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Salpêtrière : autopsie d'un système pervers !

Justice au Singulier - philippe.bilger, 3/05/2019

A la Salpêtrière, le 1er mai, et dans les jours qui ont suivi pour la polémique, un système a été enclenché, bien plus dangereux pour la démocratie que toutes les vérités officielles même démenties : celui de la prime à l'esprit partisan, à la perversion hémiplégique. A la relégation de l'intelligence qui est d'abord plénitude et nuance.

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La mode est de dénoncer le "système". Avant même l'irruption des Gilets jaunes dans un espace démocratique qui n'était pas si déplorable que cela !

Depuis leur surgissement inlassable et frénétique, cette détestation est portée à son comble. Elle accable donc un "système" politico-médiatique qui offrirait une vérité officielle et manipulerait l'opinion publique. Qui, inspiré par le pouvoir, ne serait porteur que de mensonges.

Je m'interroge : et si le vrai système était ailleurs, dans l'obsession permanente de ne choisir, dans le réel, que ce qui subvertit et vient donner du grain à moudre à ceux qui, pour s'opposer au "système" classique, n'en sont pas moins des fauteurs de trouble, des transgresseurs, voire des délinquants ? Convient-il d'avoir une empathie inconditionnelle pour cette frange, Gilets jaunes ultras et black blocs violents, au prétexte que depuis tant de samedis ils piétinent le dialogue républicain et épuisent la police ?

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Ce qui s'est déroulé en marge du défilé du 1er mai, devant l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière puis à l'intérieur de celui-ci, est révélateur du glissement d'une vérité officielle dénoncée par principe, pas totalement corroborée par la suite, vers une mythologie où de pauvres manifestants, pour échapper à une méchante police et à l'usage de gaz lacrymogènes, se seraient réfugiés sans le savoir dans un hôpital !

J'admets que moi-même, dès l'information connue et parce qu'en plus elle était plausible - on n'était plus à une indignité près -, ai été scandalisé par l'intervention de la députée LFI Danièle Obono qui émettait des doutes sur la réalité de cette exaction inqualifiable (Sud Radio).

Et, bien sûr, le ministre Christophe Castaner a été la cible de prédilection de la part de tous ceux qui, dans une période où l'agitation et le désordre sont maîtres, ont besoin de se "payer" un bouc émissaire dont on réclame avec une insistance monotone la démission (Morandini blog).

Que la version initiale ne soit pas à retenir dans son odieuse pureté est vraisemblable.

Mais que, si vite, on oublie, on néglige le bris des loquets, les dégradations du matériel informatique, les intrusions, le fait qu'une vingtaine de personnes étaient déterminées à forcer l'entrée du service de réanimation (par l'issue de secours), l'inquiétude perceptible, sur les vidéos, des infirmiers, du personnel de santé, est effarant. Ambiance que le professeur Mathieu Raux a parfaitement décrite en la déplorant. Etait-il inconcevable de ne pas savoir retenir, la peur extrême passée, le caractère scandaleux et intimidant de cette irruption collective ?

Comme si, parce qu'on n'a pas "achevé" des malades dans un état grave par une immixtion intempestive, il convenait presque de se féliciter du reste (Le Parisien) !

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C'est là où un système pervers bien plus néfaste que l'officiel joue son rôle et vient légitimer tout ce qui de près ou de loin porte atteinte au pouvoir et à sa mouvance, parce que le premier légitimement élu est honni et poussé sadiquement vers des extrémités qu'heureusement il refuse.

Il émane des protestataires aux slogans indécents, violents, des black blocs casseurs pourtant applaudis par certains Gilets jaunes, d'une multitude qui n'est plus stimulée aujourd'hui - les six mois ont une histoire et la cause initiale a été dévoyée peu ou prou par les vindicatifs de l'opposition à tout prix, de la haine et de la destitution - que par l'accomplissement du pire et l'entêtement à durer dans le refus de tout.

Par conséquent il était hors de question, face à une vérité officielle heureusement amendée, de s'en tenir à une version qui aurait tenu compte de la réalité en ne constituant pas, par contrecoup, ceux qui auraient pu être des "salauds" pour des héros. Cette dénaturation sans nuance aucune du réel est lamentable et cet aval implicite ou explicite prodigué à ce seul camp gratifié parce qu'il met en pièces, consciencieusement, obstinément la tranquillité publique, l'équilibre républicain.

S'il faut choisir, Christophe Castaner (que je ne méprise pas car je ne suis pas persuadé que beaucoup qui le tournent en dérision feraient mieux que lui) me semble infiniment moins dangereux, même s'il s'est trompé de bonne foi - il regrette d'avoir usé du terme "attaque" - sur le degré de gravité et de dangerosité de l'immixtion collective, que les idéologues entêtés d'en face pour lesquels ce pouvoir aura toujours tort. Condamné quoi qu'il fasse. Et ses ennemis sanctifiés quoi qu'ils accomplissent.

On a constaté avec quelle précipitation on est venu au secours des trublions à partir d'un réel coupé en tranches et sélectionné pour tenter de démolir les apparences.

Comme j'aimerais qu'à chaque fois que des malfaiteurs, des délinquants, des citoyens abusés vitupèrent de manière éhontée la police pour son action légitime, on ait les mêmes aussi sourcilleux sur la réalité, aussi exigeants pour la preuve, aussi acharnés à contredire, aussi équitables pour le jugement ! Ce n'est jamais le cas. Il va de soi qu'elle est toujours présumée coupable. Les réquisitoires ne visent qu'elle.

A la Salpêtrière, le 1er Mai, et dans les jours qui ont suivi pour la polémique, un système a été enclenché, bien plus dangereux pour la démocratie que toutes les vérités officielles même démenties : celui de la prime à l'esprit partisan, à la perversion hémiplégique.

A la relégation de l'intelligence qui est d'abord plénitude et nuance.


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