La transparence est ambivalente de la confiance
Actualités du droit - Gilles Devers, 9/04/2013
Ce pauvre Hollande, déjà au fond du trou, continue de creuser frénétiquement… Pour recréer la confiance, il impose la transparence… alors que cette idéalisation de la transparence montre justement qu’on ne peut pas avoir confiance.
Parfaitement idiot
Le projet – obliger le personnel politique à publier son patrimoine – est idiot. Le fait que Fillon et Montebourpif aient aussitôt acquiescé en est une preuve. Ce projet est une parade à l’affaire Cahuzac. Mais il n’y a que Hollande pour imaginer que Cahuzac, qui a menti solennellement devant l’Assemblée Nationale et devant lui – les yeux dans les yeux, comme ça devait être chou ! – va mentionner son compte en Suisse dans sa déclaration publique... Nous sommes donc très honorés de savoir que le drolatique Montebourpif est nu-propriétaire à 50 % d'une place de parking souterrain située avenue du Maréchal-Foch à Dijon et d’un fauteuil Charles Eames « acheté pour 28 000 francs », mais on s’en tape complétement. On n’a pas avancé d’un centimètre sur le dossier de la fraude fiscale.
« Tous pourris »
Hollande accrédite le « Tous pourris » de la rhétorique de Le Pen et de Mélenchon. Tant qu’il n’est pas prouvé qu’il s’agit de financement politique, l’affaire Cahuzac est personnelle. C’est un mec plein aux as qui a planqué du fric en Suisse. Cette faute individuelle se conjugue à une autre : celle de Hollande, imbécile ébahi préparant ses vacances au Lavandou, qui nomme ministre du budget un fraudeur fiscal… et qui le maintient alors qu’il a toutes les informations pour le virer.
Or, par une curieuse inversion des sens, cette double faute personnelle se transforme en acte d’accusation de tout le personnel politique ! La réponse est : « On met tout le monde à poil, et on publie les photos ». Personne n’échappe à la suspicion. Si les élus se laissent faire, c’est qu’ils sont vraiment ramollis du bulbe. Ce qui n’est pas une hypothèse d’école.
Un attentat contre la confiance
Il faut vraiment qu’un esprit soit fatigué pour croire que la transparence crée la confiance. C’est pile l’inverse. La transparence est ambivalente de la confiance.
La confiance, c’est l’idée qu’on peut se fier à quelqu’un. Tu es mieux placé que moi, fais le pour moi, je te fais confiance. On est proche des nobles valeurs de la confidence et de la fidélité. C’est un passage, avec l’idée assumée d’un abandon, parce que l’autre ne me trompera pas.
Et si je lui fais confiance, c’est parce qu’il inspire la confiance. C’est quelqu’un de solide, qui sait où il faut aller et comment il faut avancer. Rien à voir avec le mec à grande gueule, fier de lui et jouant les mastars. Mon tiers confiant est un connaisseur, reconnu, une personne qui écoute et qui sait douter avant de décider. Il a de fortes pensées en lui et résistera aux imprévus. Ce n’est pas une confiance aveugle car il me parle, et explique suffisamment pour que je m’en remette à lui.
Alors, la transparence, c’est pile l’inverse. Je lui fais si peu confiance qu’il doit toute me montrer. Rien n’est fiable, alors il faut vérifier. Je ne peux me satisfaire ni de ses paroles, ni de son action : c’est un être inconstant et si peu compétent. Je dois passer par lui, et c’est un crève-cœur, oui, mais voilà : nous sommes dans une société de sauvages, et je ne peux faire confiance qu’à moi.
Sarkozy fini son quinquennat mis en examen pour abus de faiblesse. Pour Hollande, une chose est sure : il ne risque pas de mise en examen pour abus de confiance.
Goddess Diana With A Lion, Angelo von Courten (1848 – 1925)