Ibrahimovic marque un but contre la tranche à 75%
Actualités du droit - Gilles Devers, 19/07/2012
Le moralisme fiscal de la tranche à 75% se vautre avec l’arrivée de Zlatan Ibrahimovic au PSG : il a négocié un salaire de 14 millions d’euros, net. C’est le club qui paiera le reste… Le PSG est un super patron qui paie les impôts de son salarié !
Les 75%... on verra bien, mais l'annonce était simple : l’impôt sur le revenu est progressif jusqu’à 1 million, et au dessus on prend 75% avec un prélèvement est forfaire Motif : en période de crise, la solidarité doit jouer. Si on ajoute la CSG, on arrive à 83%. Autant dire qu’entre 1 et 2 millions de salaire versé par le patron à un salarié célibataire, la différence s’effondre, et pour l’employeur c’est peu motivant. Nous avions ici débattu de ce 75%, et même si les avis divergeaient sur les modalités, tout le monde constatait une sacrée saignée. C’était d’ailleurs le but du jeu.
Le grand sourire de Zlatan Ibrahimovic s’explique car il a négocié en net. Les augmentations d’impôts, si elles se font, seront compensées par un abondement du PSG. Le PSG finance les yeux fermés car il sait dans le monde du football business tout ce qui va lui rapporter les images et les pubs faites autour du joueur. Chacun a pu constater la furie médiatique de la conférence de presse hier… Nasser Al-Kelaifi, le patron du PSG, était supercool : « On respecte les lois françaises. On le fait aujourd'hui et on le fera demain. La signature d'Ibrahimovic est très positive pour le PSG, mais aussi pour le football français ».
Le Figaro a calculé ce que ca donnerait si la taxe à 75% était appliquée. Je crois savoir que notre ami est marié et père de deux enfants et bénéficie donc de trois parts fiscales,... mais quand même. Il en résulterait un montant total de 56 millions d'euros pour les caisses publiques, soit 40 millions en impôts et 16 millions en charges sociales. 56 et 14, on a 70 millions de salaire brut.
Peut jouer le régime des imparités, la cas des salariés étrangers, recrutés par des entreprises françaises alors qu’il ne résidaient pas en France. Cela pourrait donner une exonération sur le revenu allant de 30% à 50%. Si le régime joue, ca sera un bonus de facto pour le SG.
Bambi a expliqué à la sortie du conseil des ministres : « Je crois que le montant du revenu touché par ce joueur a choqué beaucoup de gens et donc il me paraît naturel qu'il puisse contribuer à l'effort collectif ».
C’est raté, chère Bambi. Il garde ses 14 millions nets. Les mesures fiscales abruptes donnent de l’imagination pour les contourner. Ici, elles ont accélérées la course à l’argent. PSG est sur que l’investissement sera rentable.
Même si c’est un plan business, les chiffres sont assez indécents et vont avoir des répercussions sur tous les clubs en compétition. Aussi, les déclarations politiques de tout bord, ont raison de désapprouver, mais je pose une petite question.
Pour le ministre des Sports, Valérie Fourneyron, ces chiffres sont « astronomiques, déraisonnables, à l'image aujourd'hui de ce qu'on peut déplorer dans le football ». Pour le ministre du budget Jérôme Cahuzac : « Ces chiffres ne sont pas impressionnants, ils sont indécents ». Et il explique très bien comment de telles dérives chez les leaders mettent en péril les autres clubs.
La question : Si le PSG brille dans les trophées, et arrive en finale de Champions League, est-ce que les ministres boycotteront la finale au nom de la morale ?