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Wauquiez et Romero : les deux sont ridicules

Justice au singulier - philippe.bilger, 31/05/2013

Romero en ne se poussant pas du col, et son intimité avec lui, et Wauquiez en n'étant pas effrayé de déclarer qu'il était hétérosexuel et heureux de l'être.

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Laurent Wauquiez n'aurait pas eu besoin de citer Nabila, l'exemplaire idole de notre modernité vulgaire, pour se défendre à la suite de sa confrontation avec Jean-Luc Romero (nouvelobs.com).

Celui-ci, en effet, profitant des explications embrouillées de l'ancien ministre tétanisé par la peur de ne pas être dans la ligne du "sexuellement correct", s'est engouffré dans la brèche en lui reprochant vertement d'avoir laissé entendre que l'homosexualité était contraire "à ses valeurs". Ce qu'au demeurant Laurent Wauquiez qui n'est pas un imbécile et a une moralité au moins égale à celle de Romero n'a jamais signifié.

La loi sur le mariage pour tous est entrée en application et le premier mariage a été célébré à Montpellier. Il y en aura d'autres. Moins qu'on le pense parce que beaucoup, au sein de la communauté gay, souhaitaient le droit mais pas forcément la chose.

Cela ne changera pas l'existence de la multitude banalement hétérosexuelle guère écoutée et respectée ces derniers mois, en tout cas sur le plan politique et par la police en certaines de ses charges. Je suis d'autant plus à l'aise pour contester cette différence de traitement entre les supporters de foot et les opposants au mariage pour tous, au bénéfice des premiers, que je me suis gardé comme la peste, pour plusieurs raisons, d'être de ces défilés massifs et globalement pacifiques (Le Figaro).

Mais que viennent donc faire les "valeurs", la morale dans un débat sur les orientations sexuelles, qu'elles soient majoritaires, minoritaires, choisies ou irrésistibles ? Quelle étrange manière a Jean-Luc Romero de prétendre en permanence nimber l'homosexualité d'une sorte de vertu éthique, d'aura supérieure ? Une disposition de grâce spéciale ?

La sexualité est tout ce qu'on veut, un état, une affaire de passion, d'instinct, de goût, d'esthétique, de peau, de désir, de rejet ou d'adhésion, de féminité adorée ou de virilité sans partage, tout sauf une question de "valeurs". On n'est pas meilleur quand on est homosexuel pas plus qu'on n'est remarquable pour le seul motif que les femmes seraient notre seul horizon.

Laurent Wauquiez n'aurait pas dû se laisser enfermer dans cette absurde alternative tendant à faire de l'homosexualité un humanisme et de l'orientation autre et dominante une conduite à justifier et des appétences presque coupables à force d'être discutées par l'inquisiteur Romero.

Tu es homosexuel. Je n'y vois rien à redire. Je suis hétérosexuel. Tu n'as pas à me juger de haut.

Romero a fait de ce combat sa raison de vivre et la preuve de son utilité sociale. Il a indiqué qu'il envisageait bientôt de se marier avec son compagnon. Très bien.

Pour que l'homosexualité, selon la très pertinente remarque d'un tweet, soit enfin perçue avec une heureuse banalité, pour que le baiser de deux hommes dans la rue cesse d'être une surprise, même légère, mais l'expression d'une affection intégrée si bien à notre société qu'on passerait à côté d'elle sans la remarquer, pour servir la cause d'une positive indifférence, il faut aussi qu'ils y mettent, chacun, du leur.

Romero en ne se poussant pas du col, et son intimité avec lui, et Wauquiez en n'étant pas effrayé de déclarer qu'il était hétérosexuel et heureux de l'être.


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