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Procès Hazout : le conseil de l’ordre des médecins présente ses « excuses » aux plaignantes

Chroniques judiciaires - Pascale Robert-Diard, 18/02/2014

C'est fini, promis, cela ne recommencera pas. Silencieux ou quasi inerte pendant des années, le conseil départemental de l'ordre des médecins a assuré, mardi 18 février, avoir tiré toutes les leçons des défaillances constatées dans le traitement du dossier disciplinaire … Continuer la lecture

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C'est fini, promis, cela ne recommencera pas. Silencieux ou quasi inerte pendant des années, le conseil départemental de l'ordre des médecins a assuré, mardi 18 février, avoir tiré toutes les leçons des défaillances constatées dans le traitement du dossier disciplinaire du docteur André Hazout. "Je suis personnellement effondré de voir un dossier comme celui-là. Je ne peux pas comprendre ce qui s'est passé. Ce que je peux vous dire, c'est que depuis 2008, nous avons tout mis en ordre pour que de tels faits ne se reproduisent pas", a indiqué à la barre son secrétaire général, le docteur Jean-Louis Thomas, qui, au nom de l'instance disciplinaire, a présenté ses "excuses" aux plaignantes.

Entre 1985 et 2005, le conseil départemental de l'ordre a été destinataire de dix signalements émanant de patientes qui se plaignaient d'attitudes ou de gestes inappropriés de la part du gynécologue. Certains n'ont eu aucune suite, pas même une lettre de réponse. "J'assume le fait que cela a été mal géré", a concédé l'un des dirigeants de l'époque, cité comme témoin. "Responsable mais pas coupable, on a déjà entendu cela", lui a répliqué, cinglante, l'avocate générale, Annie Grenier.

Parmi les anciens dirigeants de l'ordre, le docteur Philippe Biclet est le seul à avoir réagi. Alerté par un coup de téléphone anonyme en août 1999, il avait aussitôt convoqué le docteur Hazout pour lui demander des explications. Celui-ci avait contesté ce qui lui était reproché – un baiser sur la bouche d'une patiente et des "offres" de relations sexuelles. A la demande solennelle de son confrère de l'ordre, il s'était cependant engagé par écrit à pratiquer à l'avenir les examens gynécologiques en présence d'une tierce personne, secrétaire ou aide-soignante. Un engagement que le docteur André Hazout n'a pas respecté.

"L'homme est faillible, la déontologie doit le tenir"

"Les médecins ne sont pas des saints, ni des misérables. Mais ils exercent un pouvoir. Pour prendre soin de gens parfois fragiles, vulnérables, on doit être 'bien dans ses baskets'. Le respect du corps, de sa nudité, est aussi fondamental que le secret professionnel. Le regard du médecin peut être humain. Mais il doit être aseptique sur le plan sexuel. Si soi-même on n'est pas capable de se tenir physiquement ou psychologiquement, il faut se faire soigner ou changer de métier", a observé le docteur Biclet.

"Aujourd'hui, on se rerouve devant la cour d'assises avec un accusé auquel on reproche des viols et des agressions sexuelles. En avez-vous fait assez ou vous êtes-vous arrêté en chemin ?", lui a demandé le président de la cour, Hervé Stephan, en évoquant l'expression de "désastre déontologique" employée par le docteur René Frydman lors de sa déposition. "Il y a une carence, c'est clair", a répondu le docteur Biclet, qui milite depuis des années pour renforcer la place de la déontologie dans les études de médecine. "L'homme est faillible et c'est précisément la déontologie qui doit le tenir", a-t-il ajouté.

Les excuses présentées par le conseil de l'ordre ont en tout cas permis de clarifier sa place dans ce procès. Après les avoir obtenues, Me Georges Holleaux, l'avocat de l'une des plaignantes, a annoncé qu'il retirait sa demande visant à déclarer irrecevable la constitution de partie civile de l'instance représentative des médecins. Mais il a rappelé que par une décision rendue le 29 octobre 2012, la cour administrative d'appel avait condamné le conseil départemental de l'ordre en considérant que son "inertie fautive avait fait perdre toute chance aux patientes d'échapper aux agressions sexuelles du docteur André Hazout".


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