’article 21 « dirige l'action du Gouvernement ». C’est toi qui es « responsable de la Défense Nationale » et en plus tu « assures l’exécution des lois ». Alors, vas-y,... et vas-y joyeusement !L’hyperprésident s’occupait de tout et le Premier ministre n’était que son collaborateur. C’était un déséquilibre total. Nul.D’abord par rapport au texte de la Constitution. Garde toujours à portée de la main l’article 5 : « Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État. Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités ». Alors, comme tu dois assurer l’application des lois, please, commence par la première de nos lois, la Constitution.Et puis au-delà du texte, un pays a besoin d’une répartition entre celui qui préside et celui qui gouverne. Nombre de nos voisins ont gardé des reines ou des rois, et ils ne s’en portent pas plus mal. D’autres ont des présidents, mais bien à l’écart de la mêlée, pour représenter l’unité du pays. Le général de brigade à titre provisoire de Gaulle avait une vision très hallu du pouvoir et comme il était fumace de s’être fait virer en 1946, il avait mis le paquet en 1958. Mais tout çà n’est plus d’époque.Ceci dit, je me permets amicalement quelques conseils très libres, car je sais que tu n’en tiendras aucun compte.1) Tu es le chef du Gouvernement, et donc tu « détermines et conduis la politique de la Nation ». Alors, vas-y, c’est à toi. Et comme tu seras pas candidat en 2017, le Président va te ficher la paix. De toute façon, il sait que son idole la Mitte (un peu transfiguré, mais bon…) n’a jamais été aussi populaire que quand il ne faisait rien, pendant les cohabitations, alors il va te laisser gouverner. Pour une fois, les articles 5 et 20 vont être copains comme des larrons en foire.2) Il faut que tu lui trouves une occupation. Pas de problème. Pendant la campagne, chaque fois qu’on lui posait une question, il répondait qu’il faudrait tout mettre sur la table. Encore hier soir, itou avec Mamie Merkel pour l'histoire de l'accord européen. Donc, tu prends le catalogue Ikea et tu fais livrer un bon paquet de tables à l’Elysée. Lui, il mettra tout dessus, et ce sera le plus heureux des gars.3) Le programme,... laisse tomber ! Et ne fais pas même semblant. C’est juste fait pour gagner l’élection mais ça n’a aucune importance. Ne perds pas ton temps avec çà. L’article 20 vaut mieux qu’un programme, crois moi.4) Tu vas te retrouver dès ce soir avec tout un attirail de ministres, alors que tu as sous la main le génial secrétariat général du gouvernement, qui permet de tant faire. Je sais que tu te passerais de tous ces bavards, mais il faut faire avec. D’abord, prends les plus pénibles au gouvernement car tu les contrôleras mieux que s’ils restent en liberté. Ensuite, tu fais une déclaration genre « les ministres doivent être sur le terrain auprès des citoyens, pour la proximité et patati patata ». Comme ça, ils ne sont pas au bureau et tu gères en direct avec les dir’cabs, qui ont une délégation générale de signature.Allez, bon travail, camarade Jean-Marc. |
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