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Le crime dans son horreur : comment juger ? comment comprendre ?

Actualités du droit - Gilles Devers, 18/12/2013

Le samedi 5 novembre 2011, à Bellegarde, un petit bourg tranquille de 6 500...

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Le samedi 5 novembre 2011, à Bellegarde, un petit bourg tranquille de 6 500 habitants entre Arles et Nîmes. Il est 18 h 30, et Océane, 8 ans, vient de négocier avec son père l’autorisation d’aller, seule et de nuit, récupérer un jeu vidéo chez un voisin, à moins de deux cent mètres de la maison. Océane connait bien le chemin pour se rendre chez ses deux copines, et elle y était encore dans l’après-midi. C’est un quartier tranquille, avec de petites rues sans circulation. Tout le monde se connait.51EQ2AKDZBL._SY445_.jpg

Ce soir-là, il pleut un peu, et s’arrête à hauteur d’Océane une voiture conduite par un voisin, Nicolas, un jeune père de famille de 25 ans, avec trois enfants. Tous deux se connaissent, comme voisins. Cet après-midi de pluie, Nicolas s’est occupé à faire passer le temps, avec un peu de bière et de sheet.  En fait, c’est la galère d’un couple incertain, et Nicolas vit depuis quelques jours dans sa voiture.

Océane monte dans la voiture pour se faire déposer devant chez Pierre, mais Nicolas ne s’arrête pas. Il part en direction de Manduel, s’arrête à trois kilomètres, dans un endroit à l’écart de tout. Océane panique. Nicolas lui presse la main sur le visage. Il caresse le sexe, puis viole l’enfant. Les prélèvements médicaux ont retrouvé du sperme. Nicolas sort de la voiture, entraîne Océane suffocante, la dépose sur le sol et, avec son opinel, il porte quatre coup dans la région du cœur, dont un sera mortel. Il est 19 h 30. Le corps, à moitié dénudé, sera retrouvé le lendemain matin.

Hier, la cour d’assises du Gard a déclaré Nicolas Blondiau, 27 ans, coupable de meurtre et de viol, et l'a condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de 30 ans incompressible. Une peine très rarement prononcée.

A travers les articles de presse, on parvient à restituer les faits, simples, reconstitués et reconnus. En revanche, il est très difficile de comprendre le contexte, les personnalités, les causes. L’agresseur était en vrac, c’est sûr, mais il gardait une vie sociale, trimbalait un comportement d’addict, mais sans passé psy lourd, et ce père de famille n’avait pas de casier. Alors, pourquoi ? Comment ?  Pourquoi cette violence absolue ? Comment l’esprit peut-il autant se dérégler ?9782738130266FS.gif

Pour de tels procès, il faudrait des pages et des pages pour retracer les audiences. Il se dit beaucoup de choses, convergentes ou non, et tous les points de vue s’expriment. Se pose aussi in concreto la question du jugement. Qui juge et comment ?

Alors que de tels faits braquent nos consciences et nous posent mille questions, nous devons nous contenter de bribes venues des audiences, ou des déclarations du procureur lors de l’enquête. C’est très regrettable, et dans la mesure où le principe est que l’audience est publique, pourquoi limiter cette publicité à ceux qui peuvent se rendre dans la salle d’audience ?

Faut-il filmer les audiences ? Ça parait difficile, car le récit passe par des scènes tellement atroces qu’il faut bien toute la solennité des palais de justice pour les entendre. Mais, pour des affaires d’une telle portée, la loi pourrait instaurer la fonction d’un magistrat chargé de diffuser au mieux les travaux des cours d’assises. Le crime laisse trop de questions sans réponse, et la justice, rendue au nom du peuple français devrait mieux lui rendre compte. 

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