US : Obama légitime l’assassinat
Actualités du droit - Gilles Devers, 7/03/2012
Le jury du Nobel de la Paix est depuis longtemps devenu une farce qui distribue des hochets aux gentils soldats de l’impérialisme occidental. Le pompon avait été atteint avec la remise du Prix à un Obama tout juste élu, et inconnu pour la moindre action internationale.
Un homme honnête aurait refusé ce prix indu, mais notre ami s’était précipité pour aller récupérer ce cadeau, et en faire un permis de tuer.
J’exagère ? Regardons les faits.
On avait vu pour Ben Laden. « Justice has been done » s’était exclamé Obama, tout fier d’expliquer que c’est lui qui avait donné l’ordre de tuer un homme endormi, sur un territoire étranger, sans jugement, ni mandat de l’ONU ou d’une cour. De fait ces assassinats se sont multipliés, et comme des citoyens US ont été abattus par des tirs de drones US, le débat s’est imposé aux US.
Lundi, c’est Eric Holder, le Sinistre de la Justice, qui a justifié cette possibilité d’assassiner des citoyens américains dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme », lors d’un exposé devant l'Ecole de droit de la Northwestern University de Chicago. Voici les principaux extraits.
« Notre gouvernement a le droit et je dirais même la responsabilité dans certains cas d'utiliser la force pour défendre les Etats-Unis de manière appropriée et légale ».
« La capture d'un terroriste citoyen américain présentant une menace imminente d'attaque violente n'est pas toujours faisable, en raison de la manière dont les terroristes agissent et des lieux où ils ont tendance à se cacher ».
« Certains appellent ces opérations des assassinats. Ce n'en sont pas, les assassinats sont des meurtres illégaux. Or l'utilisation de la force par le gouvernement américain comme moyen d'auto-défense face à un responsable d'Al-Qaïda ou une organisation affiliée qui représenterait une menace imminente d'attaque violente ne saurait être illégale ».
« La citoyenneté américaine n'immunise pas de tels individus et ne les empêche pas d'être ciblés. Notre autorité légale ne s'arrête pas aux champs de bataille d'Afghanistan. Nous sommes en guerre contre un ennemi sans Etat et notre gouvernement a, à la fois, la responsabilité et le droit de protéger notre nation et son peuple face à des menaces ».
Le plus drôle, c’est que le Sinistre de la Justice a doctement exposé les conditions à respecter, au nom des valeurs bien entendu : une enquête « profonde et minutieuse » doit avoir déterminé que l'individu présentait une menace imminente; sa capture doit être impossible; l'opération doit être conforme « aux principes des lois martiales ».
Voici donc Obama Prix Nobel de la Paix et de l’Assassinat. Ces gus ne manquent pas de souffle, et il faut qu’ils se sentent bien faiblards pour valider de telles théories.
D’abord, il n’existe aucune référence internationale pour définir la notion de terrorisme, car tout pouvoir confronté à une opposition armée l’accuse d’être terroriste pour l’éliminer. Les résistants français étaient persécutés par le régime de Vichy en qualité de terroristes, et dans tous les mouvements de libération nationale, les responsables étaient poursuivis comme terroristes. L’exemple pour la France est son attitude criminelle en Algérie. Donc, on qualifie quelqu'un de terroriste, et allez… C’était l’argument de Poutine pour la Tchétchénie.
Les Etats-Unis s’offrent une compétence pour frapper en dehors de leurs frontières et sans mandat de l’ONU, ce qui est d’une illégalité totale. Il est bien regrettable que le Pakistan laisse faire, et ne ratifie pas le Traité de la Cour Pénale Internationale. Cela placerait le territoire sous protection des intrusions extérieures. C’est dire que juridiquement le débat est clos avant d’examiner les circonstances, du simple fait d’une intervention US au Pakistan.
Ensuite, deux principes sont constants dans le droit international, dès ses premières édictions modernes du XIX° : l’assassinat est interdit en toute circonstance, et tout accusé a droit à un procès équitable, qui respecte la présomption d’innocence. Le droit a toujours dit qu’il n’existait aucune dérogation, et ce même en invoquant les crimes commis par la personne recherchée. Car bien sûr l’idée d’assassiner des personnes qualifiées d’ennemi n’est pas née dans la tête du Prix Nobel de Paix : c’est vieux comme la dictature.
D’ailleurs, le Sinistre du Prix Nobel ne se fatigue pas à faire semblant d’invoquer le droit international. Non, il n’applique même pas la loi US, qui n’existe pas, mais les conclusions d’une réunion de bureau à la Maison Blanche. C’est vraiment n’importe quoi.
Tôt au tard, sans doute assez tôt vu leur niveau d’endettement, les US vont laisser le leadership mondial à la Chine. Je ne sais pas si ce sera mieux, mais une chose est sûre, je ne les regretterai pas. Et j’espère qu’il sera possible de les coller devant un tribunal indépendant et impartial pour juger quelques faits, identifier les auteurs, et leur infliger les sanctions pénales qu’ils méritent.
Une carte à effet limité dans le temps