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11 septembre : Le Chili fait partie de notre histoire

Actualités du droit - Gilles Devers, 11/09/2013

Salvator Allende, candidat de l’Unité Populaire, une union de la gauche...

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Salvator Allende, candidat de l’Unité Populaire, une union de la gauche chilienne, a réussi l’exploit de gagner l’élection présidentielle en 1970. Il est investi le 4 novembre 1970. C’est alors la grande époque de la guerre froide, bloc contre bloc, et Nixon est furieux de cette victoire qu’il n’a pas vu venir.

Le lendemain, le 5 novembre, Kissinger lui transmet un plan pour déstabiliser Allende et le renverser, en posant le problème clairement : « L’élection d’Allende comme président du Chili nous pose le plus sérieux problème que nous ayons rencontré dans cette hémisphère ».

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http://www2.gwu.edu/~nsarchiv/NSAEBB/NSAEBB110/chile02.pdf

Le risque est d’abord le Chili, où les US tiennent les mines de cuivre, promises à la nationalisation. Mais c'est surtout la contagion démocratique que redoute Kissinger.

En pleine surchauffe, il écrit : « Tout le monde est d’accord pour dire qu’Allende va chercher à atteindre trois buts :

« Instaurer un Etat socialiste, marxiste, au Chili ;

« Eliminer l’influence US au Chili et dans l’hémisphère ;

« Etablir des relations étroites avec l’URSS, Cuba et les autres pays socialistes ».

Or, si Allende entretenait de bonnes relations avec Castro, il n’était pas sur une ligne communiste et il avait bien assez à gérer au Chili avant de vouloir implanter le communisme en Amérique du Sud. Mais la réussite d’un pouvoir socialiste, issu d’élections démocratiques, remettait en cause l’épouvantail du communisme. Un défi.

Le principe est vite posé : « Le maintien d’Allende au pouvoir, dès lors, créerait de sérieuses menaces sur nos intérêts et notre position dans l’hémisphère ». Pas d'autre solution que de le virer, mais Kissinger reconnait la difficulté, car « Allende a été élu dans la légalité, c’est le premier gouvernement marxiste à arriver au pouvoir par des élections libres ». Il pose alors le « problème fondamental » : on ne peut envisager de trouver un modus operandi avec lui, car cela renforcerait sa légitimité, et il faut donc le combattre : « nous engageons un programme pour lui empêcher de consolider son pouvoir ». Il écarte « l’affrontement direct, qui serait trop visible » et renforcerait l’image d’Allende, pour retenir l’approche « froide mais correcte », reposant sur l’étranglement économique pour préparer le terrain à un coup d’Etat. Nixon acquiesce, et débloque un budget de 10 millions de dollars pour la CIA, et pendant trois ans, Kissinger va se démener.

On retrouve Nixon et Kissinger trois ans plus tard, quelques jours après le coup d’Etat. Voici le texte d’un enregistrement déclassifié du 16 septembre 1973 :

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http://www2.gwu.edu/~nsarchiv/NSAEBB/NSAEBB123/Box%2022,%20File%203,%20Telcon,%209-16-73%2011,50%20Mr.%20Kissinger-The%20Pres%202.pdf

 

Kissinger : – Les choses sont en train de rentrer dans l’ordre au Chili et évidemment les journaux hurlent parce qu’un gouvernement pro-communiste a été renversé.

Nixon : - C’est pas de ça qu’il s’agit ?

Kissinger : - Je veux dire qu’au lieu de s’en féliciter…  A l’époque de Eisenhower, nous aurions été des héros.

Nixon : - Eh bien nous, non…. Comme tu le sais, notre main n’apparait même pas ici...

Kissinger : - Nous ne l’avons pas fait. Je veux dire que nous les avons aidés à créer les meilleures conditions possibles…

L’armée au petit matin a attaqué tout le pays. Salvator Allende s'est retranché dans le palais présidentiel de La Moneda. Il fait évacuer sa famille, puis vers midi, encerclé par l’armée, il prononce une dernière allocation à la radio, avant de se suicider. A 14 heures, Pinochet a pris le pouvoir. La répression sera terrible : après des années, le bilan n’est pas sûr du fait d’un grand nombre de disparitions, mais on compte 3 200 morts et disparus, autour de 38 000 personnes torturées. Le régime tiendra jusqu’en 1990.

Gardons intacte la mémoire du 11 septembre. C’est une base dans le combat de la démocratie contre la dictature.

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