Fleur Pellerin a commis un péché mortel !
Justice au singulier - philippe.bilger, 29/10/2014
Dans une France qui va mal et qui a failli être humiliée par Bruxelles, notre ministre de la culture Fleur Pellerin a commis un péché mortel : si elle a déjeuné avec notre prix Nobel de littérature - cette distinction est beaucoup, voire trop pour lui à mon sens -, elle n'a pas été capable de citer un seul titre de ses romans.
Patrick Modiano s'en est sans doute très bien remis mais l'ébullition qui a suivi cet épisode "capital" de notre vie publique pourrait laisser penser que le destin de notre pays ne tient plus qu'à un fil : celui de la culture de Fleur Pellerin.
C'est une péripétie liliputienne du type de celles qu'adore la France, portée au paroxysme, dans l'outrance et le ridicule, par des personnalités pour qui la culture est une obligation et un pensum et notre nation a du temps à perdre, à dilapider.
On a le droit de ne pas lire un seul roman de Patrick Modiano et si on s'avisait d'être aussi impitoyable à l'encontre de certains de nos intellectuels et journalistes qu'ils se sont plu à l'être en se moquant de Fleur Pellerin, leur caste serait décapitée!
Qu'on songe que Claude Askolovitch n'a pas hésité à pourfendre une ministre qui nous entraînait vers "l'état de barbarie" et aurait dû démissionner ! Que devra-t-elle donc faire si un jour elle commet une faute gravissime ?
Jack Lang, ancien ministre de la culture qui, dans la nostalgie, fait quasiment l'unanimité est venu courageusement à son secours. J'ai retrouvé la personnalité qui avec éclat s'était portée au secours de la liberté d'expression dans les polémiques concernant les spectacles douteux de Dieudonné. Aurélie Filippetti aurait dû s'en inspirer mais elle n'est plus à un ressentiment près !
J'ai toujours apprécié Fleur Pellerin, je suis partial mais je persiste : elle n'a commis aucun péché mortel et la France ne tremble pas sur ses bases à cause d'elle, pas plus d'ailleurs que la culture. Elle aura probablement chapîtré l'un de ses conseillers et c'est tout.
Si la seule tragédie française, aujourd'hui, était de ne pas pouvoir citer le titre d'un roman de Modiano, notre pays serait au comble de la félicité !
On sait bien que non et un drame authentique nous l'a récemment rappelé.
Fleur Pellerin est innocente.