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Ecrire, c’est agir !

:: S.I.Lex :: - calimaq, 19/05/2012

Il y a des jours où l’on se demande à quoi bon continuer à enchaîner des billets, à veiller, à réfléchir, à écrire, à creuser, à essayer de propager les idées auxquelles on croit. Il y a des jours où … Lire la suite

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Il y a des jours où l’on se demande à quoi bon continuer à enchaîner des billets, à veiller, à réfléchir, à écrire, à creuser, à essayer de propager les idées auxquelles on croit. Il y a des jours où l’on se dit que l’inertie du système est trop forte et que le démon de l’appropriation est une hydre à cent têtes qui repoussent sans arrêt.

Comment combattre cet “Insane Endless Warrior“, comme l’appelle Lawrence Lessig ?

Et puis, il y a des jours où l’on sait exactement pourquoi on écrit et où le sens de l’engagement apparaît de manière lumineuse.

Hier soir était l’un de ces jours, quand j’ai reçu ce tweet de @Pouhiou, par lequel il m’informait qu’il avait décidé de faire passer le site de son projet NoeNaute.fr sous licence CC0 (Creative Commons Zero), le faisant entrer ainsi dans le domaine public par anticipation.  Sa décision s’est concrétisée en partie après avoir lu mon billet “Les bonnes recettes du libre“, publié cette semaine sur OWNI.

NoéNaute.fr, c’est un roman feuilleton publié sous la forme d’un blog, au rythme de 5 épisodes par semaine, avec l’intention de créer une nouvelle expérience de lecture et une nouvelle forme de relation entre l’auteur et son public.

Dans la partie les Règles du jeu de son site, @Pouhiou exprimait déjà des positions qui le rapprochaient de la sphère du Libre :

L’oeuvre Vous Appartient.

Ce blog est une expérience. Je vous lance un livre : qu’allez vous en faire ? A l’heure où on essaie de défendre tant bien que mal un modèle d’édition complètement dépassé, J’ai voulu tenter de revenir vers le conteur qui venait tisser les mots de son épopée au coin du feu. Ou sur la place publique. Mais d’y revenir en version numérique, parce que j’aime autant l’epub que le papier !!

Aux jours où l’on prend les artistes en otage ; pour mieux traiter de « pirates » des humains simplement curieux de culture (et ainsi les chasser et les punir)… J’ai décidé de faire « à la main », en DIY, un vrai partage.

 Vous êtes les éditrices. Vous êtes les directeurs marketing. Vous êtes les attachés de presse et les libraires. Vous êtes ce que vous pourrez imaginer.

Ce livre vous appartient. Vous voulez que d’autres gens le lisent ? A vous de le promouvoir. Si vous mettez des outils en place on les affichera sur le blog (exemple : la chaine email que j’ai lancée, dans le plus pur style années 90). Vous voulez voir le projet évoluer sous une autre forme (ebook, papier, audiobook, créations dérivées) : ça peut se mettre en place. Vous pensez qu’il faut mettre de la pub sur le blog ? Un bouton de don paypal mais juste pour les illustrateurs & illustratrices ?

Tout peut s’imaginer. J’admire les démarches comme celle de la Team Alexandriz qui, voyant que l’industrie culturelle n’avançait pas, ont décidé de prendre les choses dans leurs petites mimines, et ont ainsi créé une belle e-bibliothèque. Contactez la presse ou de vrais éditeurs si ça vous tente, liguez-vous dans les commentaires pour aborder tel sujet ou un autre, les bonus seront là pour ça.

Il était donc finalement assez naturel qu’@Pouhiou finisse par adopter un instrument juridique de mise en partage de sa création et il a choisi de le faire par le biais du plus ouvert de tous : la licence CC0, comme annoncé dans ce bonus 13 où il explique ses motivations :

J’écris pas : je digère.

Je vois que le langage familier de certains personnages me vient direct de mon addiction à Kaamelott. Je note régulièrement les emprunts que je fais à telle auteure ou tel créateur, et je sais que ce que je rétribue s’est nourri du monde autour de moi. C’est pour ça que d’aucuns croient en une noétie (époque d’aristote) ou une noosphère (quelques siècles plus tard). Un monde des idées où la conscience collective passerait en nous pour se faire digérer et ainsi inlassablement évoluer et muter, comme la terre traversant le corps des lombrics se renouvelle.

 J’ai jamais compris les titres de propriété.

 Sérieux. Acheter un lopin de terre m’a toujours paru abscons. Surtout enfant. Quelle drôle d’idée ! En quoi de l’or et un papier peuvent me permettre de croire que cet endroit m’appartient plus qu’à cette fourmi ? La maison que je construis, pierre après pierre, peut être détruite comme ça, par n’importe quel élément. Pourquoi le travail que j’y ai mis m’appartiendrait ? En grandissant j’ai compris qu’il s’agissait de conventions pour « la loi des hommes », histoire que chacun respecte le territoire de l’autre. Mais j’ai jamais été territorial. Ou possessif. Heureusement que je suis matérialiste, sinon il ne me resterait pas grand chose…

Libérer Les NoéNautes.

Depuis le début, j’ai une intuition : ce livre, cette histoire, ce délire t’appartient. Au début, j’ai voulu te forcer à t’en emparer. Que tu outrepasses le simple rôle de lecteur pour me soulager du boulot qu’il peut y avoir. Or, s’emparer d’une oeuvre, la faire sienne, c’est déjà lui accorder son attention. Tu t’en emparais déjà, c’est juste que je le voyais pas. Néanmoins il me manque quelque chose. Un acte symbolique qui permettre qu’en tous sens, cette oeuvre t’appartienne.

Dès aujourd’hui, je fais passer Les Noénautes dans le domaine public volontaire.

Cela veut dire que tu as le droit d’en faire ce que tu veux. Tu n’as aucun compte à me rendre. Tu peux éditer et vendre cette oeuvre pour ton propre compte, tu peux la réécrire, l’adapter, la recopier, en faire de la pub ou des navets… Tu es libre. Parce que légalement, cette oeuvre est libre. La loi Française imposerait que tu fasses mention de l’auteur malgré tout : OSEF, j’irai pas t’attaquer ^^. J’avoue que si tu fais quelque chose de tout cela, ça m’amuserait que tu me tiennes au jus. Mais tu n’as plus d’autres obligations que celles que tu te crées. Tout ceci n’est bien entendu valable que pour les textes de ce site, les images appartenant aux illustres qui sont dûment nommés.

Toi tu Sais, parce que c’est à toi.

Voilà, maintenant cette oeuvre tu peux librement en disposer. Et moi aussi (et je le ferai ^^). Un grand merci à@calimaq pour son article qui a fini de me convaincre. Si vous vous intéressez à la création numérique et à la reconnaissance des auteur-e-s allez lire son blog « S.I.Lex », ça vaut le détour. Je tiens juste à finir en disant que la campagne de promotion sur facebook « Cette Personne Sait… » marche du feu de Zeus ! Merci à toi de continuer à partager ces images sur ton mur (chaque jour plus nombreuses) et à inciter tes ami-e-s à les partager à leur tour…

C’est grisant, la liberté, hein ?

Il y a des jours où l’on se rend compte qu’écrire, c’est agir, au sens noble du terme, comme le disait Hannah Arendt : introduire de la nouveauté, faire un pas de côté, commencer du neuf, prendre des initiatives et en déclencher, par le pouvoir des mots, de la conviction et du débat public !

Nous sommes libres de changer le monde et d’y introduire de la nouveauté.

Merci @Pouhiou de le prouver de la plus belle des manières qui soit !

Le combat continue !


Classé dans:Domaine public, patrimoine commun Tagged: écriture, CC0, Domaine public, licences livres, livres numériques

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