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La Justice a retrouvé un ministre ! Et c'est une ministre !

Actualités du droit - Gilles Devers, 7/08/2012

L’entretien de Christiane Taubira à Libération est une républicaine...

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L’entretien de Christiane Taubira à Libération est une républicaine surprise. On a retrouvé un ministre, un vrai.

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Allégorie de la Justice, Gaetano Gandolfi, entre 1760 et 1762, Musée du Louvre

 

Taubira a-t-elle tort ou raison ? On verra, mais ce n’est pas le plus important. Ce qui marque, c’est que le ministère est piloté par un Ministre, qui prend le temps de travailler avant de faire des déclarations, qui défend la qualité du travail de ses services et qui prend des positions politiques fortes. Tout çà, c’est nouveau et inattendu car bien loin des miasmes sécuritaires de la campagne de la Gauche Molle.   

Un ministre de la Justice, un vrai !

Des trois ministres de la Justice du quinquennat Sarko, aucun n’a réellement exercé la fonction car tout se décidait entre le conseiller justice de l’Elysée et le cabinet du ministère de l’Intérieur. Le ministère de la Justice voyait passer les plats,… quand il les voyait passer ! 

Il faut dire, aussi, que nous avons eu de grands visionnaires, très qualifiés pour le job.

Dati était reine pour différencier une robe Hermès ou Chanel, mais après trois ans de fonction elle ne faisait toujours pas la différence entre un procureur et un préfet.

MAM n’a rien fait, à part montrer ses talents pour la défiscalisation en Tunisie via les SCI familiales.

Quand à Mercier, le raminagrobis du groupe centriste au Sénat, il a incarné, à merveille, le vide. Notamment lorsque les policiers manifestaient à Bobigny contre une décision de justice. Ou quand Guéant, ministre de l’intérieur, commentait en direct l’affaire Merah, alors qu’une instruction judiciaire avait été ouverte.

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Allégorie du Triomphe de la Justice, Jean-Baptiste Jouvenet (1644-1717), Petit Palais

 

 

Et le programme de la  Gauche Molle ?  

 

C’était une pitié, avec dans le rôle-titre l’ex-futur ministre Vallini, qui programmait une table ronde dès qu’un journaliste lui posait une question et qui alimentait à tour de bras l’insensé discours sécuritaire de son maître de pensée, Sarkozy Nicolas.

 

Incapable de poser un principe d’analyse, et c’en était à rire : « Oui, nous allons changer cela, mais avec des aménagements, après discussion, dans le consensus, et sous conditions, et sans braquer l’électorat hostile, et patati, et patata… ». Leur trouille ? Se faire taxer de « laxisme » ou « d’angélisme », par ceux qui ont laissé exploser les chiffres de la délinquance et qui ont perdu toutes les élections en cinq ans.  Sans réflexion sur la fonction judiciaire, ils étaient à poils devant la moindre critique.

 

En figure de proue, la délinquance des mineurs car pour tous ces poltrons de l’avenir, la jeunesse est une menace. Aussi le normal Hollande François dans son programme d’acier avait prévu de doubler les centres éducatifs fermés (CEF), car les p’tits jeunes, ils allaient trembler avec la Gauche Molle, et pas l’inverse ! Il faut dire que voir la Gauche Molle trembler, ce n’est pas un spectacle pour les enfants.

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La Justice et la Vengeance Divine poursuivant le Crime, Pierre-Paul Proud’hon, entre 1815-1818,

Musée de l’Hôtel Sandelin, Saint-Omer

 

Les déclarations de Christiane Taubira

 

Les centres éducatifs fermés

 

« Il faut sortir du fantasme CEF. Il faut arrêter de dire que c'est LA solution. Aujourd'hui, on place en CEF des jeunes car, parfois, il n'y a pas d'autres offres de placement. On ne va quand même pas en construire d'autres pour légitimer ce contresens ».

 

Excellent. Un CEF, un centre fermé qui n’est pas une prison, est un élément important du dispositif mais il ne correspond qu’à l’un des besoins, celui des situations limites, et il était inadmissible de voir la Gauche Molle en faire son point phare.

 

Ce d’autant plus que comme les budgets ne suivent pas, il ne s’agit pas de construire (et équiper en personnel) des CEF mais de transformer des centres ouverts en centres fermés ! Ainsi, des primo-délinquants se trouvent, par manque de place, en CEF.

 

Aussi, et comme les expériences sont diverses, le ministère va évaluer. Mais dire qu’on évalue avant de foncer, c’est une traitrise pour les allumés de l’UMP. C'est vrai que si on évaluait l'UMP, ça ferait des dégats.

 

La ministre a tout à fait raison de rappeler les succès du service socio-éducatif milieu ouvert : 80% de non-récidive. Qui dit mieux ? Aussi, elle annonce un renforcement des effectifs. C’est la seule solution de sagesse, car vis-à-vis de mineurs, rien ne peut se faire sans le rapport humain.

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La Clémence et la Justice, Louis Jean-René Lagrénée, 1765

Musée National du Chateau de Fontainebleau

 

 

Les courtes peines

 

«Il y a des années que l'on sait que la prison génère de la récidive, c'est presque mécanique. Il faut arrêter ! Ça désocialise, ça coûte cher et ça fait de nouvelles victimes.»

Polémique ? Voici ce qu’en dit une étude faite par l’Administration pénitentiaire en mai 2011 à partir des dossiers de 7000 détenus, en examinant la situation 5 ans plus tard. Dédié à tous nos bons amis de l’UMP.

 

-          Parmi les personnes ayant purgé une peine inférieure à 6 mois, 62% avaient récidivé.

-      Pour celles ayant effectué entre un an et moins de deux ans, le taux est de 64%.

-      Seulement 37% des détenus ayant purgé une peine de cinq ans et plus avaient récidivé.

 

Oki ?

La prison comme seule solution…

C’est un problème de désintoxication de l’opinion : «La droite a fait croire à l'opinion publique qu'en enfermant de plus en plus, n'importe comment et pour n'importe quoi, on assurait sa sécurité. L'opinion a été totalement endoctrinée par des informations partisanes.»

La ministre poursuit : « La surpopulation carcérale est directement lié à la politique pénale menée ces dix dernières années par la droite. Elle est inacceptable et dangereuse, et des consignes vont être données aux parquets pour freiner le recours aux peines planchers et aux courtes peines de prison, susceptibles d'être remplacées par des peines alternatives.»

 

Le démantèlement des campements de Roms ?

 

La réponse tient en quelques mots : «C'est une question pour Manuel Valls? Allez place Beauvau. Là, on est place Vendôme.»

 

Cette fois-ci, c’est sûr : on a retrouvé un ministre de la Justice, garde des Sceaux. Et c'est une ministre.

 

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Allégorie de la Justice et de la Paix, Corrado Giaquinto, 1753, Collection privée


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