Exclusif : Marine Le Pen vient pleurnicher sur le blog !
Actualités du droit - Gilles Devers, 10/12/2015
- Ben alors Marine, qu’est ce qui t’arrive… Tu n’as pas l’air en forme…
- J’ai le moral à zéro. Non vraiment ça va pas. Je suis morte de trouille, et je n’en dors plus.
- Mais pourtant, tu es en tête des élections. Avant c’était dans les sondages… tu dois être contente…
- Arrête s’il te plaît… Ne m’accable pas.
- Mais je ne t’accable pas ! Je salue au contraire ta magnifique réussite, et bientôt à victoire… Droite et Gauche, ce sont des lascars, tu vas enfin pouvoir appliquer ton programme, et ainsi transformer le pays, le guérir de ces maladies, lui rendre sa prospérité et sa gloire internationale. Personne n’y croyait, et tu vas gagner seule contre tous, c’est vraiment magnifique…
- Non, s’il te plait…
- Bon, écoute ce n’est pas grave. Si c’est encore un peu court et que tu ne gagnes pas les régionales, tu remettras le paquet et tu gagneras la présidentielle…
- Non, arrête, tu es cruel…
- Quoi, mais qu’est-ce que tu me racontes…
- Eh ben écoute, sois réaliste. Papa m’avait bien appris : il faut parler, gueuler très fort et surtout ne rien faire. Le truc, c’est d’amener les mécontents à voter pour toi, comme cela, tu as une rente. Les mecs de Droite et de Gauche gouvernent tellement mal que les gens viennent directement vers nous, sans que nous n’ayons rien à faire. Mais cette fois-ci, ils sont trop nuls et en plus reprennent nos thèmes de prédilection. Quand tu penses que la Gauche peut inscrire dans la Constitution les déchéances de nationalité… Wahou, la tronche du père de Gaulle… Tous les projecteurs se tournent vers nous et du coup, je me retrouve avec des scores au plafond, c’est une catastrophe absolue.
- Une catastrophe absolue ?
- Bien sûr, parce qu’un jour l’autre, ils vont nous installer au pouvoir ces ahuris. Regarde : je suis à plus de 40 %, alors que tout le monde sait que je me contrefiche d’être président de la région, et si ça continue, ils vont me fait élire. Je suis perdue. Carbonisée…
- Carbonisée ?
- Allons, ne fais pas l’idiot ! Tu l’as lu mon programme ? Est-ce que tu as jeté un œil aux conneries que mon parti raconte sur le plan économique, social et européen ? Et tu as vu les équipes de bras cassés que j’ai autour de moi ? Les seuls qui ont un peu d’existence politique, ce sont les numéros un de la liste, et encore ils n’existent que par rapport à la marque déposée de la SARL Le Pen. On parle de mon score si je m’appelais Bernadette Bitru ?
Non, la seule chose qui compte, c’est l’avenir de notre SARL, et il est pour cela indispensable que nous restions dans l’opposition. Quand on a les mairies de Hénin Beaumont ou Fréjus, ça passe discrètement. Mais si par malheur, je me trouvais élue à la tête d’une région, en six mois on verrait que je n’ai rien à apporter, que je suis incapable de constituer des équipes solides, que notre programme est bidon, et on mettrait le feu aux pays.
- Ah bon, mais tu ne veux pas gouverner ?
- Si,… mais je ne veux gouverner que la SARL Le Pen. Je n’ai aucune solution pour le chômage, la dette, la crise de l’enseignement… Aucune. J’ai juste des phrases pour attiser le mécontentement. Tu crois que je veux m’attaquer à la réforme de la fiscalité, ou du financement de la santé et du chômage ? Et relancer l’économie : je fais comment ? La France doit faire des choix essentiels sur l’énergie, notamment pour la place du nucléaire : mais je n’ai rien à dire sur ces sujets dont j’ignore tout ! Et puis mon truc de sortir de l’Europe, c’est bidon. Même Cameron est en train de renoncer… Tu m’imagines en train de réimprimer des billets de banque, de renégocier toutes les dettes de la France, celles des entreprises, de recruter par masse tous les devant récupérer les tâches actuellement exercées à Bruxelles… La France est liée par des centaines d’accords européens, et il faudrait tous les renégocier…
- Ah oui en effet, je comprends…
- Et le truc de virer les immigrés,… c’est débile. Je vais, avec mes petits bras, les installer dans les avions ou des bateaux pour qu’ils repartent ?... Et où ? Pense aussi aux pans entiers de l’économie – à commencer par le logement, la consommation de détail et les emplois précaires – qui tomberaient du jour au lendemain si les immigrés n’étaient plus là.
- En effet…
- Regarde notre business anti-muslim, qui est notre meilleur fonds de commerce. J’ai fait le cirque pour les prières de rue,… qui concernent environ 200 personnes. Mais il y a 6 millions de fidèles, tranquilles, qui font la prière chez eux, et se démènent pour le bonheur de leurs enfants. Je fais quoi : des perquisitions pour saisir les tapis de prière à la maison ? Non, je t’assure, il faut mieux en rire.
- Alors c’est quoi la solution ?
- Ben, il faut qu’on perde. Qu’on perde toujours et partout. Il faut que nous soyons dans la posture du persécuté, et que nous n’exercions jamais de responsabilités importantes. Si on exerce le pouvoir, tout s’écroule.
- Oki, Marine, j’ai compris. Donc je te souhaite de perdre lamentablement un dimanche…
- Non, c’est plus compliqué. Il ne faut pas que ce soit lamentable. Il faudrait que je fasse un bon score, pour que j’en remette une couche sur la persécution anti-FN.
- Donc une défaite à 47 ou 48 % ?
- Oui, ce serait idéal. Tu me redonnes le sourire.