25 ans dans une startup - billet n.32
Zythom - Zythom MEM, 2/10/2018
Introduction - billet n.31
Quelques DSI d'écoles de commerces ou d'écoles d'ingénieurs (privées) commençaient à envisager l'externalisation de leurs outils de travail de groupe (on parlait beaucoup de "groupware" à l'époque), dont leurs messageries. Les offres étaient peu nombreuses, mais existaient et toutes avec des fonctionnalités et des coûts différents. Aucun n'avait encore fait le saut.
Je cherchais une solution qui puisse proposer un espace de stockage en phase avec les besoins toujours croissants des utilisateurs, et facile à installer sur tous les types d'appareils que les utilisateurs amenaient sur place : téléphones de toutes marques, de toutes versions de système d'exploitation, tablettes, ordinateurs portables, ordinateurs fixes, etc. Les modes d'emploi d'installation et de configuration devaient être toujours à jour, surtout lors de la sortie d'un nouveau type d'équipement. Les import/export des contacts devaient être simples et pratiques.
J'ai donc contacté les entreprises qui proposaient des offres en phase avec mon cahier des charges. A l'époque, deux sociétés sortaient du lot : Microsoft et son offre BPOS naissante bientôt renommée en Live@Edu (aujourd'hui Office 365), et Google avec son offre Google Apps for Education (aujourd'hui G Suite). Google est alors une société dynamique en pleine ascension, mais jeune (à peine 11 ans) et le choix est risqué. Microsoft est en train d'opérer son virage vers Internet et peine à convaincre malgré sa base installée.
Les deux offres sont gratuites pour les établissements d'enseignement supérieur, ce qui était très très intéressant, sans que cela n'éveille chez moi la méfiance que j'aurais du ressentir... Je mène une enquête (sur le principe d'externalisation vers les outils Google ou Microsoft) auprès d'un panel d'utilisateurs internes et leur retour est enthousiaste, avec une nette préférence pour les outils Google.
En étudiant bien les fonctionnalités proposées, y compris les paramétrages possibles dans les outils d'administration, et avec la bonne réputation que Google avait à l'époque, j'ai choisi de migrer mes 2000 comptes de messagerie vers GMail et son quota de 5 Go par personne (énorme pour l'époque). Les utilisateurs sont ravis, la bande passante aussi. La lutte contre le SPAM est externalisée et répartie sur les utilisateurs du monde entier. Pour les utilisateurs concernés, le chiffrement des emails est assuré par GPG et Thunderbird.
C'est la décision dont je suis le moins fier aujourd'hui : la pression économique, le manque de clairvoyance, l'envie de satisfaire au mieux les besoins des utilisateurs, m'ont fait franchir le Rubicon.
Mais j'ai l'habitude d'essayer de prendre mes décisions de manière réfléchie, en analysant au mieux les cartes que j'ai en main au moment où je dois prendre la décision. Quand je regarde en arrière, et que je me rends compte que j'ai pris une mauvaise décision, je ne jette pas la pierre à mon moi d'avant. Nous sommes quatre ans avant le lancement d'alerte d'Edward Snowden. Depuis, de nouvelles cartes sont apparues, entraînant une vision différente. Il m'arrive comme tout le monde de prendre de mauvaises décisions, de le reconnaître et d'essayer de les corriger ensuite. Mais dans ce cas, une fois la décision prise et les gigaoctets transférés, ces derniers sont devenus des téraoctets et aujourd'hui des centaines de téraoctets (G Suite for Education propose un quota illimité pour chaque utilisateur, gratuitement). Je n'ai jamais pu revenir en arrière. Les serveurs de stockage ont retrouvé des espaces libres, vite remplis par les utilisateurs qui, c'est bien connus, ont horreur du vide...
La seule consolation que j'ai aujourd'hui, c'est de voir que presque tous les DSI des écoles de commerce et des écoles d'ingénieurs privées ont fait le même choix d'externalisation dans le Cloud. Sauf que la plupart sont chez Microsoft avec son offre gratuite Office 365. Le diable sait tout faire, afin que le DSI devienne sa proie.
L'œil était dans la tombe, et regardait Zythom...
Malgré cette charge en moins, ma salle serveurs vieillissait et son remplacement commençait à devenir d'actualité. C'est à cette époque qu'un logiciel quasi magique est apparu sur mes radars de veille.
A suivre...
--------------
Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.
Quelques DSI d'écoles de commerces ou d'écoles d'ingénieurs (privées) commençaient à envisager l'externalisation de leurs outils de travail de groupe (on parlait beaucoup de "groupware" à l'époque), dont leurs messageries. Les offres étaient peu nombreuses, mais existaient et toutes avec des fonctionnalités et des coûts différents. Aucun n'avait encore fait le saut.
Je cherchais une solution qui puisse proposer un espace de stockage en phase avec les besoins toujours croissants des utilisateurs, et facile à installer sur tous les types d'appareils que les utilisateurs amenaient sur place : téléphones de toutes marques, de toutes versions de système d'exploitation, tablettes, ordinateurs portables, ordinateurs fixes, etc. Les modes d'emploi d'installation et de configuration devaient être toujours à jour, surtout lors de la sortie d'un nouveau type d'équipement. Les import/export des contacts devaient être simples et pratiques.
J'ai donc contacté les entreprises qui proposaient des offres en phase avec mon cahier des charges. A l'époque, deux sociétés sortaient du lot : Microsoft et son offre BPOS naissante bientôt renommée en Live@Edu (aujourd'hui Office 365), et Google avec son offre Google Apps for Education (aujourd'hui G Suite). Google est alors une société dynamique en pleine ascension, mais jeune (à peine 11 ans) et le choix est risqué. Microsoft est en train d'opérer son virage vers Internet et peine à convaincre malgré sa base installée.
Les deux offres sont gratuites pour les établissements d'enseignement supérieur, ce qui était très très intéressant, sans que cela n'éveille chez moi la méfiance que j'aurais du ressentir... Je mène une enquête (sur le principe d'externalisation vers les outils Google ou Microsoft) auprès d'un panel d'utilisateurs internes et leur retour est enthousiaste, avec une nette préférence pour les outils Google.
En étudiant bien les fonctionnalités proposées, y compris les paramétrages possibles dans les outils d'administration, et avec la bonne réputation que Google avait à l'époque, j'ai choisi de migrer mes 2000 comptes de messagerie vers GMail et son quota de 5 Go par personne (énorme pour l'époque). Les utilisateurs sont ravis, la bande passante aussi. La lutte contre le SPAM est externalisée et répartie sur les utilisateurs du monde entier. Pour les utilisateurs concernés, le chiffrement des emails est assuré par GPG et Thunderbird.
C'est la décision dont je suis le moins fier aujourd'hui : la pression économique, le manque de clairvoyance, l'envie de satisfaire au mieux les besoins des utilisateurs, m'ont fait franchir le Rubicon.
Mais j'ai l'habitude d'essayer de prendre mes décisions de manière réfléchie, en analysant au mieux les cartes que j'ai en main au moment où je dois prendre la décision. Quand je regarde en arrière, et que je me rends compte que j'ai pris une mauvaise décision, je ne jette pas la pierre à mon moi d'avant. Nous sommes quatre ans avant le lancement d'alerte d'Edward Snowden. Depuis, de nouvelles cartes sont apparues, entraînant une vision différente. Il m'arrive comme tout le monde de prendre de mauvaises décisions, de le reconnaître et d'essayer de les corriger ensuite. Mais dans ce cas, une fois la décision prise et les gigaoctets transférés, ces derniers sont devenus des téraoctets et aujourd'hui des centaines de téraoctets (G Suite for Education propose un quota illimité pour chaque utilisateur, gratuitement). Je n'ai jamais pu revenir en arrière. Les serveurs de stockage ont retrouvé des espaces libres, vite remplis par les utilisateurs qui, c'est bien connus, ont horreur du vide...
La seule consolation que j'ai aujourd'hui, c'est de voir que presque tous les DSI des écoles de commerce et des écoles d'ingénieurs privées ont fait le même choix d'externalisation dans le Cloud. Sauf que la plupart sont chez Microsoft avec son offre gratuite Office 365. Le diable sait tout faire, afin que le DSI devienne sa proie.
L'œil était dans la tombe, et regardait Zythom...
Malgré cette charge en moins, ma salle serveurs vieillissait et son remplacement commençait à devenir d'actualité. C'est à cette époque qu'un logiciel quasi magique est apparu sur mes radars de veille.
A suivre...
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Ce récit est basé sur des faits réels, les noms et certains lieux ont été changés.
La Conscience, Maison de Victor Hugo [Public domain], via Wikimedia Commons |