Le service public menacé par la crèche
Actualités du droit - Gilles Devers, 3/12/2014
On sait que le service public est en crise, va mal alors qu’il doit s’adapter pour répondre aux évolutions rapides de la société, et il très heureux de voir que la juridiction administrative veille à protéger le service public de ses ennemis. Le tribunal administratif de Nantes vient de juger que le conseil général de Vendée ne pourrait pas installer sa crèche de Noël cette année. Atteinte grave à la loi, car la crèche, un « symbole religieux » contrevient au « principe de neutralité du service public ». La fédération vendéenne de l’association Libre pensée veille au grain laïcard…
Le service public se met en effet en péril avec une crèche, qui est un authentique attentat contre la déesse laïcité. En cause l’application de l’article 28 de la loi de 1905 : «Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires ainsi que des musées ou expositions ».
Genre de règle ridicule, qu’il faut appliquer en la tempérant avec quelques données objectives liées au fonctionnement du service, et non avec une psychorigidité de malade. La crèche fait partie de la culture religieuse, oui, mais la tradition aussi de notre pays, et les fêtes de Noel réunissent toutes les familles. Alors, où est le péril ? Le Conseil général prévoit-il des avantages pour les chrétiens ?
La Vendée a une histoire religieuse forte, et cette gentille crèche parle juste un peu du passé. Un peu de calme… La Croix se retrouve jusque dans le logo du département… déclaré admissible par un arrêt de la Cour administrative de Nantes de 1999 car cette croix-là est historique et non pas religieuse. Faut le faire…
Il y a trois jours, j’ai admiré la grande crèche du marché de Noel de Mulhouse, implanté sur le domaine public et mise en lumière par l’éclairage public… Quelle souffrance terrible pour nos valeureux principes.
Pire encore, avec la magnifique crèche de l’hôtel de ville d’Avignon, qui est à elle seule un plan de guerre contre la laïcité : 54 m2, occupant tout le péristyle, reproduisant un village provençal tout orienté vers la céleste crèche… Allez vite visiter, et emmenez vos enfants avant que ne s’abatte un obus laïc du tribunal administratif…
Je tremble d’autant plus que tout la Ville de Lyon s’apprête, avec un fort investissement de la Mairie, à accueillir des centaines de milliers de visiteurs pour la fête du 8 décembre, qui n’est pas celle du père Noel mais de la Sainte Vierge. La ville est dominée par des lettres illuminées la nuit, de deux mètres de haut : « Merci Marie ». Et tout le petit marigot politique se retrouve ensuite à la messe des Echevins…
C’est aussi le problème des sapins de Noel, admis dans les halls des bâtiments publics, à condition qu’il n’y ait que des guirlandes, des boules et des pères Noël, mais surtout pas d’angelots…
Depuis le début des années 2000, nous glissons vers un intégrisme laïc, idiot, abêtissant, que le droit n’impose nullement. Cette volonté de reléguer le religieux, sans invoquer le moindre risque objectif de partialité, est condamnée à perdre. Pour le moment, elle nous fait rire, ce n’est déjà pas si mal.