Les battements de coeur sont à proscrire !
Justice au singulier - philippe.bilger, 6/12/2014
Derrière ce débat qui revient de manière lassante pour fustiger les notes et déplorer les redoublements, on peut voir, comme le dit très bien Luc Ferry, quelque chose de "stupéfiant de niaiserie".
Il est évident qu'il s'agit là d'un enjeu politique et, que même si la droite a aussi mis la main et l'esprit dans ce processus, la gauche, elle, est comme un poisson dans l'eau pour tout ce qui va encore plus déstructurer, mal égaliser et confondre le bon avec le moins bon (France 2, à CSOJ).
Non pas l'égalité du respect pour tous : ne pas brimer les meilleurs et encourager les pires , mais l'égalité du nivellement qui n'a que l'obsession de favoriser l'uniformité de l'échec pour tous.
Comme tout va mal dans le domaine de l'éducation, il est normal qu'on ne songe pas à remonter la pente mais à concevoir une action qui accompagne et favorise le déclin. Résister serait réactionnaire.
Au-delà de ces polémiques où de prétendus experts font la leçon à des professeurs compétents, je perçois un mouvement infiniment plus ravageur sur le plan humain.
Une conception grotesque de la laïcité a failli interdire l'installation d'une crèche à la mairie de Béziers, alors que les représentants des autres religions se disaient heureux de venir à son inauguration (Boulevard Voltaire).
Le Conseil général de Vendée, dirigé par le remarquable battant qu'est le Sénateur Retailleau, lui, n'a pas droit à une crèche à l'accueil de son bâtiment.
Ces diverses manifestations touchant aussi bien le scolaire que la religion comme culture manifestent qu'en réalité, on veut faire de notre société une collectivité de sécheresse, où aucune émotion ne sera accueillie, bienvenue.
Celle de l'élève qui attend, qui espère, qui tremble et qui jubile. Celle des premiers de la classe comme celle des derniers. De ceux qui sont fiers comme de ceux qui remonteront à force de volonté. Tous ces battements de coeur, aussi contrastés qu'ils soient, qui font sens, créent du lien et laissent l'humain tisser sa toile.
Celle du citoyen, du passant, du visiteur éblouis, heureux, émus, nostalgiques devant cette représentation de la crèche qui appartient à l'universel de nos mémoires et de nos sensibilités, quoi que prétendent les dogmatiques et les idéologues d'une société coupée en tristes tranches sectaires. Tous ces battements de coeur qui, à coup sûr, sauvent ce qu'il est encore possible de sauvegarder dans notre monde : la douceur, la force, la solidarité du sentiment.
Bientôt, on viendra questionner la manière dont l'amour, la passion nous bouleversent. On jugera intolérables nos débordements.
Derrière cette idéologie qui a pour but de ramener au plus petit dénominateur commun, le plus pauvre, le plus étriqué, le moins stimulant, se profile l'ombre lugubre, en dépit des apparences, d'un anti-humanisme.