Il faut prendre la Russie au sérieux
Actualités du droit - Gilles Devers, 5/01/2013
Depardieu, c’est pas rien, et son succès d’artiste est là. Mais il n’est qu’un poussin dans les mains de Poutine, et il va falloir apprendre à prendre la Russie au sérieux.
J’ai souhaité, et œuvré à mon minuscule niveau, à la défaite de Sarkozy, le héros de la xénophobie light et sympa, et je souhaite que ce destructeur de la France ne revienne jamais au pouvoir (sauf dans le lotissement de belle-maman, car il faut bien que cette poignée de maisons du Cap-Nègre se rallie au réseau de tout à l’égout). Alors, quand lors du meeting de Villepinte, j’ai vu débarquer sur scène cette barrique de Depardiou, je me suis bien marré. Parents communistes, amours socialistes et retraite sarkozyste : une vie…
Mais quand quelques jours plus tard, j’ai vu la belle société parisienne assister « Place de la Bastille » au baiser raté de François et Valérie, sous les regards émus de Désir et Mosco, alors j’ai compris que la France partait au bain,… et que Depardiou était bien informé.
Aujourd’hui, ce mec se casse. Pour aller où ? Chez Poutine ! C’est une réalité de l’émigration : on quitte son pays pour un sort meilleur, et la France-rance ne pourra pas toujours jouer la marinière contre le village planétaire… Quand Depardiou allait en Belgique, le PM le traitait de minable ; quand il va en Russie, le PR lui donne un coup de fil…
Il faut dire que si Depardiou n’est qu’une plume d’artiste, Poutine, c’est du sérieux. Oui, il relève du droit pénal pour les ordres qu’il a donné en Tchétchénie, quand il faisait la course avec Bush pour diaboliser les patriotes musulmans.
Mais Bush, qui a fait bien pire, n’a pas été traduit en justice, pas plus que ne le sera le nouveau VRP de la firme US, le souriant Obama, si cool avec ses photos de famille. Alors, les critères de la démocratie… On en reparlera.
Quand début juin 2012, Poutine était venu à Paris, Hollande avait cru pouvoir lui faire une leçon sur la Syrie, demandant illico presto la tête d’Assad. La réplique avait été vive, Poutine reprenant la parole pour lui dire sans ambages qu’il ignorait tout de la situation au Moyen-Orient (Ce qui est hélas bien vrai…)
Au premier rang se trouvait Bambi, sinistre de la communication, qui pendant la campagne avait dénoncé Sarkozy comme un mélange de « Silvio Berlusconi et de Vladimir Poutine, avec le vide idéologique de l'un et la brutalité des méthodes de l'autre ». Bambi qui soudain regardait ses pompes…
Depuis, le « gouvernement » n’a fait que se ridiculiser sur le plan international. Hollande devait renégocier le traité européen… Hollande devait mettre en œuvre son excellent discours d’opposant à l’intégration par la France du commandement militaire de l'OTAN… Puis ça été la France et ses conférences bidon sur la Syrie, courant en réalité après les plans de Clinton… La France n’a aucune politique extérieure, à part plaire à l’ami US pour ne pas fâcher les banques.
Poutine s’offre ainsi à peu de frais une victoire humiliante sur la France.
Vous pouvez trouver tous les défauts à la Russie, et je peux vous aider pour faire la liste. Mais entre les US, aussi criminels qu’endettés – et donc prêts à tout – et la Chine qui distribue son argent mais gouverne si mal, il est clair qu’on ne fera rien dans le monde sans reconnaître le rôle éminent de la Russie, comme élément de stabilité dans l’Europe, l’Asie centrale et le Moyen-Orient.
Si les frasques fiscales du trublion Depardiou peuvent aider ouvrir les yeux, ça ne sera pas si mal.