PARIS (Reuters) - Le suspense cessera mercredi pour la composition du gouvernement de François Hollande, 24 heures après l'annonce des noms du Premier ministre et du secrétaire général de l'Elysée, pour lesquels Jean-Marc Ayrault et Pierre-René Lemas sont favoris.
Le premier conseil des ministres aura lieu dès jeudi et aucun décret ne devrait a priori être adopté, la réunion étant consacrée au rappel des règles à suivre par ses membres.
"Normalement, un président est jugé à la fin mais beaucoup dépendra du début", a déclaré lundi le président élu à la presse. "Nous avons devant nous des semaines exigeantes."
Annoncée comme respectueuse de la parité hommes-femmes et ouverte à la diversité, l'équipe gouvernementale devrait être organisée autour de 15 grands pôles thématiques.
Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes, devrait la conduire et sa nomination devrait intervenir entre une cérémonie à l'Hôtel de ville de Paris et le départ de François Hollande pour Berlin, où il rencontrera la chancelière Angela Merkel.
Germanophile et germanophone, le sérieux président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale connaît par coeur les rouages du Parlement et cultive une relation de confiance avec le nouveau président, répondant ainsi à deux conditions posées par ce dernier pour le futur locataire de Matignon.
Dans les sondages, c'est la première secrétaire du PS qui est pourtant plébiscitée pour devenir la deuxième femme Premier ministre après Edith Cresson.
Finaliste de la primaire PS, Martine Aubry n'a pas ménagé ses critiques envers François Hollande mais a été fair-play durant la campagne. Si Matignon lui échappe, elle pourrait hériter du titre du numéro deux du gouvernement et d'un gros ministère - l'Education et la Culture sont évoqués.
Les noms de Manuel Valls et de Michel Sapin, respectivement directeur de communication et responsable du projet présidentiel, étaient toutefois encore cités ces derniers jours pour diriger le gouvernement.
LEMAS, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ÉLYSÉE
Le poste de secrétaire général de l'Elysée reviendra à un haut fonctionnaire, Pierre-René Lemas, ancien directeur de cabinet du président du Sénat, Jean-Pierre Bel.
A l'instar de Michel Sapin et de Ségolène Royal, mère des quatre enfants de François Hollande, Pierre-René Lemas a étudié aux côtés du chef de l'Etat au sein de la promotion Voltaire de l'Ecole nationale d'administration (Ena).
François Hollande a prévenu pendant la campagne que "la raison l'emporterait sur le coeur" au profit de "l'intérêt général" au moment de former le gouvernement, qui sera revu après les élections législatives des 10 et 17 juin.
Les Affaires étrangères pourraient échoir à Pierre Moscovici, qui a supervisé la transition diplomatique la semaine dernière, ou à l'ancien Premier ministre Laurent Fabius, qui a sillonné le monde, du Proche-Orient à la Chine, au nom du candidat PS pendant la campagne.
Jean-Yves Le Drian, président de la région Bretagne, est cité pour la Défense. Passionné des questions liées à l'armée, troisième budget de l'Etat, cet ami de trente ans de François Hollande est allé aux Etats-Unis pour préparer le sommet de l'Otan de Chicago du week-end prochain.
Le député Vincent Peillon est annoncé au pôle Education, secteur crucial pour le président, qui veut créer 60.000 postes pour l'école et fait de la jeunesse sa priorité absolue.
Pour l'Economie et le Budget reviennent les noms de l'ancien ministre Michel Sapin et du président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac.
Manuel Valls et le président du groupe socialiste au Sénat, François Rebsamen, sont pressentis à l'Intérieur. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et le sénateur André Vallini sont en lice pour la Justice.
NOUVELLE GÉNÉRATION
Le député et ancien candidat à la primaire Arnaud Montebourg est associé à un éventuel grand ministère de l'Industrie. Le député européen Stéphane Le Foll, organisateur de la campagne de François Hollande, pourrait obtenir l'Agriculture.
Chez les femmes, le nom de la députée Marisol Touraine revient pour les Affaires sociales et la Santé.
Parmi les autres tenantes de la nouvelle génération figurent Najat Vallaud-Belkacem, élue de Lyon d'origine marocaine découverte par Ségolène Royal. Autre protégée de la candidate PS de 2007, la députée des Deux-Sèvres Delphine Batho a fait ses preuves comme porte-parole de François Hollande.
Aurélie Filippetti et Fleur Pellerin, respectivement chargées de l'Economie numérique et de la Culture dans l'équipe de campagne, sont aussi citées, de même que l'ancienne candidate à la présidentielle Christiane Taubira.
Valérie Fourneyron, médecin du sport et maire de Rouen, la ville natale de François Hollande, est annoncée aux Sports et une place pourrait aussi récompenser la sénatrice Frédérique Espagnac, ancienne attachée de presse de François Hollande lorsqu'il était Premier secrétaire du PS.
Le gouvernement pourrait aussi accueillir le président du Parti radical de gauche, Jean-Michel Baylet, et le sénateur Robert Hue, qui se sont rangés tôt derrière François Hollande.
Quant à Ségolène Royal, candidate à La Rochelle pour les élections législatives, elle a confirmé ce week-end son désir de se porter candidate à la présidence de l'Assemblée nationale.
Il faudra sans doute attendre les lendemains des législatives pour voir entrer au gouvernement des écologistes, comme la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts Cécile Duflot, ou des élus de la "gauche de la gauche".
L'ancien candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a refusé par avance tout rôle gouvernemental, mais des communistes pourraient se laisser tenter.
"Nous ne sommes pas dans la majorité puisque nous ne sommes pas au gouvernement. Mais ça n'a pas de sens de se considérer dans l'opposition", déclare lundi dans Libération le député européen, candidat à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) pour les législatives.
Edité par Yves Clarisse