Hollande a rendu les armes devant Le Pen
Actualités du droit - Gilles Devers, 28/06/2012
N’imaginez pas un instant que je vais laisser passer par pertes et profits la trahison de Hollande. Le Pen a construit sa gloire sur un thème : « Il y a trop d’immigrés ». Et Hollande répond : « Oui, il y a trop d’immigrés ». Ce n’est pas la fin de la Gauche, mais l’apogée de la Gauche molle.
Hollande n’a jamais rien eu à fiche de l’immigration. Il s’en tape. Pendant ses années de premier secrétaire, vous ne trouverez jamais une ligne de soutien aux associations qui œuvrent pour la défense des droits des étrangers. Il a sous-traité la question à la saumâtre asso SOS Racisme, et son douteux « Touche pas à mon pote ». Le sympathique dirigeant est Harlem Désir, condamné es-qualité pour escroquerie à 18 mois de prison avec sursis. Le pote, c’est le gentil arabe qui, bon couillon, vient se faire évangéliser par les valeureux socialistes. Mon petit arabe à moi,… comme la petite copine tchadienne de Morano. Nul.
Sarko, qui était un Hollande N-1, avait lui aussi posé les armes devant la famille Le Pen. Il avait créé un ministère de l’Identité Nationale, et lorsque ce ministère a sombré, il avait donné compétence pour l’immigration au ministre de l’Intérieur,… ce qui n’avait jamais été vu. La Gauche vivante avait protesté, alors que ces questions ont toujours relevé des affaires étrangères ou des affaires sociales. Le mollasson Hollande a maintenu la mesure prise par son frère intellectuel, Sarkozy. Comme çà, c’est clair.
Après, cette salade sur les 30 000 régularisations par an... Mais savent-ils de quoi ils parlent ? « On va fixer des critères ». Mais banane, figure-toi que ces critères existent depuis belle lurette, et qu’ils s’appellent l’asile, la vie familiale et le travail, avec des jurisprudences blindées sur lesquelles la limace Hollande n’a pas plus d’influence que sur la première circonscription de La Rochelle. Les « régularisations » ne sont pas des cadeaux mais des reconnaissances de droits.
C’est parce qu’ils ont le droit d’obtenir un titre de séjour que certains immigrés injustement précarisés obtiennent gain de cause. Hollande, et son chef de chantier Valls, accréditent le discours lepéniste de l’envahissement qu’il faut contenir.
Une faute centrale : l'oubli de ce qui fait la Gauche, la solidarité.
Le roi de la molasse avait annoncé des concertations tous azimuts, et sur tout et n’importe quoi. Mais, tiens, pourquoi pas de concertation sur l’immigration ? Hollande valide les 30 000 régularisations de Sarko, et repart dans son trou. C’est trop risqué de parler d’immigration avec les pros ? Ah les petits… Et tous ces crétins entonnent en cœur : « pas de laxisme ! ». Quel aveu ! Pour ces colonialistes dans l’âme que sont les dirigeants socialistes, l’immigration est une affaire de délinquance.
Il faut donc poser quelques principes.
- L’immigration est la grande chance de la France. Sans les populations immigrées, la France serait en régression économique. Les immigrés participent à tous les niveaux à l’expansion du pays. Sans eux, l’économie s’écroule.
- Grace à l’action internationale de Pompidou, Mitterrand, et Chirac, la France garde une excellente image dans un monde fracassé par les impérialismes. Cette amitié est manifeste dans les pays francophones d’Afrique, et il est urgent d’engager une grande politique avec ces peuples amis. L’immigration fera partie des questions à négocier,… loin de la caricature des 30 000. Sarko avait fait un discours frelaté à Dakar, mais au moins il avait été à Dakar pour parler de l’Afrique. La molasse s’est contenté d’une interview de son porte parole au journal Le Monde. Ca, ce sont les talonnettes dans la tête.
- Il est impossible de parler valablement d’immigration sans une mise au carré avec ce grand pays qu’est l’Algérie. L’Algérie est au cœur de notre histoire. C’est la base de tout. Les Algériens ont des choses à nous dire, et nous avons des choses à faire ensemble. J’aime beaucoup l’Egypte, la Libye ou le Liban, mais pour la France, rien ne peut se faire sans une relation construite avec l’Algérie. Pour l’ouverture au monde, l’Algérie est comme l’Allemagne pour la politique européenne.
- Dans trente ans, la planète reposera sur de grands pays leaders : la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil… Pour Hollande cuisiné à la sauce Le Pen, la question de l’immigration se résume au nombre de basanés dans le 9-3. Fatal error. Se refermant sur ses frontières, en cultivant l’image d’une France finie, qui ne peut plus s’accroître mais qui peut juste être partagée, Hollande – qui sait très bien tout çà – vend ses idées pour pas un rond. Il le paiera cher.
Ils voulaient réussir l’intégration, entendue comme une assimilation. Le résultat est qu’ils ont intégrés la pensée Le Pen, de A à Z.
Si la France veut penser son aveniri, elle doit, en lien avec les pays intéresser, s’ouvrir au monde et ouvrir les portes pour l’immigration. Mais ils ne ferons rien, pour ne pas braquer l'électorat lepeniste. Le naufrage est annoncé dans ce refus de reconnaître les droits des personnes immigrées.
Navire faisant naufrage près du Mont Athos, Ivan Aivazovsky, 1856