Des Miss qui n'auront plus besoin de logis / reposez en paix mes amies.
Actualités droit du travail, par Artemis/Velourine - Artémis, 16/06/2012
La création de l'élection de Miss SDF en Belgique, au cours de l'année 2009, avait soulevé mon indignation .
J'ai publié plusieurs articles , dont un billet , intitulé "Les paillettes n'ont jamais caché la misère ou chronique de l'absurdité"
Je m'interrogeais sur le devenir des élues .
j'écrivais ceci " j'ai mis dans les albums ( cliquez sur la colonne de gauche ou ici ) les photographies des 11 finalistes . Regardez ces visages de femmes brisées par la vie : tous les maquillages du monde ne pourront pas effacer leur désespoir!
Les faire défiler et jeter en patûre leur malheur pour gagner le droit d'être logé pendant un an est d'une indignité sans nom ....
Les finalistes semblent heureuses elles le disent . L' une d'entre elles dit " c'est le plus beau jour de ma vie" .
Mais ne nous trompons pas.
Aujourd'hui ces femmes oubliées parmi les anonymes captent l'attention .
Elles existent à nouveau dans le regard des autres.
Mais demain elles retomberont dans l'oubli et une seule d'entre elle aura peut être retrouvé un toit et un emploi....
Pour aller plus avant, j'ai contacté les organisatrices de ces élections et suis devenue amie Facebook avec Chantal Wets.
Que sont elles devenues ?
Pascale Werry, candidate à l'élection de Miss SDF 2010, est décédée le 25 janvier dernier.
Chantal Wets, disparaissait également début 2011..
Pascale avait moins de 40 ans et Chantal 55 ans ...... no comment
"C'est la dureté de la rue qui les as tuées. ", explique Mathilde Pelsers, organisatrice du concours miss SDF 2010, au groupe Sudpresse. Les deux femmes avaient réussi à changer de vie mais "on ne sort jamais indemne des années passées dans la rue", ajoute Mathilde.
Thérèse Van Belle, 60 ans, qui avait été élue Miss SDF est hospitalisée. "Elle est très malade. La pauvre avait eu sa chance pour recommencer et maintenant, elle ne va pas bien", raconte Mathilde.
Je n'ai trouvé qu'un article concernant la situation de notre " heureuse Miss".
Cet article date de mars 2012.
Thérèse est endettée et a été expulsée de son appartement ...
voici la reproduction de l'article
"Son élection à la tête du concours Miss SDF Belgique, en octobre 2009 à Tour et Taxis, représentait beaucoup pour Thérèse Van Belle, Schaerbeekoise de 60 ans. C’était, pour ainsi dire, un jour de lumière dans son quotidien bien grisâtre, fait de galères à répétition.
La mère de deux enfants, dont un fils handicapé mental âgé de 37 ans, avait à l’époque gagné un an de loyer gratuit. Sa nouvelle adresse ? Une petite maison avec jardin, rue Godefroid Kurth, dans la commune d’Evere. Un an passe, sans gros souci. Mais une fois le délai écoulé, Thérèse ne s’en sort plus.
“Des SDF, envoyés par l’ASBL qui avait organisé le concours, ont squatté chez moi, dans le jardin, dans les différentes pièces. J’avais pitié. Donc, j’ai accepté. Je me sentais mal de refuser mais lorsqu’on reçoit une facture géante de Sibelgaz, d’Electrabel, on ne sait plus faire face à ses dettes…”
Car (voir ci-dessous) le prix remporté comprenait bien le loyer mais pas tous les à-côtés : téléphone, gaz, électricité, etc. Progressivement, Thérèse ne paye plus ses factures, jusqu’à accumuler un arriéré de quelque 5.000 euros. “Avec les 842 euros que je gagne par mois, et les 600 euros de loyer à payer, c’était tout bonnement impossible pour m’en sortir .”
Endettée jusqu’au cou, elle ne peut plus payer son loyer. Vient alors la convocation du juge de paix, contacté par le propriétaire, qui lui indique que, pour le 8 mars, elle doit quitter la maison everoise, et risque de se retrouver à la rue. Une décision qu’elle ne conteste pas. “Je comprends mon propriétaire et ne lui en veux pas.”
Depuis son intronisation, si l’on peut dire, Thérèse a perdu énormément de poids, pour atteindre 34 kilos. À cette maigreur s’ajoutent “l’arthrose et l’asthme . Je n’en peux plus, je ne sais presque plus monter les escaliers, et je dois m’occuper de mon fils handicapé de surcroît !”.
Selon elle, l’ASBL de Mathilde Pelsers, l’infirmière sociale qui a créé le concours, lui a proposé un autre domicile. “Mais c’est bien trop loin, à Saint-Nicolas ! Je les remercie néanmoins, car ils me font confiance et savent que je suis quelqu’un de maniaque, qui rend chaque lieu où j’habite dans un état impeccable. Mais j’ai toujours été d’ici, de Schaerbeek… De plus, je dois commencer à apprendre à parler néerlandais, à 60 ans…”
Sa garantie locative de 1.900 euros également envolée, Thérèse se résout à quitter la rue Godefroid Kurth, le 8 mars. Une solution temporaire s’offre à elle : s’installer chez sa fille, au sein d’un ménage bien solide. “Mais je ne veux pas m’incruster trop longtemps dans leur vie…” Elle recherche donc, désespérément, un petit appartement pour son chien, elle et son fils, qui, elle l’espère, pourra travailler ensuite dans un atelier protégé.
Aujourd'hui je n'ai plus aucun doute sur la " perversité" de ce type de concours.
En effet, ce concours a mis au devant de la scène des femmes fragilisées par les épreuves et la misère..
Pendant une année, elles ont été transportées dans un tourbillon médiatique , allant de défilés en défilés , sur les plateaux de TV, dans des émissions radio, participant à des manifestations organisées dans des grands magasins etc....
Tout le monde applaudissait ce conte de fée sordide ! comme s'il suffisait de quelques conseils de relooking, de promesses de réinsertion , et même d'un logis pour les réinsérer durablement !
Aveuglées par les paillettes , ces femmes ont cru au bonheur retrouvé ! et c'est en cela que ce concours (et la marchandisation de la misère qu'il a généré ) est monstrueux car il a donné de faux espoirs à des personnes fracassées par l'existence.
Les organisateurs de ce concours, les sponsors, les médias et notre silence ont tué ces femmes... si la rue a tué leur corps , nous avons tué leur dignité !
Miss SDF Belgique suscite des questions [news]... par ReadyHdFull