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Manif pour tous : Ils s’en prennent même à Jean Moulin !

Actualités du droit - Gilles Devers, 22/06/2013

Se tenait à Lyon ce 21 juin une cérémonie honorant la Résistance, à...

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Se tenait à Lyon ce 21 juin une cérémonie honorant la Résistance, à l’occasion des 70 ans de l’arrestation de Jean Moulin, et ce devant la prison de Montluc, où ce héros de la liberté a été torturé à mort par les nazis.

Ces cérémonies sont bizarres, car si l’engagement de Jean Moulin nous parle de l’essentiel, et si la ville a compté nombre de martyrs, elles participent au mythe collectif de « Lyon, capitale de la Résistance », enjolivé par tant de facilités. Or, le mensonge ternit tout.

Edouard Herriot, maire de Lyon, avait marchandé avec Pétain pour obtenir que Lyon soit déclaré « ville ouverte » le 18 juin… Le jour du fameux appel… Avant même la signature de l’armistice… De fait, aucun coup de feu n’a été tiré et aucune forme de résistance n’a été opposée lors de l’arrivée des soldats d’Hitler. jeanmoulinlivre.jpg

Herriot a joué le jeu de la victoire nazie et de la fin de la démocratie. Il a renoncé à embarquer pour Alger avec Pierre Mendes et les premiers résistants, sur le Massilia. Il a tout fait pour aider le coup d’Etat de Pétain alors qu’il était président de la chambre des députés, acceptant une séance publique de pure forme, l’essentiel des débats se tenant à huis clos, sans retranscription au Journal officiel… Il est resté président de l’Assemblée, comme une fiction, alors que Pétain s’était attribué le pouvoir législatif… pour la seule raison que Pétain lui assurait le versement d’une indemnité. Il a violé la séparation des pouvoirs et les bases de l’honnêteté politique en transmettant à la Cour de Justice de Pétain (Procès de Riom) les archives de l’Assemblée Nationale pour accuser Léon Blum. Il a désigné les parlementaires Juifs (sur quels critères?) pour leur demander de démissionner, a accrédité par son silence les plus criminelles des lois - anti-juives, anti-étrangers et instaurant la répression politique - pour finalement démissionner quand le régime lui a coupé la précieuse indemnité… En 1944, il était encore en contact avec Laval.

Et aujourd’hui la ville qui se vante « capitale de la résistance » a donné le nom de ce mec à la grande rue qui conduit à la mairie, au plus grand hôpital de la ville, au port sur la Saône, à un grand Lycée… Tout le monde le sait, et tout le monde réécrit l’histoire, alors, franchement, c’est bon… Et on pourrait raconter tant d’autres choses. Que la ville arrête de se mentir, et tout sera plus simple…

Mais un hommage à Jean Moulin, à la Résistance et aux déportés, en présence du premier ministre, ça, c’est hors polémique.

J’ai à la maison un exemplaire du livre posthume de Jean Moulin - Premier Combat - édition de 1947, aux Editions de Minuit. Jean Moulin était alors préfet d’Orléans, et il décrit l’arrivée des réfugiés, puis celle des troupes nazies, avec les exactions, les exécutions des soldats sénégalais… Courrez vite acheter ce livre si vous ne l’avez pas encore.

La prison de Montluc est aussi un lieu qui impose le respect. C’était une antichambre de la mort, tenue par la Wehrmacht depuis 1942. Près de 8.000 personnes y ont été détenues, pour être interrogées sous la torture, et la plupart ont été déportées vers les camps d’extermination.

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Eh bien rien n’arrête la Manif pour tous, même pas ça.

Lors de la cérémonie, les Manif pour tous ont commencé à hurler des slogans anti-Hollande et ils ont sifflé durant le Chant des marais, composé par les premiers déportés. Les flics se sont positionnés pour les isoler, mais l’un d’eux s’est glissé sur le banc de la presse, et lorsque Ayrault a commencé son discours, il s’est écriée : « Regardez comme ils sont beaux, ces enfants ! Eux, ils ont un père et une mère ». Le mec a été viré.

Jean-François Carenco, le préfet, était écœuré : « On n’a pas le droit de faire ça devant tous les anciens déportés qui étaient présents. On n’a pas le droit de faire ça devant ceux qui sont sortis des camps d'Auschwitz ou de Dora. Aujourd'hui, c'est comme si on leur avait fait un bras d'honneur ».

Alors, bien sûr, la Manif pour tous a déploré ces abus… Eh bien pas du tout. Jean-Baptiste Labouche, l'un des représentants locaux approuve : « Les gens s'expriment où ils peuvent. L'endroit n'était pas le meilleur, mais ce qui est arrivé est la conséquence de l'autisme du Gouvernement ».

Au passage je signale à ce brillant penseur que l’autisme n’est pas une faute, ni une incurie, mais une maladie, et qu’accuser quelqu’un d’une maladie, sur le ton de l’injure, c’est juste ignoble. 


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