Un débat, Macron en haut !
Justice au Singulier - philippe.bilger, 3/05/2017
Comme beaucoup de Français, je l'attendais avec une très vive impatience.
Comme beaucoup de Français, j'espérais enfin un débat qui ferait s'affronter, face à face, les deux candidats, visage contre visage, intelligence contre intelligence, vision contre vision.
On l'a eu et il n'a pas été médiocre. Il a révélé deux personnalités aussi dissemblables que possible.
Débarrassé des partialités choquantes de la campagne et de l'agacement causé par la multitude des soutiens opportunistes en faveur d'Emmanuel Macron, j'ai pu, enfin, dans ce dialogue de 150 minutes, bien maîtrisé par les deux journalistes, me faire une opinion exacte des argumentations, des compétences, des dignités et des projets.
Je n'ai pas aimé le ton de chansonnier de Marine Le Pen à la toute dernière seconde et constamment, lors des échanges, sa volonté de traiter Emmanuel Macron le plus banalement, le plus grossièrement possible et de constituer ce spectacle comme "une bonne blague". Comme si ayant perdu, malgré les apparences, toute espérance de vaincre dimanche prochain, elle avait eu presque envie de tourner en dérision un moment pourtant capital.
Emmanuel Macron a dominé. Il a opposé à la globalité approximative et trop vindicative de Marine Le Pen une rationalité, une pédagogie et une clarté rassurantes, aussi respectueuses qu'elles pouvaient l'être dans une pareille joute.Il a résisté autant qu'il a pu à la tentation de s'abandonner au climat prosaïque et vulgaire auquel elle tenait pour dissimuler l'absence de fond structuré derrière une forme de gouaille et de facilités. Pourtant Emmanuel Macron a montré, avec quelques piques, qu'il n'était pas sans talent ni cruauté dans l'acerbe et la démolition.
Marine Le Pen, sur le terrorisme et l'islam a marqué quelques points mais à trop vouloir exploiter son avantage, elle l'a perdu d'autant plus qu'Emmanuel Macron, ayant corseté et durci son discours, n'a pas été en retrait sur ces sujets où on l'accusait d'être pusillanime.
Elle a trop ressassé sur Emmanuel Macron continuateur de François Hollande et créature socialiste, d'autant plus qu'elle avait déjà tout dit, comme dans un prélude d'opéra, dans son introduction.
Sur l'Europe et l'euro, il a écrasé son adversaire condamnée à des généralités volontaristes qui ne cachaient pas le peu de substance.
Il a fait preuve de gravité et, quand elle n'était plus possible, d'ironie.
Emmanuel Macron a enthousiasmé ses soutiens, ses amis, ses partisans, ceux qui voteront pour lui le 7 mai.
Le plus important est que personne, en tout cas, ne l'a jugé indigne d'être notre président de la République au soir du 7 mai.
Après ce débat, Macron en haut.