Mariage gay, inceste, polygamie et… famille
Actualités du droit - Gilles Devers, 15/09/2012
Le cardinal Barbarin doit bien rigoler de voir tous les héros de la laïcité triomphante venir se prosterner à Fourvière pour entendre ses oracles. Et du coup, il leur dit ses quatre vérités...
Les élus accros à Fourvière
En 1643, alors que la peste noire frappait la ville, les responsables publics avaient abandonné leurs fonctions pour placer la ville sous l’autorité de la Vierge. Et super efficace, la Vierge avait débarrassé la ville de la peste.
Alors, chaque année, le maire, accompagné du distrayant monde politique loccal, vient en remerciement offrir à l'archevêque « la quantité de 7 livres de cire en cierges et flambeaux, et un écu d'or ». Tout ému, le cardinal bénit ensuite la ville depuis le balcon de la Basilique de Fourvière.
Du grand cirque... Une fois à Paris, ils chantent tous en chœur : « Pas un signe religieux dans l’espace public », mais une fois au bled, ils demandent à l’Evêque de bénir la ville. Ah ah ah… On les prend au sérieux en proportion.
Hier, le « ministre » de l’Intérieur était à Lyon,… et il s’est urgé d’aller lui aussi rencontrer l’Evêque. Et comme l’Evêque n’est pas un béni oui-oui, il lui a dit ce qu’il pensait du mariage gay, puis il s’est empressé de le répéter à la radio RCF.
Voici l’extrait de ce que dit cet Evêque si écouté des élus.
Cardinal Barbarin : « Le fond de la question, c’est : qu’est-ce que c’est qu’un mariage ? Un mariage, c’est un mot qui veut dire un rempart pour permettre au lieu le plus fragile de la société, c’est-à-dire une femme qui donne la vie à un enfant, que toutes les conditions soient établies pour que cela se passe de la meilleure possibilité (sic). Donc après, cela a des quantités de conséquences qui sont innombrables parce qu’après ils vont vouloir faire des couples à trois ou à quatre, après, un jour, peut-être, je ne sais pas quoi… l’interdiction de l’inceste tombera. Enfin, à partir du moment où il y a quelques repères qui sont majeurs ».
Radio RCF : « Vous dites ‘rupture de société’ »
Cardinal Barbarin : « Oui, oui, c’est une rupture de société mais je pense que tout le monde en est conscient. Pour nous, la première page de la Bible (qui dit que le mariage unit un homme à une femme) a un peu plus de force et de vérité qui traversera les cultures et les siècles que les décisions circonstancielles ou passagères d'un Parlement ».
Ça le fait, non ?
Bambi en était toute émue. Elle nous a livré cette puissante pensée : « Vouloir ouvrir le mariage aujourd'hui, c'est une question d'égalité des droits, ça n'est pas une volonté de déstructurer la famille ». Donc, il se confirme que Bambi est très gentille.
Tout le problème est que le mariage est un accord scellé sous le feu de l’amour… mais aussi une institution sociale. Ce n’est pas que le sacre public de l’amour de deux personnes. Le mariage crée une famille, et suivent des pans sociaux entiers : filiation, autorité parentale, éducation, et patrimoine.
Ce que dit Barbarin ne se dégage pas d’un revers de main, mais je pense que la vraie réponse est d’ouvrir, et pleinement, la question de la famille.
La famille... On en parle ?
La question n’est pas le mariage gay, mais la famille gay, et si l’on ne veut pas déstructurer le droit de la famille, il faut une égalité parfaite : mariage, patrimoine, et filiation, donc adoption, présomption de paternité du conjoint, et accès égalitaire à la procréation médicale assistée. Il va falloir que le Législateur assume, et pour ma part, je le souhaite.
Cela veut dire aussi, et de manière déterminée, défendre la famille comme lieu de la transmission et de l’éducation, pour la protéger contre les intrusions abusives de l’Etat. Cette réflexion est à conduire, et elle est d’autant plus nécessaire que la famille va mal, et qu’elle est agressée tous les jours par un Etat curieux, prétentieux et répressif.
Ce gouvernement sait-il ce qu'est une famille ?