Ne laissez pas les lumières s'éteindre à Gaza, par Maram Humaid
Actualités du droit - Gilles Devers, 17/11/2013
Il peut sembler étrange quand tu appelles tes amis en fin d’après-midi, vers 17 heures, et que tu découvres alors que la plupart d'eux dorment déjà... Est-ce déjà le temps du sommeil, alors que dans le monde entier, c’est l’heure de grande activité ?… Et pourtant, pour les habitants de Gaza, c’est devenu la norme (Le texte est de Maram Humaid, jeune journaliste de Gaza, Palestine).
C’est devenu la vie normale du fait de la limitation de l'électricité que nous connaissons actuellement : une coupure quotidienne de 18 heures… Cela laisse 6 heures pour tout faire: repasser vos vêtements, faire vos devoirs, étudier, regarder la télévision, avoir accès à Internet, ou tout simplement pour profiter de la lumière. Certainement, les gens qui ne vivent pas à Gaza savent ce que l'électricité peut faire pour la vie!
Ces six heures sont divisées en quatre fractions de temps : matin, midi, soir et minuit, pour répartir la rareté. Aussi, les habitants de Gaza organisent leur vie en fonction. Pour bénéficier de l'électricité à minuit, la plupart des étudiants dorment très tôt, dès la fin d’après-midi, et ils se réveillent à minuit pour pouvoir alors travailler, étudier les cours et préparer leurs examens. Tout le monde se débrouille pour s’adapter à la crise croissante de l'électricité.
Se plaindre de cette crise et de ses conséquences est un sujet permanent. Vous quittez la maison lorsque le courant est coupé, et dans le taxi que vous prenez, le chauffeur et les passagers discutent de la situation de l'électricité… Vous arrivez au travail, et tous les collègues parlent de leur bataille avec les problèmes liés à la limitation de l’électricité.
Mohammed, 26 ans, coordonnateur de projet, explique les difficultés qu’il rencontre à cause des coupures de courant. Il explique : «Même si j'ai un chargeur UPS pour éclairer les lampes de la maison, ça reste un dispositif sommaire et qui ne marche que pour une courte durée. Le problème des coupures de courant affecte chaque chose dans notre vie, et à tous les niveaux. Ça devient très lourd moralement ».
Azmy, 24 ans, est un programmeur web qui a beaucoup de travail. Avec humour, il se décrit comme un ensemble mobile de chargeurs pour téléphones cellulaires et ordinateurs portables. Écoutons-le : «Je suis sur le bord de la folie à cause de la limitation d'électricité. Tout mon travail dépend de l'électricité, et 6 heures par jour n'est pas assez. Je dois diviser mon temps entre le domicile et le travail en essayant de capturer le courant ». Et il ajoute : «J'ai rencontré de nombreux problèmes avec mes clients, mais j'essaie de terminer mes contrats à temps ».
A Gaza, le problème de l'électricité n'est pas nouveau. Pendant sept ans, il ya eu une coupure de huit heures par jour. Et l'approvisionnement en électricité n'est qu'un des nombreux problèmes avec lequel les gens de Gaza doivent composer dans leur vie de tous les jours, et alors que l’hiver approche.
Les limitations d’électricité sont liées à la crise du carburant à Gaza depuis plus trois mois, qui a conduit à la fermeture de la seule centrale électrique dans la bande.