Dhafer Youssef, le jazz soufi
Actualités du droit - Gilles Devers, 31/03/2013
C’est un p’tit gars né à Téboulba en Tunisie. A dix ans, il était repéré comme un génie de l’oud, le luth méditerranéen, et ce gamin faisait vriller la tête de toutes les filles de Monastir. Avant que ça ne tourne à l’émeute, on l’a embarqué pour la capitale mozartienne, Vienne, histoire qu’il se forme aux classiques.
Mais les cravatés impénitents du Conservatoire n’ont pu ouvrir leur porte à ce virtuose de l'oud... car il ne maîtrisait pas assez le solfège. Une grande chance pour nous, car notre ami a été récupéré par les clubs de jazz, où il a fini de roder sa prodigieuse voix.
Et là, concerts et enregistrements, tout s’est enchaîné. Perso, je vous recommande son CD Electric Sufi, enregistré à New York en 2002. Si vous êtes fâché avec quelqu’un, offrez-lui ce CD, et vous en ferez un ami.
La base de Dhafer Youssef, c’est la culture jazz, la beauté arabe et la profondeur soufie. Mais il nous embarque bien plus loin avec ses fidèles musiciens : le génial Tigran Hamasyan au piano, Chris Jennings qui à la contrebasse donne une assise prodigieuse à cette musique inédite, et le batteur Mark Guiliana, puissant et attentif à tout, auteur d'un solo ensorcellant. Avec Les Ondes Orientales, on voit le soleil éclairer les plus lointains des sommets.
Et comme si ça ne suffisait pas, tous les quatre rendent hommage au grand poète Abu Nawas, né en 757 à Ahwaz, en Iran, d'un père arabe et d'une mère persane, et mort à Bagdad en 815. Le poète de tous les temps, selon les mots de Franz Fanon.